Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée
403
404
HYPOSTASE


origine apostolicpie que Suidas assif^ne au terme j ::'.dTa^'. ;, entendu dans le sens pliilosophique que lui ont donné les questions christologiques. Cf. Petau, Ue incarniiliov.c, I. U.c. m. n. 10. On ne peut pas également ^ admettre son interprétation <le Heb., i, ?>. Sur (C poia., voir Pelau, De Triniiale, t. VI, c. vi. On doit également repousser l'étymologie que Suidas donne dJ7 : oaTao' ;  ;  : j^roaTijci ; î.iYOvxai (oç uro Tr)v ç-jœ'.v Î3Ta 7 » Michel Psellos († 1110), dans De omnifaria docIrina, c. ii, reprend l’explication des notions dv nature, d’essence, d’hypostase ; c. iii, il explique ce qu’est l'être enhypostasié (èvuTrôataTOv) par rapport à l’hypostase qui lui donne l’existence et par rapport à ràvJ-o’aTa-ov. L’svu-icjTa-ov s’entend de plusieurs choses : tout d’abord, de toutes réalités, soit corporelles soit spirituelles, par rapport au sujet qui les contient ; ainsi la couleur, l’essence de l’homme sont enhypostasiées, puisqu’elles n’existent que dans le sujet homme ; ensuite, de la détermination spécifique, qui ne peut avoir de réalité que dans l’hyiiostase ; enfin de tout ce qui appartient à l’individu. Mais, c. IV, quand on parle de la nature humaine du Verbe, c’est par excellence qu’on doit lui apphquer la notion d’enhypostasie, car elle est « une essence qui s’ajoute à une autre nature et coexiste avec elle dans l’unité de personne ou d’hypostase. » P. G., t. cxxii. col. 688-689. — Un autre érudit, Theorianos (xiie siècle), a quelques formules heureuses ; « La substance (oÙŒÎa), dit-il, est tout d’abord et à proprement innicr ce qui est subsistant par soi et n’existe pas en un autre sujet. » Dispuiatio cum Armenorum cotholico, P. G., t. cxxxiii, col. 125. Qu’est-ce qu'être subsistant par soi ? C’est ce qui existe par soi et non en raison d’autre chose ; c’est ce qui n’a pas l'être en autre chose et n’a besoin, pour exister, d’aucun sujet différent de soi-même, col. 128. La nature (oJaic), qui, en réalité, s’identifie avec la substance, est le principe du repos et du mouvement, en tant que provenant de la substance même et non point en tant qu’imprimé par une force extérieure, h’hijpostase est la chose subsistante et substantielle, dans laquelle subsiste actuellement et réellement, comme en leur sujet, la masse des accidents ; les accidents manifestent l’hypostase. La personne se manifeste elle-mSme et se distingue des autres hj’postases par ses actions et ses propriétés, col. 129. On retrouve encore chez Theorianos la formule classique de l’essence s opposant h l’hypostase, comme le commun ou général au particulier, col. 132, 133.

8° Sans aborder directement le problème de la terminologie, la plupart des écrivains ecclésiastiques grecs ont défini l’hypostase et l’essence, la personne et la substance, selon ces données traditionnelles, au cours de leurs dissertations trinitaires ou christologiques. Il s’agit ici non seulement des écrivains catholiques, mais encore des schismatiques. On pourra consulter, dans P. G., Théodore d’Alexandrie, Homil. de Trinitate, t. lxxxvi, col. 281 sq. ; Euloge d’Alexandrie, Fragmenta, t. lxxxvi, col. 2941, 2945, 2952 : le moine Job, Qua^slio quarc Filius incarnatus, non autem Pater aut Spiritus Sanclus, t. lxxxvi, col. 3320 ; Photius, De S. Spiritus imjstagogia, n. 15, 16, t. en. col. 293 ; n. 18, 19, col. 297 ; n. 46, 48, 63, col. 324, 325, 341 ; Gennade, De Deo in Trinitate uno. t. clx, col. 568 sq., et spécialement col. 589. Le plus remarquable travail de synthèse, tant au point de vue de la doctrine que de la terminologie, est peut-être le De fide dequc catholicæ fidei principiis de Manuel Calecas. L’auteur, s’appuyant constamment sur l’autorité des Pères, Grégoire de Nazianze, Basile, Grégoire de Nysse, Athanase, Maxime, Jean Damascène, Théodoret, rap] ortc, à propos de la trinité et de l’incarna tion, les distinctions et les définitions que l’on a rappelées au cours de cette étude. Voir surtout De principiis fidei catIvvicæ, c. iii, v, P. G., t. ci.ii, col. 473 sq., 569 sq. On en trouve un excellent résumé, en ce qui concerne la trinité, dan.s Passaglia, op. cit., § 22, 23. Marc d'Éplièse, au concile de Florence, n’eut pas de peine à constater la parfaite concordance des doctrines et des terminologies latine et grecque. Sess. V, Mansi, Concil., t. xxxiv, col. 529 sq. Cette concordance s’est maintenue dans les professions de foi orlhodoxes plus récentes. On pourra consulter avec profit dans J. Kimmel, Monumenta fidei Ecclesiæ orientalis, léna, 1850, Gennadii confessio, n. 7, ]). 17 ; Cijrilli confessio, c. vii, p. 28 ; Confessio orlhodoxa (dite de P. Moghila), part. 1, q. XII, XIII, p. 68-71 ; Dosilliœi confessio (synodus Hierosolymitana), decr. i, vii, p. 425, 433 ; Metrophanis Critopuli confessio, p. 27, 31-32, 47, 69-70.

IV. SYNTHÈSE DE LA PESSÉE GRECQUE. 1° L’hlJ postase. — De tout ce qui précède, la pensée des théologiens grecs semble exactement résumée par Tiphaine, op. cit., c. xv. L’hypostase peut se définir : substantia pcr se discrela, aut per se separata, vel per se ac scorsim posita. Ces expressions sont empruntées presque textuellement à saint Jean Damascène, Diatect., c. xlii, xliv, xlv, P. G., t. xciv, col. 615, 668, 669. On trouve des termes analogues chez les autres Pères : les auteurs orientaux considèrent l’hypostase, entendue en son sens philosophique, comme une substance existant dans sa propre totalité ou perfection. C’est la totietas de Rustique, Disputatio contra aceplialos, P. L., t. lxvii, col. 1239 ; la teXeiott) : des grecs, cf. S. Épiphane, Ancoratus, symbole ; Hær., Lxxvii, n. 29, P. G., t. xliii, col. 233 ; t.xLn, col. 684 ; S. Athanase, Contra Apollinarem, t. I, n. 12, P. G., t. XXVI, col. 1113 ; S. Sophrone, iîpi’s^ synodica, P. G., t. Lxxxvii, col. 3156. C’est raOTOTEÀr, oJaLa, la substance complète, de l'épître de Denys d’Alexandrie contre Paul de Samosate. Mansi, t. i, col. 1044. C’est l’tôioaujTaTov de Léonce de Byzance, Contra nest. et eulyh., P. G., t. cxxxvi, col. 1281 ; de Didyme l’Aveugle, De Trinitate, 1. 111, c. xxiii, P. G., t. xxxix, col. 925 ; de S. Jean Damascène, Didact., c. viii, P. G., t. xcv, col. 136 ; de S. Cvrille d’Alexandrie, In Joannis Evang., t. IX, P. G.', t. lxxiv, col. 216 ; t. XV, c. ii, col. 465 ; Dial. II de Trinilate, t. lxxv, col. 720, 761. Saint Basile disait, dans le même sens, zaO' 's’La^jTOv, Epist., xxxviii, P. G., t.xxxii, col. 328 : saint Grégoire de Nazianze, xaG'éauTo’v, Orat., xxxiii, n. 16, P. G., t. XXXVI, col. 236 ; cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Dial. II de Trinitate, P. G., t. lxxv, col. 720 ; Léonce de Byzance, op. cit., col. 1280, 1915 ; S. Jean Damascène, De fide orth., t. III, c. vi, P. G., t. xciv, col. 1004 ; cf. Dialectica, c. lxvi, col. 668, 669 ; S. Sophrone, Epist. synodica, P. G., t. lxxxvii, col. 3156 ; Theorianos, Disputatio cnm Armenorum catholico, P. G., t. cxxxii, col. 129, 132. C’est l’ouata xaTa rîciypaçrjv, l’oùaîa zar' toiav K£pfepa ! pr|v d’Origène ; voir plus hr.ut, col. 372 ; cf. S. Basile, Epist., xxxviii, n. 3, P. G., t. xxxii, col. 328. Saint Jean Damascène unit le "La6' àuxo et l’t'ô'.ojJŒTaTov. Dialectica, c. xlii, P. G., t. xciv, col. 612. C’est la réahlé qui ne fait pas partie d’un tout et qui est ce tout lui-même, comme l’a expliqué Théodore Abucara ; qui existe par soi et non en raison d’autre chose, comme le rappelle Theorianos. L’idée d’existence propre et séparée domine donc dans l’analj’se que les Pères font du concept d’hypostase. Cf. S. Jean Damascène, Dialectica, c. lxvi, p. g., t. xciv, col. 668, 669. Les termes uTTÔaTaa ; ? et jTrap^t ;, existence, sont d’ailleurs assez fréquemment pris comme synonymes : i< L’hypostase, dit saint Athanase, est la substance et n’a pas d’autre signification que ce qui existe : c’est ce que Jérémie appelle l’J’rapEu ou l’existence. Hypostase. substance.