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niMACILEE CONCEPTION

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l)ienlôt, ce fut à l’occasion de la fêle de la Conception, d’aboid en Angleterre, puis sur le continent.

La controverse en Angleterre.

1. Restauration

de la fête : Anselme le Jeune. — Implantée en di^crs endroits avant la conquête normande, la fcte de la Conception avait ensuite, on l’a vii, subi une éclipse : fait qu’Eadm.er déplorait en ces termes : « Autrefois elle était célébrée par un plus grnnd nombre, par ceuxlà surtout en qui s’alliaient une franche simplicité et une plus humble dévotion. Mais depuis que les esprits se sont laissés dominer par l’amour de la science et la ni ;  ! nie de tout examiner, on a retranché cette solennité, au mépris de la simplicité des jjauvres, et, sous prétexte qu’elle manquait de fondement solide, on l’a réduite à rien. » Thurston, Eadmeri tractatus, n. 1. Lignes écrites dans les vingt premières années du xiie siècle, alors que l’œuvre de la restauration n’était pas encore développée. De cette époque date un précieux document, le Missale ad usum insignis ecclesie Ebonicensis. The York Missal, édit. Henderson, Durham, 1877. Le missel d’York ne contient pas la fête de la Conception, au moins dans sa ]>artie primitive, mais quelle magnifique idée il nous donne de la mère de Dieu !

Veliit rosa decorans spineta, sic quoil la-dat nil lialiet Maria Virgo : Eva quod contulit prima, Christi sponsa effugat

[Mai-ia.

Prose in die Kativifafis, t. ii, p. 281.

A rea virga priniiE matris Ev ; i’floreus rosa processit Maria.

Oritur ut lucifer inter astra etlicrca perijulchra ut luna.

Prose in die Assumptionis, t. ii, ]). 82.

Mulierum pia apniina intra seiiiper lïcnedicla… l’x quo atque nala sum incorrupta.

Terlin die infra Octavam (Assumptionis), t. ii, p. SO.

Te Deus Pater,

Vt Dei Mater

Fieres, et ipso frater

Ciiius eras filia.

Sauctilicavit.

Sanctam servavit.

Et mittens sic salutavil,

Ave ploiia gralia.

Quarto die infra octavam, t. ii, )). 87 : cf. Dreves, Ana. Iceln hymnica, t. Liv, p. 396, pour divers missels ou bréviaires normands du xur’et.xive siècles, où l’on retrouve cette strophe.

.Si le missel d’York n’a pas la fêle de la Conception, rii revanche elle se trouve dans un autre, écrit vers 1220 à Winchester ou dans les environs (Kiblioth. du Havre, n. 330. A. 32) : messe propre, la même que contenait déjà, un siècle plus tùl, le missel de Léofric, voir ci-dessus col. 991 ; en outre, une préface où Marie est louée d’avoir été prévenue de Dieu, comme destinée à devenir le temple du Seigneur. Ce missel de Winchester forme comme un trait d’union entre les lieux périodes séparées par les premiers temps de la icinquèle : il inaugure en" quekpic sorte l’œuvre de la restauration, cardans l’espace d’une dizaine d’années, ! a fête est introduite ou réapparaît en maint endroit : il Westminster et à Reading avant 1128, à Worcester en 112.5, à Winchcombe en H2(), a.Saint-.Mban vers la même époque ef, probablement, à Gloucester. Uishop, Un Ihe origin a/ Ihe /easl, p. 32 sq. ; Noyon, Les origines de la fête, p. 10.

Ce mouvement de réaction se lit et se développa sous l’impulsion d’un homme en qui le P. N’ii’lor de Huck et d’autres à sa suite crurent devoir saluer l’instituteur de la fête de la (Conception en Angleterre, mais qui, en réalité, n’eu fut fpie le restaurateur et le l)r()moteur : Anselme le Jeune, ne eu de saint. selme.

D’abord abbé de Cluses en Savoie, il avait été appelé l’ar son f)ni-le à (Canlorbér}. Après la mort du primat, il rentra dans son abbaye, puis, mandé à Rome par

le pa]U’Pascal 111, il y fut créé abbé de Saint-Sabas, monastère jadis haliilé par des moines grecs. Envoyé quelques années plus tard, comme légat pontifical, auprès du roi Henri I-’et du nouvel archevêque de Cantorbéry, il devint, en 1120, aljbé du célèbre monastère de Saint-Edmond, Edmundsbury, dans le comté de Sulïolk et y resta jusqu’à sa mort (1148). Or voici ce qu’on lit dans le cartulaire manuscrit de cette abbaye : » Ce fut cet Anselme qui établit chez nous deux solennités : la Conception de sainte Marie qui, grâce à lui, se célèbre maintenant dans beaucoup d’églises, et la commémoraison de sainte Marie pendant l’Avent. » Thurston, Eadmeri tractatus..ppend. I, p. 102. -Assertion confirmée, en ce qui concerne la propagation de la fête de la Conception, par Osbert de Clare, alors prieur de Westminster, quand il écrit, vers 1128. au même Anselme : etiam in muUis locis cclebratur ejus vestra scdulitate /esta conccptio. Ibid., Append. A, p. 54.

2. Le mouvement d’opposition.

L’œuvre de restauration entreprise par l’abbé de Saint-Edmond n’allait pas sans difficultés. Osbert de Clare lui disait que la célébration de la fête à Westminster avait provoqué de vies récriminations : on avait prolesté auprès de deux évêqucs, puissants))ar leur infiuence, qui s’étaient trouvés par hasard dans le voisinage, Roger de Salisl ury et Bernard de Menevia (Saint-David), jadis chapelain de la reine Mathilde. Les mécontents criaient à la nouveauté, ils objectaient que l’Église romaine n’avait pas approuvé ce culte ; ils disaient même « cpie la fête avait été prohibée dans un concile », assertion vague, mais cqui ne semble pas dénuée de fondement. Thurston, art. Abbot Anselni of Buri), p. 560. Dinicullés d’ordre juridique ou liturgique ; mais nous voyons, par le traité d’Eadmer, qu’en réalité les opposants allaient plus loin ; ils déclaraient que la fêle n’avait pas de raison d’être, quasi ralione vacantem. Cette objection peut se comprendre et s’éclaircir par une allusion aux deux conceptions qu’on distinguait alors : la conception connnencée ou charnelle, et la conception consonnnée ou proprement humaine. S’il s’agit de cette dernière, celle où l’individu humain apparaît constitué dans son espèce propre et sa personnalité, on l’honore suiïisainment par la fête de la Nativité, puisque les deux naissances, l’intérieure et l’extérieure, portent sur le même sujet et que la seconde est dépendante de la première : nec enim, aiunt, nata essel, si concepin non fuisset. S’il s’agit de la conception seulement commencée, s ce serait chose vaine que de vénérer une matière encore informe qui souvent, chez un certain nombre, s’atrophie et s’anéantit avant d’arriver » leinemenl à la forme humaine, superracanee illa udhuc inforniis muicria coleretur, quiv in nunnullis sa>pe, priusquani plene in Immanani effigiem Iranseal. dépérit et annichilatur, n. 3. En outre, d’après d’autres passages, n. 9 et 12, appel était fait aux textes de la sainte Écriture qui jjrésentent toute génération sexuelle comme soumise à la loi du péclié ou proclament tous les honunes pécheurs en.dam, Ps. l, 7 ; Rom., v, 12.

En pré.sence de cette opposition, Osliert de Clare implorait rappui de celui qui avait été jadis abbé de Saint-Sabas et que Pascal lil avait envoyé comme légat en.

glelcrre. Ne pourrail-il pas, dans sa connaissance des traditions ou coutumes romaines, trouver quelque chose à dire en faveur de la chère dévotion’? Qu’il entre en rai)ports avec des personnes instruites, versées dans les saintes Lettres et prêtes à détendre, en paroles et par écrit, la cause de la Vierge. Qu’il en confère avec le nouvel évêque de Londres ((iilberl Foliot, consacré en janvier 1128) et l’abbé de Reatiing. Hugues d’.Xmiens (élu archevêque de Rouen en 1125) qui, sur la demaiule du roi Henri,