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INCARNATION

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Hippolyte, Contra ha’tesim Noeti, n. 3, 4, P. G., t. X, col. 803-804. Sur la doctrine de l’économie chez Hippolyte, voir A. d’Alès, La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. 21-22. Cette doctrine, durant le ive siècle, saint Athanase la popularise et l’approfondit par des usages multipliés. Plus fortement que saint Ignace, nous semble-t-il, mais selon le même ordre d’idées, Athanase accentue la fin de l’économie. Dans une comparaison qui paraphrase le début de l’Épître aux Hébreux, il oppose à l’envoi des prophètes celui du ï^ils de Dieu : comme les prophètes, le Fils est venu servir, yjXOs Stc.xovîicrai ; bien que n’étant pas devant son Père un serviteur, mais un égal, « il est venu servir. » Cette maxime apporte l’écho d’une parole de Jésus que relatent saint Luc et saint Matthieu et dont s’inspire saint Paul. Phil., ii, 7 ; cf. Matth. xx, 28 ; Luc, xxii, 27. Du mot de Jésus dans les Synoptiques : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir », de l’antithèse pauliniennc entre le Christ « en forme de Dieu » et le Christ « prenant forme de serviteur, » Athanase dégage sa propre vue explicite sur les fins de l’incarnation : « A cause de nous, le Verbe s’est fait chair » ; et donc l’économie de son existence humaine se subordonne aux exigences de notre service. Elle s’appelle dans la théologie athanasienne : « l’économie qui est pour nous, y] xaff ï)(Jiôt< ; oîxovo[i.ta ». Schwahu, art. cit., p. 264-265. Cf. S. Athanase, Adwrsus urianos, orat. i, n. 55, 41, P. G., t. XXVI, col. 125, 128, 96 ; De incarnatione Dei Verbi, n. 8, col. 996. Du mot oîxovo[i.îa dérive l’épithète ol>tovo[jiix6ç, qui joua un si grand rôle dans la controverse nestovienne, le prosôpon d’économie signifiant, pour Nestorius, la personnalité simplement morale qui unissait ou plutôt rapprochait en Jésus-Christ, le Verbe divin et l’homme. Cf. Hyposta TIQUE (Union), col. 472. Sur V économie de l’incarnation, voir S. Anastase le Sinaïte, Hodegos, c. II, P. G., t. Lxxxix, col. 85-86, Petau, loc. cit., n. 2-3. Le H « concile de Constantinople, can. 8, a consacré ofïïciellement cette expression. Denzinger-Bannwart, n. 220. Mais déjà, dans l’exposé dogmatique qui précède sa définition solennelle, le concile de Chalcédoine parle des hérétiques qui s’efforcent de diviser en deux fils le mystère de l’économie divine ; antérieurement encore, le synode de Constantinople. de 382, condamnait également une « économie imparfaite » de la chair dans le Christ, c’est-à-dire une humanité dépourvue d’âme ou d’esprit. Voir les textes dans Cavallera, Tiiesaurus, n. 689, 663. — D’autres termes sont encore usités. On les trouvera dans les auteurs indiqués à la bibliographie. La plupart, d’ailleurs, regardent expressément l’union hypostatique. On les a déjà énumérés et étudiés, col. 440-443.

Petau, De incarnatione Verbi, I. II., c. i, n. 1-9, 11-12 ; I.c{ ?rancl, De intarnalione Verbi divini, dans Mipne, Cursu.’i theologia’, t. ix, diss. I, c. i ; L. Jansscns. De Deo-Homine, t. i ; V. Villard. L’incarnation d’après saint’/ Itomas, l’aris, 1908, c. i ; Hupon, Le mystère de Pincarnadon, l’aris, 191.’5. c. i ; Pesch, op. ci/, , n. 3 ; lloltzclau, op. cit., n. 2 II. Le mystère.

Principes.

On ne fera

ici que résumer les principes dont l’exposé appartient à l’art. Mystère. — 1. Différentes espèces de mystères.

— On dislingue les mystères très improprement dits, appartenant à l’ordre naturel de la connaissance, mystères de la nature ou mystères des perfections suréminentes de Dieu, et les mystères proprement dits, appartenant à l’ordre surnaturel. Cf. Chr. Pesch, Institutiones propa’deutiav ad sacram llieologiam, Fribourg-en-Brisgau, 1915, n. 161 : Garrigou-Lagrange. De revelatione, Paris, 1918, t. i, p. 174-178. A propos de l’incarnation, il ne peut être question

que de mystère pmprement dit. Mais Ici on distingue encore deux sortes de mystères, les mystères au sens large du mot ou mystères de second ordre, et les mystères strictement dits ou mystères de premier ordre. Au sens large du mot, une vérité est dite un mystère, quand nous ne pouvons connaître l’existence de la chose qu’elle désigne, quoique nous en puissions concevoir, au moins par voie de révélation, la possibilité. Mystères, en ce sens, les événements qui dépendent du libre choix des créatures ou de la volonté libre de Dieu. Parmi les vérités d’ordre religieux, nous pouvons appeler mystères en ce sens l’existence de purs esprits, le jugement universel, la résurrection de la chair. La révélation nous ayant fait connaître l’existence des anges, du jugement, de la résurrection, nous comprenons positivement leur possibilité, à cause de la convenance positive des termes qui constituent ces vérités de foi. Au-dessus de ces mystères d’ordre préternaturel, se trouvent les mystères au sens strict du mot, ou surnaturels. Les théologiens les distinguent des mystères de l’ordre préternaturel, en ce que les mystères de l’ordre strictement surnaturel échappent complètement à notre intelligence : ni leur existence, ni leur possibilité ne peuvent, même par la voie de la révélation, être connues de nous par des arguments qui nécessitent l’adhésion de notre intelligence. — 2. Nature et propriétés des mystères de l’ordre strictement surnaturel. — « Les enseignements que nous fournit le concile du Vatican sur la nature des mj’stères que la foi nous fait croire, avaient déjà été formulés par Pie IX, dans la lettre qu’il adressa, le 8 décembre 1862, à l’archevêque de Munich, pour condamner les erreurs du professeur Froschammer. Trois propriétés sont marquées dans ces deux documents, comme caractérisant les mystères de la foi. Ce sont des vérités cachées en Dieu, in Deo abscondita, qui ne peuvent être connues, si Dieu ne les révèle, et nisi renelata divinitus, innotescere non possunt, dont les créatures ne peuvent avoir une claire intelligence que dans la vision intuitive, etiam revelatione tradita, fidei velamine contecta… manant, quamdin in hac mortali vita peregrinamur a Domino. » Vacant, Éludes théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, Paris, 1895, t. ii, p. 187. Vérités cachées en Dieu, les mystères proprement dits échappent à la connaissance naturelle de toute créature, si parfaite soit-elle, l’intelligence de cette créature étant nécessairement bornée et, par là, demeurant infiniment distante de l’intelligence divine. La lettre citée de Pie IX indique, plus clairement encore que le concile du Vatican, cette propriété des mystères d’ordre strictement surnaturel ; ils ne peuvent être atteints par la raison naturelle et par les principes naturels ; ils sont supérieurs non seulement à la sagesse humaine, mais encore à l’intelligence naturelle des anges ; cum hœc dogmala sint supra naturam, idcirco naturali ratione ac naturalibus principiis attingi non pos.’iunt… Non solam humanam phitosophiam, verum etiam nngelicam naturalem intelligentiam transcendant. Dcnzinger-Bannwart, n. 1671, 1673.

Pour être connus de nous, les mystères proprement dits doivent donc être révélés, et, afin que notre connaissance en soit certaine, révélés avec la garantie de l’autorité divine connue comme telle, n Comme les mystères de la foi ne sauraient être connus naturellement par aucune créature, la confiance que méritent les créatures ne pourra jamais aller jusqu’à me donner la certitude de ces mystères. Je n’y adhérerai donc sans crainte d’erreur qu’autant que je saurai qu’elles ont été affirmées par Dieu même. » Vacant, loc. cit., p. 189, « Une troisième caract ristique des mystères de la foi, c’est qu’alors même qut ; les créa-