celui-là, c’est le Verbe, qui sans doute procède du Père et tient de lui tout son être et sa perfection, mais est Dieu comme le Père. C’est lui que le Père a glorifié de toute éternité et glorifiera encore, xvii, 5 ; qui participe à la vie divine, v, 19-23, 26 ; vi, 57 ; à la science divine, xvi, 30 : à l’activité divine, v, 17 ; à la puissance divine, v, 21 ; à l’unité divine, x, 30 ; cf. viii, 28 ; X, 28-29 ; xii, 39 ; xiv, 6, 9, 13, 20-21 ; xv, 15, 2324 ; XVI, 15 ; xvii, 5, 21-26, etc. Ainsi se trouve exprimée’i cette conception si déconcertante et si divine » du Verbe incarné, par lequel nous pouvons contempler, à travers l’humanité, le Fils lui-même de Dieu, « riche de toute la science, de toute la puissance, de toute la sainteté du Père, et dont, en même temps, l’être entier n’est que dépendance. » Lebreton, op. cit., p. 417. - b. Distinction du Dieu incarné, le Verbe ou le Fils, d’avec le Saint-Esprit. — La révélation du Saint-Esprit, personne distincte du Verbe incarné, est moins abondamment présentée dans l’Écriture, mais elle est suffisamment explicite. On se contentera ici, pour ne pas revenir sur la matière de l’art. Esprit Saint, de relever simplement les assertions inspirées, où l’Esprit est montré comme une réalité divine distincte du Verbe incarné. C’est sous l’impulsion de l’Esprit-Saint que Jésus accomplit plusieurs démarches de sa mission. Marc, i, 12 ; Matth., iv, 1 ; Luc, iv, 2 ; x, 21. Il distingue les péchés commis contre le Fils de l’Homme et les péchés commis contre l’Esprit Saint. Matth., xii, 31-32 ; cf. Marc, ni, 28-20 ; Luc, xii. 10. Mais les paroles les plus explicites du Sauveur concernent la promesse qu’il fait à ses disciples de leur envoyer le Saint-Esprit. Marc, ix, 13-14 ; cf. Matth., x, 20 ; Luc, XII, 11-12 ; xxiv, 49 ; Act., i, 8. Déjà, chez les Synoptiques, ces promesses nous manifestent un Esprit personnel, agissant dans les apôtres par l’assistance qu’il leur prête. Mais c’est surtout saint Jean qui met en relief la personnalité distincte de l’Esprit. " Je prierai le Père dit Jésus, et il vous donnera un autre Paraclet, afin qu’il soit avec vous toujours, l’Esprit de vérité, xiv, 16. Le Paraclet, l’Esprit Saint que mon Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous apprendra tout…, id., 26 ; Quand sera venu le Paraclet, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi, xv, 26 ; … si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai, » xvt, 7. Ces textes semblent si clairs et distinguent si nettement la personne du Fils, visiblement présente aux apôtres dans la chair, de la personne du Père et du Saint-Esprit, qu’aucun doute ne semble possible. Toutefois, il faut relever la prétention de certains critiques protestants, alléguant Joa., xiv, 18, 19, pour affirmer que la venue de l’Esprit coïncidera avec le retour du Christ, de telle sorte que l’Esprit Saint ne serait que le Verbe incarné, mais glorifié. Cf. Pfieiderer, Das Urchristentum, seine Schri/len undLeliren, Berlin, 1902, t. ii, p. 377 ; Holtzmanu, Lehrbuch der nenleslamentlichen Théologie, Fribourg-en-Brisgau, 1897, t. ii, p. 463. Mais la promesse de retour du Christ ne vise que sa présence en ses disciples, présence dont le monde ignorera l’action vivifiante. Et il est juste de dire que cette grâce ne se distingue pas de la grâce promise dans la venue de l’Esprit Saint ; Paul mettra bien en relief cette profonde vérité de la vie surnaturelle du chrétien, en montrant que vivre dans le Christ et vivre dans l’Esprit ne sont qu’une seule et même réalité : Gal., II, 17 ; cf. I Cor., vi, 11 ; I Cor., i, 2 ; cf. Rom., xv, 16 ; Eph., I, 13 ; cf. IV, 30 ; Col., ii, 11 ; cf. Rom., ii, 29 ; Phil., IV, 1 ; cf. I, 27 ; Phil., iii, 1 ; cf. Rom., xiv, 17 ; Gal., III, 26 ; cf. I Cor., xii, 9 ; Rom., viii, 39 ; cf. Col., I, 8 ; voir Deissmann, Die neutestanientliche Formel in Cliristo Jesu, Marbourg, 1892> p. 86 sq. ; mais il ne
s’ensuit pas que le Fils incarné et glorifié soit la même réalité que l’Esprit consolateur. La venue du Père est également liée à celle du Fils. Joa., xiv, 23. C’est ici simplement, pour le Père, comme pour l’Esprit, FatTirmation de l’unité étroite qui existe entre les trois personnes de la Trinité. D’ailleurs, après sa résurrection, le Christ met en pleine lumière la distinction des personnes dans l’unité de la Trinité. Matth., xxviii, 19. Déjà, cette vérité fondamentale du christianisme avait été manifestée au baptême de Jésus. Luc, iii, 21-22 ; Matth., iii, 16-17 ; Marc, i, 10-11, et saint Paul s’en inspire manifestement dans un étroit parallélisme qui rapproche l’Esprit-Saint du Fils et du Père. I Cor., xii, 4-6.
b) Croyance explicite de V Église. — La manifestation de croyance explirite de la primitive Église en l’incarnation du seul Verbe de Dieu se trouve pour ainsi dire consignée à toutes les pages de l’histoire des origines du christianisme. Les symboles rapportent tous l’incarnation, la passion et la mort sur la croix au seul Fils de Dieu, conçu du Saint-Esprit et né de la vierge Marie. Les attestations des Pères apostoliques sont formelles : les premiers chrétiens se groupent dans une foi unique autour du seul Jésus-Christ, qui selon la chair, par la race de David, est fils de l’homme, en même temps qu’il est Fils de Dieu. S. Ignace, Ad Eph., XX, 2, Funk, op. cit., t i, p. 230 ; cf. Ad Smijrn., i, 1, p. 275. Si Herinas, par une conception tout à fait erronée, fait dériver la distinction du Fils de Dieu et de l’Esprit de l’incarnation, voir Herm.s, t. vi, col. 2279-2280, il n’en est pas moins vrai qu’il rapporte au Fils seul l’incarnation, puisque c’est par la chair, dont s’est revêtu l’Esprit, qu’est constitué e Fils. Sim., V, vi, 4-7, Funk, op. cit.. p. 541. Voir la doctrine catholique dans VÉpitre à Dioijnète. VII, 2-4, Funk, op. cit., t. i, p. 402. Même profession de foi chez saint.lustin, Dial. cum Tri/phone, n. 48, 100, P. G., t. VI, col. 580, 709 ; chez saint Irénée, Conl. hær., t. I, c X, ii, 1, P. G., t. vii, col. 54 9. IMaisdéjà dans saint Irénée, t. III, c. xi, n. 7, se manifeste la préoccupation des hérésies naissantes. L’hérésie du monarchianisme, voir ce mot, mettra en pleine lumière la foi de l’Église touchant l’incarnation du Fils de Dieu, distinct du Père et du Saint-Esprit. Ce n’est pas ici le lieu de faire l’historique de l’hérésie sabellienne. voir Sabeli.ianisme, ni de l’étudier sous la forme qui regarde directement le dogme catholique de l’incarnation du seul Fils, le patripassianismc. Voir ce mot. Les hérétiques modalistes, ne distinguant les personnes divines entre elles que par les opérations extérieures de Dieu, ne concevaient pas qu’en Dieu, trois personnes réellement distinctes pussent exister. Dieu ou le Père existe seul ; il devient l’ils par l’incarnation ; c’est donc en réalité le Père qui soutire dans la chair. Cette hérésie est autant christologique que trinitaire : elle souleva à Rome et en Afrique les protestations des docteurs catholiques. Voir Praxéas, Noet, Tertullien, Calixte l"’(Saint), t. iii, col. 13361338 ; Hyppolyte (Saint), t. vi, col. 2491-2493. Cf. Sclnvane, Histoire des dogmes, trad. franc., Paris, 1896, t. I, § 18, 19 ; Tixeront, Histoire des dogmes, La théologie anténiccenne. Pari ?, 1905, c. viii, § 2, 3 ; d’Alès, La thcologic de Tertullien, Paris, 1905, p. 79 sq. ; La théologie de saint Hippoliite, p. 8-35. Ce qu’il importe de retenir ici de ces controverses, ce sont les définitions explicites de l’Église qui en ont été le résultat plus ou moins immédiat. Concile romain de 380, anat. 2 ; Denzinger-Eannvvart, n. 60 ; et plus exphcitement 1 1 « concile de Constantinople, can. 1, enseignant que, dans la Trinité, unus cnim Deus et Pater, … et unus Dominus Jésus Christus…., et unus Spirilus Sanctus, n. 213 ; can. 3 : Si quis dicit…. non unum eumdemque Dominum nostrum Jesum Christum, Dei Verbum incar-