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IMMACULEE CONCEPTION


pour se soustraire aux dangers que le mécontentement des fidèles lui faisait courir à Francfort. Roskovâny, t. I, p. 294 ; G. Steitz, exposé de toute l’affaire dans Archiv fur Frankfurlen Geschichle and Kunst, 1877, t. VI, p. 1-36.

Ces controverses tournèrent à l’avantage de la pieuse croyance. Les universités de Cologne et de Mayence suivirent, en 1499 et en 1500, l’exemple donné par la Sorbonne : elles inscrivirent dans leurs statuts l’obligation, pour tous leurs membres, de tenir la doctrine de l’immaculée conception. Roskovâny, op. cit., t. i, p. 131 sq. ; Jean de Paltz, augustin, Tradatus pro immaculala conceptione virginis Mariæ, Leipzig, 1510, dans Pierre de Alva, Monumenta antiqua ex variis auctoribus, t. i, p. 398, 401. D’autres universités prirent ensuite la même mesure : Vienne en 1501 et de nouveau en 1649, sur la demande de l’empereur Ferdinand III ; Ingolstadt, 1653 ; Tyrnau, 1656 ; Salzbourg, 1697. En Pologne, Cracovie établit aussi le serment.

c) Universités espagnoles. — Quelques lignes d’un religieux augustin, Jaime Ferez (Jacobus de Valentia), évèquc de Christopolis († 1490), témoignent de la fermeté et de la netteté avec lesquelles le glorieux privilège s’énonçait en Espagne à la fin du xve siècle : Deus Altissimiis sanctificavil et lœtificavit, et flumine gratiæ ornavit Virginem matrem suam in primo instanli sui esse et anima’creationis et infusionis, et per consequens illa sanctissima anima simul fuit unita cl sanctificata et in illo sanctissima cor pore infusa, et corpus simul cum anima sanctificalum. Comment, ps. XLV, Lyon, 1540, fol. 147. Cependant, il n’est pas encore question alors, dans les universités du serment de l’immaculée conception. L’initiative vint de ^’alence, en 1530, à la suite d’un cas semblable à celui qui avait déterminé la Sorbonne. Barcelone et Osuna suivirent à des dates non fixées. A un moment donné, les universités rivalisent de zèle pour établir le serment : en 1617, Grenade, Alcala, Bacza, Santiago, Tolède, Saragosse ; en 1618, Salamanque ; en 1619, Huesca ; d’autres ensuite. Môme mesure fut prise, en Portugal, à Coïmbre et à Evora ; puis, en dehors de la péninsule ibérique, dans des régions soumises à l’influence espagnole : à Naples, 1618, et à Palerme ; dans les Flandres, à Douai, 1662.

L’énumération est loin d’être complète. On a pu dire qu’au milieu du xvii<e siècle, la pieuse croyance était omciellement acceptée par près de 150 universités ou collèges, dont un tiers avait formellement admis le serment. L. Kostcrs, Maria, die unbefleckt Empfangene, Ratisbonne, 1905, p. 125. lue telle adhésion des corps enseignants entraînait pour la doctrine de l’immaculée conception un double avantage : cette doctrine trouvait, dans les membres de ces universités, des apôtres qui la promouvaient en l’enseignant, et les mêmes devenaient, à l’occasion, ses défenseurs, comme tant d’exemples en font foi.

Aug. de Roskovâny, op. cit., t. i, p. 128 sq. ; t. ix, p. 720 sq. ; Mgr Péclicnard, L’immaculée conception et l’ancienne iiniuersité de Paris, toc. cit., p. 386 sq. ; H. Lesétre, L’immaculée conception et l’Uglisc de Paris, p. 82 sq. ; S. Bcissel, Geschichte der Verebrung Maria.t im XVI und X Vil.Jahrhunderl, p. 227 sq. ; Immaculata und Main : er Ilocbschulc, 1497, 1001, dans la revue Der Kattiolik, Mayencc, 1904, p. 240 ; R. Hittmair, Die Lehre von der unbelleckten Hmpfàngniss an der Uniuersitot Salzburg, I.inz, 1800 ; cf. U. Baltus, Le dogme de l’immaculée conception et l’université de Sahbourg, dans la Revue bénédictine, Marodsous, 1896, t. XIII, p. 529 ; R. Pcrkmnnn, Lur Gexchichte tier Wiener Vnioersitat, Leipzig, ise. !, p. 23."$ sq. ;.r. Mir, Lu inmaculada concepciôn, c. xxiil ; M. Ilcrnàdez Villacsnisa, La inmaculada concepciàn y las IJniversidades espapolas, 2’édit., OrSatc, 1901 ; A. Pcréz, La concepcion inmuculada de la Vtrgen y la Universidad de Snlamanca en ri siglo XV, dan «  la revue Haz6n y fc, Madrid, 1904, n" extraordinaire, p. 69 ;

Id., La Universidad de Salamanca y la purisima concepcion, ibid., 1905, p. 133, 452.

2. Adhésion des ordres religieux.

Nul besoin de nommer ceux qui, aux siècles précédents, avaient accepté et défendu la pieuse croyance. Leurs théologiens continuent à marcher dans la même voie ; ils multiplient les livres en faveur de cette cause, soutenue avec non moins de zèle par leurs saints, nombreux alors : chez les franciscains, Pierre d’Alcantara († 1562), Pascal Baylon († 1592)..loseph de Cuportino († 1663) ; chez les carmes, Jean de la Croix († 1591) et Thérèse d’Avila (tl582) ; chez les augustins, Jean de Sahagun ou de Saint-Facond († 1479) et Thomas de Villeneuve († 1555) ; chez les minimes, François de Paule, leur fondateur († 1507). Parfois ces ordres imitent les universités ou les villes qui se consacrent au service de l’Immaculée. L’ordre séraphique s’engage par serment, en 1621, à défendre le privilège ; en 1645, il prend pour patronne la bienheureuse vierge Marie conçue sans péché. Roskovâny, op. cit., t. ii, p. 356, 364. En Espagne, les ordres militaires entrent dans la même voie ; le serment est adopté par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1634, par ceux de Santiago, de Calatrava et d’Alcantara en 1650, 1652 et 1653. A Tolède, une noble dame portugaise, Béatrice de Silva, inaugure la série des congrégations de femmes spécialement consacrées à la Vierge sans tache, en fondant, dès 1484, un ordre de religieuses en l’honneur et sous l’invocation de l’immaculée conception de Notre-Dame. Au même diocèse, en 1()39, un couvent de sœurs dominicaines s’érige sous le titre de l’Immaculée Conception. En Italie, un ordre militaire est institué, à Mantoue, l’an 1623. sous le titre de Milicia crisliana et sous le pal rouage de la Conception de la Vierge immaculée.

Aux anciens religieux s’ajoutent, les clercs réguliers : théatins, barnabites, somasques, jésuites, clercs réguliers mineurs ou de la Mère de Dieu ou des Écoles pies. En outre, des congrégations ecclésiastiques se forment : doctrinaires, oratoriens, pieux ouvriers, inétres de la Mission, eudistes, sulpiciens. Tous, sans exception, adhèrent à la pieuse croyance. Parmi ces nouvelles recrues, la Compagnie de Jésus mérite une mention spéciale, pour le nombre des apôtres qu’elle a fournis à la cause de l’immaculée conception et pour l’inlluence qu’un certain nombre ont exercée dans le progrès et le triomphe définitif de cette cause. Dans les règles sur le choix des opinions, édictées en 1593dans la V « congrégation générale, décr. xi.i, la pieuse croyance devint officiellement doctrine de la Compagnie : De conceptione autem B. Mariœ….tequantur sententiam quai magis hoc temporc communis, magisquc recepla apud Iheologos est. Trois quarts de siècle ne s’étaient pas encore écoulés depuis sa fondation, et la Compagnie avait donné à la cause des champions, tels que Lainez, Sahneron, Canisius, Tolet, Bellarniin, Grégoire de Valence, Vasquez, et Suarcz. Tous ses saints s’étaient signalés par une dévotion spéciale envers Marie immaculée ; tels, parmi les plus humbles, saint.lean Berchmans, signant de son jiropre sangle vœu de soutenir et de défendre toujours le glorieux privilège, et saint Alphonse Rodriguez. récitant chaque jour l’office de la (Conception et propageant de toutes ses forces la dévotion à la Vierge sans tache. Mgr Georges Monchamp, Saint Jean lierchmans et r immaculée conception de la vierge Marie, Liège, 1904 ; J. Mir, La inmaculada concepcion, c. ix. n. 12 sq.

Malgré les attaques, convaincues sans doute, mais trop peu modérées d’un certain nombre de ses membres, l’ordre de Saint-Dominique ne resta pas complètement en deliors du mouvement général. En Italie, Ambroise Catharin († 1553) fut un ardent champion de la pieuse croyance..Six de ses écrits relatifs à la