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INDIFFÉRENCE RELIGIEUSE


violeulci' : il a loul iirévii et dccrùlé (riiti seul acte titernel.el la nature et la sràce, et les lois et les miracles, et les permissions de déchéances et les pardons et les aides miséricordieuses aux petites créatures pour les ramener vers lui au ciel éternel. Il est le Dieu de tout : comment ferait-il violence à n’importe quoi par n’importe quelle volonté? Il est la saj^esse infinie et la puissance transcendante : comment son aide première ne se conformerait-elle pas aux rouaties créés de notre liberté? — Et puis il est bon, il est amour infini : voilà ce qui explique tout et le premier mystère qu’il faut croire, mais lepremiermystère cjui offusque les orgueils rationalistes. Dieu révèle cela aux petits, Luc, X, 21 ; et les petits, les masses humaines ont toujours facilement cru à la bonté paternelle d’un Dieu surnaturel.

4. Il faut ici conclure à iobligulion pour toute âme sincère de chercher lu vraie religion et en (ail une religion surnaturelle tant qu’on ne l’a pas trouvée. Cf. Mazzella, De religionc et Ecelesia, n. 53-74 ; cardinal Pie, Instruction synodale, 7 juillet 1855, IP part. ; Wilmers, De vera rcligione, n. 108-112 ; Ottiger, Theologia fundamenUdis, t. i, p. 287-314 ; A. Tanquerey, op. cit., p. 128-132.

a) L’homme ne trouve pas en lui-même, individuellement ou collectivement tout ce dont il a besoin pour vivre une vie morale et religieuse complète : première constatation, mise en plus saisissante lumière par les écrits et les discussions sur « l’apologétique de l’immanence, » par exemple, Blondel, L’action, Paris, 1893 ; de Poulpiquet, L’o5/e/ intégral de l’apologétique, Paris, 1912.

Quels secours attendre de Dieu ? A priori on ne peut le décider. On peut seulement dire que la révélation publique d’une religion à forme sociale serait un moyen excellent. Mais en face de l’histoire, il n’y a plus à hésiter : les illuminismes individuels et collectifs, ou inspirations directes par l’Esprit de Dieu, n’ont jamais été que des aberrations mentales trop évidentes et d’ailleurs très restreintes. En fait, c’est de l’extérieur que les hommes ont attendu leur salut religieux, de religions et de révélations surnaturelles publiques. Enfin que chacun interroge sa propre conscience loyalement ; il y trouvera bien la misère, mais non la rédemption qui n’est pas là.

Reste le grave devoir, très grave, devoir souvent clamé intimement par la conscience, en cri angoissé, devant l’inconnu de l’immense destinée qui avance, de chercher Dieu au dehors — et aussi de le prier : puisque le moyen le plus efficace pour un indigent d’obtenir du secours, surtout quand il a été d’abord orgueilleux, c’est de reconnaître sa misère, de l’avouer humblement et de tendre enfin la main ou le cœur pour recevoir de la bonté.

N’objectez pas, dernier subterfuge, que s’il y a religion surnaturelle, celle-ci étant par définition un don gratuit, elle ne peut s’imposer : on est toujours libre devant un don. Voilà en effet encore de l’anthropomorphisme. Quand c’est Dieu qui donne, ne peut-il pas choisir la façon de donner comme le don lui-même : il est le maître infini absolu. Il donne l’existence au néant et il impose le devoir de vivre éternellement, il donne la dignité d’enfant de Dieu à ces créatures tirées du néant, el celles-ci ne peuvent plus vivre autrement qu’en enfants de Dieu. Notre nature humaine est faible, enténébrée, débile : il la secourt par l’inslilution d’une religion révélée, hors d’elle il n’y a plus de salut. Tout ceci pour sa plus grande gloire et notre plus grande béatitude éternelle.

b) Il faut chercher ; quand aura-t-on trouvé? Fautil se contenter de vagues probabilités ou même choisir comme par sort en pariant pour le parti le plus sûr. Cf. Pascal, Pensées, n. 233. Non, en choses si graves,

l’homme a droit d’attendre la lumière et Dieu n’impose de pareilles responsabilités qu’en éclairant comme il faut nos consciences raisonnables. Voir Crédibilité, t. iii, col. 2213-2215 ; Croyance, t. iii, col. 2380-2388 ; Foi, t. VI, col. 200-217 et 174-183 (fidéisme), 191-205 (semi-fidéisme).

D’autre part l’indifférent doit-il exiger des certitudes mathématiques avant de se rendre ? Ce serait aussi irraisonnable que de ne chercher aucune certitude.

Il faut donc arriver à cette certitude qui convainc du fait, sausdoiMier la lumière qui dissipe toutes les ténèbres qui peuvent entourer celui-ci, certitude qui doit suffire à une ànie droite et sur laquelle l’intelligence se repose à cause d’arguments vraiment démonstratifs en eux-mêmes. Voir aux mêmes articles la doctrine et les références.

Indiffcrentisme religieux surnaturel.

1. L’indifférent recule ici sur un nouveau retranchement. Il faut une religion surnaturelle ; mais toutes les religions historiques se donnant comme surnaturelles, ne peul’ent-elles pas toutes être considérées comme bonnes, de bonté plus ou moins relative, pour leurs temps, leurs pays, leurs fidèles — bonnes comme les formes accidentelles d’une même religion substantiellement identique ?

En voici les raisons : a) Les arguments comme les prétentions de toutes les religions, comme leur histoire en. réalité se ressemblent considérablement. Voir sur l’histoire comparée des religions, J. Bricout, op. cit., t. I, p. 29 sq. ; H. Pinard, Quelques précisions sur la méthode comparative, dans A/ ! //îropos, 1910. — &^ La bonté de Dieu ne saurait se comprendre avec l’exclusivisme d’un monopole restreint et la damnation de tout le reste de la masse humaine. — c^ D’ailleurs, la pure vérité, la pure morale ne se trouvent nulle part ; partout des erreurs, des tares diverses ; ce qui dénote des œuvres humaines, bâties sur un fond substantiel vrai, le seul qui importe. — dj Enfin la liberté de conscience entraîne cette indifférence au moins subjective de toutes les formes religieuses.

Voici nos réponses en deux mots : a) Affirmer ne fait pas titre ; comparaison n’est pas raison, surtout lorsqu’elle est si superficielle. Comment maintenir, après un peu de réflexion et de sérieuses recherches, l'équivalence des prétentions, des arguments, de l’histoire des religions païennes et des religions monothéistes ? Du monothéisme musulman et du christianisme ? — b) La bonté de Dieu exige précisément que parmi toutes ces erreurs nées du péché et de la faiblesse humaine, il y ait une véritable religion vers laquelle toute àme de bonne volonté, aspirant à la pure lumière, puisse être dirigée, dirigée par les traces divinement conservées dans foutes les fausses religions, dirigée par le travail inférieur de la grâce et des asjnrations de la conscience, et surfout par les providentielles rencontres avec la vraie religion ellemême ; voir plus haut les voies de la conversion. Quant aux multitudes jiour lesquelles tout cela semble avoir été impossible, voir Infidèles (Salut des) ; Église, t. IV, col. 2155-2174 ; Foi, t. vi, col. 200-205 ; Grâce, t. VI, col. 1598-1604. — c) Des tares partout, dit-on ; distinguons : dans les fidèles de toutes les religions, oui ; mais cela en degrés bien divers. Ici encore comment regarder du même œil indifférent la morale fétichiste ou la morale païenne ou la morale musulmane, et la morale chrétienne ; je dis morale et moralité. Ceci pour les individus religieux. Mais prenant les religions en elles-mêmes, vous dites que toutes ont des tares, ce n’est pas prouvé du tout. Montrer les tares de toutes les religions non chrétiennes, n’est pas difficile ; prouver qu’il y en a dans le christianisme, on ne l’a pas encore fait. Et je n’en veux pour signe cou-