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IMPECCABILITE — IMPENITENCE


17, P. G., t. X, col. 825 ; S. Athanase, Contra Apollinarem, i, 17 ; ii, 5, P. G., t. xxi, col. 1121, 1140, etc.

2. Jésus est absolument sans péché. Mais cela n’est pas un simple fait en lui, c’est un droit ; cela tient à sa nature même, disons à la nature de sa personnalité : Jésus ne pouvait absolument pas pécher d’impeccabilité absolue, intrinsèque, substantielle.

Prise de façon morale au moins, cette impeccabilité radicale du Verbe incarné est un dogme de foi catholique, Vie concile, III « de Constantinople, DenzingerBannwart, n. 238. C’est le sens évident de la tradition esquissée plus haut, sans parler de la suite des écoles théologiques unanimes. En Jésus, en effet, nulle racine de péché, car pas de péché originel en aucun sens, ni de trace morale quelconque de la déchéance humaine : il est l'œuvre du Saint-Esprit et de l’immaculée Vierge Marie qui n’ont rien pu lui communiquer que de la pureté. De plus, en lui, suivant une théorie générale certaine, se trouve toute perfection créée, parce qu’il est le Dieu incarné sans aucune imperfection quelconque à moins qu’elle fût nécessaire pour la mission du rédempteur. Or la passibilité et la mortalité étaient bien ainsi nécessaires ; mais non pas le péché ; c’est le contraire qui est absolument vrai. S. Thomas, Sum. theol., III », q. xv, a. 1. Enfin, n'était assumptibilis, par le Verbe Dieu, en union hypostatique ou substantielle, que le mal physique ; le mal moral, le péché répugnait infiniment à la personne, à l'Être du Dieu infiniment saint. Jésus était donc absolument impeccable, au moins moralement.

Mais il faut dire plus, avec l’ensemble de beaucoup le plus considérable des savants catholiques : l’impeccabilité de Jésus était aussi physique. Rares ont été ou sont les opposants, Scot, Molina, Platel, Pesch, et ceux-ci ne semblent vraiment pas au point. Il ne suffit pas, en effet, de dire que le Christ était préservé du péché par la providence surnaturelle ou l’esprit sanctificateur, distributeur de grâces efficaces. Insuffisant encore le recours à la vision intuitive dont a toujours joui l'âme de Jésus et qui lui donnait une impeccabilité absolue de grâce. Voir plus haut. Mais infiniment plus que cela, Jésus était Dieu, non pas moralement et analogiquement, mais physiquement, substantiellement. Sa nature humaine restait nature humaine et ne devint pas nature divine, mais tout l'être substantiel personnel de cette nature humaine était l'Être même de la personne du Verbe Dieu. Tout ce qui était en Jésus homme, comme être ou comme agir, était donc strictement être et agir de Dieu soit formellement, omnes prædicationes et omnes actiones sunt suppositorum, soit efficiemment (tout dans une personne étant sous l’unique responsabiUté de cette personne). Si le péché avait pu être en Jésus, il aurait donc fallu l’appeler péché de Dieu et formellement et cfficiemment. Cela est évidemment d’une répugnance absolue, métaphysique. L’impeccabilité du Christ était et est en conséquence absolue, intrinsèque et physique, par nature non de sa nature humaine, mais de sa personne divine.

Remarquons pour finir qu’ici encore le Christ récapitule le plérômc, la plénitude des dons divins. Il a l’impeccabilité de grâce confirmée par une assistance invincible et continue de l’Esprit de sainteté. Il a de plus l’impeccabilité radicale des dons d’innocence parfaite, étant l'œuvre toute pure de Dieu et de la vierge Marie. Il a encore l’impeccabifité absolue accidentelle de la vision béatifique, son partage dès le premier instant de son existence, enfin il a son impeccabilité spéciale à lui seul, être substantiellement divinisé par l'Être même du Verbe en qui il subsiste personnellement, étant quelque chose de sa personne divine elle-même.

.u-dessus de la nature humaine de Jésus-Christ,

il ne reste que Dieu lui-même, ce Dieu qui est aussi en Jésus, Dieu dont la volonté est son amour même et son Bien infini lui-même et sa substance et son être subsistant lui-même, pureté infinie subsistante, source des participations diverses de sainteté créées avec leurs divers degrés de pureté plus ou moins impeccable.

P. Richard. IMPENITENCE. — I. Notions générales et impénitence temporaire. II. Impénitence finale.

1. Notions générales et impénitence temporaire.

Consulter Salmanticenses, De pœnitentia, disp. V, dub. VI, § 3, n. 225 sq. ; Suarez, De pxiiiteniia, disp. XV, sect. n.

1° Notions générales. — 1. La pénitence. — Le péché est le mal moral produit dans le monde par une volonté libre en révolte et désordonnée. La destruction de ce mal est l’objet propre de la vertu de pénitence. Or cette vertu ne peut détruire le péché en tant qu’acte passé ; ni dans ses diverses conséquences physiques, comme la santé, le déshonneur ; mais elle peut le détruire dans sa conséquence morale, qui est l’offense de Dieu, ainsi que dans la corruption de l'âme qui en découle et dans les justes châtiments qu’il a mérités.

Cette destruction du péché s’opère par la réparation satisfactoire : douleur d’abord et regret, dans le cœur, d’avoir offensé Dieu et puis compensation expiatrice. S. Thomas, Sum. theol., III », q. lxxxv. Cet acte de la vertu de pénitence est obligatoire, commandé qu’il est par un précepte spécial, il est même nécessaire de nécessité de moyen à tout pécheur, au nom de la justice la plus essentielle, comme de la charité envers Dieu et envers soi-même. S. Thomas, ibid., q. lxxxiv, a. 5 ; S. Augustin, Enehiridion, c. lxxvt ; De civitate Dei, t. XXI, c. xxvii.

2. L' impénitence. — C’est la négation ou mieux la privation de la pénitence chez un pécheur. Cette négation peut être simplement le non repentir ou bien une volonté positive de ne pas se repentir du péché commis. S. Thomas, ibid., II » Il-f, q. xiv, a. 1 et 2.

Cette distinction capitale de ' impénitence de fait : pcrmanentia in peccato, et de V impénitence de résolution, propositum non pacnilendi, a son parallèle dans la notion opposée de persévérance. Dans la persévérance, il y a le simple fait de rester quelque temps vertueux, et la vertu de persévérance, résolution ferme et stable de rester jusqu’au bout vertueux. La première persévérance n’est qu’une circonstance physique accompagnant toute vertu tant qu’elle dure, la seconde est une vertu spéciale. De plus, la persévérance finale n’est de soi qu’une persévérance de simple fait ; elle est l’union, de fait, de la mort avec l'état de grâce, même si elle se produit une minute après la conversion. Cependant la persévérance finale, entendue comme une force stable qui fixe la volonté dans le bien jusqu'à la mort inclusivement, est une vertu particulière, ou mieux un don très particulier, celui de la confirmation en grâce.

Or, dans l’impénitence, on peut distinguer r/mp^/Ktencc de volonté qui fixe dans le péché et dans la décision de ne pas se repentir du péché, et c’est le péché spécial d’impénitence, mais aussi l’impénitence de simple fait, lorsque, sans acte positif de la volonté, l'âme reste dans son péché, et c’est une circonstance physique de cet état de péché, tant qu’il dure, et d’où que vienne le fait de durer. Si, dans cet état de non pénitence, l'âme est saisie par la mort, cette âme est dans V impénilence finale. Celle-ci n’implique donc pas toujours un acte spécial, un péché particulier ; le pécheur qui s’endort sans s'être repenti du péché qu’il a commis, meurt dans l’impénitence finale, sans autre péché que celui qui avait précédé son sommeil.