Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/460

Cette page n’a pas encore été corrigée
905
906
IMMACULÉE CONCEPTION


M. Jugie, Abraham d'Éphèse et ses écrits, dans la Byzanlinische Zeiischrijl, t. xxii, p. 41-45. On rencontre encore chez quelques Pères contemporains de la controverse nestorienne des affirmations sur la sainte Vierge qui étonnent notre pieté. La doctrine mariale contenue dans les écrits authentiques de saint Cyrille d’Alexandrie ne dépasse pas celle des Pères grecs du ive siècle. Saint Cyrille prête encore à Marie des doutes et des ignorances sur la résurrection de Jésus, lorsqu’elle le voit crucifié siirle Calvaire. InJoa., XIX. 20-27, P. G., t. Lxxiv, col. CG1-C65 ; Homilia in pccursiim Domini, P. G., t. lxxvii, col. ; In Lucam, P. G., t. Lxxii, col. 505. Voir col. 886 sq. Mais ce sont là des exceptions. Bientôt les docteurs sont unanimes à exalter la parfaite sainteté de la mère de Dieu et à éloigner d’elle toute souillure de l'âme et du corps. En agissant ainsi, du reste, ils n’innovent pas ; ils ne font que se conformer au sentimetit qui a été général dans l'Église dès l’origine et que les opinions particulières de quelques exégètes ne doivent pas obscurcir pour nous.

1 » Pères du Fe siècle. — Chose curieuse, l’adversaire du théolocos, Nestorius, semble soustraire Marie au péché originel. Il affirme d’abord que c’est par elle que la bénédiction et la justification sont arrivées au genre humain, comme c'était par Eve que la malédiction était venue : Diaboliis pcccatiim ex Adam ianqiiam chiroijraphum proferebat, ete divcrso Christus ex carne sine peccato debiti hujns evacuatione nitebatur. Ille condrmnntionem, quæ per Evam adversiis totam naturam procesxerat. relegebat ; Christus vero juslificationcm, quæ per bcalam Mariam generi obvenernt, refcrcbut. Loofs, Nestoriana, Halle. 1905, p. 349. Cette opposition entre Eve et Marie, cette naissance du Christ d’une chair sans péché, méritent déjà d’attirer l’attention. Nestorius continue le parallèle entre les deux mères de l’humanité. La première enfante dans la douleur. Ces douleurs de l’enfantement sont pour les femmes, filles d’Eve, une peine du péché d’origine : Multipliées gemitus in parluritione jeminarum pœna peccati est ; et parère quidem non est maledictum ; non enim benedictio in muledictum daretur ; in trislitia autem parère, hoc ex maledicto illo trahitar post peccatum… In mœrnribus paries plios ; huic sententiæ socium est quod nascitur et quod pcirit, unum corum in mœroribus paricns, alternm vero in mœroribus nascens. Loofs, op. cit., p. 324-325. A la seconde Dieu a préparé un enfantement sans douleur. Marie est la nouvelle mère, mais une mère vierue, que Dieu a donnée à la nature humaine. La condamnation prononcée contre Eve a été détruite par le salut de l’ange à Marie. A Eve les douleurs et les gémissements, fruits du péché ; à Marie la joie, fruit de la grâce dont elle est remplie. Eve enfante des pécheurs dans la tristesse ; le fruit du sein de Marie est béni : Miseralor Dominus non despexil illos fœtus eondemnniDs, scd feminæ in uterum adveniens, vertit in llla maire consueludinem pariendi et mutavit in illa parnium Ifqes (parturitioncs enim sanctæ Virgini immunes a mœroribus præparanerat) et naturo" humanx mnlnm donavit innuptom, non spernens jructus nuptiarnm neque despiciens. Respice omnium harum tristium senirniiarum a Christo praistitam resolutionem : {-.ô) multiplicans mullipticabo trisfitias tuas et gemitus tuos » per hoc solvit, ubi dictum est : Ave, grntia Dei pirna ; (to) in tristitia paries filios, » solvit per id quod scriptum est : Bcncdictus fructus ventris tui. » Ibid., p..326. Cf. M..Jugie. Nestorius, p. 285-286. Ainsi Nestorius exemple explicitement Marie de la peine du péché originel spéciale aux femmes ; d’après lui. Dieu avait préparé à la sainte Vierge un enfantement sans douleur, el c’est elle qu’il a donnée comme mère nouvelle à l’humanité. C’est du reste à Jésus que Marie doit d'échapper à la loi commune ; car c’est par lui qu’est

levée la sentence portée contre la femme : Respice harum tristium sententiarum a Christo præstitam resolutionem ; et c’est l’ange qui annonce à Marie son privilège, en lui disant : Ave, gratia plena. Tout cela n’est sans doute pas aussi clair que nous le désirerions ; mais cela est fort suggestif. Si l’on ne peut affirmer avec certitude que, pour Nestorius, exempter Marie des peines du péché originel équivalait à l’exempter du péché originel lui-même, je ne crois pas qu’on puisse avancer non plus que sûrement cette équivalence n’existait pas dans son esprit.

Nous trouvons quelque chose de plus explicite dans les écrits d’un des principaux membres du concile d'Éphèse, Théodote, évêque d’Ancj’re, en Galatie, qui, malgré son ancienne amitié pour Nestorius, embrassa résolument la cause de l’orthodoxie. On a de lui six homélies, traitant toutes du mystère de l’incarnation. La plus remarquable au point de vue de la doctrine mariologique est celle qui vient la dernière dans la Patrologie grecque de Migne, t. i.xxvii, col. 1418-1432. pnie fut éditée pour la première fois par Combefis dans le t. I de sa Bibliotheca concionatoria, p. 45, en traduction latine seulement. C’est cette édition que reproduit la P. G. de Migne. Nous avons pu consulter le texte grec, qui se trouve dans un manuscrit du xe siècle, le cod. 1171 du fonds grec de la Bibliothèque nationale de Paris, fol. 96 V-ll 7. L’orateur commence par rappeler le récit de la création de l’homme, décrit son état au paradis terrestre et fait un tableau éloquent des tristes suites du péché de nos premiers parents. Ce tableau est complet : perte de la justice originelle r.tTi ; h i ; j.af.T ; a ô sv o ; Latoajvi, ; perte de l’immortalité : -(Tir

v OavaTo) ô Èv àOava^ioc ; perte de l’impassibilité
-(Tj ;

£'/ çOocà ô £v açOapiia ;-oj ; èv a’vjva’j.ia o âv 0'j’j.Y15ta ; perte de la rectitude morale et sujétion à la concupiscence : -("> ; b/ Ln : /}.% ô Èv àzaI. : ï ; 7 : (ôç Èv à- : i ; j.îa ô Èv Tiar ;  ; t.m^ Èv-oÀlaoi ; ô Èv SLOriVrLol' ;  ;-to ; èv ::ovT]poïç Àoy.G^jioïç ô Èv àyaGoï ;).oy ! aij.or ;  ; ignorance : -ô)ç to oiV.TjTrip'.ov -<i~j S’oTo ; a-rp-aiov-jprr/VJ cy.oTaiaoCi ; servitude du démon, sur laquelle Théodote insiste particulièrement : -(Ôç Èv rupavvio ; o èv Sjva3T£ ; a : s’iyi-o-r, : y.7.(j' 1, 'j.i’yj-jcavviSo ; ô OîâjîoXoç. zaTSOoûXo-j -îaav i^'jyrîv, Ces maux n’ont pas seulement atteint Adam ; ils sont le lot commun de tous ses descendants ; son histoire est la nôtre : y.otvov to-illo ; Lxl zo ; vov-r,-ivOo ;. Théodote a une notion très nette de la déchéance de notre nature à cause du péché d’Adam. Cela ressort non seulement de ce qu’il dit dans cette homélie sixième, mais aussi d’autres passages. Cf. Homil., ], 1^, P. G., loc. cit., col. 13()8 ; Homil., u. 10, col. 1381.

C’est après avoir décrit ainsi l'état lamentable de l’homme déchu que notre orateur en vient à parler du redompteur et de sa mère, du nouvel Adam et de la nouvelle Eve : « Lorsqu’rst arrivée la plénitude des temps, quand a sonné l’heure des miséricordes divines, alors Celui qui est puissant a manifesté les moyens de salut. A la place du dragon infernal, auteur du mal, qui avait plongé le monde dans la tristesse, voici venir l’archange porteur d’un message de joie. Au lieu de celui qui, par une rapine sacrilège, prétendait devenir l'égal de Dieu, voici que Celui qui est Dieu par nature et le Seigneur de tout vient régénérer lui-même la nature qu’il avait créée. A la place de la vierge Eve, médiatrice de mort, une Vierge a été remplie de grâce pour nous donner la vie, 0 : 'j/ap ; T’oTo nasOivoç î'. ; X£i- : ojpY ; av IT’orl ;. ms. cité, fol. 103 ; une Vierge a été façonnée possédant la nature de la femme, mais sans la malice féminine, -^oity noi'^i-.o zapOsvo ; èvtoç yjvarLî : a ; çj7£' » ç Lj.' : èLtoç Y’jvaiy.cia ; '5xa'.ô"T, To ;  ; Vierge Innocente, sans tache, tout immaculée,-avî|j.'.)|j.o :, intègre, sans souillure, sainte d'âme et fie corps, ayant poussé comme un lis ou milieu des épines, ('> ; y.y.'/ov èv fj.£7(.) ày.avOi~)v [îLaîTrlîa^a ; qui n’a pas été Instruite des