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IMMACULEE CONCEPTION


minait chez lui ; ce que le P. Slaler, Eadnieri traciatus, p. XI, a déjà montré par un rapprochement d’idées entre le Traciatus de conceptione et la lettre du moine de Saint-Alban.

Petrus de Alva y Astorga, Monumenla anliqua immaculatæ conceptionis ex variis atithoribus antiquis tam manuscriptis, quain olim impressis, serf qui vix modo repcriunfiir, Louvain, 1664, t. i, traité de Comestor, p. 2-12 ; de Cantor, p. 107-117 ; d’Abélard, p. 118-138.

A. Noyon, Notes bibliographiques sur l’histoire de la théologie de l’immaculée conception, série d’articles, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, Toulouse, de 1911 à 1920 ; avril 1911, p. 177-183 : I. Les pièces d’une controverse au xiie siècle. II. Un sermon anonyme sur la conception ; juin 1911, p. 286-293 : III. Un traité sur la conception attribué à Abéiard ; mai 1916, p. 220-228 : V. Un sermon attribué à Pierre Cantor ; juillet-octobre 1920. p. 293-308 : VI. (La doctriue de l’immaculée conception au xii< siècle).

3° Résultat de la controverse au xw siècle : double orogrès, de la croyance et de la fêle. — De ce qui précède il résulte que la controverse suscitée par la lettre de saint Bernard aux chanoines de Lyon se poursuivit pendant la seconde moitié du siècle ; l’autorité du grand abbé de Clairvaux était trop considérable et le problème trop complexe en lui-même, pour qu’il en pût être autrement. Il n’y en eut pas moins, pour la fêle et pour la croyance, un progrès notable, bien qu’incomplet et imparfait.

1. Progrès de la croi/ance. — L’affinnation du glorieux privilège gagne en netteté, et le nombre de ses partisans augmente. Ceux qui, après l’intervention (lu saint abbé de Clairvaux, ont soutenu la fête de la Conception dans un sens immaculiste, Abéiard, les auteurs des sermons attribués à Comestor et à Cantor, l’anonyme d’Heiligenkreuz, Nicolas de Saint-Alban, sont manifestement des représentants de la croyance devenue explicite. D’autres peuvent s’ajouter qui, dans leurs écrits, affirment ou supposent le privilège. Le fondateur des prémontrés, saint Norbert († 1134), serait de ceux-là, s’il était vrai qu’il choisit pour les religieux de son ordre l’habit blanc en l’honneur de la « très pure conception de Marie et qu’il fut l’auteur de cette prière : « Je vous salue, ô Vierge, qui par une grâce spéciale de l’Esprit-Saint avez triomphé du péché du premier père sans en être atteinte. AfTirmations émises récemment encore par l’un des biographes du saint, Rcv. Martin Gaudens, The life o/ St.’orbert, Londres, 1886, Introd., p. xlii. Mais ni l’une ni l’autre n’est solidement établie. L. C. Hugo, La vie de saint Norbert, Luxembourg, 1704, préf. et p. 73 ; T. Speelnian, Bclgium Marianum, Tournai, 1859, p. 118 sq.

Le vénérable Hervé du Mans, moine bénédictin de Déols ou Bourg-Dieu († 1150), exempte Marie de la loi commune : Maria ex Adam mortua propler peccatum, nisi diuinitus exempta fuisset. In Epist. ad Rom., c. viii. Ailleurs : Omnes itaque morlui sunt in peccatis, nemine prorsus excepta, dempta matre Dci, sive originalibus, sive ctiam voluntate additis. In Epist. II ad Cor., c. v, P. L., t. clxxxi, col. 698, 1048. Non moins nette est l’exception formulée par le bienheureux Oglerio, abbé du monastère cistercien de Lucedio, au diocèse de Verceil en Italie : « Parmi les enfants des hommes il n’est ni grand ni petit, quelles que soient la hauteur de sa sainteté et la sublimité de sa grâce, qui n’ait été conçu dans le péché, hormis la mère de l’Immaculé, lequel, loin de commettre le péché, efface les péchés du monde. Exception fondée sur la doctrine de saint.Augustin : de qua, cum de peccatis ugitur, nullam prorsus volo habere quxstionem. Serm., xui, de verbis Domini in ccena, P. L., t. ci.xxxiv, col. 194. Ce témoignage n’est pas, comme on l’a dit souvent, d’un contemporain de saint Bernard, mais il peut être de la fin du

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

xiie siècle ou du début du xiii", le bienheureux Oglerio ayant été abbé de 1205 à 1214. I. A. Iri.’o, Rerum palrise l. III. Acccdit ejusdem auctoris Dissertatio de S. Oglerio, Milan, 1745 ; Raviola, Vita dcl B. Oglerio, Trino, 1868. Egbert, abbé du monastère bénédictin de Schoenau, au diocèse de Trêves († 1184), semble bien supposer le même privilège. Il compare Marie à l’arche de Noé et à l’arche d’alliance, et lui attribue, malgré sa descendance d’une race déchue, une préservation totale, fondée sur son élection et sa préparation à la maternité divine : condita, prxctecta, prœservata, præparata, et ornala pcr Spiritum Sanctum et ejus omnipotentem Filium fuit… quia, lied Maria de patrum natura per pcccalum vitiata ducvret origincm, prxelecta tamen per Spiritum Sanctum et præservata ad purum, Deum nobis obtulil et hominem. Ad beatam Virginem sermo panegyricus, n. 9, 11, P. L., t. clxxxiv, col. 1019, 1020.

Une affinnation du bienheureux Elred, abbé de Rieval en Angleterre ( f 1160), semlderait, à ]iremière vue, rentrer dans le même groupe de léniditinages. Après avoir dit que Marie surjjassa tous les autres en dignité, en sainteté, en pm’eté, en esiiril de mortification, il ajoute qu’elle échappa, la » rcmièrc, à la malédiction portée contre Adam et Èe : llla cnim prima fuit de omni humano génère, aua’maUdiclionem primorum parentum evasit, et que, pour ce motif, elle mérita d’entendre l’ange lui adresser ces paroles : Bencdicla tu in muUeribus. Serm., xix, in Nulivitate B. Mariæ, P. L., t. cxcv, col. 319. Mais il se)>eul, étant donné le contexte, que par cette maiédiclioii le lùeux abbé ait moins en vue le péché originel ]>r(ii)rement dit que ses conséquences, énoncées dans la denése, ni, 6 ; manière de voir qui se retrouve chez ]>lusieurs de ses compatriotes, entre autres fîaudouin, archevêque de Cantorbéry († 1191), Tract. V II, De salutatione angclica, P. L., t. cciv, col. 47(). La réserve s’impose également au sujet d’une phrase émise par Pierre de Blois, archidiacre de Bath († 1200), dans un sermon sur la nativité de Marie : " Comme il fallait remédier au mal originel par le bien ori ; ^inel, ta chair de la Vierge fut soustraite à rinfluence pernicieuse de l’arbre fatal et sanctifié, de mata illa arbore damnalae perditionis exempta et sanctificala est caro Mnrise uirginis. » L’orateur ne parle pas ii-i de la conception ; il parle de la purification iniviléuiée dont bénéficia Notre-Dame au jour de l’annonciation, purification qui éteignit en elle le foyer même de la concupiscence et la rétablit dans l’iiilégrilé primitive : « car, ajoute-t-il, bien qu’elle eût reçu dès le sein de sa mère la plénitude de la grâce et de la sainteté, l’Esprit-Saint venant sur elle, lors de la conception du Verbe, lui communiqua une plénitude plus grande encore et comme une suralioiidaïue de grâce céleste. » Serm., xx.xviii, P. L., t. r.cvii, col. (175. Il reste, que Pierre de Blois proclame Marie pleine de grâce et de sainteté dés le sein de sa mère, sans opposer la sanctification à la conce))li(>n.

D’autres proclament l’absolue sainteté de la mère de Dieu en des termes qui semblent exclure toute restriction. Ilcrmann, abbé de Saint-Marlin de Tcnirnai, vers le milieu du xiie siècle, nous la inonire maintenue par son fils dans la sainteté et la pureié, totalement et toujours, avant comme après l’incarnalion : et priusquam in beala Virgine incnrnarelnr, rt cum in ea clausus fuit, et postquam ex ea nains vst, semprr enm in omni sanctitate et munditia senuivil.’I r(tclalus de incarnatione, c. viii, P. /, ., t. clxxx, col. 31 ;.Murialc, dans G. Drcves, Analccta hijmnira, t. l, |i. 42 ! i. Pierre le Vénérable, abbé du même monastère († 11’)'>), la compare à un jour sans nuit :

.Stclln fulgrns oriontls, umliros fumms occlilentls. Aurora solls pr ; rvin, rt rft’cs norli.i nr.sriii.

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