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INCARNATION

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et de toutes explications ultérieures. C’est, pour l’incarnation, la Toi que nous trouvons dans les symboles, dans la doctrine des Pères apostoliques et chez les Pères apologistes, et dans les formules de foi de l'ÉgJise latine, jusqu’au ve siècle. Voir HypostaTiQXJE (Union), col. 449-456. En Orient, le deuxième stade, d’explication et de conti’overses, commence d’assez bonne heure. Dès le ii"e siècle, le mouvement se dessine, avec les adoptianistes et les docètes, les uns et les autres déchirant en sens oppose l’HommeDieu. Mais c’est surtout aux iv" et v<e siècles que s’affirme le progrès dogmatique, à l’occasion des grandes hérésies nestorienne et eutychienne. Les conciles d'Éphèse, de Chalcédoine, de Constantinople fixent successivement les points où le dogme catholique se trouvera désormais précisé et définitivement arrêté. Voir. col. 462-478. Mais parce que la terminologie ne fut complètement acquise que par ces conciles, les Pères antérieurs aue siècle, dans leurs discussions dogmatiques avec les adversaires de la foi, ont pu tinployer des expressions moins exactes. On n’a pas h s’en étonner, et leur témoignage en faveur de la vérité ne perd aucune valeur de ce chef. Voir col. 458-460. 495-499. Après le concile de Chalcédoine, on peut dire que le deuxième stade de progrès relatif au dogme lui-même de l’incarnation est terminé. Il n’y a pas eu dans ces controverses passage de l’implicite à l’explicite, mais simplement passage d’une croyance simple à une définition plus précise. Après le v'e siècle, les discussions portent plutôt sur les conclusions dogmatiques et théologiques à tirer du dogme déjà pronuilgué. Ici, on peut parler peutêtre de passage de l’implicite à l’explicite. Voir Hvposr.v TIQUE (Union), col. 489-490.

3° De croyance explicite dès le début, le dogme de l’incarnation s’imposait donc, sous peine de daiimation, à la foi des premiers fidèles. Il resterait à discuter si la nécessité de croire à l’incarnation pour faire son salut est une nécessité de précepte ou une nécessité de moyen. Cette question se pose principalement à l’occasion du salut des infidèles qui peuvent se trouver dans l’ignorance invincible des mystères de la foi chrétienne. Le problème, d’ailleurs, existe au sujet du mystère de la Trinité tout aussi bien qu’au sujet de l’incarnation. H sera donc étudié et résolu à l’article Infidèles (Sulut des). Quelle que soit la solution apportée à ce problème, il reste vrai, en toute hypothèse, que la foi en l’incarnation s’impose absolument au fidèle qui veut faire son salut. Innocent XI a condamné la proposition suivante : « Est capable de recevoir l’absolution l’homme ((ui, en raison d’une ignorance des mystères de la foi. aussi grande qu’on la peut supposer, ou encore par suite d’une négligence même coupable, ignore le mystère de la très sainte Trinité et de l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ. » Denzinger Bannwart, n. 1214. Et même, à l’article de la mort, il ne suffit pas de faire promettre à un adulte qu’on veut baptiser qu’il s’instruira plus tard des mystères de la foi qu’on voudrait ne pas lui expliquer présentement pour ne pas le troubler : « Le missionnaire est obligé d*expliquer à l’adulte, qui n’est pas tout à fait incapable de l’entendre, les mystères de la foi, qui sont de nécessité de moi/en, et princiiialement les mystères de la trinité et de l’incarnation. » Saint-Office, 25 janvier 1703, 30 mars 1898, Aelfi s. sedis, t. xxx, p. 700, en note. L’incise que nous avons soulignée ne résout pas la question controversée. Cf. Chr. Pesch, Pnrl. dogmat., t. viii, n. 451.

Sur Ips principes. Billot, Dp immutabilitale trad.tionis. Home, 1907, c. n ; Dogme, t. iv, col. 160C-1650, spécialement 1 (1 1 1 -1 650 ; Explicite et Implicite, t. v, col. 1 868. —

Application : Hypostatique (Union), t. vii, col. 449- !  !)() : Franzelin. De 'erbo incarnato, th. xvi-xxi.

IV. Possibilité, convenance, nécessité. — Ces trois questions ne sont, à vrai dire, que trois aspects du même problème, se superposant les uns aux autres. C’est pourquoi nous pensons que la logique exige qu’on ne les sépare pas. La possibilité et la convenance du mystère de l’incarnation concernent le mystère même considéré en dehors de toute hypothèse ; la nécessité se rapporte uniquement à l’hypothèse présente de la déchéance de la nature humaine, , que Dieu a décidé de restaurer en suivant les voies de la justice.

I. POSSIBILITÉ.

Cette première question est proprement scolastique. Le fait de l’incarnation, c’està-dire Jésus-Christ lui-même se manifestant aux hommes comme Dieu en même temps que comme homme, dispensait les Pères de l'Église d’envisager le problème spéculatif de la possibilité métaphysitiue de l’incarnation. Mais Pierre Lombard l’introduisit dans les Sentences, t. III, dist. I, et la coutume s’est introduite depuis, de résoudre, au début du traité de l’incarnation, la question de possibilité. A vrai dire, on n’aperçoit pas l’utilité de cette discussion : la convenance du mystère implique sa possibilité ; car la réalisation du mystère dépend de la volonté divine, qui ne fait rien que de très sage et, partant, que (le possible. En fait, d’ailleurs, la question de la possibilité, c’est-à-dire de la non répugnance de l’incarnation vis-à-vis des exigences de la raison humaine, se réduit à la solution des difiicultés qui peuvent se présenter. Or, c’est au cours de tout le traité du Verbe incarné que se poscitl et se it solvent ces nombreuses difficultés. Il semble donc plus logique de supprimer, au début de l'étude de l’Homme-Dieu, une question inutile et dont le véritable intérêt se trouve reporté à toutes les liages du traité. Ce sont ces raisons multiples qui, sans doute, ont amené le docteur aiigélique à supprimer, dans la Somme ttiéologique, la question De possibilitate incarnationis, qu’il avait, pour suivre l’usage reçu, placé au début du IIL' livre de ses Commentaires sur le Maître des Sentences. Voir sur ce point, les remarques des commentateurs de la Somme, III*, q. I, a. 1, et particulièrement Cajélan, Vasquez, iMédina, les Salmanticenses, Suarez, Gonet, IJilluart.

Beaucoup de commentateurs de saint Thomas se sont contentés, tout en se conformant à l’usage reçu d’aborder le traité de l’incarnation, par la possibilité de ce mystère, de résoudre le problème connexe de la démonstration rationnelle de cette possibilité. Voir Suarez, Gonet, Billuart, etc. Mais ce problème connexe est bien différent du problème de la possibilité envisagée en elle-même. Il se rapporte au caractère strictement surnaturel du mystère, et nous l’avons déjà posé et résolu plus haut, col. 1455.

Le problème de la possibilité de l’incarnation ne peut se résoudre que par la réfutation de toutes les objections que l’incrédulité accumule contre la doctrine catholique d’un Dieu fait homme dans l’unité substantielle d’une personne et la dualité persistante des natures. Dans le Commentaire sur le Maître des Sentences, I. III, dist. I, q. i, a. 1, étudiant les différents modes d’union des créatures entre elles, saint Thomas montre les rapports analogiques de l’union hypostatique avec quelques-uns de ces modes et conclut analogiquement à la possibilité de l’incarnation. Mais c’est par la solution des difficultés que ce saint docteur prouve l’assertion de la possibihté qu’il rapporte théologiquement à Luc, i, 37 : non erit impossibile apnd Deiim omne verbiim. Les objections procédaient : 1° de l’immutabilité divine, qui ne semble pas conciliable avec l’union