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INCARNATION


nouvelle loi. Heb., v, G, 10 ; vi, 20 ; vii, 1-17. Isaac, immolé par son père et portant le bois du sacrifice, .lac, II, 21 ; Joseph, livré par ses frères, emprisonné, méconnu, puis exalté et devenant le sauveur du peuple ; Moïse, libérateur, chef et législateur des Hébreux, sont bien des Tigures du Christ, l’our Moïse, la figure est plus marquée encore dans la part qu’il prend aux soulTrances de son peuple. Cf. Heb., xr, 26. Nouvelle image du sacerdoce du Christ dans le sacerdoce d’Aaron ; des soulTrances du Christ dans les épreuves de Job, de la royauté et des triomphes du Christ dans le règne et la gloire de David ; de la passion et de la résurrection du Christ dans l'épreuve de Jouas. Matth., xii, 39-41 ; Luc, xi, 29- ; }2. Parmi les choses figuratives, relatives au but de l’incarnation on doit relever l’agneau pascal, symbolisant non seulement l’eucharistie, mais encore la mort de Jésus sur la croix, Joa., xix, 36 ; Exod., xii, 46 ; le bouc émissaire, Is., Lin, 6, cf. Heb., xiii, 12, représentant Jésus, chargé des péchés des hommes ; l'échelle de Jacob, unissant le ciel à la terre, les sacrifices de la loi, qui tous furent des types variés de l’unique oblation de Jésus-Christ, Heb., x, 1-14. Cf. Jésus-Christ, dans le DicHonnaire de la Bible de jM. Vigouroux, t. iii, col. 1427-1429.

[i. Les sijnoptiques. — Dans le seul nom de Jésus se trouve résumé le programme du salut apporté au monde. Luc, i, 31 ; Matth., i, 21. Le nom de Josué, identique à celui de Jésus, cf. Eccli., xlvi, 1 ; I Mac, II, .").5, signifie sauveur. L’idée du salut des pécheurs se trouve exprimée à plusieurs reprises comme manifestant le but de la venue du Messie ; Jésus est venu appeler, non les justes, mais les pécheurs. Matth., IX, 13 ; Marc, ii, 17 ; Luc, v, 32 ; cf. Luc, xv en entier, et ii, 18-19. Bien plus, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu, Luc, xix, 10 ; Matth., xviii, 11 ; il est venu donner sa vie pour le salut de tous, Marc, x, 45. C’est en qualité de sauveur <]ue Jésus est salué dans un accent prophétique par Zacharie, Luc, i, 08-79, par l’ange qui apparaît aux bergers, Luc, ii, 11. La royauté et les triomphes du Messie sont expliqués dans leur vrai sens : il s’agit du royaume de Dieu, c’est-à-dire de l'Église que le Christ vient établir sur terre, royaume tout spirituel, et dont rétablissement suppose la victoire de.Jésus sur le ^lémon et le péché, Luc., i, 32-33 ; iv, 43 ; Matth., iv, 17 ; X, 7 ; Marc, i, 15 ; cf. Luc, iv, 34. Voir I-rey, Royaume de Dieu, dans le Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux, t. v, col. 1242 sq.

4. Saint Jean.

Chez saint.Jean, plus que partout ailleurs peut-être, l’idée du salut des hommes domine Je plan divin de l’incarnation, tel que la révélation nous le laisse entrevoir. A tous ceux qui ont reçu le Verbe, a été donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, I, 12 ; mais, pour acquérir cette filiation, il leur faut une nouvelle naissance spirituelle, qui détruise en eux les obstacles inhérents à la naissance charnelle, I, 13 ; III, !. Les obstacles viennent du péché, qui est l'œuvre du démon ; aussi le Fils de Dieu est-il venu tout exprès en ce monde pour briser le péché, I Joa., in, ^, les œuvres du diable, ibid., 8 ; son sang doit purifier les hommes de tout péché, ibid., i, 7 : Jésus Jui-méme est une propitiation pour les fautes du monde entier, ibid., ii, 2 ; bien plus, il a été envové par le Père en cette qualité, iv, 10. L’obstacle du péché une fois renversé, .Iésus-(Jirist nous donne cette nouvelle vie, que nous ne pouvons avoir qu’en lui et par lui, et c|ue Dieu le Père l’a envoyé nous apporter. IJoa., IV, 9, 10 ; Joa., x, 10 ; xx, 31 ; cf. vi, passim. Jésus résume lui-même cet enseignement à Nicodènie ; « Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’honime soit élevé, alin que tout îiomine qui croit en lui ne périsse point, mais qu’il

ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fih unique dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lai. » iti, 14-17. Cette mission très particulière du F’ils de Dieu incarné éclaire pour ainsi dire tout l'Évangile de Jean. On trouvera les reflets de cette lumière principalement, iv, 10, 1.3-14, 34 sq. ; vi, 33, 35, 38-40, 47-52, 58 ; dans le discours d’adieu à la cène, xiv, 6 ; xv, 1-7 ; dans la prière de Jésus, xvii. Aussi l’apôtre saint Jean donnet-il à Jésus le titre de Sauveur du monde. I Joa., iv, 14 ; cf..Ioa., iv, 42.

5. Saint Pierre.

Le prince des apôtres rappelle que le salut a été donné aux hommes par Jésus-( ; hrist, Act., IV, 12 ; c’est Jésus que Dieu a élevé par sa droite (sa puissance) prince et sauveur pour donner à Israël la pénitence et la rémission des péchés, v, 31 ; cf. x, 43 ; qui, prédestiné avant la création du monde, a été manifesté dans les derniers temps, et dont le précieux sang a racheté ceux pour qui il est venu. I Pet., i, 19-20. Il est la pierre angulaire, et celui qui aura confiance en elle ne sera pas confondu, ii, 6. Il est mort pour nos péchés, lui, juste pour des injustes, afin de nous offrir à Dieu, ni, 19 ; il a détruit la mort, afin que nous devinssions héritiers de la vie éternelle, ni, 22. En un mot, c’est dans le Christ que le Dieu de toute grâce nous a appelé à son éternelle gloire, v, 10.

6. Saint Paul. La pensée de saint Paul est plus profonde, plus nuancée et plus riche. — a) Tout d’abord, cet apôtre, avec une insistance remarquable, aflirme que « c’est une parole de foi et digne d'être entièrement acceplée, que le Christ Jésus est venu en ce monde pour sauver les pécheurs. » I Tiin., i, 15. Dans ce but, Dieu « a rendu péché celui qui ne connaissait pas le péché, alin qu’en lui nous devinssions justice de Dieu. « H Cor., v, 21. Riche en miséricorde, à cause de l’amour extrême dont il nous a aimés. Dieu, lorsque nous étions morts par nos péchés, nous a vivifiés dans le Christ, par la grâce duquel nous sommes sauvés. » Eph., II, 4-5. Ainsi « lorsque la bonté et l’humanité de Dieu notre Sauveur sont apparues, Dieu nous a sauves, non à cause des œuvres de justice que nous avons faites, mais à cause de sa miséricorde, par le baptême do régénération et de rénovation de l’Esprit-Saint, qu’il a répandu sur nous abondamment par JésusChrist, notre Sauveur. » Tit., iii, 4-6. Cf. Gal., iv, 4 ;

I Tim., II, 6 ; Heb., ii, 14 ; Rom., ni, 20-25. Le titre de sauveur est donné par Paul à Jésus fréquemment. Act., XIII, 23. Eph., V, 23 ; Phil., ni, 20 ; I Tim., iv, 10 ;

II Tim., i, 10 ; Tit., i, 4 ; ii, 13 ; iii, 4, 6. — ft^Mais l’apôtre scrute plus profondément les mystères du plan divin. L’incarnation semblait convenable eu égard au dessein de Dieu de sauver les hommes. « Il était â propos que Dieu, par qui et pour qui tout existe, voulant faire entrer dans la gloire une infinité d’enfants, consommât par la souïïrance le chef de leur salut. » Heb., II, 10. Le terme « consommer » a ici une valeur toute spéciale ; dans l'Épître aux Hébreux, il signifie : rendre parfait, amener au terme idéal qui marque le point de perfection d’un être. Cf. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, t. i, p. 549. La rédemption, et la rédemption par la passion, marque donc ici le moyen de la consommation, c’est-â-dire du perfectionnement définitif de l'œuvre du Verbe incarné. Cf. Heb., v, 8-9 : « Tout Fils qu’il était, il apprit l’obéissance par ce qu’il eut à souffrir et, consommé, il devint pour tous ceux qui lui obéissent le principe du salut éternel. » — c) Dans l'Épître aux Colossiens, Paul, rappelant la vérité de notre rédemption dans le Christ, profite de cette anirniation pour projeter une lumière sur la vie du Verbe en Dieu, sur le rôle du Verbe par rapport aux créatures et à l’univers entier. Il « est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toule créature ; car c’est par lui qu’ont été créées toutes choses dans les cieux