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IMMACULÉE CONCEPTION


depitidpour notre nature déchue, toj kylir^utr.v/o-j Viaojv oX’.jOrJ’j.aTor, (le son libre mouvenænt, par la volonté de Dieu qui l’a engendré et avec le divin agrément de l’Esprit…, est descendu vers notre bassesse… et que, pénétrant dans le sein tout éclatant de virginale pureté de Marie, la sainte, la radieuse Vierge, pleine d’tine divine sagesse et exempte de toute souillure du corps, de l’âme et de l’esprit, Lai -ivto ; AvJtipoi :

j.oÀja ; j.aTo ; To-j t£ xiTa c7(j)|j.a La ; ’i’jy/, v zaî Z’.VKf.r-i,

il s’est incarné, lui l’incorporel… Il a voulu devenir homme pour purifier le semblable par le semblalile, le frère par le frère… Voilà pourquoi, oii -ryj-o, une Vierge sainte est choisie ; elle est sanctifiée dans son âme et dans son corps, La ! cjoi’j.i Lai’^j/r, / xytâÇsta’. ; et parce qu’elle est pure, chaste et immaculée, elle devient la coopératrice de l’iacamation du créateur, Lxl o-j-.ftz, -j-’yjo^fzï t^ nay/Mizi -rrj x-rî^avToç toç zaOapà Lai â-yn] xai àaoÀjvTo ;. » Epiât, synodica ad Sergium, P. G., ’t. cit., col. 3160-3161. Dans ce passage, saint Sophrone, qui, nous le savons, considérait ! e péché originel comme une souillure, ne se contente pas d’afBrmer que Marie a été exempte de toute souillure du corps, de l’âme et de l’esprit, ni de parler de l’action de Dieu, qui l’a sanctifiée dans son âme et dans son corps ; il indiqua aussi la raison profonde de cette pureté immaculée : Parce que le Verbe voulait purifier la nature humaine par cette nature même, il fallait de toute nécessité que l’instrument et l’auxiliaire de la purification fût lui-même indemne de toute tache. Voilà pourquoi une Vierge immaculée est choisie ; voilà pourquoi elle est sanctifiée. Ce que Sophrone ne dit pas explicitement, c’est le moment de cette sanctification. L’homélie sur l’Annonciation va nous donner de nouvelles précisions. Dans ce morceau aux belles envolées oratoires, Marie est d’abord déclarée sainte et immaculée avant la descente de l’Esprit-Saint, qui l’a rendue féconde : « L’Esprit-Saint va descendre sur toi, l’immaculée, lui dit l’ange, pour te rendre plus pure et te donner la vertu fécondante rivi’jij.x x-r.oy i-i cri, Tr]v àjJtôXuvTov, y.ixzi’Ji, x.aQapf^Tipav a3 7 : oit]JO|j. : vov. » Loc. cit., col. 3273. En expliquant la parole de l’ange : » Tu as trouvé grâce devant Dieu, » l’orateur fait allusion à une purification préalable, unique en son genre, dont la Vierge a été l’objet, purification qui n’est pas l’augmentation de sainteté reçue au jour de l’annonciation : « Tu as trouvé auprès de Dieu une grâce immortelle ; tu as trouvé auprès de Dieu une grâce d’un éclat souverain ; tu as trouvé auprès de Dieu une grâce immuable, une grâce éternelle. Beaucoup de saints ont paru avant toi, mais aucun n’a été rempli de grâce comme toi, oùSsi ; xa-à as x£-/apt’j)Ta !  ; aucun n’a été béatifié comme toi ; aucun n’a été pleinement sanctifié comme toi, oJOîi ; xaii a ; xaÔriyiajTa’. ; aucun n’a été exalté comme toi. Comme toi aucun n’a été purifié à l’avance, o’joî !  ; y.a-x i TrpoxsxaOaoxau.. Aucun n’a été aussi enrichi que toi des dons divins ; aucun n’a reçu la grâce dans la même mesure que toi… Les dons que Dieu a répartis à tous les hommes sont inférieurs à ce que tu as reçu. » Ibid., col. 3246-3247. Nous ne croyons pas fausser la penséedesaintSophrone en voyant dans la purification préalable, unique en son genre, qu’il attribue à Marie, l’équivalent exact de la préservation de la tache originelle dont parle la définition de Pie IX. Cette purification préalable elle-même a pour synonyme la pleine sanctification, xaOriytaa-a ;, également unique, dont la Vierge a été l’objet Sur la fin de son homélie, l’orateur, du reste, nous livre sa pensée d’une manière encore plus claire : « Le second Adam ayant pris la terre vierge et s’étant donné à lui-même une forme nouvelle à la ressemblance humaine, établit pour Ihumainté un second commencement, renouvelant la vétusté du premier, s’t ôî’jTôoo ?’Aoà ; j. -rviV T.xçJlvPrj yV’~po<iÀa, jô ; jL£vo ;, ava ; xoc.S61’ja ; iauTOV avOptD-ivto -t’o t/t, ’j.7.- :, ojuT-’cav àp/riv -r, àvOp’)7 : ô- : r|- : ’. -.’Mz-.x :. ïbid., col. 3285. Le premier Adam a été formé de la terre vierge, encore immaculée, encore non maudite. Le second Adam, qui établit pour l’humanité un nouveau commencement, est aussi formé de la terre vierge, t/, ’/ napOévov yr ; v, c’est-à-dire de la Vierge immaculée, restée étrangère à la vétusté de la première humanité. Tout doit être nouveau pour le nouveau commencement qu’inaugure le nouvel Adam.

Inutile, après cela, de relever dans l’homélie de notre orateur les nombreu.x passa.ges où il exalte la pureté et la sainteté de Marie au-dessus de la pureté de toute créature, ceux aussi où il montre son rôle de corédemptrice, déclarant que « par elle les hommes ont été délivrés de l’antique nialédictio :). » Cf. col. 3237, 3241.

L’idée transcendante qu’il se fait de la sainteté de la mère de Dieu se manifeste encore par l’interprétation qu’il donne de la prophétie du vieillard Sim ?on : Et tuam ipsius animam perlransibit gladius. Il l’entend d’une angoisse et d’une stupeur passagères qui envahirent l’âme de la Vierge au pied de la croix, mais qui n’arrivèrent pas à lui faire douter de la divinité de Jésus ni à lui faire oublier les merveilles de sa maternité divine : Non persistet, ncque omnino in le permanebil gladius itle pertransiens ; nunqaam enim, o Dci maier, in divini ex le conceplus mirœque ex le progenerationis obtivionem addacia jæris. De Hypapante, ibid., col. 3298. A la même époque, Léonce de Neapolis expliquait les paroles de Siraéon à peu près de la même manière : « A mon avis, dit-il. le glaive fait allusion à l’épreuve passagère qui survint à la sainte Vierge au pied de la croix par la tristesse qu’elle ressentit, n Tr|V £- ! -co^ aTa’jpo-j y ; vO[J.£vr|V -ri âyiz "ap-Oivto o : x xr]i Xj-r] ; ooxLua^iav. Sermo in Symeonem, P. G., t. xcni, col. 1580. C’était déjà l’exégèse d’Abraham d’Éphèse, au milieu du vie siècle. M. Jugie, Abraham dÉphèsc. et ses écrits, Sermon sur l’Hypapante, dans la Byzanlinische Zcitschrift, t. xxii, p. 58. Cf. aussi le pseudo-Cl^rysostome, P. G., t. l, col. 810-811. Timothée, prêtre de Jérusalem, voit dans le glaive qui transperça l’âme de Marie la doulenr qu’elle éprouva de la perte de Jésus arrivé à l’â.ge de douze ans. In Hypapanten, P. G., t. lxxxvi, coI.245. A l’époque où nous sommes arrivés, l’e.xégèse prigéniste prêtant à Marie des doutes positifs sur la divinité de Jésus est décidément écartée.

3° Pères des VU", viii^ et IXe siècles. — A partir du vne siècle, les panégyristes de l’immaculée deviennent plus nombreux et plus explicites. Le premier que nous rencontrons est saint.

dré de Crète († 740). Les ou vrages qui nous restent de lui consistent presque uniquement en sermons et en poésies liturgiques. C’est dans ses huit homélies mariales (quatre sur la Nativité, une sur l’Annonciation, trois sur la Dormition) et dans ses deux canons pour la fête de la Conception d’Anne et pour la fête de la Nativité de Marie, que nous trouvons les multiples expressions de sa croyance à la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu. Sa doctrine peut se résumer dans les propositions suivantes : 1. La conception et la naissance de Marie ont été saintes ; 2. elle est fille de Dieu, ^ ; 6-x ::, à un titre spécial, et Dieu est intervenu d’une manière particulière au moment de sa conception ; 3. elle est les prémices de l’humanité restaurée et reflète en sa personne la beauté primitive ; 4. sa mort a eu une autre cause que celle des autres hommes.

Saint André est le premier témoin irrécusable de l’existence de la fète de la Conception d’. ne dans

l’Église d’Orient. Dans le canon qu’il a composé pour cette solennité, il parle tour à tour de la conception