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INCARNATION


ndtum, et Iwminem (dclum…, a. s., n. 215 ; can. 4 : Si quis non conjUetur… ununi ejus subsistenliam, qui est Dominus Jésus Christus, unus de sancta Trinilale, a. s. n. 210 ; can. 5 : nec enim adjectionem personx vel subsistentiæ suscepil sancta Triniias ex incarnato uno (le sancta Trinilale Verbo, a. s., n. 217 ; très clairement dans la profession de foi du IX"^ concile de Tolède : De his Iribus personis solam Filii personam… hominem verum sine peccalo de sancta et immaculata Maria Virgine crcdimus assumpsisse…, n. 282 ; Item unius substanliie credimus esse Palrem et Filiuni et Spiritum Sanclum, non tanien dicinms, ni hiijus Trinitatis unitatem Maria virgo genucril, sed luntummndo Filium, qui solus naturam noslrani in unitale personæ suie nssumpsit… Solus… Filius jormam servi accepit in singularilate personœ…, n. 284. Cf. III concile de Constantinople, reprenant la formule uniim de sancta Trinilale, n. 290 ; concile de Latran de 049, can. 3, n. 256 ; IV » concile œcuménique de Latran, c. i, n. 429, etc.

2° Sous quel aspect concevoir l’union de l’humanité au Verbe pour dégager le dogme de toute contradiction ? — Nous entrons ici dans le problème strictement théologique de la raison formelle, sous laquelle, dans l’assomption de l’humanité, le Verbe est le terme même de cette assomption. Cette question est différente de celle du terme formel de l’action divine dans l’incarnation. Voir HvposTATiQUE ( Union), t. vii, col. 524. Dans la discussion de ce problème, certaines précisions préalables sont nécessaires, qui doivent, en regard de la foi, être admises par tous les théologiens. C’est peut-être faute d’avoir fait ces précisions que certains auteurs ont accordé une importance exagérée à une question theologique, qu’il faut considérer, une fois les vérités indiscutables rappelées, comme très secondaire et d’importance minime. — 1. Vérités indiscutables, à admettre dans n’importe quel système. — Il faut admettre, comme conclusions immédiatement prochaines des dogmes de la trinité et de l’incarnation : a) que l’assomption de l’humanité par le seul Verbe ne saurait être considérée comme une opération divine. L’opération, en elïet, est commune aux trois personnes. C’est donc dans le simple fait d’être terme de l’union que consiste le rôle spécial du Verbe dans l’incarnation. Ce rôle de terme ne comporte aucune action : la nature humaine, élevée par l’action commune des trois personnes divines à l’unité de la personne du Verbe, reçoit, par l’effet de cette opération commune, communication de la personnalité du Fils. Saint Bonaventure se sert d’une image gracieuse pour jeter quelque lumière sur ce mystère. Il représente trois jeunes filles occupées à parer une fiancée pour la cérémonie nuptiale. jNIais, parce que l’une d’elles est cette fiancée, elle seule reçoit la parure, en même temps qu’elle se pare. De même, quand notre humanité est devenue le vêtement de la divinité, les trois personnes ont concouru par une opération commune à couvrir le Fils de ce vêtement, mais lui seul s’en est revêtu, pendant que le Père et l’Esprit l’en revêtaient. Cf. S. Bonaventure, In IV Sent., t. III, dist. I, a. 1, q. II, ad 2 "". — b) Que par suite de l’identité de la nature et de la personne en Dieu, l’union de l’humanité ne peut pas se terminer au Verbe, sans se terminer réellement à l’être divin lui-même. Quelle que soit la formule admise pour rendre raison de l’aspect formel sous lequel le Verbe s’unit l’humanité, cette conclusion s’impose, à moins de tomber dans l’erreur condamnée de Gilbert de la Porée. Cf. Denzinger-Bannwart, n. 389 sq. Voir t. vi, col. 1353. — c) Qu’en conséquence, la solution des difficultés relatives à l’incarnation du seul Verbe, à l’exclusion des autres personnes, est indépendante des systèmes sur le constitutif formel de l’union liyposlatique, voir t. vu..

col. 4Il sq., et relève uniquement de la solution apportée aux difficultés relatives à la distinction réelle des personnes divines entre elles, nonobstant leur identité avec la substance divine.

2. Opinions théologiques. — ti) A rextrcme des opinions théologiques, et au delà mime, peut-on dire, se trouve la doctrine de Gilbert de la Porée affirmant une distinction réelle, eu Dieu, entre les propriétés personnelles et la substance et, partant, entre les personnes et l’essence divine. Voir t. vi, col. 1352-1353 ; Denzinger-Bannwart, n. 391 ; et, plus explicitement encore guorf très personcX tribus unitatihus sint tria, et distinctæ proprietatibus tribus, quæ non lioc sint, quod ipsæ personæ : sed sint tria œterna difjerentia numéro, tum a se invicem, quam a subslantia divina. Cf. Libellus contra capitula Gilberli, n. 66, P. L., t. clxx.xv, col. 617. La conclusion d’un tel principe, c’est que l’incarnation n’est pas l’union de l’humanité à Dieu, mais de l’humanité au Verbe, à l’exclusion de la divinité. Ibid., n. 07. Cf. Denzinger-Bannwart, n. 392. Nous ne faisons que signaler ici cette opinion hérétique. — b) Les théologiens ont coutume de poser le problème relatif au terme formel de l’incarnation dans le Verbe sous cette forme : Utrum natura liumana sit lerminaia immédiate per aliquid rclativum vel per aliquid absolutum ? Voir, dans leurs traités De incarnatione, Jean de Saint-Thomas, disp. VI, a. 2 ; Gonet, disp. VIII, a. 1 ; Billuart, dissert. VI, a. 2 ; Salmanticenses, disp. VIII, dub. ii ; Frassen, disp. I, a. 2, sect. ii, q. i ; Suarez, disp. XII, sect. ii ; Vasquez, disp. XX, c. II ; Tolet, q. iii, a. 2. Leur réponse commune est qu’immédiatement c’est la propriété relative qui, dans le Verbe, termine l’union hypostatique. Sans doute, l’humanité est unie à la divinité, mais par la propriété relative qui constitue le Verbe. Cette affirmation vise directement la thèse de Durand de Saint-Pourçain, In IV Sent., t. II, dist. I, q. iii, qui soutient que l’union hypostatique se termine, en Dieu, immédiatement à la subsistence absolue de Dieu, médiatement et de façon secondaire seulement à la propriété relative du Fils. En faisant entrer la propriété relative du Fils dans le terme formel de l’union hypostatique, bien que d’une manière simplement médiate et secondaire, Durand sauve le dogme de l’incarnation du seul Fils de Dieu ; mais tous les théologiens regardent son explication comme improbable, parce que, dans cette opinion, il devient difficile d’expliquer comment le Fils s’est incarné sans que le Père et l’Esprit Saint s’incarnassent avec lui. Voir tous les auteurs cités ci-dessus. Le fondement de cette thèse est qu’en Dieu il n’y a pas, pour Durand, de subsistences relatives ; il n’y a qu’une subsistence et elle est absolue. L’humanité devant subsister en Dieu, il faut donc qu’elle soit terminée immédiatement par la subsistence absolue. — c) Mais lorsqu’il s’agit d’expliquer le terme formel en Dieu de l’union hypostatique, les adversaires de Durand ne sont plus entre eux en parfait accord. Il y a des nuances assez importantes qui les séparent. — a. Suarez, Vasquez et leur école, voir Holtzclau, n. 277, Franzelin, De Verbo incarnato, thés. XXXIII. affirment deux choses : la raison formelle sous laquelle le Verbe termine riuimanité est la propriété relative, et l’union ne s’est pas faite immédiatement dans la subsistence absolue, mais seulement dans la relation ; elle n’atteint la subsistence absolue que par la relation. Cette thèse suppose en Dieu l’existence d’une subsistence absolue par laquelle existe en soi la substance divine, et de trois subsistences relatives, par lesquelles sont constituées les trois personnes. Suarez, toc. cit., n. 4, 10. — b. Moins exclusive, quoique presque semblable, l’e.xplication des scotistes : la raison formelle, prochaine et immédiate, sous laquelle le Verbe termine l’humanité, est la propriété