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IMMACULÉE CONCEPTION


Dans ce passage, on le voit, Photius a condense toute la doctrine de l’immaculée conception. Marie a été l’objet d’une prédestination spéciale. Elle a été choisie avant sa naissance, parmi toutes les générations humaines, pour être l’épouse du créateur, la mère du Verbe. Loin d’avoir été souillée par la tache originelle, elle embellit de sa propre beauté la nature humaine, privée de sa forme divine et maculée par le péché de nos premiers parents. Elle est la fille immaculée de notre race, le chef-d’œuvre que Dieu a taillé de ses ]iropres mains. Elle a ignoré les mouvements désordonnés de la concupiscence, gui sont une suitedu péché originel. Tout entière possédée du divin amour, son âme avait sur elle-même et sur le corps cette maîtrise parfaite qui était un des privilèges de l’état d’innocence. Aussi n’a-t-elle jamais commis de péché actuel, et sa sainteté acquise est allée de progrès en progrès.

Les mêmes idées se retrouvent en maints autres endroits de cette ii^ homélie sur l’Annonciation, de la I" sur le même sujet, et de l’homélie sur la Nativité. Détachons de cette dernière pièce le passage suivant, qui souligne la raison profonde du privilège de la mère (le Dieu : « L’incarnation était, en effet, le seul moyen ]>our le Fils de Dieu de devenir fils de l’homme. Mais l’incarnation suppose la naissance ; la naissance est le terme de la conception et de la gestation. L’une et l’autre exigent une mère. C’est pourquoi il fallait que sur terre une mère fût préparée au créateur pour refaçonncr ce qui avait été brisé ; et cette mère devait être vierge, afin que, comme le premier homme avait été formé d’une terre vierge, de même un sein vierge fût l’instrument de la réformation, et que fût écartée de l’enfantement du créateur toute idée de plaisir, même de celui qui est légitime… Mais quelle femme était digne de devenir la mère de Dieu et de prêter une chair à celui qui enrichit l’univers ? Pas une autre que celle qui naît aujourd’hui miraculeusement de Joachim et d’Anne, j IbicL, p. 348.

Expliquant les paroles de l’ange à Marie : « Tu as trouvé grâce devant Diru, » Photius écrit : « La Vierge a trouvé grâce auprès de Dieu, parce qu’elle s’est rendue digne du créateur, parce qu’en ornant son âme de la beauté de la chasteté, elle a préparé au Verbe un séjour tout désirable. Elle a trouvé grâce auprès de Dieu, non seulement parce qu’elle a conservé une virginité immaculée, mais aussi parce (lu’elle a, en même temps, conservé sans tache sa xolonlé ; parcc que, dès saformation dans le sein maternel, clic fut pleinement sanctifiée pour être le temple vivant de Dieu, temple tout d’une pièce, construit pour le roi de gloire, » ’;  :  ; ’, J ; joyov ->, / -a^oŒviav ï/f.9[VT0v ôcETrlpriUcV, iLÀà’» y-cti "V’-foat’cc’S'.y àu.ôî.uv : ’, '/

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zai oÀâÇéuTOç, -m f ; o(3 ; I. ; ï -f, i So’Çt, ; o ; V.ooo|Ar/j|j.£vo ;. HomiL, I, in Anmwt., ibid., p. 230. On remarquera la gradation clabl’c par Pholius ; de la virpinilé du corps il passe à la virginité volontaire de l’âme, à la sainteté acquise ; de celle-ci il remonte ; i la sainteté passive, à la sanctification reçue par Marie

I. ]ioEXf, -j ;, c’est-à-dire dès sa formation dans le sein

maternel, dès sa conception. On sait, en effet, que le mot ^ç : ioç, dans son sens premier, désigne l’enfant dans le sein maternel.

La coopération de Marie à l’oeuvre de la rédemption est exprimée en termes particulièrement énergiques dans les homélies photiennes. Marie a frappé le péché de stérilité, -r, ; 7.-n.y.ii ; r, a-rEîO’ociç. In Nativil., ibtd., p. 334. Elle a réparé la défaite originelle, tt, ; jva^y.ctïç raça-t’ôi-’.iç àv ; /7/, : ’ifi) to T".r, ’17.. IlomH., , in Annunt., p. 244. Par elle le diable a été vaincu et foulé aux pieds, l’amère sentence portée contre le fienre humain a été levée : /iïçe, y.Ê/apiffujj.Evrj, ôt’r, ; t, -iKoà y.ai-’a. Toi vî’vr/j ; rr.ùzxi ::;  : <'> fKsr.ij.’}<j.i~t iSyv oûv,

EJay-j’jLifov à-aÀE : çîTa :. HomiL, il, in Annunl., p. 379.

Notons enfin que, dans une homélie sur l’Hypapante, Photius rejette expressément l’exégèse d’Origène et de ceux qui l’ont suivi, sur le glaive qui transperça l’âme de Marie au pied de la croix : ô lAÉvTot /, OYo ; Xiydjv ôoaçaîav cfj’f^i "cfjV t{PjyT ; v âE auoioSXtac S’.eXOcÏv, tiji arj-ooùx eIV] t)£oç ô aTaupoûu.£voç, E-’xot’! -rtc’.v ÈpoTiOri. àX), ’oùx oiv èiao ! ^Tf^ii-t. Aristarchis, op. cit., t. I, p. 185. Pour lui, il trouve également recevables et l’opinion de ceux qui entendent le glaive, de la douleur que ressentit Marie de la mort de son Fils, et celle de ceux qui y voient une allusion aux angoisses causées par la perte de Jésus enfant.

Georges, métropolite de Nicomédie, ami intime de Photius et chaud partisan de son schisme, fut un prédicateur particulièrement fécond. Cn possède de lui 170 homélies, dont une dizaine seulement ont étépubliées. Ces dernières, à l’exception d’une seule, célèbrent toutes la Vierge Marie. Les trois homélies sur la Présentation au temple sont particulièrement importantes pour le sujet qui nous occupe. L’orateur enseigne que non seulement Marie était pleine de grâce antérieurement à sa présentation au temple, HomiL, iii, in Præscniaiiomm, P. G., t. c, col. 1453, mais encore que cette sainteté fut aussi ancienne qu’elle-même : « Marie est, en effet, les prémices magnifiques que la nature humaine a offertes au créateur, prémices vraiment dignes de Dieu, plus saintes et plus pures que ce qu’il y a en nous de plus pur. Notre sainteté ne peut, en aucune manière, être comparée à sa sainteté ineffable et immaculée. » Ibid., col. 1444. La Vierge est la reine qui se tient à la dioite du roi. Elle est belle par nature ; point de tache en elle, v (osai’a TT ; ç’ja ;  ;, xa ; [j.ov/O’j à’/î-iovL-oç. Elle est la véritable fontaine scellée, dont les eaux très pures arrosent l : i terre. On n’a pu surprendre dans sa limpidité le moindre vestige du limon bourbeux. Elle donne naissance au fleuve des grâces qui fait le tour de la terre, Év T|’f, ; £7 :  ; 00Àrjûoï| ;  ! L’jrjç o-jy. ÈSf.ipaOr, Àstdavov. / ; t Prsesent., ii, col. 1425. Elle a été inaccessible à la concupiscence sous toutes ses formes ; elle a été absolument impeccable. L’aliment céleste qu’elle recevait dans le temple n’opérait pas pour elle la purification des péchés, car elle n’avait point de péchés ; elle était pure et indemne de toute souillure. xaOapà T.-’-jaa xai flùo ; ) ; i-aoY, ; àvEvÔ£T, ç. In Pra-scnt., ni, col. 1448, 1449. Cette absolue pureté de l’âme rejaillissait sur le corps lui-même. Marie a ignoré certaines misères physiologiques qui font rougir les filles d’Eve pécheresse, lorsqu’elles arrivent à l’âge adulte. Aussi les Juifs auraient-ils pu la laisser dans le temple, même après qu’elle eut atteint l’âge de puberté, et faire en sa faveur une exception à la loi. Ibid., col. 1452. C’est par elle, l’immaculée, que l’image de Dieu, qui avait été défigurée par le péché, a recouvré son ancienne beauté. Elle est la médiatrice <le notre régénération et la cause de notre réformation. In Prir^rnt., , co]. 141{i. Toutes ces expressions sufiisent à montrer que Georges de Nicomédie partageait la doctrine de son ami Photius sur la perpétuelle et parfaite sainteté de la niêre de Dieu.

Parmi les personnages c|in jouèrent un rôle important dans l’affaire de Pholius, se trouve le moine byzantin Théognoste, ami fidèle du patriarche Ignace et défenseur dévoué de sa cause. Les écrits qui nous restent de lui se réduisent â fort peu de chose. Parmi ceux-ci se trouve une homélie pour la fêle de la Dormition renfermée dans le cod. 763 du fonds grecde la Bibliothèque nationale de Paris, du’siècle, fol. 8-11. Cette pièce débute par im magnifique passage sur la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu, demeuré jusqu’ici inaperçu. Après une phrase banale, disant que les discours les plus agréables à entendre sont