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INFAILLIBILITÉ DU PAPE


qui sera donc toujours ferme et ininiortellc. Schauz, Apologie des Cliristciitums, 3<" édit., Fribourg, 190(i, p. 494 ; Prosper Schepeus, L’aullicnticite de saint Matthieu, XVI, IS, dans les Reclwrclws de science religieuse, seplembre-uovenibrc, 1920, p. 271 sq. Lu perpétuité de l'Église et conséquemment la primauté de Pierre est ainsi maintenue. Mais le sens de où xaTio}(ùaouaiv supposant l’idée d’agression ou de lutte n’est point sauvegardé.

c) Toute cette interprétation est confirmée par la tradition catholique constante et par l’enseignement <le l'Église. Cette tradition sera exposée en détail à l’article Pape. Pour le moment nous nous bornerons à mentionner les Pères ou auteurs ecclésiastiques du ui « , du iv « et du commencement du ve siècle, qui citent ou au moins qui indiijuent cette interprétation du texte de saint ^Matthieu. Et nous y ajouterons à partir du milieu du ve siècle les princijjales déclarations doctrinales du saint-siège ou des conciles sur ce point.

Au ni<e siècle, TertuUicn, Pncscripl., xxii, P. L., t. ii, col. 34 ; Adversus guosticos scurpiace, x, col. 142 ; S. Cyprien, De catholica Ecclesiæ unilate, iv, édit. Hartel, Vienne, 1868, t. i, p. 212 ; Epist., lxix, 8 ; Lxxi, 3, P. L., t. IV, col. 406, 4.0 ; EpisL, lxxiii, ud Jubaianuni, 7, 11, P. L., t. iii, col. 1114, 1116 ; Origène. In Exod., liomil. v, 4, P. G., t. xii, col. 329 ; / ; i Joa., tom. V, 3, P. G., t. xiv, col. 188.

Au iv-e siècle, Aphraate de Syrie (f vers 356), Demonstr., vii, 15, dans Grallin, Pulrologia si/riaca, 1. 1, p. 335 ; Denionslr., xxii, 12, t. ii, p. 35 ; S. Éphrem, aux endroits cités précédemment, ainsi qu’Eusèbe de Césarée et S. Épiphane ; S. Hilaire (j 366), De Tiinitate, t. VI, c. xx, xxxvii, P. L., t. x, coJ. 172, 188 ; Comment, in Malth., c. xvi, 7, P. L., t. ix, col. 1011), In ps. CXXI, 4 ; CXUI, 8, col. 730, 836 ; S. Basile († 379) ; Adversus Eunomiam, t. II, 4, P. G., t. xxix, col. 580 ; S. Grégoire de N’azianze († 390), Oral., xxxii, 18, P. G., t. xxxvi, col. 193 ; S. Grégoire de Nysse, Oral., ii, de S. Stephano, P. G., t. xlvi, col. 734 ; S. Jean Clirysostome(t407), /n Matlh., liomil. liv, 2, P. G., t. lviii, col. 534 ; S. Astérius († 410), Homil. in SS. Petruni cl Paulum, P. G., t. xl, col. 268 ; Marins Victorinus(† 370), In Episl. PauUad Galutus, t. I, P. L., t. viii, col. 1155 ; S. Zenon de Vérone († 380), Tractatus, t. I, tr. XIII, 8 ; 1. H, tr. XIII, P. L., t. XI, col. 351, 430 ; S. Ambroise († 397), De fide, t. IV, 50, P. L., t. xvi, col. 628 ; Expos. Euang. sec. Lucam, t. IV, 10 ; t. VI, 97, col. 1633, 1694 ; In ps. XL, 30, /'. L., t. XIV, col. 1802 ; S. Gaudentius de Brescia († 410), Serm., xx, de Pelro et Paulo, P. L., t. XX, col. 995 ; S. Jérôme († 420), EpisL, xv, 2, P. L.. i. XXII, col. 355 ; Comment, in Euang. Matthxi, t. III, 16, P. L., t. XXVI, col. 424.

Dans la première moitié du ve siècle, S. Augustin .(† 430), Enarr. in ps. XXX, 5 ; J.xix, 4 ; ciii, 2, P. L., t. XXXVI, col. 242, 869 1359 ; S. Nil († 430), EpisL, i. II, epist. ccLxi, P. G., t. Lxxix, col. 333 ; S. Cyrille d’Alexandrie († 444), In Is., t. III, c. iii, P. G., t. lxx, col. 729 ; Comment, in Muttli., xvi, 18, P. G., t. i.xxii, col. 424 ; In Joa. Evung., t. ii, P. G., t. lxxiii, col. 220.

Aparlir de cette même époque cette interprétation de Matth., xvi, 18, est manifeste dans plusieurs affirmations doctrinales des souverains pontifes, notamment de S. Boniface I", EpisL, xiv, 1, P. L., t. xx, col. 777, de S. Zozime, EpisL, xii, ibid., col. 676, de S. Léon 1 Serm., iii, 3, P. L., t. liv, col. 146 sq., et de S. Simplice <t 483), EpisL, IV, P. L., t. lviii, col. 40. Cet enseignement est encore plus manifeste dans la profession do foi du pape saint Hormisdas imposée, après 517, à tous les évéques d’Orient désireux d'être en communion avec l'Église romaine. Denzinger-Bannwart, i, '/ic/Hr/(//on, n. 171. Voir col. 164. On sait que cet enseignement, arfiriné de nouveau par le IV" concile générai de

Constantinoide en 870. Denzinger-Bannwart, n. 341, et souvent répété dans les documents ecclésiastiques des siècles suivants, fut solennellement défini par le concile du Vatican : Huic tani manifestnsacnintm Scriplurnrumdoctrinie, ut ah Ecclrsia caflwlica semper intellccta est, aperte opponuntur pravæ eonim sententix qui conslilnlam a Christo Domino in sua Ecctesiit regiminis forjnam perverlentes, neganl sohini Pctvum prx céleris apostolis sive seorsum singiilis sipe omnibus simul vero praprioqne jnrisdirtionis primalu fuisse n Christo instructum, (ait qui affirmant eumdem primatum i ! on immédiate direclequc ipsi beato Pelro sed Ecctesiw et per hune illi ut ipsius Ecclesiie minislro delatum fuisse. Sess. IV, c. l.

3. Enseignement contenu dans ce texte relotivemenl à l’infaillibilité pontificale. — Il peut être ainsi formulé d’après tout ce qui précède. — a j Selon la promesse formelle de Jésus, Pierre sera, jusqu'à la consommation des siècles, le fondement sur lequel l'Église repose. Et par ce perpétuel fondement de Pierre, l'Église est divinement assurée de posséder, jusqu'à la fin des siècles, une solidité à toute épreuve contre toutes les attaques des puissances infernales, et partie inferi non prœvalebunt adversus cam : que ces attaques aient pour objet la divine constitution de l'Église, ou l’intégrité de la doctrine qui lui a été confiée par le divin Maître, lui d’autres termes, c’est l’autorité suprême de Pierre établi par Jésus perpétuel fondement de l'Église, qui assure à celle-ci son absolue indéfeetibilité dans la foi.

b) Pour que Pierre, divinement établi comme fondement de l'Église jusqu'à la fin des siècles, puisse ainsi assurer perpétuellement à l'Église cette universelle et absolue indéfeetibilité dans la foi, il est nécessaire que Pierre soit lui-même divinement préserve de toute erreur et même de toute possibilité d’erreur, dans l’enseignement qu’il impose à la croyance de tous les fidèles. Sinon la promesse de Jésus serait vaine et le moyen choisi par sa divine sagesse pour assurer à son Église une perpétuelle et absolue indéfeetibilité dans la foi, serait non seulement inefficace, mais même absolument contraire à la fin que.lésus s’est proposée.

La volonté de Jésus est donc manifeste. Pierre enseignant tous les fidèles, en vertu de son autorité suprême, doit pour assurer à l’Eglise une absolue et constante indéfeetibilité dans la foi, être lui-même, dans l’exercice de cette autorité, divinement préservé de toute possiijilité d’erreur dans la foi. Ce qui signifie en réalité que son magistère suprême à l'égard de l'Église universelle doit être nécessairement infaillible.

c) Cette interprétation du texte de saint Matthieu est confirmée par la traditiou catholique constante. Déjà indiquée à la fin du ive siècle par saint Ambroise, De fide, iv, 56, P. L., t. xvi, col. 628, et au ve siècle par le pape saint Léon le Grand († 461), Serm., Lxii, c. Il ; Lxxxiii, e. ii, P. L., t. liv, col. 350 sq., 430, et par le pape saint Simplice ( f 483), EpisL, iv, P. L., t. lviii, col. 40, elle fut encore plus explicitement affirmée au commencement du vi » siècle dans le formulaire de foi du pape saint Hormisdas († 523) : Prima salus est reelse fidci regulam custodire et a constitutis Pulrum nullatenus deviare. Et quia non potest Domini nostri Jesu Christi prætermitti sententia dicenlis : Tu es Petrus et super hanc pelrum œdificabo Ecclesiam meam, Matth., XVI, 18, hœc quiv dicta sunt rerum probantur efjectibus, quia in sede aposlolica citra maculam semper est catholica servata religio. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 171. Voir col. 164.

On sait d’ailleurs que cette profession de foi fut d’un usage constant chez les grecs, qu’elle fut formellement approuvée en 869 par le IV^ concile de Constantinople, P. L., t. cxxix, col. 35 sq. ; Mansi, Concil., t. xvi, col. 316, et qu’elle fut de nouveau solennellement