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IMMACULEE CONCEPTION


commettre une faute. Ses paroles peuvent s’entendre d’une sorte d’angoisse intérieure et de tentation, -avire ; iacviâvOYiiav v.x ! âaaXjjOïj’jav. Ibid., col. 1476.

Chrysippe, prêtre de Jérusalem († 479), dans un sermon sur l’Annonciation, , commente, comme Hésychius, les paroles du ps. cxxxi : Surge Domine, in requiem tuam, tu et arca sanctificadonis lux. Comme lui, il voit dans cette arche la Vierge Marie, mais ce qu’il en dit, loin de favoriser la doctrine de la conception immaculée, paraît, à première vue, en être la négation explicite. Voici le discours qu’il met sur les lèvres du psalmiste : « Levez-vous, Seigneur ; venez au lieu de votre repos. Le lieu de votre repos, c’est la Vierge, c’est son sein, qui deviendra votre lit et votre demeure. Levez-vous, Seigneur, dit le prophète, car si nous ne vous levez pas du sein de votre Père, notre race, qui est tombée autrefois, ne se relèvera pas, - : 7 ; twLciç r.ôXa’. to ysvoç t, ij.wv oùz àvaaTr[aETa[. Levez-vous, vous et l’arche de votre sainteté. Car c’est lorsque vous vous lèverez du sein paternel et que vous scellerez l’arche de votre sainteté, que l’arche, elle aussi, se relèvera avec tous les autres de la chute dans laquelle l’a établie, même elle, la parenté d’Eve, OTOiv yàc Œ’j èy.ïrOsv ÈÇavaCTxàç, -rjv to3 coîj âYiàa[xaTOç -Ltpwuov fftppaytŒr) ;, lôxe. zai f| xtjjwTOç [j.êTà -âvxtov ÈÇavaaTyjJETai âx toO -Ttoij-atoç, èv o) y.(x-i’3-f’ji L7.1 a’jTT]v r, xf^ EJ’a ; auyyÉvEia. » Bibliotheca veterum Patrum, édit. de Fronton le Duc, Paris, 1624. t. ii, p. 426. Chrysippe semble bien soumettre ici la sainte Vierge à la loi commune de la chute originelle. Ce qui est encore plus étonnant, c’est qu’il paraît retarder jusqu’au jour de l’annonciation, jusqu’au moment où le Verbe viendra sceller l’arche par sa présence, la justification de Marie. Mais avant de porter un jugement définitif, écoutons d’autres passages de la même homélie.

C’est encore David qui parle et s’adresse en ces termes à Marie, sa fille : « Écoute, ma fille, regarde et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père, Ps. XLiv, 11 ; car un peuple méchant te déshonore par la proche parenté que tu as.avec lui, ::ovïioo ; yap ae îvao ; èvufiprCs’tfl ay/ ; ’tsîa xr, r.cLz, ’aùxoS, un peuple dépourvu de sens est apparenté à toi, qui es un rejeton irrépréhensible par nature ; et c’est un champ couvert d’épines qui produit ta rose, Àao ; àyvcôrj.ojv TTooTor/EtouTaî CTot Tôj à[A(j’)[j.( ;) (jÀaCTTrlu.axi çûasi, zat to aov ç’jsi po’Sov à/avOoodpfjv yetopyiov. » Op. cit., p. 427. Décidément, Chrysippe est déconcertant. Tout à l’heure, il nous a paru soumettre Marie au péché originel. Ici, il paraît liien l’en exempter, puisqu’il l’appelle a un rejeton irrépréhensil)Ie par nature », t une rose poussée dans un champ d’épines ». Un certain déshonneur rejaillit cependant pour elle du fait qu’elle est fille d’Adam pécheur. Cela fait penser à ce que les théologiens appcllent le debilum remotum ; en vertu de sa naissance par la voie naturelle, Marie devait contracter la faute originelle. Si elle l’a évitée, c’est par un privilège spécial de Dieu. Ce serait donc dans ce sens qu’il faudrait interpréter le premier passage. D’autres expressions de la même homélie nous inclinent à croire que cette interprétation a chance d’être la vraie.

L’orateur appelle, en effet, Marie la tige de Jessé toujours verdoyante, r, àsiôaXïj ; pdtfioo : ’IsaciaL le jardin du Père, la prairie de toute la bonne odeur de l’Esprit, ô Y.f^TZOç o toù natpoç, à XEtij.(I)V oXy) ; tf, ; EjwSîaç ToÙ nv6Ûp.aToç, l’arche dont Dieu a été l’architecte et l’habitant, le pilote et le passager, le compagnon et le conducteur, 7. ; [3tjDXoç rjç ipyttszxwv Lai Evoixo ;, xoflepvrîxT, ; za ! ’e’ij.ropoç, auvoootrôpoç xai ï, ys[j.tov ô Tr, ; xTÎuetDç (l’Kr^ ; Sïijx’.oupyô ;. Surtout, il met en relief la victoire de Marie sur le démon, son rôle de nouvelle Eve : « Comment se fait il, se dit le diable, que la femme qui, à "origine, avait été mon auxiliaire, soit maintenant devenue mon adversaire ? Une femme me prêta son concours pour soumettre le genre humain à ma tjTannie, et c’est une femme qui m’a fait perdre mon empire. L’Eve antique causa mon élévation ; l’Eve nouvelle m’a précipité dans la ruine, /, IvJ’a », -âÀa’.a as x’/j’^'oit y.r : ïi via Lv.-ifjo.’LvK » Op. cit., p. 428. Marie, ajoute Chrysippe, est la plus belle d’entre les femmes, comme Jésus est le plus beau des hommes, ^u-ôl T^ç tooix’.y. : 3v yjva’.çlv 6 wpaVoç zâLAE ! -apà to5 ; ui’j’jç Twv avOp’-ozo^v

Deux autres orateurs de la seconde moitié du ve siècle, Basile de Séleucie et Antipater de Bostra, se font de la sainteté de la Vierge-mère une idée très élevée. Basile appelle Marie la Vierge toute sainte., -avayîa rapOivo :, Homilia in Annunliationcm, 6, P. G., t. Lxxxv, col. 452 ; il l’exalte au-dessus des anges et des saints. Ibid., col. 420, 448. C’est dans son sein immaculé que le décret de condamnation porté à cause du péchéa été déchiré, év r, to -fj ; âu.apxiaç SiEppayr, -/c’pôypaiov (allusion au péché originel), col. 437. Elle est la médiatrice du salut, un temple digne de Dieu, vaoç û-ap/sc ; ovTf.j ; àÇidOsoç, col. 444. Elle est la Vierge enfantant sans malédiction, que Dieu oppose à Eve, àvti -f]ç EJ’a ;, -apQÉvov Popiç zaTapa : (ôSivoucrav. Orat., ni, in Adamum, loc. cit. col. 62.

Pour Antipater de Bostra, Marie est la sainte par excellence, », àyia. In Annuntiationem Deiparee, P. G., ibid., col. 1777, 1784. Marie était sainte au moment où l’ange vint la saluer. La descente du Saint-Esprit lui procura une augmentation de sainteté : ây : a asv ii-apys’. : oeï Se uè yEvÉcrOai àyttoTEpav. « Lorsqu’un menuisier prend un morceau de bois ou lorsqu’un forgeron prend du fer, il le travaille et le purifie encore, pour le rendre plus apte au but artistique qu’il se propose ; de même toi, tu es vierge, sans doute ; mais il faut que tu deviennes plus sainte pour concevoir le Saint. » Ibid., col. 1781. Comme Basile de Séleucie, Antipater met aussi en relief la coopération de Marie à l’œuvre du salut. Elle répare la faute d’Eve, napOs’vo ; — apôÉvo’j avaza).ou]j-£vr| to açaXua, col. 781. Dans son homélie sur saint Jean-Baptiste, il répète la même idée, à plusieurs reprises. Marie est bénie, parce qu’elle apporte la délivrance de la malédiction, EÙXûyr|[j.Évi, r, Tf, ç zatapa ; Tr, v).ja : v [îauTOcÇoucio. Ibid., col. 1776. Mais elle est bénie aussi, parce que son sein a été un temple saint, r, ç ÎEprJv otjtov CT : r, pçcv 7, yaa-rrjp. Ibid. Elle a trouvé la grâce que perdit la première femme, ydr^r/ s’Jpsç, î^v àjrioXsaEv vj zpuTd--XacTTo ; , ccl. 1773.

Contre l’immaculée conception on pourrait objecter les deux passages suivants : o Qui dira que la condaninée est venue, portant le juge dans son sein ? Tiç XéÇct dti-Ep rj zaTtxzp’To ; âXrp.uŒv "e’vSov’s’yousa tov xpt’rjv. Ibid.. col. 1765. Salut, 6 toi qui as été la première et la seule à engendrer un enfant exempt de la malédiction, yaips, T ; -pwTr, xa ! ij.dvT| -xTOuaa ppÉço ; zatâpa ; ÈÀsûŒpov, col. 1772. Mais il ressort, d’après le Contexte, que la condamnée, r, zaTazptTo ;, dont 11 s’agit dans la première aflirmation, est la femme en général ou, si l’on veut, la fille d’Eve la condamnée. Quant à la seconde proposition, elle n’exclut pas, par elle-même, le privilège de Marie ; elle vise avant tout le fait de la conception virginale, qui ferme radicalement la voie au péché originel. Marie, elle, par le fait de sa naissance, reste toujours soumise au debitum remotum. Du reste, les propositions générales ne prouvent rien contre l’exception dont la mère de Dieu a été l’objet. On les trouve sous la plume d’écrivains qui ont explicitement enseigné le privilège mariai

Somme toute, si Basile de Séleucie et Antipater de Bostra ne parlent pas plus clairement de la sainteté