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IIYPOSTATIQUE (UNION


t. IX, col. 833 sq. Ce sont ces premiers excès de la spéculation théologique dans un sens nettement monophysite que condamna le P"’synode de Smirnium. en 351. Si quelqu’un comprend ces paroles : « Le Verbe s’est fait chair », en ce sens que le Verbe aurait été transformé en chair, ou bien dit qu’en prenant la chair, il <i subi un changement, qu’il soit anathemc. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. i, p. 856 ; et. Hahn, op. cit., p. 197-198. Il faut cependant noter l’affinité de cette christologie hétérodoxe avec celle de Photin, dont les doctrines furent anathematist’es dans ce même concile ; tant il est vrai que, dans ces premières discussions théologiques, où la question christologique n’était abordée que subsidiairement, les tendances opposées se rejoignaient par quelque point.

b) L’apollinarisme. — - Voir Apollinaire le Jeune ET LES APOLLiN.msTES, 1. 1, col. 1505-1507, et surtout G. Voisin. L’apollinarisme, Louvain, 1901, et Tixeront, Histoire des dogmes, t. ii, p. 94-108. C’est par opposition aux théories hérétiques de Diodore de Tarse qu’Apollinaire, dont le père, Apollinaire l’Ancien, voir 1. 1, col. 1505, venait d’Alexandrie, propose sa doctrine en vue de rétabUr la parfaite unité de Jésus-Christ. Cette unité, pour Apollinaire, ne peut se concevoir si l’on suppose que le Verbe, dans l’incarnation, prend une humanité complète : deux êtres complets ne sauraient devenir un : ojo -fLi’.x v/ ^vii’jfH : où ëJvxTai ; cf. S. Athanase, Contra Apollinarem, t. I, n. 2, P. G., t. XXVI, col. 1096 ; si Dieu -l’Lv.o ; s’associe à l’homme également t ; I. = ; ( ;), il y aura deux Fils de Dieu, l’un par nature (sûa- : ’.), l’autre par adoption, (Jli-(k), deux personnes, et des deux personnes en Jésus, on pourra dire aLLo ; et àÀ/oç. Il n’y a plus d’incarnation proprement dite, mais une simple juxtaposition. Fragm., lxxxi, lxvii, édit. H. Lietzmann Apotlinaris von Laodicea und seine Schute, Tubingue, 1904, p. 224, 220. Cf. Episl. adDionysium, ibid., p. 257. La solution, d’après Apollinaire, consiste à supprimer l’âme intelligente et libre (Apollinaire avait d’abord enseigné la suppression de toute âme, même animale, cf. Socrate, H. E., t. II, c. xlvi, P. G., t. lxvii, col. 361 ; Ru fin, II. E., t. II, c. XX, P.L., t. xxi, col. 526) et à ne concéder au Christ qu’une âme animale, le Verbe étant lui-même son voû : et son -ivjj.t. : « Le Christ ayant Dieu pour nvîjy.a, c’est-à-dire pour voi :, avec une’J/jyï, et un corps, est à bon droit appelé homme du ciel. » Fragm., xxv, ibid., p. 120. Cf. Fragm., lxxxvii, p. 226 ; Lxxxix.p. 227 ; xxiii, p. 210 Sur la réfutation de la doctrine trichotomisle d’Apollinaire par les Pères, voir Forme du corps humain, t. vi, col. 552-555. Les conséquences de la conception apollinariste de l’incarnation étaient graves : premièrement, l’incarnation n’est plus qu’une jip.-.^’.ç au sens strict du mot, excluant ]"î/7.i<)yT.'>- :  ;.’Il Z7.Ta ; J. : o’. : -tt ! ?, n. 30, ibid.. p. 178. Bien qu’.Xpolliiiairo cm|>loic jîarfois sur ce point les mots traditionnels, le Dieu fait homme, ivav-Opf. )rr|ja :  ; la chair consubstantielle il la nôtre, ’; |X’joJ7’.o ;, cf. De unione, n. 8, ibid., p. 188, le sens qu’il y attache est pleinement conforme aux princi[)cs posés par lui. Deuxièmement, Jésus, n’ayant pas d’âme intelligente et libre, nous a sauvés sans mérites de sa part. Troisièmement, et c’est la conclusion qui nous occupe spécialement ici, il faut admettre en Jésus l’unité non seulement de personne, mais encore de nature, ’Ei-i OcOç T.’LrJl : i’, ; ’, ïis.yLo ; vi’jxyI. : ï>av£p’.)0 :  ;  :, TiXs.oç -fi àÀT/) : vîi -LT. : I)z’.7. -ziLv.ôxT, - oj ÔJO t : ^6’j'->-tl oùôi ôjo « jïê.ç.’II ziTa (iépo ; - ; 7T ;  ;, 31, op. cit., p. 179 : Fragm., cxvti, cxix. p. 236. Comment concevoir cette unité de nature ? Hésulte-t-il <le la divinité et de la hair iirise par la divhuté une troisième nature différente des deux autres ? Nullement. La chair est sans doute intimement unie à la divinité, au point de ne faire avec elle qu’une substance, u. ; « ojii.une nature,

u.ia ï.Jcr’. ;, ibid. ; mais il n’y a pas fusion des natures : ç-j^ct aîv Oîov xai ï)’j3H’. avfjow-ov tov L’jolov v^O[x-.^i. Fragm., cli, p. 247. D’après Apollinaire, le Verbe, nature complète en soi avant l’incarnation, s’unit parl’incarnation un corps qui » ne constitue point une nature par lui-même ; car il ne vit point par lui-même, et on ne peut le séparer du Verbe qui le vivifie. » Episl. ad Dionqsium, op. cit., p. 259. La nature divine ajapxo ; du Verbe devient jfj7.yLiij.i-ri] : elle était simple d’abord, elle devient aJvGîro ?, TjyLpaioç : il n’y a pas nature nouvelle autre, mais nature ancienne existant autrement par l’adjouction d’un élément nouveau. De là les formules, dont la première deviendra plus tard si célèbre :.I ; a s J31 ; tjj Osou Ào’you (T£aapLtoa£vr|, ou encore’() aJTo ; (Xpi^TOç) iv aovdTïjTt Tjyy.pa-oj Ç.J3E’.) ; 0£’.>.f, ç 3£aapy.’i)y.s’/T|ç. Ad.Jovianum, n. 1, op. cit., p. 251 ; Fragm., ix, p. 206 ; Tixeront, op. cit., t. II, p. 99. Quatrièmement, de l’unité de terme de nos adorations se déduit l’unité de l’adoration elle-même ; mais aussi de l’unité de nature se déduit l’unité d’opération et de volonté : le monothélismc tout comme le monophysisme sont contenus dans l’apollinarisme. Ad Jovianum, n. 1 ; Fragm., cxx, op. cit., ]). 251.236 ; Fragm., cli, cvii, cxvii ; p. 248, 232, 235. Enfin, la théorie apollinariste s’accommodait de la communication des idiomes, qui fut ici poussée à l’excès. Sur ce point particulier, voir Epist. ad Jovianum, et De unione. Pour l’emploi du mot OsotôLo ;, voir Ad Jovianum, n. 1 ; De fide et incarnalione n. 3. 5, 6, op. cit., p. 251, 195, 190, 198.

La terminologie d’.Vpollinaire n’a encore rien de fixe et de définitif ; il exprime l’union du Verbe à la chair par les termes les plus variés et les plus disparates. Les plus fréquents sont : 5V(.)7 ; ç. évdTrjç, sjvzssta. aJvO : 3 ; ç. On trouve ainsi àzpa JvtoJtç. ivo) ? :  ; zj^iy.r, . ïvojCTiç ojŒKÔor, ;. jv’oj ;  ;, ’iXiiD’i’r^. ffjvoôo ;, <Tu’JL~Àoy.r)’. Tjyy.pzTiç. ; J. : ?t ;, zoïa ;  ; et enfin : r.j07y. ;  : ’j.i-/o-j -’~> ày.xhzf’) Oi(o To5 L-ciafiiToç. Cf. Voisin, op. cit., p. 282.

Il n’entre pas dans l’objet de cet article de suivre l’apollinarisme dans ses évolutions jusqu’à sa condamnation. L’argument décisif invocpié contre Apollinaire i>ar les Pères du iV siècle, se résume en quelques mots. L’humanité que Jésus venait sauver, c’est la nôtre : donc, i ! devait la prendre. Prendre un corps sans âme rationnelle, ce n’était pas prendre notre humanité : Jésus-Christ devait prendre notre humanité tout entière : To yap àrpo’jXintov illipx-- ; jt’jv-’1’À rjV’oTï ; tm <li<T) toûto Lai aïo^i’^'., cela seul est guéri qui est pris par le Verbe ; cela seul est sauvé qui est uni à Dieu. S. Grégoire de Nazianze. Episl., Cl, P. G., t. xxxvii, col. 181. Le Seigneur n’a pas eu un corps sans âme, sans sentiment et sans intelligence (ïJ/jP/v, oJo i/x’.a^hj-’)/, ojô’àvdr|Tov) : car il n’était pas possible que, le Seigneur s’éLant fait homme pour nous, son corps fôt sans esprit (avJT, Tov), et ce n’est pas seulement le salut du corps, mais aussi celui de l’Ame (Vj/r, ) que le Verlje a opéré en lui. S. Athanase, Tomus ad Antiochenos, n. 7 ; cf. Contra Apollinarem, t. I, n. l, I. II, P. G., t. xxvi, col. 804, 1097, 1140 ; S. Épiphane, Ancoratns, n. 78 P. G., t. lxiii, col. 104 ; s. Ambroise, Dci/ic « rno/(onc, 68, P. L., t.xvi, col. 835. Parmi les anathématismes ne saint Damase (concile romain de 380), le 7° vise spécialement eos, qui pro hominis anima rationabili et intclligibili dicunt Dei Verbum in humana carne vcrsatum, cum ipse Filius sit Verbum Dei, et non pro anima rationabili et iniclligibili in suo corpore fucrit, sed nosiram, id est ralionabilem et intclligibilem, sine peccalo nnimnm susceprrit atque ^alvaverit. Denzinger-Bannwarl, n. 65 ; Mansi, t. iir, col. 48 ; Hahn, op. cit.. p. 272 ; Cavallera, Thesnurwi, n. 668. Sur ces points, voir Apollinaire le. ieune lîTAPOLLi.VARisTUs Mais il faut signaler, comme conséquence logique de l’apollina-