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IMMACULEE CONCEPTION


elle n’avait que la sainteté imparfaite des justes de l’ancienne loi, sainteté qui excluait, du reste, la persistance du péché originel. Que, dès sa conception, la future mère deDieu ait été exempte dece péché, c’est ce qui ressort assez clairement du passage suivant :

« Anne, c’est la grâce non pas seulement de nom, mais

surtout de fait. Elle est le trésor de toutes les grâces divines, en tant qu’elle a donné naissance à la source des grâces, tV, '/ -t^fr, '/ -oiv /apÎTfov, et qu’elle a arrêté en elle-même les torrents de l’iniquité, et déversé sur le monde des fleuves de parfums, » xa : /îiaascouç a : /

v xù'f^ T'^î y.aL'.'x : àvaiTi'.Àaaaaa, cÙmo ; x ; 5 : -OTajJ-ojç

i-i zacav ::Xïi ; j. ; j.jpo3c ; a tï, '/ yt, I. Ibid., col. 21. Que peuvent bien signifier ces torrents de l’iniquité, auxquels Anne a opposé une digue « en elle-même » en devenant mère de celle qui est la source de toutes les grâces ? N’est-ce point là un langage imagé pour (lire que la fdle d’Anne a été préservée, dés sa conceplion dans le sein maternel, de la corruption originelle'? Cette interprétation nous paraît la seule acceptable. Elle est, d’ailleurs, suggérée par plusieurs autres expressions du même discours. Marie est appelée la fille de Dieu, Oso-a'. :, à plusieurs reprises. Elle a été conçue dans un sein stérile plus par la force de la promesse de Dieu que par l’action de la nature, -m j-r/iT.- : -TiÇ £-ayy ; À ; a ; toj Oîoîi aàÀLov r| Tto Ào’yio "fj ; « ûjzt : £v -ff cT= ; p)- :  ; 7.^ a’jXXrjçOîïia x.a ; Ljoçocï|Oi'.cra yaaTo ;. Ibid., coi. 24. Elle est un don parfait et tout aimable, qui vient du Père des lumières et qui manifeste déjà quelfpic chose de sa gloire future, col. 2.5 Sa conception revêt, dès le début, un caractère extraordinaire et son entrée dans la vie est nouvelle, f, aJÀÀr|'} ; ç êùOJ ; ÇivT) y.7.1 il ~fo : "ov |3ov a.ù-f] ; Et’aooo ; xaivo-oî-rir, col. 17. Elle est l’enfant toute belle, la beauté de Jacob que Dieu a chérie, le trésor très saint du Saint-Esprit, le remède qui a chassé la tristesse originelle. La malédiction de nos premiers parents, sous laquelle tombait tout le genre humain, c’est elle qui l’a fait disparaître, -o -/]? àp/sydvoj Àj-v, ; àvaipjtîzov çâiaay.ov ÈÇXa’iTriJSv ko-r OTt -f, : -poyov ! L?, ; àoà ;, r, -iv T’j Jîpo’Tj'.ov j-r)-i~-iyLz'. yivoç f, àçâviai ; -âoî^t !, col. 17. Comment, dès lors, admettre que cette malédiction l’ait atteinte elle-même'? Si Nicétas n’apparaissait pas au n)ilieu de contemporains qui ont parlé plus clairement que lui, sa véritable pensée pourrait rester douteuse pour)ious ; mais comme il est entouré de toute part de partisans avérés du privilège de Marie, il nous est permis de donner à ses expressions un peu vagues une signification en harmonie avec le contexte du niilieu historique où il vivait.

Parmi les conlemporains de Nicétas se trouve l’empereur Léon le Sage († 911), dont nous jiossédons quatre homélies mariales pour les fêtes de la Nativité, de la Présentation, de r.Vnnonciation et de la Dormition. Dans l’homélie sur la Présentation nous lisons le passage suivant : « Quelle est celle, s'écrie l’impérial orateur, qui s'élève comme un Us au milieu des épines de l’humaine malice"? Quelles sont ces prémices insolites, ces prémices de toutes les plus précieuses'? Voici que notre terre, qui ne produisait que des épines à cause de la malédiction, devient maintenant fructifère. A celui qui la rend fertile elle présente avec actions de grâces, comme prémices d’un grand prix, un fruit qui n’a pohit l’amcrtumecoutumière, mais les saveurs de la bénédiction. C.v fruit, c’est Marie ; c’est elle qui a été choisie))our l'épouse magnifique du Monogène, -i ; l’j'.i^ f, àvaTcXXo-jaa lo ; y.p ; vov iv 'J-iit'} oixavOiôv -r^^ 'i’A)^ji'>~vir^i Jv zazia lî'jy/ûsa’oç… '.pT ! yip f, otàxaTâsav izavOoso’pfj ;. rpo ; T<i£jçopciv u. : Ta|5a>, oC(7a xï' ! v.iz, T.r)'i biv^v.pii% oj Y.r-.y. tt-, v ouvrîOr, z'-zp-'av, àXXi y).'jr.a7[ji(>v eùXoyîa ; vj.^%V)WXj., ô> ; "£vt'. ; j.ov irapyr, '/ vr/rpiaïoC ^a T » îî xapTTooôtt) çipst. In B. Mariæ Præsenin DicT. ni : Tiif ; oi, . cathoi, .

lioncm, P. G., t. cvii, col. 12. Ce passage peut sa passer de commentaire.il dit clairement que Marie n’est point tombée sous la malédiction primitive, qu’elle a été un fruit de bénédiction plein de suavité, où l’on ne trouve rien de l’amertume du péché et qui méritait bien d'être offert à Dieu comme prémices de notre nature. C’est aussi une fleur. C’est le lis au milieu des épines, dont nous ont déjà parlé plusieurs écrivains byzantins.

Dans une homélie pour la Noël, Léon affirme que la Vierge est la seule bénie parmi toutes les femmes, que par elle nous avons été délivrés du triste héritage de nos premiers parents, et qu’elle nous a laissé un héritage de bénédiction, fj aôvri âv yuvaiEtv c’JXoyTi(i.£vr ;. In Christi natalem, ibid., col. 40. Enfin l’homélie sur la Dormition achève de nous révéler la pensée du basileus. Il se demande avec étonnement pourquoi celle qui a arraché le genre humain à la mort a voulu « entrer en relation » avec elle, et il n’en trouve pas d’autre raison que celle-ci : « Il ne fallait pas que tout en celle qui est la cause de notre restauration fût innovation, de peur que son origine humaine ne devînt une énigme, » iva ixr) to "âvta xaivoTOUîïv t^iV ipûatv -^5 Tjyyîvîiaç y "ly.'^-r -. : I. :. In B. Muriæ Assumptionem, col. 160.

Saint Euthymc, patriarche de Constantinople († 917), est l’auteur de deux homélies mariales, dont la i'" fut composée pour la fête de la Conception d’Anne et se trouve dans le Cod. laudianus 69 de la Bodléicnne, fol. 122-126, qui est du xie siècle, et la 11'^ est consacrée à la fête de la ceinture de la Vierge et des langes du Seigneur. De cette dernière Lipomaïuis fit paraître une traduction latine dans le t. vi de son De vitis sanctorum, p. 217-219. reproduite dans P. G., t. cxxxi, col. 12431250, en la mettant sous le nom d’Euthyme Zigabène. Nous en avons trouvé le texte original dans le cod. Vatic. gnvciis 1671, qui est du x*e siècle, contemporain, par conséquent, de l’auteur de l’homélie. A l’exemple de Jean d’Eubée, Euthyme parle d’une intervention spéciale des trois personnes divines pour préparer au Fils de Dieu une mère digne de lui. Au jour de la conception d’Anne, le Père, par le concours de Joachim et d’Anne, façonne pour son Fils unique une mère sur la terre. Le Verbe se prépare une demeure, un trône, un lit de repos, une chair pure et immaculée, /z ! Txpza zaOaçxv za ; àaôXjv-ov. Au même jour, le Saint-Esprit fait briller sa lumière aux yeux de l’humanité, à laquelle il redonne la vie, qu’il délivre de la grande infection (du péché, évidemment), et qu’il remplit d’une joie immense et du parfum de la grâce, za ! aîyia- : /, : 0'jj(i)ô ; ï ; iXrjOspwaav. L’orateur parle ensuite de la chute de nos » remiers parents, qui a entraîné celle de leur descendance. Il nous fait assister au conseil divin qui décrète l’incarnation du Verbe ; mais avant de réaliser ce dessein, avant de descendre sur la terre pour relever sa créature déchue, le Fils de Dieu commence par se préparer une demeure toute brillante, un palais magnifique, un tabernacle très pur et très saint d’un.sang pur, immaculé et illustre : « Ce taliernacle c’est aujourd’hui, ô mystère ! qu’il le construit, le façonne, le sanctifie pleinement et le confie à la race élue entre toutes les générations, aux descendants de David et de Jcssé, à Joachim et Anne, couple illustre et rempli de piété, » L%' : toÛTo arijj.spov, [JaÇa ; tciu ; j.u3TT|P'>j’j, -XaiT’i’jpy ;  ! xai SiaTiXâTTEi Y.nÀ LaOayiirîi zat r.i’ji/zx xr, iLX£Xiy|j. : vr| iI. ra-ïtôv yivEwv sjXt ;. Nous avons bien là l’anirmation de la iileine sanctification <le Marie / ; i primo inslnnli ronccplionis,

La même <loclrine se retrouve, mais avec moins de relief, dans l’homélie sur la ceinture de la Vierge. La sainte Théolocos est élevée au-dessus de toute créature visible et invisible ; elle est la pure, l’immaculée, l’innocente, la toute irréprochable et toute belle

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