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IMPENITENCE — IMPERFECTION


motifs valent contre tout péché ; et tout péché n’a pas en lui-même une triple malice. Il est donc plus simple de dire que les motifs multiples qui pourraient Imposer un acte dans l’ordre ontologique, ne deviennent pas nécessairement partie, même circonstantielle, de l’objet formel de cet acte ; or c’est l’objet formel qui spécifie l’acte et lui donne toute sa nature morale, quand il s’agit d’acte libre. Si quelqu’un refuse donc la pénitence et veut l’impénitence, en spécifiant en son esprit et sa volonté qu’il le fait, soit parce qu’il méprise le devoir de justice du pécheur envers Dieu, soit parce qu’il rejette l’amour qu’il doit à Dieu, soit parce qu’il préfère son malheur personnel, même celui de sa damnation, à l’humilité de la conversion, sa faute a alors seulement une triple malice.

3. L’impénitence finale dépend de la vie passée ; elle regarde aussi l’avenir, et l’avenir éternel, qui est réternellr damnation. La substance de la damnation est mesurée proprement par le degré de péché accepté, non rétracté, qui est dans la volonté au moment de la mort et qui s’y fixe alors immuablement ; de même que la substance de la gloire béatifique est mesurée par la grâce et le degré de charité qui en sort comme un épanouissement. Or de même qu’à côté de la béatitude substantielle, il y a de nombreuses béatitudes accidentelles, de même, pour les péchés non pardonnes suivant leur nombre plus ou moins grand, pour les peines non expiées, pour les influences pernicieuses, pour les abus de grâces spéciales, etc., il y a une peine accidentelle, secondaire, résultant de toutes ces choses qui accompagnent le degré spécial et essentiel de malice morale de l’âme impénitente.

Comment se fait la fixation ou l’éternisation de tout cela dans l’âme impénitente qui passe en un instant de la voie terrestre au terme éternel ? Voir Jugement particulier.

Principaux textes de l’Écriture : Prov., i, 24-26 ; v, 22 ; xviii, 3 ; xxii, 6 ; Job., xx, 11 ; Eccli., v, G-8 ; vii, 18 ; Is., lv, 6 ; Lxv, 28 ; Rom., ii, 4 ; II Cor., vi, 2. Les exemples scripturaires classiques sont Gain, le Pharaon, Antiochus, le mauvais larron, les vierges folles de la parabole. Judas l’Iscariote.

Exhortations des Pères à la prompte pénitence et menaces de l’impénitence finale. — Tertullien, De pœnilentia, c. -x-XII, P. L., 1. 1, col. 1244-1248 ; S. Ambroise, De pxiiitentia, t. II, c. vri-xi, P. L., t. XVI, col. 520 sq. ; S. Jérôme, Epist., CXLVII, ad Sabinianum lapsum, P. L., t. xxii, col. 1195 sq. ; S. Augustin, In ps. CI, a. 10, P. L., t. xxxvii, col. 1300 sq. ; Serm., cccli et ccclii, de iiiilitaie agendæ peEniienliæ, P.L., t. xxxix, col. 1535 sq. ; S. Chrysostoine, 9 homélies sur la pénitence (les dernières sont d’authenticité douteuse), P. G., t.xLix, col. 277 sq. ; deux lettres sur la componction, P. G., t. XLvn, col. 393 sq. ; S. Basile, Orai., xiu (ne pas différer le baptême), P. G., xxxi, col. 424-441 ; S. Grégoire de Nazianze, Oral., xi., in sanctum baptisma, n. 11-15, P. G., t. XXXVI, col. 372-377 ; -S. Bernard, De conoersione ad clericos, P. L., t. clxx.ku, col. 834 sq.

Principales sources oratoires. — Bossuet, Sermon pour le 1° dimanche de i’aufnl ; Bourdaloue, Sermon pour le lundide la 2° semaine de carême ; Sermon pour le lundi de la semaine sainte ; Massillon, Sermon pour le lundi de la Passion ; Sermon pour le 3 « dimanclie de l’avent Lejeune, Sermons, xii, xiii, xiv, crxxxxx, cccxiii ; Grison, L’apôtre missionnaire, t. iii, sermon X, lapromjve conversion ; t. vri, sermon XVII, la mort de l’impie ; Monsabré, Retraite pascale, 1888, 3 » instruction (excellent résumé : la mort du pécheur). Des répertoires, voir Berthier, Le prêtre dans le ministère de la prédication, ix » dimanche après la Pentecôte ; Houdry-Postel, La bibliothèque des prédicateurs, Paris, 1867, t. ii, p. 168-213 : délai et inipénitence finale, beaucoup de bons matériaux ; Bouchage, Théorie du missionnaire, Paris, 1912, t. ii, p. 249-258. On ne peut pas négliger ces petits chelsd’œuvres populaires si impressionnants dans leur concision : le Pensez-y bien…, les Maximes éternelles de saint Alphonse de Liguori, le Trop tard de la Bibliothèque clirétienne de Grammont (Belgique).

P. Richard.

    1. IMPERFECTION##


IMPERFECTION. — I. Définition nominale et opinions théologiques. IL L’imperfection est une fiction sans objectivité. III. L’œuvre de conseil et son omission. IV. Réponse aux objections.

I. Définition nominale et opinions théoloqiques. — L’imperfection, au sens où elle fait l’objet dé cet article, est ainsi définie par le P. Génicol : Libéra Iransgressio aut omissio consilii divini. Après nous avoir bien recommandé de ne pas confondre l’imperfection avec le péché, l’auteur distingue deux sortes d’imperfections : V imperfection positive, refus positif de suivre le conseil d’inspirations divines pressantes qui nous invitent à faire une œuvre bonne non commandée et V imperfection négative, qui n’impliquerait point pareil refus, parce que les inspirations divines seraient beaucoup moins pressantes. Theologiee moralis institutiones, i" édit., Louvain, 1902, t. i, p. 149.

De l’imperfection ainsi entendue, il n’est jamais question dans saint Thomas, ni dans Suarez. Vasquez soutient bien cette opinion de Duns Scot, qu’il y a des actes indifférents qui ne sont ni bons ni mauvais, mais il n’a pas le mot d’imperfection et ne connaît pas d’actes qui soient moralement défectueux sans être péché. Le premier théologien qui ait parlé d’imperfections, d’actes libres qu’on doit regretter, mais qui ne sont pas péché, paraît être le cardinal Jean De Lugo, professeur de morale au Collège romain de 1620 à 1641. Il dit, en effet. De pœnitenlia, disp. III, sect. I, n. 9 et 10, De imperfectionibus : An pœnilentia extendatur ad dolendum eliam de imperfectionibus ? Loquimur autem de imperfectionibus, prout distinguuntur a culpa et peccato : quando quis, v. g. omiltit actum perfecliorem, vel consilii ad quem non lenebatur. Certum est, has meras imperfectiones non esse materiam sacramenti psenilenliæ ; nam forma illius sacramenti est absolutio a solis peccatis. Certum eliam est, has imperfectiones non reddere Deum positive aversum ab homine : quia uhi non est culpa, non est Dei aversio et indignatio. Certum eliam videiur, his imperfectionibut non correspondere directe pœnam aliquam ; hœc enim est correlativa culpæ, et ubi culpa non est, non est etiam dignilas pœnæ. Ex quitus consequenler fieri videtur, virtutem pirnitenlise non posse detestari has imperfectiones, lanquam immédiate turbatrices pacis hominis cum Deo, vel lanquam Dei offensas.

Cœterum adhuc videtur pœnilentia e.tercere posse aliquem odii actum circa has imperfectiones, quasi circa oppositas saltem médiate cum Dei pace, quam conservare intendit. Nam licet propler ipsas non avertatur Deas positive ab homine, ut ita dicam ; averlitur tamen quasi négative, id est minus convertitur ad ipsum, et licei non irriletur positive ad puniendum, tamen deobligatur ad danda auxilia efflcacia et uberiora ; quæ negalio, licet non sit positive, et in rigore pœna, est tamen quasi indirecte propler imperfectionem, quasi propler removens prohibens ; et ita illa imperfectio videtur indirecte disponere ad culpam, quæ ex negalione auxilii efficacis consequitur ; quare sub hac ratione potest odio haberi a pœnilentia, lanquam dispositio remota indncens indirecte culpam et offensionem Dei, et sub eadem ratione potest virlus pxiiitentiæ vitare imperfectiones, et ab illis accurate cavere.

Hinc etiam intelliges, qiio sensu pœnitens petal a Deo veniam harum imperfectionum, et curct etiam pro illis satisfacere : non enim ideo petit veniam. quia supponat Deum positive iratum ; sed quia existimat Deum négative aversum, hoc est, minus conversum manere ad specialia bénéficia, quæ alioquin bénigne confcrret ; ideo curât pœnitens satisfactionibus et obsequiis compensare, quod per negligentias perdidit de benevolentia Dei, et ejus sibi animo conciliando, ut habeat sibi Deum in co statu, in quo fuisset, si non imperfecle et