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INCARNATION

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P. L., t. XXXV, col. 1325 : jDc Trinilaie, t. II, c. v. n. 7 : I. IV, c. XX, n. 27 ; 1. Xlll, c. xix, n. 24, P. L., t. xlii, col. 248, 906, 1033. Voir Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, t. II, part. I, c. ii, P. L., t. clxxvi, col. 372. Enfin, au Fils appartient plus proprement la médiation, la supplication, l’obéissance. S, Irénée, Cont. hær., t. V, c. i, n. 1, P. G., t. vii, col. 1120 ; Richard de Saint-Victor, De Verbo incamato, c. vi, P. L., t. cxcvi, col. 1001 ; S. Anselme, De fide Trinitatis et de incarnatione Verbi, c. v, P. L., t. clviii, col. 277 ; S. Bonaventure, In IV Sent., t. III, dist. I, a. 2, q. III. Ce sont toutes ces raisons, attestant la convenance de l’incarnation par rapport au Fils qu’entrevoyaient, en les exprimant d’ailleurs assez incorrectement, certains Pères apologistes. Ils afiirment que le Verbe, pensée immanente de Dieu, dans la Trinité, instrument du Père dans la création, se manifeste en dernier lieu et comme nécessairement « dans une troisième phase, qui aboutit à la naissance de la Vierge, par l’opération du Saint-Esprit. » Cf. S. Hippolyte, Advcrsus Noetuni, n. 15, P. G., t. x, col. 821 ; d’Alès, La théologie de S. Hippolyte, Paris, 1906, p. 25-26 ; Thomassin, op. cit., t. II, c. i, ii. Voir d’excellents développements dans Monsabré, Le vainqueur de la mort. Retraite pascale, 1888.

3. Par rapporta la nature humaine elle-même.

Saint Thomas, Sum. theoL, III », q. i, a. 1, ad 2um, semble exclure cette convenance : Uniri Deo in unitate personx non fuit conveniens carni humanæ secundum conditionem sux naturse, quia hoc erat supra dignilatem ipsius. Le sens de cette affirmation est clair : il n’existe dans la nature humaine aucun principe, aucune raison de son élévation à la dignité de l’union hypostatique, tandis qu’en Dieu de multiples raisons existent qui témoignent de la convenance absolue de l’incarnation par rapport aux attributs divins. L’incarnation est donc un mystère dépassant toutes les exigences naturelles de l’humanité. Mais cela ne signifie nullement qu’il existe dans la nature de l’homme une répugnance ontologique à l’incarnation du Verbe en elle. Ni convenance, ni répugnance, parce que convenance et répugnance à l’égard de l’incarnation du Verbe n’appartiennent pas plus à la nature humaine que voir ou être aveugle n’appartiennent à une pierre. Cajétan, In h. L ; cf. Tolet, In IW^^ Sum.theol. S. Thom(e, q. i, a. 1, q. m. Toutefois, il est permis de parler de la convenance de l’incarnation par rapport à la nature humaine elle-même, en considérant la puissance obédienlielle de cette nature. Cf. Ysambert, Disputationes in III^^. part. S. Thomx, ad la" q., disp. i, a. 1 ; S. Thomas, Sum. theoL, III », q. i, a. 2. Se plaçant à ce point de vue, on doit affirmer que l’incarnation fut remplie de convenance par rapport à la nature humaine : a) considérée en dehors de l’hypothèse du péché et par comparaison aux autres natures créées ; b) considérée dans l’hypothèse du péché ; mais indépendamment de la réparation rigoureuse de l’offense divine.

a) Convenance de l’incarnation par rapport à la nature humaine, indépendamment de l’hypothèse du péché et par comparaison aux autres natures créés. — L’union de Dieu avec une créature irrationnelle, bien qu’absolument possible, S. Thomas, In IV Sent., t. III, dist. II, q. i, a. 1 (voir dans Suarez, op. cit., disp. XIV, sect. ii, les Pères et auteurs cités en faveur de cette opinion), ne convient pas, tant à cause de l’absence d’intelligence chez ces créatures, qu’en raison, ce qui en est la conséquence, de leur manque de personnahté. L’union hypostatique leur conférerait la personnalité dans le Verbe, ce qui constituerait un état contraire aux exigences de leurs principes essentiels. S. Thomas, loc. cit. L’union

de Dieu avec une créature angélique, c’est-à-dire purement spirituelle, est certainement plus conforme aux attributs de la divinité, mais, somme toute, elle est moins convenable que l’union avec la nature humaine. Dans le commentaire sur le Maitre des Sentences, saint Thomas en avait apporté un motif, admis, semble-t-il, par les commentateurs contemporains : les anges n’existant pas par voie de génération, mais par voie de création, ne peuvent avoir la personnalité qu’en acte ; ce qui rend impossible l’assomption d’une nature angélique dans l’unité de la personne divine. Loc. cit., a. 1, sol.’M. Mais dans la Somme Ihéologique, saint Thomas rejette cette raison du commentaire, III", q. iv, a. 1, ad 3°"’, et ne s’appuie plus que sur la nécessité. C’est donc, en fin de compte, la chute de l’humanité, chute réparable, qui justifie, sur ce point, la convenance de l’incarnation. Homo perierat, hominem restitui oportebat, Tertullien, De carne Christi, c. xiv, P. L., t. ii, col. 777. La nature angélique, en effet, a commis, dans ceux des anges qui ont failli, une chute irréparable. Cf. Cont. génies, t. IV, c. lv. Dieu aurait donc pu, absolument parlant, prendre la nature angélique, voir les auteurs cités par Suarez, op. cit., disp. XIV, sect. ii, n. 4, mais il ne l’a pas fait, Cf. Heb., II, 16. On peut en apporter plusieurs raisons de convenance : a. « Toute la nature angélique n’était pas tombée et les anges prévaricateurs avaient immédiatement été confirmés dans le mal, ce qui n’est pas le cas de l’homme, > S. Thomas, In IV Sent., t. III, dist. XX, q. I, a. 1, q. i, ad 3°™ ; cf. S. Anselme, Cur Deiis homo, t. III, c. xxii, P.L, t. cuii, col. 430. b. La nature humaine, plus faible que la nature angélique, provoquait davantage la divine miséricorde. S. Grégoire le Grand, Moralia, t. IV, c. iii, n. 8 ; L IX, c. l, n. 76, P. L., L lxxv, col. 642, 900 ; S. Isidore de Séville, Sententiarum, 1. I. c. x, n. 11, P. L., t. Lxxxiii, col. 555. c. Le péché de l’ange, tout au moins de celui qui entraîna les autres à sa suite dans la révolte, n’admet aucune excuse, tandis que le péché d’Adam peut trouver encore quelque excuse dans la séduction du premier homme par Eve et de la première femme par le serpent. S. Thomas, Sum. theoL, I », q. lxiv, a, 2, ad 4n"i ; cf. S. Augustin, De libero arbitrio, 1. III. c. xxv, n. 76, P. L., t. xxxii, col. 1398, avec un beau commentaire de saint Paulin de Noie, Epist., xxiii, ad Severum, n. 44, P. L., t. Lxi, col. 285 ; S. Grégoire le Grand, op. cit., t. IV, c. iii, n. 8, P. L., t. lxxv, col. 642 ; S. Jean Damascène, Dialogus contra manichseos, n. 33, P. G., t. xciv, col. 1539. d. Même par rapport à la restauration de la hiérarchie brisée par les défections des anges déchus, l’incarnation était préférable, puisqu’elle devait fournir aux hommes le moyen de s’élever jusqu’au rang des bienheureux et de combler les vides laissés par les démons. S. Thomas, Sum. theoL, I », q. cviii, a. 8 ; In IV Sent., l. II, dist. IX, a. 8. Saint Bonaventure résume tous ces motifs en quelques mots : Secundum reparationem major congruitas in ea (natura humana) reperitur ad unionem triplici ex causa, scilicet quia homo magis indigebat et minus indignas erat et melius ei proderat, ut Filius Dei assumeret naturam suam. Magis indigebat, quia totus lapsus fuerat ; minus indignas erat, quia per alium corruerat ; amplius ei proderat, quia adhuc in malo obstinalus non erat. In IV Sent., t. III, dist. II, a. 2, q. n. Cf. S. Augustin, In Joannis Euang., tr. ex, n. 7 ; In Epist. ad Gal., c. iii, 19, n. 24, P.L., t. XXXV, col. 1924, 2121 ; Enchiridion, c. xxviii, n. 9, P. L., t. XL, col. 246 ; Opus imperfectum contra Julianum, t. VI, n. 22, P. L., t. xlv, col. 1553 ; S. Grégoire le Grand, Moralia, t. XXVII, c. xv, P. L., t. lxxv, col. 415 ; S. Bernard, Serm., i, de adventii Domini