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IIYPOSTASE


hypostase : — ensuite, quand deux natures existent el suljsistent l’une dans l’autre réciproquement et l’une avec l’autre (aJv étsoo'.ç) et concourent à lormer une hypostase unique ; c’est le cas du corps et de l'âme et généralement des parties d’un tout naturel ; — enfin quand une nature subsiste sv éxs’ptj), dans une hypostase autre que son hypostase naturelle ; c’est le cas de l’humanité dans la personne éternelle du Verbe. » Contra Jacob., n. 11, 12, P. G., t. xciv, col. 1441 ; De natura composila. n. 6, t. xcv, col. 120. Le premier cas d’enhypostasie n’existe que selon notre manière de concevoir la nature concrète dans l’hypostase : en réalité, il y a identité matérielle entre nature et hypostase. Les deux autres cas sont des cas d’enliypostasie réelle et objective. Il est à peine utile de faire remarquer que le mot hypostase signifie ici l'être existant en soi et subsistant par soi et non point, selon la conception primitive, voir col. 369, une simple réalité, quelle qu’elle soit, nature ou substance.

Ailleurs, saint Jean Damascène explique comment ! os différences essentielles séparent d’entre elles les hypostases de même nature spécifique et en font les individus. Dialectique, c. xiii, P. G., t. xcv, col. 612. Le nom d’hypostase vient de ce que, dans le sujet qui leçoit cette dénomination, subsiste de fait la substance qui reçoit les accidents. IbidQuant aux notes caractéristiques de l’hypostase, c’est d’abord de posséder l’essence avec son individualité, ensuite, d’exister p ir soi. De fuie oitli.. 1. III. c. vi, P. G., t. xciv, col. 601 sq., enfin, d'élre incommunicable. « C’est le propre d’une hypostase (liuinainc) d'être singulière et indivisible, c’est-à-dire de s’isoler en elle-même grâce aux nombreux éléments qui la séparent de toute autre ; différence de lieu, de temps ; différence de caractère, de force, de physionomie, d’habitudes, de dispositions, de dignité, de profession, en un mot, différence dans les propriétés ca. actéristiques.Mais, pardessus tout cela, incommunicabilité et propriété d'être séparément du reste, ttXéov ôï râvtfov, tm afj iv ilÀrjÀaiç àXkk y.E/'op'.aaJvw ; slvat. » De fide orth., t. I, c. vili, /'. G., t. xciv, col. 828. Enfin, pour explicpier la différence entre l’essence ou nature et l’hypostase, saint Jean Damascène reprend la formule courante chez les Pères grecs : l’essence correspond au commun, l’hypostase au singulier ; l’essence renferme les principes spécifiques, l’hypostase y ajoute les " accidents qui en sont les propriétés caractéristicpies », d’où, envisagée en elle-même, l’essence ne subsiste pas, mais considérée (comme subsistante] dans les hypostases, r, oji'.x oï y.aO'éajTr|VoJy jçiiTava'., àXÀ' jv Taï ; j-ostâiesi Œ’opsÏTai. De fide or//i., ' I. III, c. vi, P. G., t. xciv, col. 1001. f L’hypostase ne signifie pas ce (/u’est auquel eal le sujet, mais qui il est ; les différcnces de nature font autre chose et autre cliose (aliud et aliud) : les flilTêrcnces d’hypostases font les différents individus ((dius et alius) ; la nature signifie quelle est la chose (qiiod atiquidsil, mot à mot, qu’elle est quelque chose, qu’clle a telle " quiddilé « ) ; l’hypostase désigne cette pers()nnc, cette chose individuelle, tninc aliquem ou ttoc aliquid ; jièv 9J3'. ; tô TÎ ariiiaîvc'., r, 5k jzoaTaai ; Tiva La ; TÔôs t'.. Dialectique, c. xviii ; cf. c. xxix, P. G., t. xciv, col..581. 580. Dans le De liœresibus, saint Jean Damascêm', relatant, col. 144 sq, les théories des sêvéricns relativement aux notions de nature et d’hi/postase, reproduit de larges extraits de V Arbitre de.Jean le Grammairien, dii Philopon, col. 741-7.5.3. Voir Dickamp, Doclrina l’fdrum de incarnalione. Munster en Weslphalie, 1907, p. 272-28 : {.

.5" » Théodore Abucara (+ 869) mérite une mention spéciale ; son analyse des rapports de la nature individuée et concrète à l’hypostase est poussée plus à fond. L'être enhypostasié (Èvjro’aTa-rov) devient, pour hii, l'être hypostatiquc (j-ojTaT'.y.ov) : » Une

réalité, dit-il, peut être hypostase (j-o’aTaji ;) ou hypostatique (û ::oaTâx'.y.ov). Les deux ont de commun qu’elles sont composées de la nature (spécifique) et des propriétés individuantes. Sur les propriétés individuantes, voir la note au texte de saint Jean Damascène, P. G., t. xciv, col. 594, note 23. Elles diffèrent en ce que l’hypostase ne fait pas partie d’un sujet (elle est ce sujet même), l'être hypostatique fait partie d’un sujet. Pierre, n'étant partie d’aucun sujet, est une hypostase ; le corps de Pierre, étant partie de Pierre, n’est pas hypostase, mais hypostatique, malgré qu’il comporte une nature réelle et des propriétés individuelles. Mais ce n’est pas assez de la nature concrète et des propriétés pour constituer l’hypostase, il faut encore que cette nature ne soit pas prise comme partie d’un tout. » Opuscula, disp. XXIX, P. G., t. xcvii, col. 1578. Et encore, répondant à l’hérétique qui demande si la substance est différente de l’hypostase : « Oui, répond-il, la substance est autre chose et l’hypostase autre chose, non pas comme deux réalités difierentes l’une de l’autre, mais parce que l’hypostase signifie autre chose et autre chose la substance. Le grain de froment est, à la fois, semence et fruit ; semence et fruit ne font pas deux réalités différentes, mais répondent à deux significations diverses ; la semence est semence par rapport à la culture à venir ; le fruit est fruit par rapport à la culture passée. » Disp. XXVIII, col. 1569. Cette comparaison, empruntée à Aristote, De generatione animalium, t. I, c. xviii, n’est qu’une comparaison. Théodore Abucara approfondira la question en revenant aux concepts du commun et du singulier appliqués à la nature et à l’hypostase. L’essence, c’est l’espèce, la nature ; quant à l’hypostase, c’est l'être particulier, l’individu, col. 1372 ; cf. col. 1472 sq. Mais il saura éviter le réalisme d’un Grégoire de Nysse et expliquera d’une façon précise en cjuoi consiste le caractère de communauté attribué à l’essence par rapport à la « singularité » de l’hypostase. La nature est dite commune parce qu’elle correspond au concept de l’espèce qui est identique pour tous les individus de même essence (Abucara va jusqu'à les appeler ô|j.ooj31a) ; mais, considérée en elle-même, la nature fait abstraction de tout caractère de communauté réelle et objective ou de singularité. Elle inclut simplement les principes essentiels de l'être, ceux que renferme la définition. La même nature réalisée, exisl(uit individuelle et singulière, est encore, autant qu’il dépend des éléments qui la conslituenl, indijjérctUe à être soit un sujet total, soit un élément partiel d'être, indijjêrenle à l’existence en soi ou en autrui, indiflérente, en somme, à être hypostase ou non. D’où.bucara conclut que " cette chose commune (qu’est la nature) n’est ni toutes les hypostases, ni une seule hypostase, mais qu’elle est considérée et se trouve oXiLo) ;, c’est-à-dire tout entière en cliaque hi/postase « . Disp. II. /*. G., t. xcvi, col. 1 188 ; cf. dans les œuvres de S. Jean Damascène, t. xciv, col. 092, note. Voir Tiphaine, op. cit.. c. xxii, n. 6.

6 » Le Lexieon de Suidas (xi"e siècle). Halle et Brunswick, 1834-1853, au mot j-ô^Tao'. ;, voir également les mots ojoia et « ûi’C, résume la doctrine traditionnelle de l’hypostase, mais en y mêlant des assertions personnelles, qu’il ne faut accepter qu’en les passant ati crible de la critique. Suidas explique ce qu’est rhypostasc, Vvrjr.'jQXOi-O'/ et l’jroaTaT'.xfî B'.aspoca. L’hypostase est l’individu : la nature subsistant dans une hypostase est dite 'v/j-iiTa-o : ', V Ôl'/jt.', 7TIT0V est ce qui n’existe pas réellement. La raison l}tjppst(dique multiplie les individus en unissant dans chaque sujet l’cTisemble des propriétés communes qui font la substance, el en séparant les sujets les uns (les autres. En bref, c’est ce qui fait l’individualité et la distinction des êtres. Il faut rejeter la prétendue