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IMMACULEE CONCEPTION


col. 1778. Le Coran parle à plusieurs reprises de « Mariam », mère de Jésus, qu’il paraît confondre avec la sœur de Moïse, de même nom. Marie est fille d’Imrân, fils de Matlian, et d’Anne, fille de Fàqoud. Avant de la mettre au monde, sa mère, qui est dans un âge avancé, la consacre à Dieu. La Vierge, jeune encore, est présentée au temple, où elle reçoit sa nourriture du ciel. Les anges lui annoncent la naissance de Jésus, qu’elle conçoit virginalement. Elle a conservé sa virginité et a reçu une partie de l’esprit divin. Le Coran, sourates iii, 31, 37-12 : iv, 169 ; v, 79 ; XIX, 16 ; XXI, 91 ; lxvi, 12 ; trad. Kasimirski, Paris, 1869, p. 46-48, 83, 95, 242-243, 263, 468. Bien plus, elle est exempte de toute souillure : « Les anges dirent à Marie : « Allah t’a choisie et t’a faite pure, » trad. du P. Goudard, La Vierge dan-i Vifilam et le Coran, dans les Éludes du 5 décembre 1904, t. ci, p. 645. Kasimirski, sourate iii, 37, p. 47, traduit : « Dieu t’a rendue exempte de toute souillure. » C’est sans doute un commentaire de ce passage qu’il faut voir dans la tradition suivante, qui a cours parmi les musulmans : « Tout enfant en naissant, dit cette tradition, est touché par le démon et, à ce contact, il jette son premier cri ; Marie et Jésus furent seuls exempts de cette espèce de souillure. » Carra de Vaux, La doclrine de l’islam, Paris, 1909, p. 98.

F. G. Holweck, Fasti Mariant sive calendarium feslorum sanctæ Mariée Virginia Deipnric niemnriis histnricis illiisiratum, Fribourg-en-Biisgau, 1892 ; Nilles, Kalendarium manualentriusque Ecclesiœorientalisetoccidentalis, lnspruck, 1896-1897, t. I, p. SlS-.SSl ; t. ii, p. 550, 624, 681, 700, où l’on trouvera des renseignements sur la fête de la Conception chez les Orientaux unis et non-unis en deliors des grecs ;.Vuowi documenti délia Chiesa orientale intorno al (lomma delV immacolata concezione di Maria sanlissima, dans Civiltà cattolica, 21’année, 9= série, 1876, t. xir, p. 541556, où sont utilisés quelques-uns des témoignages de la croyance des Orientaux à l’immaculée conception réunis au XVIIe siècle par le P. Besson, S. J., témoignages, du reste, de valeur fort inégale ; Laudes et hijmni ad SS. Mariæ Virginis lionorem ex Arnienoruin l>rei>iario excerpta, Venise, 1877 ; Le Bachelet, L’immaculée conception. Courte histoire d’un doç/me, I’ « partie : L’Oriunt, Paris, 1903, passim ; J. Hobeika, religieux maronite libanais, Témoignages de l’Église sgro-maronite en faveur de l’immaculée conception de la très sainte Vierge Marie, Basconta, 1904 ; L’immaculée conception et les rites orientaux, dans la revue arabe El Ma’-liriq, Beyrouth, 1904, t. vii, p. 395-411 ; la question de la niariologie du Coran est épuisée dans l’arlicle du P. Goudard, La Vierge Marie dans l’islam et le Coran, dans les Éludes du.'> décembre 1904, t. c ;

M. JUGIE.


IV. IMMACULÉE CONCEPTION DANS L’ÉGLISE LATINE APRÈS LE CONCILE D’ÉPHÈSE.


I. Depuis le concile d’Éphèse jusqu’au milieu du xie siècle : préparation prochaine et aube de la croyance explicite.
II. Depuis le milieu du xie siècle jusqu’au concile de Bàle (1439) : période de discussion.
III. Depuis le concile de Bâle jusqu’au xixe siècle : période du triomphe.
IV. La définition par Pie IX ; synthèse des preuves dans la bulle Ineffabilis Deus.
V. Après la définition : amis et ennemis.

I. Depuis le concile d’Éphèse (431) jusqu’au MILIEU DU XI^ SIÈCLE : PRÉPARATION ET AUBE DE LA CROYANCE EXPLiaTE. —

Nous avous d’abord mené de front l’étude de l’immaculée conception dans les deux grandes parties, orientale et occidentale, de la chrétienté jusqu’au concile d’Éphèse. A partir de cette époque, il y avait lieu d’étudier séparément cette doctrine dans les deux Églises. La période cjui s’étend de ce concile jusqu’à la séparation définitive des deux Églises (1054) présente bien encore, comme trait commun, la tendance à concevoir et à mesurer en fonction de la maternité divine la sainteté <le Marie et la plénitude de grvce qui lui fut propre ; mais l’essor de la doctrine se produit dans des conditions différentes : rapide et vigoureux en Orient, il est, au contraire, lent et d’abord indécis en Occident. Ce qui s’ex))lique par deux causes principales : l’état de bouleversement et d’instabilité que les grandes invasions causèrent dans les paj’s latins, puis la direction imprimée à la théologie par la réaction antipclagienne. Néanmoins des témoignages existent, où il est permis de voir, non pas seulement une préparation prochaine à la période de croyance explicite en l’immaculéeconception, mais l’aube même de cette croyance.

Le développement doctrinal coïncide avec un développement cultuel, qui se manifeste surtout par l’introduction de fêtes en l’honneur de la sainte Vierge, dans la seconde moitié du tw siècle. La fête de la Conception de Marie n’est pas des premières, mais elle fait son apparition sur la fin de cette période : événement notable en lui-même et plus encore pour l’influence qu’il devait exercer sur l’afllrmation et la propagation de la pieuse croyance.

1° Les Pères latins postéphésicns et leurs successeurs.

— Signalons, uniquement pour le rejeter, un témoignage attribué parfois à Fauste de Biez, mort entre 490 et 495 : Non cnim violala est partu, qux magis est sanctificata conceptu (quæ absque omni peccato concepta est in utero). De rationc fidei, c. i. La dernière incise, singulièrement étonnante à cette époque et qu’aucun lien logique ne rattache au reste, n’appartient pas au texte primitif, comme on le voit par l’édition critique d’Engelbrecht, Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum. Vienne, 1891, t. xxi, p. 454.

Abstraction faite d’apocrjphes semblables, deux sortes de témoignages sont à distinguer ; ils représentent deux courants, qu’on peut caractériser par les dénominations de négatif et de positif, en ce sens que l’un s’oppose à la pieuse croyance ou du moins n’en favorise pas l’éclosion, tandis que l’autre la prépare et semble même en contenir quelques anticipations.

1. Courant négatif.

Il se rencontre parmi les disciples de saint Augustin qui s’inspirent uniquement ou presque uniquement de témoignages écrits sous l’influence antipélagienne, ceux où l’universalité du péché originel et le rapport de connexion entre la génération humaine, soumise à la loi de la concupiscence, et la conception dans le péché sont mis fortement en relief. « Seul ptjrmi les enfants des hommes le Seigneur Jésus est né sans péché, parce que seul il n’a pas été sujet, dans sa conception, à la souillure de la concupiscence charnelle. » S. Léon, Serm., xxv, in Nativ. Domini, v, 5, P. L., t. liv, col. 211 ; de même S. Fulgence, De veritate prædestinationis et gratiie, t. I, c. II, P. L., t. Lxv, col. 604 ; S. Grégoire le Grand, Moral., 1. XVin, 84, P. L., t. lxx% coï. 89 ; S. Bède, Homiliæ genninæ, t. I, homil. i, in festo Annunt., P. L., t. xciv, coi. 13 ; Alcuin, Adv. hxresim Felicis, 24, P. T.., t. CI, col. 96. Nulle exception n’étant jamais formulée en faveur de ! Marie, elle est donc, sous ce rapport, assimilée aux autres créatures humaines ; conçue suivant la loi du péché, en raison de sa descendance adamique par voie de génération sexuelle, elle eut, à la différence de son Fils, une chair de péclu’. S. Fulgence, De incarnatione et gratia, vi, 13, P. L., t. lxv, col. 458. Aussi fut-elle purifiée au jour de l’annonciation : Hac inde purgationem traxit, unde conccpit. S. Léon, Serm., xxii, in Nativ. Domini, ii, 3, P. L., t. liv, col. 196. Cette purification préalable était nécessaire pour que Marie devînt digne d’enfanter un Dieu, et pour que la chair du Christ ne fût pas elle-même chair de péché. S. Bède, loc. cit., col. 12.

Que dire de cette doctrine, prise dans son ensemble ? Ce qui a été dit plus haut, col. 881, à propos des textes de saint Augustin qui l’ont inspirée. Pour les disciples comme pour le maître, toute génération sexuelle est