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HYPOSTATIQUE (UNION)


la controverse naonophysite et nestorienne, bien que les Pères visent directement l’apollinarisme, — c’est quand il s’agit de réfuter le fondement philosophicjue de tous ces systèmes hérétiques : deux êtres parfaits ne peuvent former un seul être, Sûo -riXs’.a sv YîvÉaûai où oJvaTa :. Contra ApolUnarem, t. I, n. 2, ’P. G., t. XXVI, col. 1096. Il faut confesser que les réponses des Pères, au iv<e siècle, sont encore, sur ce sujet, bien insuffisantes. Saint Grégoire de Nysse affirme simplement que la conception apollinariste présente autant de difficulté que la doctrine catholique, Anlinhelicus, n. 39, P. G., t. XLV, col. 1212 ; saint Grégoire de Nazianze répond que l’argumentation apollinariste ne vaut que pour les choses s’unissant matériellement ; mais il n’en saurait être de même des choses spirituelles, qui peuvent s’unir entre elles ou à des corps. Puis, si notre esprit est parfait, il ne l’est cependant que d’une façon relative, c’est-à-dire par rapport à l’âme et au corps ; mais il est imparfait relativement à la divinité. Epist., ci, P. G., t. xxxvii, col. 185. Ces réponses directes sont bien insuffisantes, et cependant, dès le ive siècle, les Pères proposent déjà des indications remarquables touchant la nature de l’hypostase : nous avons noté tout particulièrement l’unité d’existence, c’est-à-dire de sujet existant, Jnasç’. ; étant souvent pris par les Pères comme synonyme d’JrcîTaa ;

. Voir Hypostase, col. 404. Quant à proposer

directement la distinction philosophique de ojejl ; et d’j-oaTaai ; en christologie, les Pères du ive siècle ne le peuvent encore pas : ils la pressentent et l’indiquent à leur manière. « En effet, ils ne disent pas qut^ deux éléments forment dans le Christ un seul élément ; mais en règle générale, ils emploient le genre neutre pour désigner l’humanité et la divinité, le masculin pour désigner l’être du Christ, en qui-sont réunis ces deux éléments. S. Grégoire de Nazianze, Epist., ci, P. G., t. xxxvii, col. 180.’O Sjo -îÀct’tov çùaE’ov îî ; ulo’ç, dit saint Amphiloque, Epist. ad Seleucum, dans Mai, t. vii, p. 135. Le pseudo-Athanase et saint Amphiloque ne présentent aucune exception à cette règle. Épiphane se sert toujours du genre masculin pour désigner l’être du Christ. Grégoire de Nazianze emploie plusieurs fois le neutre : -à yàp à ; j.ço- ::pa ii, mais le plus souvent il se conforme également à la règle indiquée, et nous avons vu avec quelle précision il exprime la différence qui existe entre le mystère de la trinité et celui de l’incarnation. Voir col. 459. Ce fait est digne d’attention ; car il atteste que les Pères ne se figuraient pas une union de deux éléments en formant un troisième ; mais, sans avoir encore de terminologie scientifique, ils réfutent l’objection d’.Vpollinaire : « deux parfaits ne peuvent être un parfait », en disant : deux éléments parfaits constituent une personne (un sujet, un Christ, un fils),

va, ï-ii Xy.-j-.’?/, v/-x -y.ih. L’hérésiarque, qui repousse

toute distinction entre « nature » et « personne », emploie indifféremment le genre neutre ou le masculin ; les orthodoxes, qui n’ont pas d’idée bien exacte sur cette distinction, mais ont pourtant conscience qu’il doit en exister une, se servent du neutre pour désigner les natures du Christ, et du masculin pour désigner sa personne. » G. Voisin, op. cit., p. 367-368. 2. La théologie de saint Cyrille d’Alexandrie.

I-a ijoclrine christologique de ce Père sur le sens précis de I union hypostatiquc a été exposée, col. 474 sq. Il reste simplement à indiquer quel progrès le grand Alexandrin a réalisé dans la méthode, la terminologie et I explication théologique de ce dogme. — a) Au point de vue de la méthode, saint Cyrille développe l’argument scripluraire et traditionnel. Déjà, contre Apollinaire, les Pères du i v siècle avaient eu recours à l’aulorifé de la sainte Écriture : c’est surtout dans l’inlcrprctation du mol "ji :. ;, chair, puis comme synonyme

d’homme, d’humanité, que porte l’effort des Pères. S. Athanase, Ad Epictetum, n. 8, P. G., t. xxvi, col. 1061, 1064 ; S. Épiphane, Hær., Lxxvii, n. 29, P. G., t. XLO, col. 685 ; S. Ambroise, De incarnutione, c. lix, Lx ; cf. Epist., XLn, n. 8, P. L., t. xvi, col. 833, 1118 ; Grégoire de Nazianze, Epist., ci, P. G., t. xxxvii, col. 176 sq. ; S. Augustin, De LXXXIII quæst., q. Lxxx, n. 1, 2, P. L., t. xl, col. 93. Saint Cyrille donne à l’argument scripturaire un développement jusqu’alors inusité. A la fin du De recta ftde ad reginus, P. G., t. Lxxvi, col. 1221-1336, il accumule les textes, bibliques destinés à réfuter la doctrine nestorienne des hypostases dans le Christ. Ces textes se retrouvent disséminés dans ses autres écrits. L’argument traditionnel, emprunté à l’autorité des Pères, prend aussi, avec le docteur alexandrin, une extension considérable. « Dès l’origine de la controverse nestorienne, dit M. Turmel, saint Cyrille invoqua l’autorité de saint Athanase. Sa Lettre aux moines d’Egypte contient, en efiet, deux citations tirées du troisième discours contre les ariens, et dans lesquels la sainte Vierge est appelée mère de Dieu. Il compléta de bonne heure ses informations… Pour connaître, dans le détail, les résultats des recherches patristiques entreprises par l’illustre adversaire de Nestorius, il faut consulter le compte rendu de la première séance du concile d’Éphèse, Hardouin, Acta conciliorum, t. i, col. 1399-1410, et le premier discours aux reines, c. i, n. 9-13, P. G., t. Lxxvi, col. 1209 sq. Là, se déroulent sous nos yeux de longues séries de textes. Ce sont : saint Pierre d’Alexandrie, saint Athanase, les papes Jules et Félix, Théophile, saint Cyprien, saint Ambroise, les trois Cappadociens, Atticus » Amphiloque, saint Jean Chrysostome, Antiochus, Ammon, Vitalis, Sévérien, qui viennent déposer contre Nestorius… On le voit, saint Cyrille a fait une enquête considérable, puisqu’il a consulté, non seulement les docteurs del’Orient, mais ceux de l’Occident lui-même. » Histoire de la théologie positive, Paris, s. d. (1904), t. i, p. 210-211. L’argument patristique, convient-il d’ajouter, garde, sous la plume de saint Cyrille, le caractère d’argument traditionnel qui lui est propre : aux subtilités de Nestorius essayant d’interpréter en un sens favorable à son hérésie certains textes, aux reproches d’apollinarisme que lui font certains adversaires, saint Cyrille répond en rétablissant le sens traditionnel et catholique des autorités invoquces : loin de s’en tenir aux expressions parfois défectueuses, c’est à la doctrine et à la doctrine seule qu’il s’attache. Dans le II" livre de son Adversus Nestorium, cxplique que la divinisation attribuée à l’humanité dans l’union hypostatiquc n’implique pas un changement survenu dans la nature humaine par suite de son union avec la divinité, comme si elle avait été transformée en Dieu, mais signifie simplement qu’unie au Verbe, cette nature humaine appartient à Dieu. Quand les Pères parlent d’absorption de la nature humaine, surtout après la résurrection du Christ, voir S. Athanase, Contra arianos, orat. iii, n. 48, P. G., t. xxvi, col. 425 ; S. Grégoire de Nysse, Antirrheticus, n. 53, P. G., t. XLV, col. 1252, saint Cyrille explique. Ad Succensum, Epist., i, P. G., t. lxxvii, col. 233, qu’il s’agit de l’absorption des infirmités de la nature et non de la nature elle-même. Pareillement, s’il emploie la formule

j. ; a z.-Ji
; -.o’j.irij j£7aoz’.>|j.ivr| qu’il croit être de

saint Athanase, c’est dans un sens nettement orthodoxe et nullement appollinariste. Voir Cyiuli.k d’A-LF. XANnnii ; (Saint), t. iii, col. 2513.

b) Au point de vue de la spéculation Ihéologique, saint Cyrille n’accuse de progrès sur les Pères du ive siècle que par une adaptation phis complète de la terminologie déjà reçue aux problèmes cliristologicpics : les mots ç’Ji !  ;, Iz’ii-xi’:, zyiT’tr.’iw, prennent ut>