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INCARNATION


peuvent, dans la piésenle question, que fournir une base de raisonnement ; c’est surtout l’autorité des Pères interprétant l'Écriture qui est invoquée en faveur des réponses apportées par la théologie sur la cause finale de l’incarnation. Il importe donc de rappeler brièvement la portée de l’argument tiré des Pères par rapport au sens de l'Écriture. L’autorité de ? Pères s’impose en matière d’interprétation de l'Écriture : a quand cette autorité résulte de l’unanimité morale de leurs témoignages ; b quand les Pères s’accordent unanimement à présenter leurs explications comme appartenant à la doctrine que l'Église impose sur la foi ou les mœurs. Encycl. Prouidentissimas Dcus, Denzinger-Bannwart, n. 1944 ; Vacant, Etudes thc’ologiqucs sur les constitutions du coneile du Vatican, t. i, n. 544 ; cf. Herméneutique, dans le Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. iii, col. 626 ; Interprétation de la sainte Écriture. L’interprétation des Pères peut être simplement exégétique. Sous cet aspect, elle ne s’impose pas comme l’expression de la pensée authentique et définitive de l'Église ; elle est néanmoins rccommandable et s’impose à l’attention de l’exégète, sans cependant l’enchaîner et lui interdire des recherches ultérieures. Encyclique Prouidentissin^us Deus ; cf. Herméneutique, col. 627. De ces principes incontestables et admis par tous les catholiques, découle immédiatement une conclusion relative au motif de l’incarnation. La question de savoir si, l’homme n’ayant pas péché, le Verbe se serait cependant incarné, étant laissée par l'Église à la libre discussion des théologiens, il ne s’agit pas de démontrer que les Pères ont eu un enseignement unanime et doctrinal conforme à telle ou telle opinion, mais simplement de chercher, dans l’opinion des Pères, un fondement solide aux opinions des théologiens. Prétendre que les Pères ont expliqué l'Écriture, d’une façon explicite, dans un sens plutôt que dans un autre, c’est préjuger d’une solution que l'Église, maîtresse souveraine de la doctrine, croit devoir laisser aux libres disputes des hommes. C’est donc nécessairement dépasser les limites et les formes de la discussion permise : on doit se contenter d’apporter, en faveur de chaque opinion, les témoignages fournis parla tradition, sans les considérer comme une démonstration définilive et sans réplique.

2. Témoignages directs des Pères, donnant comme fin à l’incarnation la rédemption du genre humain. — Sous plusieurs formes, difl'érentes d’expression, mais identiques quant au sens, les Pères formulent cette pensée fondamentale : Le Christ est venu dans la chair pour nous sauver, nous racheter du péché et de la servitude du démon, nous lestîtucr la grâce et l’iminortalîtc, nous ramener ù l'état primitif dont nous avait fait déchoir le péché d’Adam, pensée que le ! * concile de Nicée condensera dans une formule célèbre : qui propter nos et propter nostram salutem descendit de cœlis, et incarnatus est. Voir. S. Clément, /* Cor., vii, 4 ; XLix, 2, Funk, Patres apostoUci, Tubingue, 1901, p. 108, 162 ; Epi.'st. Barnabæ, v, 5 ; vii, 2, ibid., p. 50, 58 ; S. Ignace d’Antioche, Ad Eph., ix, 1 ; Ad Polijcarpum, iii, 2, ibid., p. 220, 290 ; S. Polycarpe, Ad Phil., VIII, 1, ibid., p. 304 ; Hcrmas, Sim., V, ii, 1-2 ; cꝟ. 5-7, ibid., p. 530, 538 ; Epist. ad Diognetum, IX, 2, ibid., p. 406 ; S. Justin, Apol., I, n. 63, 65, P. G., t. VI, col. 424, 428 ; Apol., II, n. 6, 13, col. 453, 465 ; S. Irénée, Conl. hier., t. II, c. xxii, n. 4 ; t. III, c. xviii, n. 7 ; c. XXI, n. 10 ; t. V, præf. ; c. ii, n. 2 ; c. xiv, n. 1 ; c. XVI, n. 3, P. G., t. VII, col. 784, 936, 955, 1120, 1124, 1161, 1168 ; Tertullien, De juga in persecutione, n. 12, P. L., t. II, col. 114 ; S. Hippolyte, De Antichristo, n. 3 ; Contra lieeresim Noeli, n. 17 ; Philosophoumena, t. X, c. xx.xiv (dans c. xxxiii, l’incarnation a pour fin l’exemple de perfection à donner au.x hom mes), P. G., t. X, col. 732, 825 ; t. xvi, col. 3454, (3447) ; Clément d’Alexandrie, Protr., c. i, n. 7 (le Christ est venu pour nous enseigner à bien vivre, c’est-à-dire à vivre pour gagner la vie éternelle) ; c. x, n. 110 ; c. xi, n. 111, P. G., t. VIII, col. 61, 225, 228 ; Origène, In Num., homil. xxiv, n. 1 ; Ht Epist. ad Rom., t. iii, n. 8 ; In Matth., tom. xvi, n. 8 ; Contra Celsum, 1. VII ; c. xxxvii, P. G., t. XII, col. 756 ; t. xiv, col. 946 ; t. XIII, col. 1397 ; t. xi, col. 1473 ; S. Cyprien, De opère et eleemosijnis, n. 1, P. L., t. iv, col. 601 ; S. Méthode, Convivium, or. III, c. vi, P. G, t. xviii, col. 69 ; Lactance, Divin.v institutiones, t. IV, c. viii, n. 1-12 ; c. XIII, n. 1-3, P. L., t. VI, col. 465, 482 ; Eusèbe de Césarée, Demonstratio evungelica, t. IV, c. xii, P. G., t. XXII, col. 284 ; Alexandre d’Alexandrie, Epist. ad Alex. Consl., n. 12, P. G., t. xviii, col. 508 ; Aphraate, Demonstrationes, vii, n. 1 ; xiv, n. 11 ; xxiii, n. 48, Patrologia syriaca, t. i, p. 314, 598 ; t. ii, p. 94 ; S. Éphrem, //ymni de B. Maria, xviii, n. 12 ; Hymni dispersi, xvii, n. 8, édit.Lamy, t. ii, p. 608 ; t.iv, p. 772 ; Carmina Nisiberui, ni, n.l, édit.BickelI, Leipzig, 1866, p. 78 ; Necrosima, xx, 53, édit. Assémani, t. ii, p. 312 ; S. Athanase, Oratio de incarnatione Verbi, n. 9, 54 ; Oratio padversus arianos, n. 42, 51 ; Oratio 11, n. 16, 54, 55, 56, 68 ; De incarnatione Dei Verbi et contra arianos, n. 5, 8, 20 ; Contra Apollinarium, t. I, n. 5, 17 ; t. II, n. 5, P. G., t. xxv, col. 112, 192 ; t. xxvi, col. 100, 117, 182, 262, 263, 266-267, 292, 992, 996, 1020, 1100, 1124, 1140 ; S. Cyrille de Jérusalem, Cat., XII, c.xiv ; VIIl, c.ii ; XXXIII, P.G., t.xxxiii, col.741, 773, 812 ; S. Hilaire, Tractatus in ps., ps. lui, n. 12 ; Lxin, n. 23, P. L., t. ix, col. 344, 484 (il s’agit ici principalement de la cause finale de la mort du Christ) ; Tractatus Origenis, ii (même remarque), édit. Batillol, p. 15 ; S. Basile, Epist., cclxi, n. 2 ; De Spiritu Sancto, c. XV, n. 35, P. G., t. xxxii, col. 969, 128 ; pseudoBasile, Homilia adversus calumniatores S. Trinitatis, n. 4, P. G., t. xxxi, col. 1494 ; S. Grégoire de Nazianze, Oral., I. n. 22, 23, P. G., t. xxxv, col. 431 ; xxx, n. 2, 21 ; xxxiii, n. 9 ; xxxviii, n. 16 (ces deux derniers textes se rapportant plus particulièrement à la cause finale de la passion du Christ) ; xl, n. 45 ; xlv, n. 22, P. L., t. xxxvi, col. 105, 132, 225, 424, 653 ; S. Grégoire de Nysse, Antirrheticus, n. 17, P. G., t. xlv, col. 1156 ; S. Épiphanc, Ancoratus, n. 65, P. G., t. xliii, col. 133 ; cf..S//m60k, Denzinger-Bannwart, n. 13 ; Hier., i.xix, n. 52, t. xLii, col. 284 ; S. Jean Chrysostome, In .loa., homil. xi, n. 2, P. G., t. lix, col. 79 ; In Matth., homil. xxx, n. 3, t. lvii, col. 365 ; In Epist. ad Rnm., homil. x, n. 2, t. lx, col, 474 ; In Epist. ad Heb., homil. v, n. 1, P. G., t. i.xiii col. 47 ; In Epist. I ad Cor., homil. xxxviiii, n. 2 ; In. Epist. ad Gal., c. ii, n. 8 ; In Epist. ad Ileb., homil., xvii, n. 2 (ces trois textes se rapportant jilus spécialement ù la fin de la passion et de la mort sur la croix), P. G., t. lxi, col. 324, 646 ; t. lxiii, col. 129 ; S. Ambroise, Epist., XLi, n. 7 ; Lxxii, n. 8, P. L., t. xvi, col. 1115, 1245, et surtout De incarnationis dominicæ sacramento, c. vi, n. 56, col. 832. Parmi les nombreux textes de saint .ugustin se rapportant de près ou de loin à la question présente, il suffira de rappeler les plus expressifs. De calecliizandis rudibus, c. iv, n. 7, P. L., t. XL, col. 314 ; Conf., t. X, c. xliii, n. 68, t. xxxii, col. 808 ; De peccatorum meritis et remissione, t. I, c. xxvi, n. 39 ; cf. c.ix, n. 10, P. L., t. xLiv, col. 131, 114 ; In Joannis Ei>angelium, tr. XXIII, n. 6, t. xxxv, col. 1585 ; De gratta Christi et de peccato originali, t. II, c. xxiv, n. 28, t. xLiv, col. 398 ; Enchiridion, n. 108, t. xl, col. 282 ; Serm., clvi, n. 2 ; clxxiv, n. 2 ; clxxv, n. 1, Cl, XXXIV, n. 8 ; cclxi, n. 7, t. xxxviii, col. 851, 940, 944, 915, 1206 ; £nar. in ps., CXL, n. 19, t. xxxvii, col. 1828. Saint Cyrille d’Alexandrie, Thescnirus, assert. xv, P.G., t. lxxv, col. 292, 294-295, fait dépendre le décret