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HYPOSTASE


contradiction. La solution proposée a pour base la distinction de rOro’jTaa'.r et de l'ÈvuiidaTaiov, déjà esquissée antérieurement, mais que les théologiens du VI « au XIe siècle vont mettre en pleine évidence.

1° Jusqu’au vi<e siècle, en effet, les Pères n’avaient pas abordé directement la question métaphysique de la nature concrète comparée à l’hypostase. En quelques mots jetés en passant, ils avaient cependant d’une certaine façon posé les principes d’où devaient sortir, les luttes dogmatiques une fois apaisées, les explications théologiques ultérieures. Saint Basile, Epist., ccxxvi, n. 6, avait dit que l’hypostase existe à part soi, TO xaO' ïzaaTOv ; c’est cette existence en soi, cette perfection individuelle qui caractérise l’hypostase. Saint Grégoire de Xysse fait entrer dans le concept de personne l’idée d’indépendance, de spontanéité, de liberté, en un mot, de cette perfection individuelle que les Pères ont exprimée en affirmant que Jésus a uni notre humanité à sa divinité s ; " ; aiav-ili-.ôTrjTa ; S. Épiphane, Symbole, Denzinger-Bannwart, n. 13 ; cf. Hær., lxxvii. n. 29, P. G., t. xlii, col. CS4 : S. Athanase, Contra Apollinnrem, t. I, n. 12, P. G.. t. XXVI, col. 1113. Si la nature humaine concrète, dans la personne de Jésus-Christ, ne constitue pas une hypostase, une personne, n’est-ce point préciséiuenl parce qu’il lui manque cette perfection dernière d’exister à part soi et de ne dépendre que de soi quant au mode de subsistence ? Nestoriens et eutychiens reprochent aux catholiques de faire de la nature humaine dans le Christ un être àvjrdaTatov, puisque les conciles interdisent de la concevoir comme une hypostase ou une personne : mais, entre l’O-o’aTZTi ; et l'àvj-o-jTiTov, (SUT l'équivalence, en matière christologique et trinitaire, des termes, àvj-riaT7.ro ; et k-^o’jior.o :. voir Shlossraann, op. cit., § 8 et 9), n’y a-t-il donc aucun moyen terme, comportant une solution satisfaisante ? Ce moyen terme, c’est l'être enhypostasié, l’iv-j-oataTov, qui n’est ni l’hypostase, ni l'être sans hypostase, mais bien l'être existant en une hypostase différente de sa propre réalité. Bardenhewer, Les Pères de l'Église, trad. franc., Paris, 1899, t. iii, p. 20, attribue à Léonce de Bj’zance l’invention du terme svu-ôjtitov. Mais c’est à tort. On trouve déjà ce mot, au ve siècle, chez l’auteur des Dialogues sur la Trinité, dial. II, P. G., t. xxviii, col. 1160 ; cf. S. Cyrille d’Alexandrie. In Joannis Eirnnq., t. V, c. v, P. G., t. lxxiii, col. 844 ; Thésaurus, ass. viii, t. i.xxv, col. 101, 104 ; au ive siècle, chez saint Grégoire de Nazianze, Epist., ci, P. G.. t. xxxvi, col. 180 : chez saint Épiphane, voir col. 372, et fréquemment chez Did, viiie l’Aveugle, De Trinilntc, I. I, c. XVI, xxvi ; t. II, c. I, II, VIII, x : I. III, c. xix, xxxvii, P. G., t. xxxix, col. 337, 384, 452, 461, 616, 648, 892, 972. On le rencontre également dans 1éxÛ£(J'.ç IxaxpoîT'.yoç, Hahn, op. cit., p. 192. Saint Hilaire, De Trinilate, I. X, n. 21, P. L., t. x, col. 3.58, le traduit par subslantivum. Au iiie siècle, on le trouve employé, à propos de Paul de Samosate, dans une lettre de Dcnys d’Alexandrie, qui distingue de l’hypostase X’ojiIo. x-ij-'i-j-r-f)- et V’jj-six : vj-o7Ta- : oç, Mansi, t. i, col. 1044, et dans l'épître du synode d’Antioche. Ihid.. col. 1036. Sur l’origine du mot svj-o'-jTaTov, voir Junglas, Leonlius von Byzan-', Paderborn, 1908, p. 150 sq. 2° Néanmoins, c’est à Léonce de Byzance († 543) que revient l’Iionneur d’avoir formulé une théorie christologique complète de l’ivuro-Tiriv. Se référer, pour les citations, à la P. G., t. i.xxxvi ; Libri très rontro nslorianos et eulgrhianos, col. 1268-1.396 : Capita triginla contra Severum, col. 1901-1906 ;.So/h/io argumenfnrum r, Seurrn objcctnrum, col. 1916-1945. Dans l'échelle des réalités, la notion d'être fov’J’a au sens large) est la plus générale. C’est Vens transcendant des scolastiques. Au-dessous de cette notion se trouve le « enre, to -.'îvo :, et. au-dessous du genre, l’espèce, -'>

s'.oo ;. L’espèce est composée du genre et des différences spécifiques, B'.oo-ijwi. O'.açopat,-oioTritE ; oùait’lSs'.ç, oùaio-oioi ; ûi(iTr, Ts ;, col. 1301, 1277, 1921, 1928. L’espèce réalisée dans un être concret, devient la tpûaiç ou l’ojaîa au sens strict, qui se compose ainsi du genre et de la différence spécifique, col. 1945. Au-dessous de l’espèce, se trouve l’individu, to « toixov ; l’individu se compose de l’espèce et des caractères individuants, îô'.coij.a- : a àçwpi^T’xoc, qui ne constituant pas la personne ou l’hypostase, mais la font distinguer, col. 1917. Les caractères individuants se distinguent des simples accidents en ce que les accidents sont séparables (/topiatâ), tandis que les caractères individuants sont permanents et demeurent sur l'être qu’ils déterminent, TJU.6E6T, LdTs ocywptatà, col. 1945. Ceux-ci tiennent le milieu entre les simples accidents et les différences spécifiques ; les différences spécifiques sont permanentes, noid-TiTsç oùcjkôSs ;  ;  ; les caractères individuants sont-oid-r|Tsç £-o’j(i ! o')5s !  ;, col. 1277. Quant à l’hypostase ou personne, Léonce, comme les Cappadociens, l’identifie avec l’individu ou la oûut ; existant à part soi et en soi. Mais il ajoute à la théorie à peine esquissée de Basile de nouvelles jirécisions : « La nature implique l’idée d'être, la perfection : l’hypostase implique, de plus et principalement, l’idée d'être à part ; la première indique l’espèce, la seconde révèle l’individu ; la première porte le caractère de l’universel, la seconde sépare du commun le propre, » col. 1280, 1915. « La notion d’hypostase se réalise donc et dans les êtres qui, identiques par leur nature, diffèrent numériquement, et dans ceux qui résultent de natures différentes, mais qui ont entre elles un lien commun et « inexistent » l’une dans l’autre. Quand je dis qu’elles ont un être commun, je ne veux jias parler de celles qui se complètent mutuellement au point de vue de l’essence, comme c’est le cas des substances et des prédicats essentiels que l’on nomme propriétés, mais je veux parler de la nature et de l’essence de chacun des composants, nature qui n’est pas considérée à part soi (xaO' éau- : rjv), mais par rapport à la naturequi lui est jointe et unie », col. 1281. En d’autres termes, la notion d’hypostase implique l’existence à part soi, xaO' éauTdv, et ne convient qu’aux individus possédant une existence indépendante. Si donc un tout était composé non seulement de parties substantielles, mais de substances ou de natures complètes, ces.substances ou natures ne seraient pas des hypostases, car elles existeraient, non en elles-mêmes, mais dans le tout. Or, une nature, une substance concrète ne peut exister qu’individuelle et, par conséquent, hypostasiée >de quelque façon ; autrement, elle serait une pure abstraction, col. 1280. Entre la nature abstraite, sans réalité, àvurM^-ca-nç. et la nature individuée qui existe à part soi, j ;  ; daTaaiç, il y a un moyen terme, c’est l'être, la nature « enhypostasiée, èvurd-îTaTo ;  : Être enhypostasié convient à ce qui n’est pas un accident et qui cependant existe en un autre et non en soi-même, ~o 81 èvurdaraTov to jif, stvai aÙTo aviiiÊs6r, y.d ; Oï|Àoî, o 'ev ÉTêpii) ïyv. ~'i s'.vat, Lai oùz Èv éaurtô Œ’opEÏTai, col. 1277. La nature enhypostasiée n’est pas une hypostase, puisqu’elle n’existe pas en soi. mais ce n’est pas non plus un accident, puisque, par hypothèse, c’est une nature, une substance. L’accident, parce que tel, n’est dit enhypostasié qu’imiiroprement ; il serait plus exact de l’appeler ÉTepoUrdi-.t-.m. Par là, l’on peut répondre victorieusement aux ditllcultés soulevées par les hérésies contraires de Nestorius et d’I-Aitychès contre la doctrine catholique de l’incarnation : la nature humaine, tout en demeurant coniplète et intégrale, n’est pas une hypostase, parce qu’elle n’existe jias à part soi, et qu’elle subsiste dans le Verbe, à qui elle appartient et qui lui donne d’exister par le fait qu’il la reçoit en lui, col.