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INCINERATION — INDÉPENDANTS

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Code canonique au sujet de la crémation ; elles renouvellent et précisent les dispositions antérieures.

Le Code réprouve d’abord la crémation des corps des fidèles, c’est-à-dire des catholiques qui ont droit à la sépulture ecclésiastique. Fidelium defundorum corpora sepelienda sunt, rcprobata eorumdem crcmatione. Can. 1203, § 1. Leur crémation, en eflet, est illicite, et il n’est pas permis d’exécuter la volonté de ceux qui auraient ordonné de faire incinérer leur corps ; leur volonté ajoutée à un contrat, par exemple, d’alliance à une société quelconque, à un testament ou à un autre acte, doit être tenue pour non existante : Si qiiis quovis modo mandaveril ut corpus siium cremetur, illiciium est liane exscqiii voluntatem ; qiiæ si adjecta facrit eontractui, testanicnlo aut alii cuilibet aciiii, tanquam non adjecta habeatiir. Can. 1203, § 2. Cf. Instruction du Saint-OfTice du 19 mai 1886, ad 2°", t. iii, col. 2320.

La peine portée contre les fidèles baptises qui ont ordonné la crémation de leur corps, est la privation de la sépulture ecclésiastique. En effet, tous les baptisés doivent recevoir la sépulture ecclésiastique, nisi eadem a jure expresse priventur. Can. 1239. Or parmi ceux qui doivent être privés de cette sépulture, à moins qu’avant leur mort ils n’aient donné quelques signes de pénitence, sr trouvent qui mandaverint suum corpus cre~ mationi tradi. Can. 1 240, § 1, 5°. En cas de doute, on peut, si le temps le permet, recourir à l’ordinaire, qui, le doute persistant, pourra autoriser la sépulture ecclésiastique, ita tamen ut removeaiur scundalum. Can. 1240, § 2. La privation de la sépulture ecclésiastique entraîne le refus de toute messe d’enterrement, même d’anniversaire, et de tous les autres offices funèbres. Can. 1241, Voir t. iii, col. 2320-2321.

E. Mangenot.

    1. INCORRUPTICOLES##


INCORRUPTICOLES. VoirGAiviNiTEs, t. VI, col. 999-1002.

INDÉFECTIBILITÉ DE L'ÉGLISE. Voir

    1. ÉGLISE##


ÉGLISE, t. IV, col. 2145-2150.

    1. INDÉPENDANTS##


INDÉPENDANTS. Ce nom fut donné, en Angleterre, vers 1640, à des groupes puritains qui professaient, sur la constitution et l’organisation de l'Église, des idées opposées tout à la fois à celles des partisans de l'Église établie et à celles des presbytériens. Généralement, les historiens rattachent ce mouvement d’idées à certains esprits avancés, en particulier Robert Browne et Henry liarrowe, qui jugeaient l'Église établie incompatible avec une véritable réforme. Ils étaient, dans des mesures diverses, séparatistes. Telle est encore l’opinion de M. Dexter et de M. Williston Walker, les hisloriens officiels de ce mouvement, qui aurait donné naissance au congrégationalisme moderne. Dilîérente est la conclusion à laquelle aboutissent les recherches plus récentes de M. Chaniplin Burrage, The early english Dissenters, Cambridge, 1912, et de M. V. H. Burgess, John Robinson, pastor oj Ihe Pilgrim Falhers, Londres, 1920. » Il devient de plus en plus évident, écrit M. Burrage, que les premiers Indépendants ou premiers congrégationalistes étaient simplement clés puritains d’un type particulier, et non des séparatistes de l'Église d’Angleterre, et que, par conséquent, les indépendants n’ont pas directement emprunté leurs opinions soit aux brownistes, soit aux barrowistes. » I.oc. cit., t. i, p. 281. Pourtant, leurs origines remontent au temps qui vit éclore ces petites églises séparées, et leur doctrine n’est pas compréhensible en dehors de ces origines. I. Les origines. IL L’Indépendance anglaise. III. Le congrégationalisme en Nouvelle Angleterre. IV. Le congrégationalisme moderne.

I. Lks oiUGiNES.

A l’avènement d’Elisabeth (1558), les Anglais qui s’t laient exilés ou qui l’avaient

été, pour cause de religion, sous le règne de JNIarie la Catholique, rentrèrent les uns après les autres. Ils espéraient que la nouvelle reine réformerait l'Église selon leurs vœux. Mais, à Francfort ou à Genève, ils avaient pris contact avec des hommes qui avalent exercé sur leur esprit une profonde influence. La réforme de Henry VIII et le compromis d’Edouard VI n'étaient plus à leurs yeux que des demi-mesures. Calvin seul avait retrouvé l’idée de la véritable Église. Il fallait achever dans cette direction l'œuvre commencée par Henry VIII. Aussi, la rentrée des ministres exilés fut-elle le point de départ d’un mouvement puritain. Car il s’agissait de « purger » l'Église d’Angleterre des « superstitions » qui y survivaient.

Les plus apparentes étaient naturellement les formes mêmes du culte extérieur. L’usage des ornements dans le service divin, l’emploi du surplis pour l’administration des sacrements, le signe de la croix, l’emploi du crucifix, la décoration des églises, des pratiques comme la génuflexion, formaient, aux yeux de ces esprits, un ensemble qui faisait partie de l’héritage du « papisme « . Il fallait le supprimer, si l’on voulait revenir à l'Église véritable. Mais, parmi les ministres réintégrés, les uns rejetaient absolument toutes ces pratiques ; d’autres, admettaient l’usage du surplis ; d’autres enfin les toléraient à condition que le peuple n’y attachât point d’idées superstitieuses. C'était le chaos, accompagné de disputes sans fin. Elisabeth résolut d’y mettre ordre. Au commencement de 1565, elle fit publier par l’archevêque de Cantorbéry Parker une longue instruction : Advertisments parlly for due order in the public administration of common prayers and usingllie holy sacraments, and partly for the apparel of ail persons ecclesiaslical by vertue of the Qucenes majesties letlers commandinq tite same. Tout en faisant des concessions aux puritains, le règlement retenait cependant le principe même et l’essentiel de toutes ces pratiques. Aussi a-t-on pu dire que la publication de ces « Avertissements » est l’acte officiel de naissance de la dissidence anglaise.

A peine cette controverse était-elle tranchée d’autorité, qu’une autre s'élevait, plus profonde et plus grosse de conséquences. Il s’agissait cette fois de la constitution même de l'Église. Tandis que des hommes comme Jewel et Richard Hooker défendaient les positions de l’anglicanisme ofllciel, les difforcntes nuances du calvinisme étaient formulées par Travers, Thomas Cartwright, et, un peu plus tard, par le savant archevêque d’Armagli, Ussher. La polémique ne restait pas d’ailleurs sur le terrain dogmatique. De courts pamphlets, de petits traités, la plupart anonymes, exposaient, sous forme satirique, les objections auxquelles prêtaient flanc les hommes et les institutions de l'Église établie. Les plus importants forment la collection célèbre connue sous le nom de Martin Marprclale, véritable pendant de la Satyre Ménippée. De 158() à 1589, une presse mystérieuse, que la police d’Elisabeth ne parvenait pas à découvrir, répandit par toute l’Angleterre, des sarcasmes passionnés contre les évêques et les ministres de l'Église officielle. Leur violence était telle que les calvinistes les plus résolus, Cartwright par exemple, les désapprouvaient ouvertement. De conceptions positives, ces pamphlets n’en renfermaient guère. Mais ils insinuaient nettement que tous les scandales et les abus étaient le fruit naturel de la constitution hiérarchique de l'Église telle qu’elle existait.

L'état d’esprit révélé par toute cette littérature devait s’essayer à réaliser ses aspirations. Aussi trouvet-on dès lors, à Londres et dans les comtés, de petits groupes isolés qui veulent réformer l'ÉgUse. La plupart de leurs fondateurs sont d’anciens élèves de l’université de Cambridge, qui est alors un foyer de purita-