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IIYPOSTAÏIQUE (UNION ;


risnie, s’opposaiil dircclenient au dogme de l’union hypostalique, par la négation des deux natures, l’hérésie des synousiates, qui professent en Jésus-Christ l’unité absolue de substance et de nature, non pas cependant en ce sens que l’un des deux éléments aurait été transformé en l’autre, ni que de la fusion des deux natures soit résultée une troisième et nouvelle nature ou substance, mais en ce sens « que la chair du Seigneur participe aux noms et aux propriétés du Verbe, sans cesser d'être chair, même dans l’union, sans que sa propre nature soit changée ; de même que le Verbe participe aux noms et aux proprittés de la chair tout en restant Verbe et Dieu dans l’incarnation, et sans qu’il soit changé en la nature du corps. » Timothée, Ad honifrium, dans Lietzmann, p. 278. C’est donc surtout par la violence de leur langage, par leur mépris affiché des usages et des formules de l'Éghse, que se distinguaient les synousiates des autres monophysites, et du parti modéré de l’apollinarisme. Voir Synousiates.

Au point où en étaient arrivées les discussions christologiques dans l'Église, à la fin du iv<= et au début du v siècle, les positions étaient prises de part et d’autre pour les deux grandes controverses d’où allait sortir la définition du dogme de l’union hypostatique, la controverse nestorienne, la controverse eutychienne. Ces controverses, qui forment le nœud même de la question que l’on étudie ici, ont été exposées ailleurs. Nous nous contenterons donc d’eu résumer les points principaux, afin de fixer la marche logique des idées, et nous renverrons, pour les développements, aux articles spéciaux écrits sur la matière.

La controverse nestorienne.

Le nestorianisme

de Nestorius, s’il est permis de s’exprimer ainsi, est une doctrine à son point d’arrivée. Nous en avons étudié les antécédents. Nous renvoyons à Nestorujs pour l’histoire des doctrines et des évolutions de l'évêque d’Anlioche. Voir également Éphêse (Concile d'), t. v, col. 137 sq. On se contentera ici de résumer brièvement l’aspect doctrinal de la controverse engagée par saint Cyrille d’Alexandrie contre les doctrines hérétiques de Nestorius. — 1. L’hérésie de Nestorius. — Le P. Jugie, Nestorius et la controverse nestorienne, la résume en six points, c. ni, p. 91-135 : a) Il n’y a pas de nature complète sans personnalité ou, plus exactement, selon la terminologie nestorienne, sans prosôpon naturel. Puisque le Verbe s’est uni à une nature humaine complète, il s’ensuit qu’en Jésus-Christ la nature humaine est une véritable personne, un sujet d’attribution d’opérations qui lui sont propres, qu’on ne peut reporter sur Dieu le Verbe Cette nature subsiste en elle-même et ne s’appuie point physiquement à Dieu le Verbe pour se maintenir dans l'être. En d’autres termes, il y a dans le Christ un homme, un moi humain. Quelques textes à l’appui : « Toute nature complète n’a pas besoin d’une autre nature pour être et pour vivre, car elle possède en elle et elle a reçu tout ce qu’il faut pour être… Comment donc des deux natures complcles dis-tu une seule nature, puisque l’humanité est complète et n’a pas besoin de l’union de la divinité pour être homme. » Le livre d’Héraclide, trad. Nau, Paris, 1910, p. 263. « Chacune (des deux natures) subsiste dans son hypostase. Je ne dis pas qu’elles remontent à Dieu le Verbe, comme s’il était les deux par essence, ou que les propriétés de la chair aient été prises sans (leur) hj^postase par Dieu. De cette manière, il apparaîtrait seulement sous la forme de la chair utilisant et soulTrant toutes les choses de la chair, soit qu’il se changeât en la nature de la chair ou que les deux natures fussent mélangées en une seule… » Ibid., p. 184. Sur l’identification par Nestorius, malgré les différences de points de vue, des termes essence, ojaîa :, nature, sjai ?, hypostase, jTro’aTa’jir, per sonne, ---o-j’onov physique ou moral, jiar opposition au prosôpon d’union, moral ou artificiel, voir Hypostase, col. 387.

b) L’union de la personne du Verbe et de la personne humaine est volontaire, c’est-à-dire se fait par la volonté, par compénétration amoureuse des deux, de telle manière qa’il n’y a plus qu’une seule volonté morale. Il y a don naturel de chaque personne l’une à l’autre, et comme un prêt et un échange de personnalité iprosôpons). Cet échange permet d’affirmer que les deux personnalités naturelles aboutissent à une personnalité morale unique, que Nestorius appelle le prôsopon d’union : La divinité (ou le Verbe) se sert du prosôpon de l’humanité et l’humanité (ou l’homme) de celui de la divinité ; de cette manière, nous disons un seul prosôpon pour les deux. Le livre d’Héraclide, p. 212213. Sur l’opposition du prosôpon naturel au prosôpon d’union, voir Hypostase, col. 387. Sur le mode d’union, voici quelques textes : « Ce n’est pas la divinité (seule), ni l’humanité (seule) non plus qui forme le prosôpon commun, car il appartient aux deux natures, afin que les deux natures soient connues dans lui et par lui… L’essence même de l’humanité se sert du prosôpon de l’essence de la divinité, mais non de l’essence, et l’essence de la divinité se sert du prosôpon de l’humanité, et non de l’essence. » Ibid., p. 282 Ce texte indique bien le sens abstrait que donne Nestorius au mot personne, « la principale chose de la notion de prosôpon, suivant l'étymologie du mot et l’histoire la plus récente de sa signification, était l’indivision extérieure ». Loofs, Nestorius and his place in the history ot Christian doctrine, p. 76-77. Ce qu’est le prosôpon d’union, Nestorius l’expose ainsi : « L’union des prosôpons a lieu en prosôpon et non en essence ou en nature. On ne doit pas concevoir une essence sans hj^jostase, comme si l’union (des essences) avait eu lieu en une essence et qu’il y eût un prosôpon d’une seule essence. Mais les natures subsistent dans leurs prosôpons ci dans leur nature, et dans le prosôpon d’union. Quant au prosôpon naturel de l’une, l’autre se sert du même en vertu de l’union ; ainsi, il n’y a qu’un prosôpon pour les deux natures. Le prosôpon d’une essence se sert du prosôpon même de l’autre. » Ibid., p. 193. Expliquer l’incarnation à la façon de Cyrille, en faisant que, dans les deux natures, Dieu le Verbe soit le prosôpon d’union, cf. Le livre d’Héraclide, p 127, c’est aboutir à ceci : « Ou bien tu ne reconnais qu’une humanité apparente, qui aurait servi à désigner le Verbe, ou bien tu fais comme si l’humanité n’avait joué aucun rôle dans le prosôpon d'économie, ou bien tu veux que Dieu le Verbe se soit manifesté pour soulïrir contre sa volonté les souffrances humaines. » Ibid., p. 193-194. En somme, Nestorius distingue donc, dans sa conception de l’union des natures, le prosôpon naturel, qui s’identifie objectivement avec la nature ou la substance réelle, et le prosôpon d’union, qui n’est en réalité qu’une fiction unissant les deux natures ou les deux prosôpons naturels. En définitive, c’est la volonté du Verbe et celle de l’homme qui s’unissent par l’amour dans le même prosôpon. Ibid., p. 35, 50. De là, l’insistance de Nestorius à affirmer l’union de l’incarnation comme une union volontaire non naturelle. Le livre d’Héraclide, p. 158 ; cf. p. 85, 157, ce qu’exprime bien le terme cTjvics'.a. Cf. Loofs, Nestoriana, p. 171, 178, 242, 273, 280, 357, 359.

c) La personnalité qui est constituée par le prosôpon économique (c’est-à-dire de l’incarnation) est purement artificielle et dénominative ; elle est comme un masque jeté sur la face de Dieu le Verbe et de l’homme Jésus. On désigne sans doute ce prosôpon unique par les termes de Fils, de Christ, de Seigneur, mais chacune de ces expressions éveille dans la pensée nesto-