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IMMACULEE CONCEPTION

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eius lomplele solennia célébrantes. El vere diem conceplionis luiiiis lempli sacratissimi, scilicel béate virr /inis, que est templum domini, sacrariiim spiritus sancti, (lebiiit dei filius merito revelare. Il est bien clair que la révélation dont il s’agit ici, porte sur le jour même de la conception. C’est dans le même sens que Gerson dit, à la fin de sa première considération : Post inslilulionem festi nativilatis sancti Joannis, nativilas Dominæ noslræ ordinalu fuit per revelalionem unius solius jeminx, et mulla similia. Ce qui veut dire que l’institution de la fête de la Nativité de Notre-Dame eut pour principe, il le suppose du moins, une révélation dont une femme aurait été gratifiée. Mais autre chose est le jour où Marie fut conçue, autre chose est l’objet de notre culte dans la fête de sa conception ; par rapport à cet objet il y eut, d’après Gerson, révélation dans un autre sens, c’est-à-dire manifestation de cet objet comme contenu virtuellement dans certains textes de la sainte Écriture. Cette explication n’est ni nécessaire ni certaine, mais elle est soutenable, si on l’entend comme il a été dit ci-dessus ; car elle peut simplement signifier que, sous une illumination spé-iale, le sens d’un texte sacré peut, d’implicite ou de irtuel qu’il était, devenir explicite.

2. Le mode de préservation.

Les défenseurs du glorieux privilège s’accordent tous à écarter de la bienheureuse Vierge non seulement le péché originel, mais encore le jomes peccali, la concupiscence conrsidérée dans son principe : Kec originalem jomilem habiiil serpenlem, dit Pierre Thomas, Li&erde innocenlia V. M., I. II, part. VI, c. viii. Et Jean Vital, Defensorium, t. III, q. v : A fomite penilus prxservala. Il devait en être ainsi, puisque cette bienheureuse Vierge ne fut pas inférieure en dignité à nos premiers parents constitués dans l’état d’innocence, quia jam non ininoris dignilatis fuit bealu Virgo quam primi parentes in statu innocentiæ. ajoute Paul de Venise, Quirstio de conceptione, § Item ex eodem sequitnr. Gerson obser’c cependant, que si le foyer du péché n’exista jamais en Marie, il ne s’ensuit pas qu’elle jouît simplement de la justice originelle. Serm. de Conceptione, part. III, 5° consideratio. Chose évidente, si l’on prend la justice originelle dans toute son extension, puisqu’elle comprenait, outre la grâce sanctifiante et l’immunité par rapport à la concupiscence, d’autres dons, tels que l’impassibilité et l’immortalité.

Il n’y a pas la même unanimité quand il s’agit d’expliquer comment la mère de Dieu fut préservée du péché originel. La doctrine de saint Anselme sur la nature et les rapports mutuels du péché originel et de la concupiscence, doctrine acceptée par saint Thomas et Duns Scot, était devenue celle du plus grand nombre, celle d’Auriol, de Pierre Thomas, de l’Yançois de Mayronnes, de Pierre de Gandic, etc. Quelques-uns. cependant, maintenaient la théorie de la chair infectée par une empreinte morbide ou par une qualité positivement vicieuse, provenant de la concupiscence des parents. De là naissaient des divergences sur la manière dont s’opéra la préservation de la Vierge. La bÎT^arrc théorie de la parlicula sana se retrouve dans le sermon de.Jean de Mandeville ; il compare ce germe sacré à une perle précieuse et incorruptible, illam pretiosam margarilam inrorruptibilem, déposée dans la chair du premier homme et destinée à se transmettre intacte de génération en génération jusqu’à.Marie.

Les explications courantes sont ramenées au nombre de quatre par Pierre de Gandie. Quelques-uns affirment une purification du germe infecté, per infeclionis purgalionem ; purification faite soit au moment de la première concejition, soit plus tard, avant l’union rie la matière et de l’âme raisonnable. D’autres supposent le retranchement ou la suspension, dans le

germe transmis, de toute vertu ou influence corruptrice, per causalitalis ablalionem siue suspensioneni. D’autres ont recours à un privilège spécialement accordé à saint Joachim et à sainte Anne, per specialem privilegii concessionem ; ce qui peut s’entendre dans ce sens général, que Dieu leur aurait accordé un fruit immaculé, comme récompense d’un acte accompli purement en esprit de foi et d’obéissance, ou dans ce sens spécial, que l’acte même de la génération aurait été soustrait à la loi commune de la concupiscence. Ces trois explications étaient manifestement dépendantes, dans l’esprit de leurs partisans, de l’ancienne théorie sur la nature de la concupiscence et son influence positive et physique dans la transmission du péché originel. Il en est autrement dans la quatrième admise par Auriol, François de Meyronnes. Pierre de Gandie tt le plus grand nombre ; il sufHl d’afllrmer une dispense de la loi commune accordée non aux parents, mais à la Vierge elle-même au premier instant de sa conception, per simplicem dispensationem in primo instanli suce conceptionis ; en vertu de cette dispense, Marie est préservée du péché originel par le fait même qu’à ce moment-là son âme est ornée de la grâce sanctifiante.

Ceux qui soumettent la conception première de la Vierge aux conditions ordinaires de la génération humaine dans l’ordre actuel, insistent souvent sur la nécessité de ce fait pour qu’il y ait, de la part de Marie, un besoin réel de préservation et de rédemption : Si non fuisset concepla ex semine et in libidine concupiscenliæ, fuisset immunis ab ira, de iure, et sic non iridiguisset reconcilialione. Auriol, Tractatus, c. vi, atl 7um^ édit. Quaracchi, p. 90. C’est dans le même ordre d’idées que se placent Paul de Venise, quand il dit : « Selon la chair Marie a été conçue dans le péché originel, » § Diccndum est ergo ; et François de Meyronnes quand il concède que de Marie réellement préservée du péché originel, on peut dire avec les saints docteurs qu’elle l’a contracté d’une certaiue façon, q. ii, a. 4 : Quod hoc non obstante potest dici quod beata Virgo, propter dictum sanctorum, peccaium originale conlraxit aliquo modo. Il veut dire qu’elle l’a contracté en droit ou à considérer la façon dont clic a été conçue : quia, quantum fuit de se, prccatuni originale habuil. Considérations dont le plein développement rentre dans la question du debitum pcccati en Marie ;.question qui n’était pas encore traitée ex professa au xrve siècle, mais qui le sera plus tard.

Pour les sources principales de cette synttièse historico-théolofçiquc, qui est de facture personnelle, voir les ouvrages de Pierre de Alva et autres cités ci-dessus, col. 1083.

5° La fêle de la Conception au Xiv siècle. - - L : i réaction scotiste ne pouvait que favoriser le progrès du culte. Ce progrès fut tel qu’à la veille du concilL’de Bâie, la fête était célébrée pour ainsi dire universellement, célébrée même par ceux qui rejetaient l’immaculée conception ; circonstance qui nous avertit de ne pas oublier la distinction déjà signalée entre l’existence de la fête et son objet.

L Diffusion du culte. - Cette question est secondaire, maintenant que les témoignages abondent : témoignages généraux ou témoignages particuliers, qu’il suffira d’indiquer brièvement, hors les cas d’intérêt spécial.

a) Témoignages généraux. - Nous trouvons un indice manifeste du développement cultuel dans les sermons sur la Conception, de plus en plus frtVjuents. et dans les nombreux traités sur le même sujet, car beaucoup furent écrits pour défendre la fcle ou légitimer son objet, et dans les autres la (luesUon vient presque loujoui-s, incidemment. Notable est l’apport, fourni par les ordres religieux de caractère intcrnatio-