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IMMACULEE CONCEPTfON


    1. SIÈCLE##


SIÈCLE. — La consommation du schisme entre l’Église romaine et l’Église grecque sous Michel Cérulaire n’exerça aucune influence immédiate sur le développement de la théologie mariale chez les byzantins. Cette théologie continua sa marche pacifique jusqu’à la chute de Constantinople. C’est à peine si, à partir du xiYe siècle, le contact de la théologie occidentale l’oblige à préciser ses termes, et si l’on devine comme une influence de l’école dominicaine sur la pensée de deux ou trois auteurs. Autant que nous pouvons en juger, les byzantins restèrent à peu près étrangers à la célèbre controverse qui mit aux prises, en Occident, les flls de saint François et ceux de saint Dominique, à propos du privilège mariai.

1° Théologiens des.T/ « , sii<= et xiii’e siècles. — Le premier panégyriste de l’immaculée que nous rencontrons autour de Michel Cérulaire est son ami intermittent, le célèbre polygraphe Michel Psellos († 119 ?), qui fut théologien à ses heures. Il nous reste de lui un discours encore inédit sur l’annonciation, qui se trouve dans le cod. 1630 du fonds grec, à la Bibliothèque nationale de Paris, xiV siècle, fol. 240-244. Commentant la salutation angélique et développant le parallèle classique entre Eve et Marie, Psellos écrit : « L’ange ajoute : Tu es bénie entre les femmes. L’expression fait pendant à la malédiclion, puisque la Vierge est introduite à la place d’Eve, comme Dieu à la place d’Adam. De même qu’au paradis, la transgression fut suivie de la malédiction, de même ici, la bénédiction s’attache à l’obéissance. Et jusqu’à la Vierge, notre race a hérité sans interruption de la malédiction de la première mère. Puis la digue contre le torrent a été construite, et c’est la Vierge qui est devenue le rempart qui a arrêté le déluge des maux. Bénie es-tu parmi les femmes, toi qui n’as ni goûté de l’arbre de la science ni transgressé le commandement, mais qui as été déifiée, et qui as déifié notre race, » La : |j.cu.£vr|7.£ |j. : /s’. Tr, ; -apOÉvoj toû’to oy, to yivoç y.Ar, f ovo|j.oCiv it^’i aoàv

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Lal li-^o’ii’/ è~.T£ ; "/t3ULa f, -apGévo ; Tf| ; tûv y.T.y.ihPcr. : ’LJiiy, .)vJL0Yr| ; j.5vi) OJ èv y’J*’?^"’K [J-Vs toj çjXoj vE-j^aaivr) -f, i vv(j’)a=f.)ç, [xr[xi ::apa6âŒa Tr, v £v : oLr, v, f) ajTrj T£ OifoOai’^a zaî TO y£vo ? O^t’iiaioc. Loc. cil., fol. 242-243.

C’est bien de rexeinplion de la faute originelle que parle ici Psellos. Notons aussi cet autre passage sur l’absolue pureté et sainteté de la Vierge : « Loin de contracter tpiclque impureté de son union avec la matière, l’âme de Marie conununifpiait à son corps une beauté toute spirituelle. Seule entre toutes les Ames humaines, cette âme brillait dans son corps immaculé connue une splendeur i-élestc. I-^lle le contenait plutot qu’elle n’était contenue par lui. et lui conununiquait son propre éclat, plongée qu’elle était tout entière en Dieu. On aurait dit un dieu avec un corps, ij.fjvi, yàp a^Tr, ; rj OcOc’.oîjtoctti’ij’/ï), )7~ep T’.ç’j’jÇT/ix r"’iXr], -iï> ày.T, paT(|> £L£ ; v(i) i~i’xj.~t Sfôaati, fol. 241. Ce corps immaculé de la Vierge fut, du reste, formé de la plus piire substance des éléments et préparé pour être le sanctuaire de l’âme, » to £Z£ ; vT, ; gcô’jia 5I. zps’TTOvoç tt, ; tiôv z-.O’./ ibn’i oùjt’a ; Tj|x-c-r|XTa’., za’. utiT.i^j [iwi x’rj-.iri ttJ’-fJ/f, ’Lt’iaxEÛiiTa’. . Ihid. Comme les autres théologiens de Hyzance, notre orateur n’ignore pas <iue Marie a été l’objet, au moment de l’incarnation du Verbe, d’une certaine purification ; mais, comme eux, il l’enlend d’un surcroît de grâce et de lustre surnaturel donné à son unie par les irradiations de l’Hsprit-Saint, ày.at^ov tijv « J71v ajTf, ;, ’vix |j.âLXov’i'7-.’A’lfr^ Lai -p’J ; Grooi/TiV Toj A’iyoj TriXi-jvï-jTEpa’^-Tf " affirme positivement que, bien avant le salut de l’ange, la Vierge était remplie de la grâce de Dieu, Lî/apiT’oTo y » P "àÀatt, ciXj) rpoixyax3’.[j.6VTi Weo). Il va même jusqu’à lui

accorder la jouissance de la vision béatiliquc antérieurement à la conception de Jésus, ûrÈp -à iJspaç ;

j., L%
-piv ï] 3jÀÀao£tv, ôpùijx (-)cOv.

Jean Mauropus, métropolite d’Euchaïte, qui paraît avoir vécu dans la seconde moitié du xie siècle, a laissé un long discours sur l’Assomption, publié par A. Bal-Icrini, op. cit., t. ii, p. 549-G02. Plusieurs passages de cet écrit montrent que son auteur se faisait de la sainteté de Marie la même idée que les théologiens antérieurs et contemporains. Il dit, d’une part, que, grâce à Marie, « nous ne sommes plus soumis aux châtiments originels, que nous ne sommes plus les esclaves de la malédiction et de la corruption et que la mort n’a plus d’empire sur nous, » Ballerini, op. cit., p. 600, et de l’autre, il appelle Marie l’immortelle, rj àOava-oç, les prémices de la vie, f, à-ap/r ; -f, ; T’of ;  ;, la noblesse originelle, le type idéal de la nature humaine, f, tou yivo’j ; £j-|’£V£’.a, le produit excellent de la création et le fruit magnifique du monde, r, £jçop(a ttjç y.-’.'jZ’Mz, TO |J.£ya yj y.oiwj y£’opyiov, la beauté incomparable de l’univers, -Cyt iv Loa ; ji.t.) to LaÀÀ’.axov. Parlant de sa mort, il s’écrie : « Non, la terre ne saurait retenir ce qui est céleste, ni la corruption entamer ce qui est immaculé. Aussi le corps tout incorruptible de la Vierge se réunit sans retard à son âme tout immaculée, » oj yàp rJveyLEv f] yfj to o’jpâviov o’jo’f| oOopà TO àLr[paTOv. "EvO£v toi i|uyriv oÀw ; aij.’.> ; j.ov oXm ; xsOxpTOv ctou.a u.£Tao’.fôL£ ;. Ibid., p. 577. Qu’on remarque que, dans ce dernier passage, l’exemption de la corruption du tombeau, de ce fruit du péché originel, est mise en relation avec la pureté immaculée de l’âme et du corps de la Vierge. Comme tant d’autres théologiens. Jean ISIauropus admet en ]SIarie une augmentation de sainteté, au moment de l’incarnation du Verbe : « Par la voix de l’ange, Dieu la proclame bénie et pleine de grâce. Hénie, pleine de grâce, elle l’était déjà ; elle va l’être davantage sur l’heure, » îJÀoyrjiAÉvrjV ts -poj£17 : (ov y.a L£y_aptffi)[Ji£vrjV y.aXîia ; Tr, ’/ zaî r^po-jnîp/ouaav Taixa La ; -apaypfjaa -Àiov j-otpfojjav. Ibid., p. 5(52.

C’est vraisemblablement aussi vers la fin du xie siècle qu’a vécu ce.lacques le Moine dont.. Ballerini a publié cinq homélies mariales, en plus de celle qu’avait déjà éditée Combefis, P. G., t. cxxvii, col. 543-700. C’est un écrivain diffus et sans originalité, qui s’est beaucoup inspiré de ses devanciers, particulièrement de Georges de Nicomédie. On trouve chez lui à peu jjrès tous les lieux communs de la rhétoritiuc mariale. Signalons les expressions qui insinuent ou supposent la sainteté originelle de Marie. (>elle-ci est appelée r, à-£ ; poLaLo ;, ’r, à-£’; paTo : LaLiaç, celle qui a ignoré le mal et le péché. In Deiparæ Visit., loc. cit., col. (505 ; In Annunt., col. 049. Dieu a conservé sa servante à l’abri de tout reproche et de toute condamnation, àzaTâyvoaTov t7 ; v oi’Lét’.v csoj oi£Trjp7-, aaç. In Visil., col. 005. l-^lle embellit la laideur de la nature, et fait disparaître par sa maternité l’ignominie que cette nature tient de la transgression originelle, aiiTr, to àLa/, À£ç i^LoiXh » -iXii ttj ; çùgimç, y.ai -r)v èz -apa^aii’-i ; r : poiy£vo|jL£VY|V àooçiav -t^i oiV.êt’w SoÇâtct Toz » ;). Ibid., col. 681. Elle est les prémices, les seules prémices du genre humain, les iirémiccs de la bénédiction. / ; Tr, : sJXoyiaç i-T-V/r], In Visit., col. 081 ; cf. col. 504 ; le rejeton verdoyant et non dégénéré de notre race, le seul rejeton qui ait été l’objet d’un amour souverain, r ; EJIaLri ; -apasjiç, f, £jy : vf, ç jraçaiuàç Toj yivoj ; to [j.O’/ov Tf, ; ^J^E ».) ; î)-£pT|yazT|a£vov [iXi^Trjjjia, In Nalivit., col. 58 » ; In Prwscnl., col’. 028, 029 ; ’la source non bourbeuse, f, àOoPoToç "TiyT, ’. In Visil., col. 677..Sa beauté n’a pas été altérée. Tr, v àvoOsuTov rîp’.L-iu.Évr| rlipaioTTiTa. In yativ., col. 589. La concupiscence n’a eu aucune prise sur elle, et l’nmour divin a progressé en elle parallèlement à la croissance