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IMMACILÉE CONCEPTION


Rome. 1850 ; réimprimé dans SijUoge monumenlorum, du même auteur, Paris, 1855, 1. 1, p. ix.

Après l’Espagne, quatre siècles plus tard, vient l’Italie septentrionale. La pièce invoquée est le testament d’un prêtre de Crémone, Ugo de Summo ; testament qui aurait été rédif^é en décembre 1047, in feslo sanctx et immuculalæ conceplionis bealw Virginis Muriæ. Ballerini, SiiUoge, t. i, p. 1-25. Il y est question de Marie comme de la femme, annoncée dans la Genèse, quæ gratta Filii ab originali tabe anticipata redemptione prœservala sempcr fuit tam anima quamcorporc intégra et immaculata. Prescription est faite de célébrer tous les ans avec solennité la fête de l’immaculée conception, et d’j' chanter les deux strophes suivantes :

Candldissima uti lilia. Salve seterni patris filia. Salve mater redemptoris. Salve sponsa spiratoris. Sine macula concepta.

Salve Triadis electa, Salve inferni victrix aspidis, Illius cxpers sola cuspidis. Salve Triadis electa. Sine macula concepta.

Mais il est impossible d’accorder une valeur réelle à une pièce dont l’original n’a jamais été produit et que tout rend suspecte : recherche dans la composition, superfluité dans les détails, accumulation d’expressions techniques que seules les controverses postérieures ont pu provoquer. Malou, L’immaculée conception, Bruxelles. 1857, t. i, p. lll ; Kenner, Heo tologie, 3e édit., p. 192, note 4.

2. Documents authentiques.

Ils appartiennent à divers pays et se présentent dans des conditions notablement diflérentes.

a) Italie méridionale. — Xaples nous fournit un premier document certain. Dans un calendrier liturgique, gravé sur marbre, on lit cette inscription au 9 décembre : Coneeptio sanctæ Marisa Virginis. La date serait à placer entre les années 840 et 850, d’après l’éditeur, A. S. Mazzocchi, Vêtus marmoreum Neopolitanæ ecelesiæ kalendarium, Naples, 1744. A cette époque, l’Italie méridionale dépendait encore de l’empire grec ; nous sommes donc là en face d’une importation byzantine, ce que confirme la date du 9 décembre, au lieu du 8 dans notre fête latine. Remarquons seulement qu’à Naples, le titre de la fête exprime directement la conception de Marie ou conception passive, et non pas, comme à Constantinople, la conception de sainte Anne ou conception active.

b) Irlande. — Trois dociunents ont été récemment publiés ou mis en lumière, dont l’importance est d’autant plus grande que la mention de la fête de la Conception n’apparaît pas ailleurs avant l’an 1000 ; elle ne se trouve, par exemple, ni dans le calendrier de saint Willibrord († 739), Paris, Biblioth. nationale, ms. latin 10837, ni dans le Bénédictional de saint Ethelwold († 984), publié dans Archœologia, Londres, 1832, t. xxiv, ni, semble-t-il, dans l’important calendrier de la bibliothèque de Trinity Collège à Dublin, dont parle le P. Thurston, The Irish origins of our Lady’s Conception jeast, p. 457, note 3.

a. martyrologe de Tallaght, du ix « ou xe siècle. Mention avait été faite de cette pièce dans les Acta sanctorum, maii t. i, Anvers, 1680, p. 361, parmi les Prsetermissi du troisième jour : Mariæ Virginis Coneeptio celebratur in Marlijrologio Tamlactensi.Lareproduction du texte a confirmé cette indication ; on y lit, au mois de mai, r nonas, c’est-à-dire le troisième jour :

Cnicis Christi Inveiitio. Maria’Virginis Coneeptio. Eventii, Teodoli, Ambrosii, etc.

Book oj Leinstcr, édit. Rob. Alkinson, Dublin, 1880, p. 360 ; pour la date, H. Thurston, Eadmeri tractalus de conceptionsanctæ Mariæ, p. xxxiii.

b. Un calendrier manuscrit versifié, dont l’exemplaire le plus ancien aurait été composé après la mort du roi Alfred, entre 901 et 940. Cet exemplaire dépend lui-même d’un prototype irlandais qui doit, par conséquent, remonter au moins au début du dixième siècle. Cette inscription s’y trouve, au sixième des nones, deuxième jour de mai :

Concipitur virgo Maria cngnoniine senis.

Londres, British Mus., ms. Colton., Galba A. xviii. Cf. Thurston, art. cit., p. 451, 455 ; Eadmeri tractalus,

p. XXXII.

c. Calendrier d’Œngus, moine irlandais qui vécut quelque temps dans le monastère de Tallaght. Cette pièce semble remonter jusqu’à la naissance du ix^siècle : elle porte, au 3 mai, cette annonce :

Feil mar Maire nage.

(La grande fête de la Vierge Marie.)

La note suivante se lit en marge du texte irlandais dans le manuscrit Lebar Brece :

La grande fêle de Marie, et le reste, c’est-à-dire sa première origine, suivant les uns — mais elle a eu lieu au mois de février ou de mars, puisque Marie est née apré--> sept mois, comme il est rapporté — ou quelque autre de ses fêtes.

Feil mar muire, et reliqua, id est, hase inceptio eius, ut alii putant — sed in februo mense vel in martio facta est illa, quia post VII menses nata est, ut inarratur — vel quîelibct alia feria eius.

The transactions o/ Ihe Royal Irish Academy. Irish manuscripl séries, yo. i, part. 1. Calendar of Œngus, by Dr. Whitley Stokes, p. lxxviii, lxxxiv ; cf. Thurston, ari. c ; ^, p. 455 sq. ; Eadmeri tractalus, p. xxxiii.

La date assignée, dans ces documents, pour la fête de la Conception pose un problème obscur : comment expliquer cette date du 2 ou 3 mai ? Le P. Thurston a cherché un point d’appui dans des calendriers coptes, et il est vrai qu’on y trouve mentionnée, au début du mois de Baschnès (fin avril et mai), une fête de la sainte Vierge, mais c’est une fête de la Xativàté. Mai, Scriptorum veterum nova collcclio, t. iv, p. 94 ; F. Nau, Les ménologes des évangéliaires coptes-arabes, dans Pntrologia orientalis, t. x, fasc. 2, p. 202 ; E. Tisserant, Le calendrier d’Aboul-Barakal, ibid., p. 270. Cependant, comme la fête de la Nativité réapparaît aulO^jour du moisdeTout (7 sept.), ibid., p. 187 sq., 270, il se peut que les moines irlandais aient été amenés à voir dans la fête de mai la première naissance ou conception de Marie. Quant à l’objection exprimée dans la note du ms. Lebar Brece, il n’y a pas à en tenir compte, car elle repose sur une supposition fausse, rejetée déjà par saint André de Crète, P. G., t. cvii, col. 1313, et n’ayant pour fondement qu’une variante, dénuée d’autorité, dans le texte d’un apocryphe. Voir E. Amann, Le prolévangile de Jacques, p. 198.

Mais s’agit-il, dans les trois calendriers, d’une fête réellement célébrée en Irlande à l’époque où ils furent composés ? Certains le contestent, en particulier Kellner, op. cit., p. 192 : l’insertion de la fête dans ces recueils proiiverait seulement l’érudition des compilateurs. D’autres se sont tenus sur la réserve, comme Edm. Bishop, On ihe origins of Ihe feast of the Conception, Londres, 1904, note prélim., p. 5 sq. : « Si tant est que cette fête ait été effectivement célébrée. » La façon indécise dont parle l’annotateur du calendrier d’Œngus et la disjonction qu’il pose : hœc inceptio eius… vel qua’libet alio feria eius, sont assez difiiciles à comprendre dans l’hypothèse d’une