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IMMACULEE CONCEPTION

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qui multa definila minoris nvnnenli in se quant sil prœservatio ab originali pccralo, nerjanl et rident, quia non dediicantur ex Scripliira. et de iiadem trciditio incerln sil. Bruxelles, bibliollièque royale, ms. 7280, fol. 136. Un peu auparavant, le même théologien anonyme avait proposé une autre considération de valeur non moindre. Partant de ce fait que les pères du concile de Trenle n’avaient pas voulu inclure la mère de IJieu dans les anathémes généraux qui tombent sur la conception et la naissance de tout fils d’Adam déchu, il remarquait que, pour achever l’œuvre, il suffirait de passer de la non-conclusion à l’exclusion positive ; car, la grande majorité tenant pour celle-ci, l’Église pourrait manifestement user de l’autorité qu’elle possède pour trancher en cas de confiit et déterminer le vrai sens de la sainte Écriture, declarando ulra pars congrual menti Spiritus Sancti.

En ce qui concerne la manière de proposer l’argument de tradition, l’accord manque. Beaucoup de théologiens, surtout en Espagne, supposent qu’il y eut croyance formelle dès le début du christianisme ; les apôtres auraient expressément enseigné le privilège et l’institution de la fête de l’immaculée conception remonterait jusqu’à eux. Telle est la thèse soutenue, pour donner un exemple, dans un ouvrage d’un cistercien de Madrid, François Bivar, De festo immaculutse conceptionis beutæ Virginis in Hispania celebrato a tempore apostolorum, I.yon. 1627. Mais à la base de ces affirmations il y avait des légendes et des pièces apocryphes ou mal interprétées, comme on l’a déjà vu, col. 873. A plus forte raison n’y a-t-il pas lieu de s’arrêter aux inscriptions si nettes, gravées sur les fameux « plombs de Grenade, » découverts en 1595 dans une grotte voisine de cette ville, mais dénués d’autorité. Roskovâny, op. cit., t. i, p. xliii, t. ii, p. xix ; J. Mir, op. cit., c. xXi, p. 392 sq.

D’autres théologiens reconnaissaient qu’on ne pouvait pas établir par des témoignages positifs l’existence d’une tradition orale primitive, mais ils prétendaient conclure à son existence en s’appuyant sur la croyance constante de l’Église ; ainsi raisonnait Christophe Davenport, c. iii, p. 58 : Perpétuas sensus Ecclesise etConcilioruni et Pulram sanctorum cogit fidèles supponerc Iraditionem oris, nbi in scriptis non invenitur. Argument valable dans certains cas, mais inefficace dans le cas actuel, car il n’était pas certain qu’il y eût croyance constante dans l’Église, ni que le privilège eût été révélé d’une façon explicite.

D’autres distinguaient entre la tradition apostolique et la tradition ecclésiaslique ; à défaut de la première, ils invoquaient la seconde ; tel, Crespi de Borgia, disp. II, a. 3, p. 107 : Licet non uusiin dicere, dari primam trad.tionem respecta conceptionis immaculatee, quia sic essel jam negotium de fuie, in quo sensu intelligo Bcrnardum negare traditionem in epist.illa ad Lugdunenses, tamen negari nequit, dari traditionem ecclesiaslicam. quæ respui non débet, sed valde conducit ad definibilitatem. L’argument était bon, il était même beaucoup plus important que ne le soupçonnaient les théologiens d’alors, si pauvrement renseignés sur les monuments de la littérature ecclésiastique postéphésienne, l’orientale surtout. Déjà, cependant, l’attention commençait à s’éveiller de ce côté-là. C’est vers la fin de cette période, de 1648 à 1666, que le franciscain Pierre de Alva publiait ses nombreux ouvrages, de valeur inégale, il est vrai, mais si riches en documents précieux pour l’histoire de la croyance dans l’Église latine. D’un autre côté, en dehors des travaux entrepris par des grecs érudits venus en Europe, la Pielas mariuna græcorum, de Simon Wangnereck, avait paru à Munich, en 16t7, et les théologiens ne manquèrent pas d’utiliser aussitôt ce nouvel apport. Jean Antoine Velasquez parle, t. IV, diss. V, de l’autorité que les

Pères grecs confèrent à la pieuse croyance, et il insiste, Adnol. 1, sur ce fait, que des documents nouveaux ou du moins inconnus jusque-là rendent témoignage à la pieuse Cf/vance : A’o" « sive hactenus non visa Grxcorum Pulrum pro Mariæ immunilate monumenta. La bulle Ineffabilis Deus devait montrer, deux siècles plus tard, quelle était la valeur de cette ancienne littérature, si peu explorée encore, pour établir sur des bases plus larges un argument de tradition générale qui envelopperait, comme une partie dans un tout, comme un détail dans un ensemble, le glorieux privilège de la Mère de Dieu.

Franciscus a S. Clara (Christophe Davenport i, Iranciscain, Disputalin de definihilitate controiicrsiæ immacnlater conceptionis De.i Genilricis, Douai, 1(551 ; Jean Merinero, franciscain, Tractatus de ronceptione Deiparæ virginis Mariir, seu de nujits ariiculi definibililale, Valladolid, 1652 : Ludov. Cris)) ! a Borgia, oralorien, Propugnacuhim llieolog’. ciim (iefinibililatis proxiime sententiæ piar negantis bealissimam virginem Mariam in su.t conceptionis primo instanti originali labe laisse in/ectam. Valence, 1653 ;. Jean Antoine Velasquez, S. J., Disserlaliones et adnotationes de Marin immac-iilate cnncepta, t. V, Lyon, 1653 ; PassajUa, op. cit., t.in, n. 1855 :.1..Mir, op. cit., c..xxvii. — Pour l’ensemble des écrits composés ou publiés par Pierre de Alva, voir plus haut, t. I, col. 925.

3. La dette du péclié originel en Marie. - A supposer que la bienheureuse’ierge ait été préservée, taut-il dire que, fille d’Adam déchu, et issue de lui par voie de propagation naturelle, elle devait encourir le péché originel ? Telle est, en termes généraux, la question théologique du debitum peccati, par opposition à l’acte même du péché. Question abstraite et qui, dans la pratique, est encore compliquée par des divergences non seulement de terminologie, mais de vues sur des points connexes, comme la notion du péché originel, les conditions de la loi de solidarité existant entre Adam et ses descendants, Ja façon dont Marie fut prédestinée à la maternité divine, etc.

a) Origine et dclimiUdion du problème. — Dans son opuscule sur la Conception de Marie, Cajétan émit la distinction entre la dette et l’acte même du péché originel ; il affirma la dette comme un minimum nécessaire pour sauvegarder le dogme de la rédemption universelle par le Clirist. Dans ses Annotediones de Conceptione, bibliothèque Vaticane, ms. lat. 6433, fol. 31, Maldonat reprit la distinction, « inconnue, dit-il, aux anciens, apud veteres inaudita, mais que tous les théologiens ont admise du jour où elle fut énoncée, parce que, la dette écartée, on ne voit pas comment on pourrait encore dire de la bienheureuse Vierge qu’elle aurait été rachetée par Jésus-Christ. » Catharin, opposé à Cajétan sur la question du privilège, s’accorde néanmoins avec lui sur ce point important : Et quod etiam déclarât, quod essel liœrelicum si quis diceret beutam Virginem sic fuisse inimunem ab hoc pcccato ejusquc reatibus. ut non solum non iiabuerit illud, sed nec habere debuerit secundum suæ naturæ condilionem, verissimum est. Annotationes in Conunentaria Cajetani, t. IV, dans Pierre de Alva, Monumenta dominicana, p. 335. Sous ce rapport, la position de Catharin et de ceux qui l’ont suivi diffère essentiellement de celle que tient le franciscain Pierre Colonna, dit Galatin, juif converti, dans son ouvrage De arcanis ccdholicæ veritatis, t. VII, c. iii, Ortona, 1518, à savoir la théorie, plusieurs fois signalée, de la parcelle de chair conservée pure dans Adam et destinée à former le corps du Sauveur et de sa mère. Le fondement sur lequel repose, d’après Catharin, la dette du péché originel en Marie : secundum naturw suæ condilionem. entendu de la nature humaine prise non pas seulement en elle-même, mais encore dans son mode naturel de propagation, disparaît dans la bizarre