Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/477

Cette page n’a pas encore été corrigée
939
94
IMMACULÉE CONCEPTION

a

du corps. In Anniutt., col. 037, 649 ; In Visit., col. 076. Nous trouvons une doctrine plus explicite chez Théopliylacte, lU-chevêcjue de Bulgarie (f fin du xi’e siècle). Dans son honu^lie sur la Présenlalion de la Vierge au temple, il aflinue positivement que Marie lut justifiée des le sein maternel : « Il fallait, dit-il, cjue celle qui, par sa pureté et sa sainteté, l’emportait sur toute la nature, et qui avait été justiliée dés le sein maternel, éciiappât à la sévérité d’une loi qui n’était jias faite pour le juste, mais pour les seuls pécheurs » (il s’agit de la loi qui interdisait l’entrée du saint des saints). rriv iiT.lo zàaav tv’çûaiv àytacrfhïaxv ty ; LaÔapoTrj-i -La. : 8rLa (oOstaav iI. ; j.rÎTpa ;. In Præscnt. B. Mariée, P. G., t. cxxvi, col. 137. L’expression h. arjxpaç, ab utero, est vague par elle-même, et peut s’entendre de tout le temps de la gestation. La justification È/c [j.r ; Tfa ; peut tout aussi bien signifier la justification in primo instanti conceptionis que la sanctification in utero matris, sed post conceptionem. Les Pères disent que l’union du Verbe avec la nature humaine a eu lieu vI. ij-rj-paç, c’est-à-dire dès le premier instant de la conception. Cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Commonitorium ad Cœlestinum papam, P. G., t. lxxv, col. 85, 87 ; pseudo-Athanase, Contra Apollinarium, t. I, c. l, P. G., t. xxvi, col. 1097. Par contre, la liturgic grecque emploie la même expression en parlant de la sanctification postérieure à la conception, de la sanctification in utero de saint Jean-Baptiste et de plusieurs autres personnages comme Samuel, Jérémie. Euthyme le Grand. Cf. les Menées au 20 janvier, au 1° mai, etc. Quel sens Théophylacte donne-t-il, dans le cas présent, aux mots : o.LaifoOsïcrav iI. (jrj-pa ; ? Nul doute, d’après nous, qu’il ne veuille dire ce que nous a déjà dit le moine Théognoste, à savoir que Marie a reçu la grâce de la justification dès le premier instant de sa conception, et que, par conséquent, elle n’a pas contracté la tache originelle. Cette interprétation n’est pas seulement dans le sens général de la pensée byzantine, à l’époque où nous sommes arrivés. Elle est aussi commandée par le contexte et par d’autres passages des écrits de Théophylacte. Qu’on remarque, en effet, que les mots : 81xa’.f’)0Ei(iav sx ; j.rjTpa ;, sont précédés de l’afFirmation de la sainteté et de la pureté de Marie au-dessus de toute créature. Comment la mère de Dieu aurait-elle surpassé en pureté toute créature, si elle avait contracté, dès le premier instant de son existence, la souillure des enfants d’Adam, pour en être purifiée peu après par la grâce justifiante ? Voici du reste un autre passage de la même homélie sur la Présentation qui nous indique suffisamment la véritable pensée de l’archevêque de Bulgarie : « La mort, escortée par le péché, qui lui prêtait main forte, étendait partout son empire et exerçait contre nous un pouvoir absolu. Conçus dans l’iniquité et enfantés dans le péché, nous devions nécessairement devenir la proie de la corruption. Aussi fallait-il que la génération liumaine fût sanctifiée, et que le torrent de la mort, coulant par la vallée de la génération, fût arrêté dans son cours par le grand rempart de la sainteté. Puis donc qu’il en était ainsi, puisqu’il fallait que la voie qui nous introduit dans cette vie mortelle fût d’abord sanctifiée par la grâce : afin que le début et le terme se répondissent, celle qui doit enfanter le Verbe incarné est choisie, embellie de toutes les vertus et élevée au-dessus de toute créature. Elle naît de la tribu royale de.Juda. A ses parents elle apparaît comme un fruit donné de Dieu… Elle les surpasse par la grâce et la sainteté autant que le mode d’habitation de Dieu en elle l’a emporté sur le mode d’habitation de Dieu en eux, » tva y.ct.l xi xD.f] TOUTOi ; â ;  : axoXo’jOrîar) zaxàXXTjÀa, èxXÉysTai xai r^ jioôç, -ov Toxov u-T|pETaouCTa, T : (xaai ; yapÎTfoÛEtaa lau àcETXÏ ; xa ! r-dir, : y.-<.n-t<ii j-ipiyouaa… xaprro ; avaça vEiaa 0 : 030070 :. 7Z)irf., col. 132-133. Notons enfin que^ commentant les paroles de la salutation angélique et s’arrêtant sur le mot ::JLo-)’Y| ; j.£vi, . benedicla, Théophylacte lance, en passant, cette afiirmation : Eve avait été maudite, Marie est bénie, » zr.v. 8= zExaT/Îpato r, EJa, £jLoyï| ; j.5VT| a-jT7j iy.oJi :. Enarralio in Evanf/elium Lucse, P. G., t. cxxiii, col. 701.

Dans un discours sur la Dormition de la sainte Vierge .lean Phournés, qui vivait au début du xii'e siècle, énumère parmi les merveilles dont Marie a été l’objet de la part de Dieu la suivante : " A cela il faut ajouter qu’aucune pensée coupable n’a jamais euaccès dans son cœur, à cause de sa pureté éminente… Sirach dit : Qui pourra se glorifier d’avoir un cœur pur, et qui pourra se proclamer en toute sincérité innocent de tout péché’?(Prov., xx, 9.) Comme la Vierge toute sainte appartenait à la famille humaine, elle aurait dû, elle aussi, comme les autres, être comprise dans cette sentence, mais parce que l’Esprit-Saint et bon et miséricordieux habitait dans son cœur et le sanctifiait, jamais elle ne fut assaillie d’aucune pensée coupable… Acausedeladésobéissanced’Adam, notreàme setrouve divisée comme en deux parties ; la partie intérieure subit la tyrannie des passions ; la partie supérieure aspire aux choses célestes. Parl’action du Saint-Esprit, notre âme redevient une et peut s’attacher au bien par un élan indivisible. Mais si cet effet se produit en nous, qui sommes tout entiers de la terre et du limon fangeux, que faudra-t-il dire de celle qui est devenue la demeure de la divinité, après être née de la promesse, , après avoir été donnée à ses parents comme un fruit sacré de leur prière, de celle que le Saint-Esprit forma et éleva dès le berceau, qu’il nourrit d’une nourriture céleste dans le Saint des saints ? » v. 8e -o’j-o es’f/jiàjv, Tcôv Tfj ; yfjç oXtov ovtojv y.al Trj ; [jOp|jOptô80-j ; îXûoç xa ; aîaOr^aE’oç, -J. ypri -Epi Trjç Iko-.r^-oi SûyE ?ov i-Evo ; x£vir)ç^ eÇ ÈJtayyE^iaç çuELarj ; Trpo’TEpov xa ; xap-ôç e’j/^ ; ’-Epo ; ÎEpwv yEvvT|TOpf’)v ojar, ;, r^v t6 rivsïijLa -o ayiov vi, 7 : idŒV Su-Xaac xa ; È-a’.oâywyrjaE. In Dormitionem Dciparse, édité à la fin des homélies de Théophane Kéramcus par G. Palamas : HEoçavoO ; -qXi Kzpaij-Éojç’rj’xù.[a.<. eiî EjayyÉÀ’.a x’jpiaxà xa ; ÉopTa ; to3 oÀo-j Evia-j-roO, Jérusalem, 1860, p. 272. Phournés, on le voit, met clairement en relation l’impeccabilité de Marie et son exemption de la concupiscence avec sa sainteté originelle, due à une intervention spéciale de Dieu. Marie n’est pas, comme nous, de la terre et du limon fangeux. Sa naissance a été sainte. Elle est le fruit sacré de la prière.

C’est par l’exemption de la tare originelle que le même orateur explique le privilège de l’assomption glorieuse, dont la mère de Dieu a été l’objet : « Dès l’origine, dit-il, les deux corps de nos premiers parents devinrent la proie de la corruption, à cause de la transgression qui causa leur chute ; d’eux le virus mortel de cette corruption s’est transmis à nous tous. Voilà pourquoi maintenant, pour la première fois, deux corps, secouant la corruption, sont devenus les prémices de l’incorruptibilité que nous attendons, » o-.à toOto xa ; yjv 8’JO ao’jiiaTa rrpohw ; -r{^ çOopàv àTCOT’.vaçâiiEva, à-apyT] Tr, ; ÈÀ-iro[j. ; vïj ; àcpflaptjîa ; ysyôvaai. Ihid, , p. 273. Adam et Eve pèchent, et leurs corps subissent les premiers le châtiment qui va atteindre leur postérité. Jésus et Marie, parce qu’ils n’ont jamais péché, parce qu’ils n’ont aucune part à la faute originelle, échappent au châtiment qui accompagne cette faute, et leurs corps sont les premiers à revêtir l’incorruptibilité. Jésus et Marie forment donc un groupe à part dans l’humanité. Lui est le nouvel Adam ; elle est l’Eve nouvelle. Tout comme le premier Adam et la première Eve présidaient à l’humanité déchue, ainsi eux deux sont à la tête de l’humanité renouvelée^ qui vit dans l’espoir de l’immortalité glorieuse.