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INCARNATION


<le Suarcz, De pœnitentia, disp. IX, sect. ii ; ensuite, et ceci très certainement, la vertu de pénitence, dont l’acte rectifie la volonté du pécheur par rapport à Dieu ; enfin, une satisfaction olîerte par une simple créature, satisfaction insuffisante en soi, au point de vue de la justice parfaite, mais dont Dieu peut se contenter. Chr. Pesch, op. cit., n. 361 ; Stentrup, op. cit.. th. IV, p. 53-57. Cette réparation aurait dû être appelée plutôt libération que rédemption. S. Thomas, In IV Sent., t. III, dist. XX, a. 4, sol. 1. Cette thèse, communément admise par les théologiens, repose sur l’accord des Pères et des docteurs. S. Athanase, Contra arianos, serm. ii, n. 68, P. G., t. XXVI, col. 291 ; S. Cyrille d’Alexandrie, De incarnatione Domini, c. xviii, P. G., t. lxxv, col. 1447 ; S. Augustin, De agone ctirisiiano, c. xi, n. 12, P. L., t. XL, col. 297 ; S. Léon le Grand, Serm., xxii, de Nativitate Domini, ii, P. L., t. liv, col. 195 ; S. Grégoire le Grand, Moralia, t. XX, c. xxvi, P. L., t. Lxxvi, col. 170 ; S. Bernard. EpisL, cxc, ad Innocenlium II, c. VI, n. 16, P. L., t. clxxxii, col. 1066, cf. Petau, De incarnatione, t. II, c. xiii, n. 6 sq. On trouve cependant parmi les œuvres des Pères certaines expressions exagérées, par lesquelles la très grande convenance de l’incarnation semble représentée comme une nécessité Petau, op. cit., t. II, c. xii, n. 4 sq., cite des textes de saint Irénée, de saint Augustin, de saint Fulgence, de saint Léon, de saint Athanase, de saint Cyrille d’Alexandrie, etc. Mais ainsi qu’on l’a déjà dit, la pensée des Pères est claire : il ne s’agit que d’une extrême convenance, n’impliquant cependant pas l’inconvenance du contraire ; ou bien il s’agit d’une réparation selon les exigences de la justice parfaite. Voir Petau, loc. cit. ; Stentrup, op. cit., th. IV, p. 50-53. Quant aux grands théologiens du moyen âge, leur unanimité sur ce point est complète : S. Thomas d’Aquin, loc. cit. ; le Maître des Sentences, t. III, dist. XX, c. i, et tous ses commentateurs, S. Bonavenlure, Duns Scot, Durand de Saint-Pourçain, Pierre de la Palu, Ciabriel Biel, etc. ; Guillaume d’Auxerre, Sumnui, t. III, tr. III, c. viii ; Guillaume de Paris, Cur Deus homo, c. vu ; Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, t. I, part. VIII, c. x. De telle sorte que cette doctrine doit être dite « commune et tellement certaine, qu’elle ne peut être niée sans témérité et dommage pour la foi. » Suarez, disp. IV, scct. ii, n. 3. Gotti la présuppose démontrée et acceptée de tous avant toute discussion. De incarnatione, t. III, dist. iii, q. i. Quelques voix cependant font exception dans ce concert quasi-unanime. Au xviii'e siècle, afin de mieux combattre l’erreur sociifienne, voir Satisfaction, Tournély, De incarnatione, q. IV, concl. 4, q. v, a. 1, estime que si Dieu, de puissance absolue, peut réparer le genre humain sans l’incarnation, h » réparation par l’incarnation s’impose cependant selon les exigences de la justice et de la sainteté divines. Voir la discussion de l’opinion de Tournély, dans Billuart, op. cit., diss. III, a. 2, § 1 ; dans Stentrup, op. cit., th. iv, p. 46-47. Au xix'e siècle, cette opinion est reprise par quelques théologiens allemands, Liebermann, Institniiones theolofiicir, t. iii, t. I, c. iii, a. 3, § 5 ; Dieringer, Lelirbnch der l<alholischen Dogmatik, cité par Kleulgen, Ttieologie der Vorzeit, t. iii, p. 77, dans l’appendice. In meiner liechljerligung. Une opinion similaire, mais plus grave sous le rapport de la liberté divine qu’elle supprime, a été émise par Hermès et Giinther. Partant de principes erronés louchant la libre élection de Dieu et sa justice, voir Création, t. iii, col. 2096, ces théologiens nient que Dieu ail été libre dans l’accomplissement de la rédemption. Selon Giinther, Dieu n’a pu vouloir la propagation de la race humaine après le péché d’Adam, qu’en décidant

en même temps sa rédemption par Jésus-Christ. Vorschule zur speculatioen Théologie des positiven Christentliums. t. ii, p. 343 ; Der letze Symboliker, p. 106. Voir Kleulgen, op. cit., t. iii, n. 293.

2 » Nécessité de l’incarnation pour une réparation de condignilé. — Si Dieu était libre de renoncer à son droit d’exiger une réparation équivalente à l’injure commise, il lui était cependant loisible d’exiger cette réparation. C’est dans cette hypothèse, et dans cette hypothèse seulement, qu’on affirme la nécessité de l’incarnalion, dont, par ailleurs, la convenance, même par rapport à la nature pécheresse, a été démontrée plus haut, voir col. 1469. — a) Position du problème. — Sur la notion de condignilé, voir CoNDiGNO (De), t. iii, col. 1145. Pour que la satisfaction soit parfaite, c’est-à-dire adéquate à l’injure commise, il faut qu’elle offre à l’offensé une réparation équivalente à la gravité de l’offense. Si la réparation n’est suffisante que parce que l’offensé veut bien s’en contenter, elle doit être dite imparfaitement suffisante. S. Thomas. Sum. theol., III*, q. i, a. 2, ad 211"i. Nous partons de cette hypothèse que Dieu, dans l’ordre présent, a exigé de l’homme une réparation parfaitement suffisante, c’est-à-dire équivalente à l’injure commise. Et c’est dans cette hypothèse que l’on affirme la nécessité de l’incarnation. Toutefois, la question de la nécessité de l’incarnation dans l’hypothèse d’une réparation de condignité offre deux aspects distincts que certains théologiens ne distinguent pas suffisamment, l’un concernant l'étal de choses présent, dans lequel Dieu demande à l’homme, tel qu’il existe, une réparation de condignité ; l’autre, concernant un état de choses possible, où Dieu demanderait à un homme, créé par lui en dehors de notre humanité souillée, et élevé à un degré éminent de grâce, la réparation qu’il est en droit d’exiger. Le premier aspect du problème amène une réponse que personne n’est en droit de contester, la nécessité d’un homme-Dieu pour réparer la faute des autres hommes. Le second aspect engendre la discussion, toute scolastique, de la possibilité de la réparation de condignité par une simple créature. Il faut, disonsnous, se garder de confondre ces deux aspects de la question, afin d'éviter deux excès : faire dire aux Pères de l'Éghse ce qu’ils n’ont jamais entendu affirmer ; jeter sur luie école catholique, dont l’opinion peut et doit être discutée, mais non condamnée, une suspicion injuste et mal fondée. — b) La réponse Il wo logique ment certaine de la tradition, et au sujet de laquelle il n’y a pas et il ne peut exister de divergences parmi les théologiens, c’est que parmi les hommes, descendants d'.dam, personne ne pouvait olîrir à Dieu une réparation équivalente à l’ollense connnise. Il est, en effet, trop clair, qu’un pécheur, privé à quekiue titre que ce soit, péché originel ou péché actuel, de la grâce sanctifiante, est dans l’impossibilité absolue d’offrir à Dieu une réparation parfaitement suffisante, soit pour lui-même, soit, à plus forte raison, pour les autres. La faute qui souille son âme est un obstacle à tout mérite de condignité. Voir CoNDiGNO (De), t. III, col. 1 149. Dans cette hypothèse, le purus lu)mo, dont il est fait mention dans la Somme théologique, 111% q. i, a. 2, ad 2>" ». est bien, comme l’indique Cajétan dans son commentaire, l’homme destitué de la grâce et réduit à sa faiblesse. Ji ; t, dans cette hypothèse, les Pères affirment la nécessité de l’incarnation. Cf. S. Basile, In ps. XLViii, n. 3, 4, P. G., t. XXIX, col. 438, 439 ; S. Athanase, Contra arianos, orat. II, n. 77 ; iii, n. 39, P. G., t. xxvi, col. 309, 408 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Epist., l. Ad Valerianum, P. G., t. Lxxvii, col. 263 ; S. Augustin, Confessiones, t. X, c. XLii, n. G7, P. L., t. xxxii, col. 807 sq. ; Enchiridion, c. cviii, P. L., t. xl. col. 282 ; cf. //) Joann s