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INDULGENCES


indulgenciées étaient destinées en principe à la construction de Saint-Pierre de Rome, sans doute aussi, l’empereur Maximilien, qui n’autorisa la prédication que pour 5 ans, exigea une contribution annuelle en faveur de l'église Saint -Jacques d’Inspruck, mais un bref du Il février 1516 laissait la moitié des sommes perçues ou à percevoir ; Albert de Brandebourg.

Le dominicain Jean Tetzel commença la prédication de l’indulgence ainsi accordée, en janvier 1517. Il affirmait bien la nécessité de la confession préalable quand il s’agissait de mériter cette faveur pour les vivants, d’une façon générale il admettait le remplacement de l’aumône par des prières et des jeûnes quand la pauvreté empêchait l’oblation prescrite. Mais quand il parlait de l’application de l’indulgence aux défunts il proclamait comme une vérité incontestée que l'état de grâce n'était pas requis. Cette assertion sans nuances l’amena à s’exprimer comme si la contribution pécuniaire était tout et avait une efficacité infaillible.

Sobald das Geld im Kasten klingt. Die Seele aus dem Fegfeuer spriiigt !

A peine dans ce tronc est tombée une obole Du purgatoire une âme au paradis s’envole.

{Traduction de M. Christiani). Tel aurait été, au dire de Luther, l’adage favori de Tetzel et l’attribution paraît justifiée pour le sens, sinon pour les termes eux-mêmes.

De futurs défenseurs de l'Église contre le protestantisme, Jean Eck, .Jérôme Emser, Cochiseus, Georges de Saxe s'émurent de cette réclame et de ce marchandage, mais sans nier les droits du pape. Luther, lui, passa du premier coup de la condamnation des abus à la négation de la valeur surnaturelle des indulgences. Dans les 95 thèses qu’il fit afficher la veille de la Toussaint 1517 à la porte de l'église de Wittenberg. il insiste surtout sans doute et en style populaire sur une fiscalité grâce à laquelle, disait-il, Léon X, plus riche que tous les Crésus, construisait Saint-Pierre avec la -peau, la chair et les os de ses brebis, mais il affirma que l’indulgence n’est que la remise de la peine canonique et ne vaut qu’au for externe, de Jonghe, p. 338-339, et que le pape ne peut exempter que des peines qu’il a lui-même infligées (thèse 5). Cf. Emile Gôller, Der Ausbruch, p. 7.

Le 9 novembre 1519, Léon X condamna les thèses de Luther. Il reconnaissait que certains religieux prêchaient des doctrines inexactes. Il distinguait entre la remise de la coulpe par le sacrement et la remise de la peine temporelle par l’indulgence, entre l’appUcation de l’indulgence aux vivants per modum absolulionis et son application aux défunts per modum sufjragii. Mais il maintenait l’assertion que le pape en accordant des indulgences puise réellement au thésaurus meritorum Jesu Christi et sandorum. Cf. de Jonghe, loc. cit., p. 341. Le texte de la bulle se trouve dans Kohler, Documente zum Ablasslreil vom 1517, Tubingue, 1902.

D’ailleurs, la question des indulgences devenait de plus en plus secondaire dans la révolte de Luther. De l’aveu même de celui-ci, elle n’avait été que l’occasion de la crise. Le réformateur écrivait' en effet à Tetzel mourant, en août 1519, de n’avoir pas de trouble, « car l’alTairc n’avait pas commencé à cause de lui, mais l’enfant avait un autre père. » Cf. N. Paulus, Johannes Tetzel, p. 81.

2. Après Luther.

Après l'éclat de Wittenberg, Rome s’employa surtout à réglementer la concession des indulgences, sans pourtant en entraver le développement, en se prêtant même à rendre leur acquisition de plus en plus facile.

a) Contrôle. — Le successeur de Léon X, Adrien VI, n’accorda que très peu d’indulgences. En 1515, Clé ment Vil n’impose aucune contribution aux pèlerins qui viennent gagner le jubilé à Rome, et ailleurs il laisse les fidèles libres de fixer eux-mêmes la modique aumône qu’on leur demande.

En 1547, le concile réuni à Bologne prépare un décret très sévère contre les quii stores qui « font commerce avec la parole de Dieu, » mais le décret ne fut pas publié. Le 4 juin 1561, à Trente, XX 11= session, il sévit de nouveau contre ces individus, parce que de eorum emendalione nulla spes amplius relicta uideatur, il abolit partout le nom et la charge et confie la publication des indulgences à l’ordinaire, assisté de deux chanoines : il ordonne que les aumônes soient fidèlement recueillies, sans aucune rétribution pour les collecteurs, ut tandem ciclestes hos Ecclesiæ thesauros non ad quæstum sed ad pietatem exerceri, omnes vere intelligant.

Les papes collaborèrent avec le concile. En 1562, Pie IV décrète que toutes les concessions seront gratuites, par la bulle Decet romanum pontificem. En 1567, saint Pie V supprime toutes les indulgences-aumônes, bulle, Etsi Dominus, et le 2 janvier 1569, il excommunie ceux qui font commerce des indulgences. Constitution Quam plénum, excommunication maintenue et par la bulle Aposlolicse sedis et par le canon 2327 du Codex juris canonici comme simplement réservée au souverain pontife. Enfin, en 1570, le même saint Pie V ordonne aux évêques de détruire les brefs et lettres des indulgences à componende.

Cependant, en décembre 1563, le concile de Trente, dans sa XXV « session, avait anathématisé ceux qui aut indulgentias inutiles esse asserunt, vel eas concedendi in Ecclesia potestatem esse negant, mais il avait ajouté pravos quaslus omnes pro his consequendis, unde plurimorum in christiano populo abusuum causa fluxit, omnino abolendos esse, et il avait signalé ces abus à la vigilance toute spéciale des évêques.

Les quivstores sévirent encore quelque temps ici ou là après le concile. A Gand en 1566-1568, lors de la quête de Saint -Antoine, ils promenaient un buste giossier du saint, puis recette faite dans la ville ils allaient jeter le buste dans le fossé des remparts, les habitants des faubourgs se battaient pour l’avoir et jouaient avec ce morceau de bois « connue le chat joue avec la souris : » finalement les vainqueurs de la joute allaient quêtera leur tour dans la campagne. Cf. de Jonghe, p. 177. Mais ces scandales cessèrent bientôt. La fabrication des fausses bulles d’indulgences fut un abus plus tenace. Ibld., p. 342-344.

Clément VIII (1592-1605) établit provisoirement une Congrégation pour les indulgences. Clément IX, par la bulle In ipsis du 6 juillet 1669, créa définitivement la S. C. des Indulgences et des ReUques, chargée d’accorder les indulgences, d’en surveiller les concessions et de répondre aux difficultés et aux questions s’y rattachant. Voir t. iii, col. 1116. Le 8 janvier 1904, Pie X donna à cette S. C. le même préfet qu'à la S. C. des Rites tout en lui conservant son organisation particulière. Motu proprio : Qua' in Ecclesia. La constitution Sapienti consilio de 29 juin 1908 l’a supprimée, en donnant ses attributions relatives aux indulgences au Saint-Office et celles relatives aux reliques à la S. C. des Rites. Le Motu proprio : Alloquenles a maintenu cette atttribution. Le canon 258 §2 du Code, a confié, en 1917, l’administration des indulgences à la Pénitencerie.

En 1882, ont paru à Ratisbonne les Décréta aulhenlica S. C. Indulgentiis sacrisque reliquiis prieposiL ; e ab anno 1668 ad annum 1882. édita jussu et aucioritale SS. D. N. Leonis P. XIII. On tient également pour authentique la Raccolta di orazionie pie opère publiée par la Propagande en 1886 Au xviii « et au xixe siècle, la Secrétairerie des brefs accordait des