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IMMACULEE CONCEPTION


par les papes pour maintenir la paix dans l’Église et protéger cette dévotion contre les attaques dont elle avait été l’objet, t Voulant donc, à l’exemple des pontifes romains nos prédécesseurs, favoriser ce sentiment de piété et cette dévotion louable des fidèles, non moins que la fcte et le culte qui s’y rattachent et qui ont été invariablement en usage dans l’Église romaine depuis l’époque où ils furent institués ; voulant aussi promouvoir ce sentiment de piété et cette dévotion qui consistent à vénérer et à fêter la bienheureuse "Vierge préservée du péché originel par une grâce prévenante du Saint-Esprit ; désirant conserver dans le troupeau de Jésus-Christ l’unité de l’esprit dans le lien de la paix et, à cet effet, calmer les dissensions et les querelles et écarter les scandales…, nous renouvelons les constitutions et les décrets publiés par nos prédécesseurs, notamment par Paul V et Grégoire XV, en faveur de la croyance tenant que l’âme de la bienheureuse vierge Marie, au moment de sa création et de son infusion dans le corps, a été ornée de la grâce du Saint-Esprit et préservée du péché originel, et en faveur du culte et de la fête qui sont célébrés, conformément à cette pieuse croyance, en l’honneur de la Conception de la même Vierge, mère de Dieu. »

Viennent ensuite les peines édictées contre ceux qui enfreindraient ces prescriptions, avec mise à l’index des livres « dans lesquels soit la pieuse croyance, soit la fête ou le culte susdit seraient révoqués en doute, ou dans lesquels on trouverait des écrits, des assertions, des sermons, des traités, des disputes qui seraient contraires d’une façon quelconque à cette croyance, cette fête et ce culte, soit que ces livres aient été publiés depuis le décret déjà cité de Paul V, soit qu’on les publie dans la suite. » En même temps, Alexandre VII maintenait la défense, portée par Sixte IV, d’affirmer que les partisans de l’opinion contraire tombent dans l’hérésie ou dans un péché grave, l’Église romaine et le siège apostolique n’ayant pas encore décidé la question, pas plus que lui-même n’entend et ne veut la décider.

Telle est, dans ses grande lignes, la bulle Solliciludo, acte parfaitement authentique et qui ne laissait nullement la question dans le même état qu’auparavant, comme le montre fort bien le P. JeanEverard Nidhard, plus tard cardinal, dans son Examen theologicum. Acte d’une grande portée, moins par les dispositions d’ordre disciplinaire que par la détermination précise de l’objet de la croyance et du culte, tel qu’il était compris par la masse des fidèles et par l’Eglise romaine. Sous ce rapport, la bulle Solliciludo marque la seconde grande étape dans l’attitude du magistère ecclésiastique à l’égard de l’immaculée conception de Marie. Vincent Passari, théologien jésuite de Palerme, écrivant quelques années plus tard, posait cette question dans un appendice portant directement sur la constitution d’Alexandre VII : Peut-on, désormais, considérer la^doctrine de l’immaculée conception de la mère de Dieu comme vérité de foi définie ? et il répondait, à bon droit, dans un sens négatif, q. iii, n. 6. Ensuite, pour déterminer quel degré de certitude lui convenait, il prenait comme terme de comparaison ou plutôt d’assimilation, deux autres prérogatives de la bienheureuse Vierge : son assomption et la sainteté de son âme au jour de la Nativité, q. ix, dico 2 » et 3°. C’était aller trop loin et trop vite. Alexandre VII avait fixé, il est vrai, l’objet du culte de la Conception, mais cette fête n’était pas encore d’obligation pour l’Église universelle, comme celles de l’Assomption et de la Nativité. Du jour où un autre pape prendrait cette mesure, l’assimilation vaudrait pleinement, et la certitude de la conception sans tache serait pratiquement acquise : troisième étape, qui devrait être bientôt franchie.

Renoit XIV, Iji’.lle inédite MuUerem piikhrnm, publiée (l’abord par Ant. Rallerinl, SiilUx/c monumenlortim ad mysteriiim cofircplioriis imniaculatir Virr/inis Dciparailliistran(Inni, Rome, 1850, part. ii, p. 835, puis par Hoskovâny, 0/). cit., t. ii, p. 461, et par.lt ; r Sardi, I.a soUnne definizione del doyma deW imniocolato mncepimento, Rome, 1905, t. II, p. 0 ; Plazza, op. cit., Act.V, n.4.’} sq., 170 sq. ; Passaglia, op. cit., t. iii, n. 1605 sq., 1721 ; Mgr. Malou, op. cit., t. I, p. 20 sq. ; t. il, p..313 sci. ;, 1. Mir, op. cit., c. xxii et XXVI ; Ant. CaWcron, Pro titiilo Immaculdtæ dmccptionis bcatæ Maria : l’irijini.t adrcrsii.s duos anonymi libclloft, Madrid, 1650 ; Théophile Haynaud, (sous le pseudonyme d’Amédée Saly), nii.ser/a/io de retinendo titiilo Immaculata : Conceptionis Deiparic Virjini.s, Colosne, 1651, dans les Oppra omnin, Lyon, 1665, t. vii, p. 309 ; Jean Éverard Nidhard, Examen theologicum quatuor propositionunt quorumdam nuthorum anonymorum, quitus aspergunt warulam culiui, feslo, objecta et sententiæ piæ de immaculata sanctissimie Dei matris’irginis conceptione, nec non Constitutioni ."i. D. N. Alejcandri V I I, octavn Decemh. onni 1061 in ejusdem faiiorem expeditw, IMadriil, 1665 ; Vinrent Fossari, Inimaculalata Deipariv conceptio theologicee contmissa trutinic, ad dignosccndiim et firmandum certitudinem ejus… Præmissa est Trulina brevis, et subjuncta Appendix de bulla novissinip Alexandri VU Pontificis Maximi, Lyon, 1666.

/ ; I. D’ALEXANDRE VII A PIE VI (1667-1799).

    1. TRIOMPHE DÉFiyiTlF DU cvLTh##


TRIOMPHE DÉFiyiTlF DU cvLTh. — Cette période u’est en somme, qu’une continuation de la précédente : le même mouvement de dévotion se manifeste par des témoignages semblables à ceux que nous avons déjà rencontrés ; les mêmes problèmes occupent les théologiens ; les mêmes instances sont faites par les rois d’Espagne auprès du saint-siège pour obtenir une définition. Les particularités qui méritent d’être signalées se rapportent à des attaques spéciales contre la croyance ou à certains actes du magistère, dont le principal est la consécration définitive de la fête de la Conception.

1° Attaque.’; nouvelles. — La pieuse croyance avait eu jusqu’ici deux sortes d’aeK’ersaires : ceux du dehors comme les protestants, et ceux du dedans, c’est-à-dire la minorité qui, dans l’Église catholique, n’admettait pas le glorieux privilège. Les jansénistes renforceront désormais les rangs de l’opposition. En outre, au xvin’e siècle, Muratori suscitera une controverse spéciale par ses attaques violentes et obstinées contre ce qu’il appellera « le vœu sanguinaire. »

1. L’opposition janséniste.

Il n’y a pas lieu de s’étonner si les disciples de Jansénius († 1638) ont été des adversaires francs ou sournois, de l’immaculée conception ; dans son Augustinus, De statu naturæ lapsæ, t. I, c. IX sq., Rouen, 1643, t. ii, p. 89, le maître avait exposé, sur la transmission du péché originel par la concupiscence inhérente à toute génération naturelle, des vues qui ne lui permettaient pas d’admettre la pieusecroyance. Voir. Iansénisme. Aussi, parlant, t. IV, c. xxvi, p. 273, de la 73’proposition de Baius, condamnée par saint Pie V, il a soin d’insinuer que l’affirmation de la conception maculée n’a pas été condamnée comme fausse, mais comme offensante ; ce qui, du reste, est nettement formulé dans l’Index rerum, au mot Conceptio : Doctrina de conceptinne mnculata Maria ; perturbavit H ispaniam, ideoque pro.tcripta est, non ut faisa, sed ut ojjensiva.

L’opposition janséniste se manifesta particulièrement en France pendant les trente dernières années du xvii » siècle. A l’instigation de Jean de Launoy, son ami et conseiller, un docteur Marais, chargé de faire le discours d’usage au collège d’Harcourt, le 8 décembre 1672, profita de la circonstance pour battre en brèche le privilège. Il y eut scandale, et, sur l’injonction de l’Ordinaire, l’orateur dut se rétracter et faire amende honorable à l’archevêché le jour de saint Etienne, en présence des délégués de la faculté, de la nation de Normandie et du chapitre de Notre-Dame.