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INCARNATION

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la vierge Marie, pour la faire subsister dans la seconde personne nie’me de la Trinité. C’est en preiuint le mot aâpxoiaiç dans son sens actif que les Pères grecs établissent nettement la différence de signification de ce mot avec le terme ëvcoaiç, unio, ou mieux iinitio. Voir HYPoST.'riQUE(L'/i(on), col. 440. La dé(inition de l’incarnation au sens aclif met en relief principalement la cause efficiente de l’incarnation. Noir plus loin. L’action de Dieu incanianl le Fils ue peut être qu’une opération ad extra. Les scolastiques discutent sur le terme formel de cette opération, voir Hypostatique (Union), col. 521. Le Vei’be, en tant que Verbe, ne fait ici que prendre dans sa subsistance personnelle la nature humaine ; activement, il ne fait qu’une cause efficiente de l’incarnation avec les deux autres personnes. Voir plus loin.

2. Sens passiI.

État, l’incarnation peut se définir : l’union permanente en raison de laquelle le Verbe de Dieu sans cesser d'être Verbe, est en même temps homme parfait, ou plus brièvement, l’union singulière ou admirable de la nature divine et de la nature humaine en la seule persoiuie du Verbe. Les différents termes de cette définition ont été expliqués à Hypostatique (Union). Pour faire remarqucr ce qu’il y a de singulier et d’unique dans l’incarnation, les théologiens, à la suite de Cajetan, In Suni. tlteol. S. Thomæ, III^, q. i, a. 1, font remarquer les différents contacts que la personne prend avec l’humanité dans l’incarnation : premier contact, à titre de créateur, avec les deux autres personnes, pour lui donner l'être, la vie, le mouvement, comme à toutes les créatures. Second contact, à titre d’agent surnaturel, pour produire et conserver en elle, avec le Père et le Saint-Esprit, la grâce, les dons et les vertus infuses. Troisième contact, à titre d’ami, par l’habitation substantielle, qui est commune aux trois personnes. Quatrième contact, propre à la personne du Verbe, l’union hypostatique ; c’est plus même qu’un contact, car la nature divine et la nature humaine s’enlacent dans une étreinte si étroite que la personnalité créée devient impossible : le Verbr prend si bien à lui l’humanité qu’il la fait sienne, elle, ses propriétés et ses œuvres, et que l’on peut dire : c’est Dieu qui s’incarne. Dieu qui naît, Dieu qui souffre. Dieu qui meurt et ressuscite, selon la nature humaine. Hugon, Le mystère de l' incarnation, p. 13-14. Cf. P. Villard, L’incarnation d’après S. Thomas d’Aquin, Paris, 1908.

C’est parce que cette opération et cet état sont uniques et sans exemples qu’on peut dire du Christ qu’17 est l’incarnation, avec plus de raison encore que de sa mère, nous disons : Elle est l’immaculée conception. L..Janssens, Tractatus de Deo-Homine, part. I, Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 17-18.

3° Synoni/mes. — Pour rappeler que le Verbe s’est fait homme, la sainte Écriture emploie un certain nombre d’expressions que la tradition catholique a retenues, sans que cependant elles aient été consacrées dogmatiquement. — 1. I Tim., iii, 16, ôç èçavEpcôÔr] èv aapxî, qui manifestatus est in carne ; II Tim., I, 10, S'.à tyjç ÈTriçavelaç toû acoTïjpoç Y][i.wv XptaT’j’j 'lYiaoij, /-'cr illuminationem Salvatoris nostri Jesu Christi. CL I Joa., i, 2 ; iii, 8 ; Tit., ii, 11 ; iii, 4. D’où les Pères ont appelé l’incarnation une manifestation, une apparition du Verbe, STriçâveta, Gsocpdtveia ou çavépciiO'-ç. Cf. S. Athanase, Oratio de incarnatione Dei Verbi, n. 1, 46, 47, P. G., t. xxv, col. 97, 177, 180 ; S. Grégoire de Nazianze, Orat., xxxviii, P. G., t. XXXVI, col. 313. Le mot épiphanie ou théopfianie s’est implanté dans la liturgie orientale pour désigner la fête de l’apparition ou manlLsiation du Verbe de Dieu en ce monde. ( ; f. Vacandard, Les fêtes de Koël et de l’Epiphanie, dans Études de critique et

d’histoire religieuse, 3'-' série, Paris, 1912, p. 19. — 2. Heb., X, 5. ato(J.tx xa-nf]px(aco (xoî, corpus aptasti mihi. D’où l’expression £vow[ji.âTwai.( ;, incorporation qu’on rencontre chez Drigène, Cont. Celsum, t. I, n. 43 ; t. II, n. 38 ; t. VI, n. 78, P. G., t. xi, col, 741, 860, 1417 ; chez S. Basile, Homil. in ps. xxix. P. G., . t. XXIX. col. 305 ; chez Tertullien, De carne Christi.. c. VI, P. L., t. II, col. 809, etc. — 3. Phil., ii, 7, éauTov èxévoCTSV, seipsum exincmivit, d’où l’expression y.évwCTtç. et plus fréquemment xarâGaaiç ou auyxaTa&ot.aiç, demissio, qui répond au sens du texte de saint Paul, ô Aôyoç… 81.à Tr)v twv àvOpwTtcov àaOévsiav (TuyxaTaSàç ÈttI yr^ç èçàvr^. S. Athanase, Oratio de incarnatione Verbi Dei, n. 46, P. G., t. xxv, col. 177. Cf. S.Jean Damasccne, i)< ; fide orthodoxa, t. III, ci, P. G., t. xciv, col. 981 sq. Le pseudo-Hippolyte écrit : ysv6(ievoç rauTÔv t/j aapy.i, Sià ttjv xévwaiv. Contra Beronem. P. G., t. x, col. 829. — 4. De la seconde partie du même texte aux Philippiens, [jiopepïjv SoûXou Xaêwv, formam servi uccipiens, et de Heb., ii, 16, anép[xxTOç 'A6paà(jt. £7ttXa[jLêâveTai, semen Abrahw ajiprehendit, les Pères font ressortir un aspect spécial de l’incarnation, celui que les scolastiques ont appelé i' « assomption > de l’humanité. Toutefois, tandis que les scolastiques désignent par assomption l’acte par lequel le Verbe élève jusqu'à lui la nature humaine, voir Hypostatique f Union), col. 525, sens que n’ignorent pas les Pères, cf. S. Grégoire de Nysse, Antirrheticus, n. 7, P. G., t. XLv. col. 1136 sq., on trouve aussi chez les grecs le sens concret du mot Xtj4"'Ç (et ses dérivés rzpàal-fiiln.ç et àviiXifj^'iÇ). en tant qu’il désigne la nature humaine elle-même élevée par le Verbe à la dignité de l’union hypostatique. Cf. S. Grégoire de Nazianze, Orat. xlv, n. 9, P. G., t. xxxvi, col. 633. Euthymius, qui attribue le mot Trp6cfX-if)ji.|J.a à saint Grégoire de Nysse, le reprend pour son propre compte. Panoplia, tit. vii, P. G., t. cxxx, 'col. 257. JNlais l’emploi actif de Xritj ; i( ; est beaucoup plus fréquent. Ce mot est plus correct avec un nom abstrait, qui désigne l’humanité et non l’homme. On trouve cependant, chez certains Pères antérieurs aux controverses nestoriennes, l’expression : assomption de l’homme, ou encore, homme assumé, en parlant de la nature humaine en Jésus-Christ. Cohortatio ad grsecos, ii. 38, P. G., t. vi, col. 309 ; S. Épiphane, //œr., LXxvH, n. 19, P. G., t. xLii, col. 668, 669 ; S. Jean Chrysostome, In Joa., homil. xi, P. G., t. lix, col. 79. Cette formule est combattue par saint Cyrille d’Alexandrie, Anal, viii, Denzinger-Bannwart, n. 120. Cf. Petau, De incarnatione, t. II, c. i, n. 7-9. La formule assumplum hominem avait l’avantage d’exclure l’erreur apollinariste ; mais elle semblait impliquer l’hérésie nestorienne ; d’où les variation des Pères à ce sujet. — 5. Le terme le plus courant dans la littérature ecclésiastique orientale pour désigner l’incarnation est olxovo|i, ta. Du sens philosophique primitif, gouvernement du foyer domestique par le père de famille, les écrivains catholiques ont tiré un sens plus élevé se rapportant à la disposition providentielle qui régit l’humanité du Sauveur, et. par synecdoque, le mot dénote tout ce qui se rapporte à l’humanité du Verbe, même unie à la divinité. Cf. M.-B. Schwalm, Les controverses des Pères grecs sur la science du Christ, dans la Revue thomiste, 1904, p. 262 sq. Le fondement.scripturaire de cette expression paraît être I Tim., i, 4, où il faut lire, non o[> « oSo[ji.îa, mais olxovofxîa. Voir S. Ignace, Ad Eph., xviii, 2 ; XX, 1 ; Epist. ad Diognetem, iv, 5 ; vii, 1 ; Tatien, Adversus Grœcos oratio, n. 5, P. G., t. vi, col. 813 ; Clément d’Alexandrie, Strom., V, c. i, n. 6, P. G., t. IX, col. 16 ; cf., II, c. vi, t. viii, col. 964. Sur le développement de la doctrine de l'économie chez Clémenl, voir t. iii, col, 163-171. Saint