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IIYPOSTA’IIQUE (INION)


statique. La juxtaposition du texte de saint Jean et du texte de l’Épître aux Philippiens permet de faire ressortir l’identité de pensée qui a présidé, cliez l’un et l’autre auteur inspiré à leur rédaction :

Joa., I, 1-14.

Au commencement était

le "Verbe, et le Verbe était

Dieu.

Et le Verbe

s’est fait chair et il a habité parmi nous.

Et nous avons vu sa

gloire qui est la gloire du

Fils unique du Père, etc.

Phil., II, 6-7.

Existant dans la forme de

Dieu, il ne regarda pas l’éga

lité divine comme un larcin,

mais il se dépouilla lui même, prenant la forme de

l’esclave et devenant sem blable aux hommes ; et re connu homme par les de hors, il s’humilia, etc.

C’est pourquoi Dieu l’a

exalté sur toutes choses et

lui a donné un nom au-dessus

de tout nom…, afin que

toute langue confesse que

le Seigneur Jésus-Christ est

dans la gloire de Dieu le

Père.

III. Premières affirimations de ce dogme dans l’Église. — 1° Les sijmholes. — La foi catholique en l’union hypostatique s’affirnie, dès le principe, en ce que le symbole des apôtres, résumé de la croyance de l’Église tout entière, comporte un acte de foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu et homme tout à la fois. Qu’il s’agisse de la forme romaine ou des formes orientales, le sens du symbole apostolique reste le même. L’Éalise croit en Jésus-Christ, Fils unique du Père, noire Seigneur, et c’est le même Jésus, Dieu, qui a clé conçu du Saint-Espril, est né de la Vierge Marie, a sou/lerl sous Ponci-Pilutt, a été crucifié, est mort, est descendu aux enjers, est ressuscité le troisième iour d’entre les morts, est monté aux deux, est assis à la droite de Dieu le Père ToutPuissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts. Le pronom relatif qui, rapportant à Jésus, Fils de Dieu, les attributs de l’humanité, marque expressément l’unité du sujet en lequel se rencontrent et sont unies la divinité et l’humanité. Les formules orientales ne sont pas moins expressives. L’attribution des prédicats de l’humanité au Fils de Dieu est faite par l’article et le participe, se rapportant à Jésus, lils unique de Dieu, et Dieu véritable. Le même article de foi eiç jva LJp’.ov’Iï, 50jv Xi’.aiov porte sur tous les qualificatifs humains attribués à Jésus-Dieu : rsaç, y.ii>bv/-ix, otajp’oOîvTa, laçs/Ta, àvastavia, àvjLOovTa si ; tov ; ojçavojç, y.aOiiavTa iy. Ssçtiîiv TOU IlaTÇo :, £p/C|j.£vov LC’.va’. tco/Taç Lai VcZpo-^ç. Cette communication des idiomes suppose la croyance à l’union substantielle des natures en une seule i)crsonne. Mais les formules orientales, sur ce point particulier, apportent une précision d’expression qu’on ne doit pas passer sous silence, bien qu’en réalité, cette précision n’apporte à la croyance reçue aucun article nouveau. Nombre de formules précisent que l’on doit croire en un seul Jésus-Christ, Filsfuniquet du l’ére, sic iva Ljptov’1ï, c ; oCiv Apotov. Ainsi le portent le texte hiérosolymitain, extrait des Catéchèses de saint Cyrille, Cal., vii, n. 4 ; x, n. 3 ; xi, n. 1, 21, P. G., I. XXXIII, col. G09, 661, 692, 717 ; Denzinger-Bannwart, n. 9 ; P. G., t. xxxiii, col. 533 ; le texte de saint Épiphanc, Anr.oratus, P. G., t. xliii, col. 23-1 ; Denzin^er-Bannvvarl, n. 13 ; la profession de foi de saint Irénée. Gant, hær., I. I, c. x, n. 1, P. G., l vii, col. 549 ; le texte du symbole de Nicée. Denzinger-liannwart, n. 54. Voir les autres formules dans Hahn, liibliothek dcr Symbole, § 122, 123, 127, 128, 131, 132, 137, 146, 149.

On remarquera que la formule Fides Damasi comporte é » ialement rexpression in unum Dominum nostrum Jesum Christtim. Ru fin, dans son Commentaire

nier. DE tiiéol. cvriic)L.

sur le si/nibole des apôtres, n. 3, 4, 5, P. L., t. xxi, col. 339, 341, 343, fait observer que cette incise a été intentionnellement introduite, afin d’exclure certaines doctrines hérétiques qui se manifestaient en Orient. Rome, tranquille sous ce rapport, n’avait pas à modifier le texte de son symbole. Il s’agissait sans doute des hérésies qui, depuis Cérinthe, tendaient à détruire l’unité qu Christ, en alTirmant qu’autre était l’homme Jésus et autre le Fils ou le Christ, descendu du ciel et habitant en cet homme. Voir t. ii, col. 2153-2154. De fait, la formule sic hx v.-jy.m devait plus tard servir aux catholiques de point d’assise, pour reprocher aux nestoriens d’introduire, contrairement au symbole, une véritable qualernité en Dieu, en séparant en Jésus-Christ le Fils naturel du Père et l’homme, rendu simplement participant de cette filiation, à cause de sa conjonction avec le Fils. Cf. Leporius, LihcUus emendalionis, n. 5, P. L., t. xxxi. col. 122. Rien d’étonnant que saint Cyrille d’Alexandrie expose la foi catholique en se servant de l’expression consacrée par les formules orientales du symbole. De recta fide ad reginas. orat. i, n..3, P. G., t. lxxvt ;, col. 1204.

Faut-il ajouter que les symboles ont toujours été entendus par l’Église elle-même en ce sens, et que le magistère corrobore à plus d’une reprise le sens qu’il faut attribuer à la formule primitive, encore rudimentaire, mais néanmoins déjà suffisamment expressive ? Le concile d’Êphèse déclare qu’il n’y a pas d’autre foi A promulauer que celle de Nicée, Mansi, t. iv. col. 1361 ; s’il appuie la deuxième lettre de saint Cyrille contre Nestorius, c’est qu’il la juge consenliens fidei NicœniP, cf. Mansi, t. iv, col, 1139-1170 ; s’il condamne la doctrine de Nestorius, c’est que cette doctrine s’éiîarte de la foi de Nicée. Ibid., col. 1178.

Le concile de Chalcédoine se réfère au symbole des Pères, Mansi, t. vii, col. 111, 115 ; cf. profession de foi de Justinien, au V" concile œcuménique, se référant pareillement en tout au symbole saint de Nicée, ibid., t. IX, col. 557 ; pareillement, contre les monolhélites, le VI" concile, act. VIII, ibid., t. i, col. 635 invoque l’autorité du concile de Nicée. Or, il est à remarquer que ces différenIs cor.ciles sont diriges contre des erreurs opposées : néanmoins, ils considèrent tous que la foi de Nicée est déjà suffisante pour indiquer aux fidèles la voie de l’orthodoxie, dans la question du dogme de l’imion hypostatique, combattu en sens divers par Nestorius, F.utychès. et les propagateurs des hérésies dérivées du ncstorianisme et de l’eutychianisme.

La doctrine des Pères apostoliques.

La doctrine

des Pères apostoliques relativement à Vanité ontologique du Christ (qui est la formule primitive du dogme de l’union hypostatique), se traduit, dans les rares documents que nous avons de cette époque, soit par la commimication des idiomes, souvent employée, soit même parfois par l’usage de formules déjà plus significatives. — 1. Communication des idiomes. — Epist. Barnabæ, v, 5, si Dominas sastinuil pâli pro anima nostra ; 13, ipse poli voluit ; 11-12. filius Dci… passm est ; cf. VI, 7 ; vu. 2, 5 ; xiv, 4 : Dominus… pro nobis passas ; S. Clément, / Cor., ii, 1, Dci… passiones (si toutefois, selon le codex Alexandrinus, on lit (-)£oO au lieu de.Xv.’jtoj) ; xxi, Dominum.lesum, eu jus sanguis pro nobis datas est ; cf. XLix, 6 ; sur l’affirmation du « Verbe incarné » diins saint Clémml. voir H -A. Montagne, La doctrine de saint Clément de Pome sur la personne et t’oruvre du Christ, d ;.ns la Revue thomistc, juillet août 1905, p. 389-312 ; pseudo-Clément, // Cor., IX, 5, ChrisUis Dominus, cum primum csscl spiritas ; S Ignace, ytrf Eph., i, 2, sangainem Dci ; xviii, 2, Deas Jésus Christas in utero gestatas est a Maria… notas et baplizatus ; Ad Tral., ui, , caroDomini, Ad liom., VI 3, passio Dei ; vii, 2, amor cracipxus. — 2. Formu VII.— 15