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INCARNATION


éternel de l’incarnation de la prévision du péché. Cf. Ilomil.paschdles, lioinil. x, n. 2, t. lxxvii, col. G17 ; In Joa., t. IX, XIV, 20, t. lxxiv, col. 273. Cf. Théodoret. De incarnalione Domini, n. 18, t. lxxv, col. 1448. Saint Léon le Grand, dans sa lettre dogmatique à Flavicn, a plusieurs assertions relatives à la fin de l’incarnation. Cf. Hypostajique (Union), col. 478, 479. Voir aussi Ad monachos Paliestinos, epist. cxxiv. n. 3 ; Serin., xxii, c. iii, iv ; lxiv, c. ii ; lxxvii, c. ii, P. L., t. Lix, col. 1064, 196, 202, 358, 412 ; S. Fulgence, Episi., XVII, c. VI, n. 11, P. L., t. lxv, col. 457 ; S. Grégoire le Grand, Moral., t. IV, c. iii, n. 8, P. L., t. lxxv, col. 642 (plus expressément encore l’apocryphe In I Reg., t. IV, c. i, n. 7, t. lxxix, col. 22'2) ; S..Jean Dainascène, De fide orthod., 1. iV, c. iv, xiii, /'. G., t. xciv, col. 1108, 1137.

Parmi tous ces textes, certains semblent placer ^'une manière exclusive la fin de l’incarnation dans la réparation du genre humain. S. Irénée, Cont. Iiœr., t. V, c. XIV : « Si la chair (l’homme) n’avait pas dû 4tre sauvée, le Verbe de Dieu ne se serait pas fait chair, » P. G., t. vii, col. 1161 ; S. Athanase, Aduersus arianos, orat. ii, n. 54 : « Le Seigneur (Jésus), comme Verbe, n’a pas d’autre cause que sa génération du Père dont il est la Sagesse unique engendrée. Mais pour devenir homme, il lui faut une nouvelle cause qui justifie son incarnation. C’est la nécessité et l’indigence de l’homme pécheur, antérieure à sa venue en ce monde ; sans elles, le Verbe ne se serait pas incarné ». Et plus loin, n. 56 : « Si aucune créature n’avait existé, le Verbe aurait cependant existé…, mais le Verbe ne se serait pas fait homme, si la nécessité de sauver les hommes n’avait pas existé. » P. G., t. xxvi, col. 261, 268. S. Grégoire de Nazianze, Orat., xxx, n. 2 : « Quelle a donc été la cause de l’incarnation de Dieu en notre faveur ? Assurément, cette cause est le souci d’assurer notre salut. » P. G., t. xxxvi, col. 105. S. JeanChrysostome, InEpisi.adHeb., 'homU., n. Il : « Il n’y a pas d’autre cause à l’incarnation que celle-ci seule : Dieu nous a vu jetés à terre, périssant, opprimés par la tyrannie de la mort, et il a eu pitié. » P. G., t. LXiii, col. 47. S. Ambroise, De incarnalione, c.vi, n. 56 : « Quelle cause peut-on assigner à l’incarnation sinon la rLdfinption de la chair pécheresse par le Christ ? » P. L., t. xvi, col. 832. S. Augustin, De pecca-torum meritis et remissione, t. I, c. xxvi, n. 39 : « 11 n’y a pas d’autre cause à l’incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ, que l’infusion d’une vie nouvelle en vue du royaume des cieux, le salut, la libération, la rédemption, accordés par ce mystère de grâce très miséricordieuse à tous les membres du corps dont il est le chef. » P. L., t. xliv, col. 131. Voir aussi les textes tirés des sermons cités plus haut. S. Léon le Grand, Serm., lxx, c. ii : « Si l’homme, fait à l’image €t à la ressemblance de Dieu, avait gardé l’honneur de sa nature ; s’il n’avait pas, trompé par la ruse du démon, introduit en lui le dérèglement de la concupiscence, le créateur du monde ne se serait pas fait créature. » P. L., t. Liv, col. 412. La hturgie fait écho à la tradition : O (elix culpa, quce talem uc lantum meruit habere redemplorein. Bénédiction du cierge pasccd, au samedi saint.

Rouët de.Journel, Enchiridion patrislicunt, Index iheologicus, n. 410, 411, 412, 413, 414, 415 ; Petau, De incarnatione, t. II, c. xvii, n. 8-12 ; Thomassin, De incarnatione, t. II, c. IX ; Stentrup, Soteriologia, t. i et ii ; Vasquez, De incarnatione, disp. X, c. iv ; P. Hilaire de Paris, Ciir Deus horno, Disscrtatio de motivo incarnalionis, Lyon, 1867.

3. Textes des Pères, où l’incarnation apparaît indépendante de la rédemption. — Il est à noter, dit le P. Hilaire de Paris, op. cit., p. 10, qu’aucun Père de l'Église n’affirme expressément que si Adam n’avait pas péché, le Verbe se serait néanmoins incarné. Tou tefois, on pense trouver, chez les Pères, d’une manière indirecte, l'équivalent de cette assertion. On accumule, en elïet, quantité de textes où l’incarnation semble avoir sa place, dans l’ordre actuel de la Providence, indépendamment de la rédemption des hommes. Le meilleur recueil, on peut même dire, l’unique recueil, où l’on a rassemblé tous ces textes est celui du P. Chrysostome, Ciaistus alpha et oméga, seu de Christi universali regno, Lille, 1910, et encore du même auteur. Le motij de l' incarnation et les principenix thomistes contemporains. Tours, 1921, IP partie, c. i et ii, p. l()8-202. On ne fera que résumer ici les grandes lignes d’un travail complet et consciencieux, quoique tendancieux relativement au sens à donner à de nombreuses autorités patristiques, et d’une critique parfois insuffisante quant à l’authenticité des textes. — a) Les Pères affirment que toutes choses ont été créées dans leCliri.st. — L’affirmation des Pères repose sur leur commentaire de Gen., i, 1 : In principiv, id est in Christo, Deus creavit ca’lum et terram. Clément d’Alexandrie, Strom., VI, c. vii, P. G., t. ix, col. 179 ; Origène, In Gen., c. I, honiil. i, P. G., t. xii, col. 145 ; S. Ambroise, In Hexæmeron, I. 1, c. ii, P. L., t. xiv, col. 124 ; S..Jérôme, Liber hehr. guasI. in Gen., c. i, P. L., t. XXIII, col. 938 ; cf. Brcv. in ps., ps. xxxix, t. xxvi, col. 945 ; S. Augustin, De Genrsi contra mnniefci’o.s, t. I, c. II ; De Genesi ad litteram, c. iii, P. L., t. xxxiv, col. 173, 222. Voir les autres textes de Pères d’autorité moindre dans Christns alplui et oméga, c. i, p. 4349. — b) Les Pères affirment que l’homme a été créé ci l’image du Christ. — L’affirmation des Pères repose sur leur commentaire de Gen., i, 26-27. S. Irénée, Cont. hser., t. V, c. xvi, xxxvi, n. 3, P. G., t. vii, col. 1167. 1224 ; Tertulhen, Adversus Praxeam, c xii, P. L., t. ii, col. 167 ; De resurrectione carnis, c. vi, col. 802. Sur l’opinion de Tertulhen, voir Petau, De Trinitate, t. II, c. VIT, n. 9. Clément d’Alexandrie, Peedag., t. I, c. XII, P. G., t. viii, col. 367 ; cf. Le Nourry, Di.ssertatio II. P. G., t. IX, col. 1158 ; Origène, In Gen., c. I, P. G., t. XII, col. 156 ; In Joa., tom. i, c. xix. P. G., t. XIV, col. 54 ; S. Jérôme, In Ezech., c. i, P. L., t. xxv, col. 21. Voir d’autres textes, op. cit., c. ii, p. 50-60. — c) Les Pères affirment que le Christ a déjà été préfiguré dans l'état d’innocence. — Adam fut le type du Christ principalement dans son union avec Eve, union symbolisant celle du Christ et de l'Église ; mais d’autres figures, procédant d’interprétations allégoriques des détails de la vie du paradis terrestre, existent aussi chez les Pères. Citons simplement quelques textes se rapportant au type de l’union du Christ avec l'Église : S. Ambroise, Expositio Evangelii secundum Liicam, t. IV, n. 66, P. L., t. xv, col. 1632 ; S. Anastase le Sinaïte, In Hexæmeron, t. IX, P. G., t. lxxxix, col. 999 ; S. Gélase, Epistola et décréta adver.sus pelagianam hmresim, P. L., t. lix, col. 118 ; S. Avit de Vienne, Opiisc. fragmenta IV, ex sermone jtassionis Domini, P. L., t. lix, col. 311 ; S. Léandre de Séville Homilia laud. Ecclesio', P. L., t. lxxii, col. 896 ; S. Isidore de Séville, In Gen., c. iii, P. L., t. lxxxiii, col. 99 ; S. Jean Damascène, In Epist. ad Eph., c. v, 32, P. G., t. xcv, col. 854. Voir Ad.m, t. i, col. 385386. Cette interprétation des Pères se base sur l’incise de saint Paul. Sacramentum hoc magnum est, ego autem dico in Christo et in Ecclesia. A’oir d’autres textes, o/). cit., c. iii, p. 61-71. — d) Les Pères affirment qii' Adam encore innocent a connu et prophétisé le mystère de l’incarnation. — Ils appuient leur dire sur le sens de Gen., ii, 23, 24 : « Voici l’os de mes os, et la chair de ma chair. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à son épouse et ils ne formeront à deux qu’une seule chair. » Il s’agit toujours principalement de la projihétie concernant l’union du Christ et de l'Église : S. Hilaire, Tract.