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HYPOSTASE


renls ? » Oral., xlii, ii. 16, P. G., t. xxxvi, col. iTd477.

L'éloquence de Grégoire porta ses fruits. Les deux fractions catholiques d’Antioche se réconcilièrent et, l’année suivante, les évêques, s'étant réunis de nouveau (382), envoyèrent au pape saint Damase une confession de foi où l’on lit cette phrase : Nous croyons que In divinité, la puissance, l’csii ; est unique dans le Père, le Fils et le SaintPJsprit : égale gloire et coéternelle domination dans les TROIS PARFAITES BYPOSTASES OU BIEN LES TROIS PARFAITES PERSOAAES, Èv Tpiai -iÀêta'.ç ÛTTùaTâascj'.v rjyo’jv Tp'.ai tîÀsc’o'. : rrpojfo-ci'.ç. Cf. Théodoret, H. F., t. V, c. ix, P. G., t. lxxxii, col. 12121217. Rome admit cette formule et ainsi les deux terminologies se trouvèrent ofliciellement proclamées équivalentes. Le mot personne s'était imposé à l’Orient, cf. symbole d’Athanase, Denzinger-Baniiwart, n. 39 ; mais le mot h’iposktse, qui représentait la tradition grecque, était conservé et Damase s’y était nettement rallié. Cf. Théodoret, op. cit., cm, col. 1124-1125. L’union désormais était faite pour les questions trinitaires. Saint Cyrille d’Alexandrie, qui, dans les questions christologiques, identifie si volontiers çJ51 ; et j ;  : o'^- : a’j ;  ;, adoptera, dans les questions trinitaires, le langage accepté de tous : il y distinguera nettement tpjai ; d’C-o’aTa ! j[ç ; jj.{a yàp r) Œo-riTO ; ©ûai ;, écrit-il, âv TOtuiv 'j~OŒTâa£atv î&iy.aï ; voo’ju.svr|. Adversus Neslorii blasphemias.c.Y, n.6, P. G., t.LXxvi, col. 240 ; De recta fide ad reginas, c. i, col. 1272 ; Quod B. Maria sil deipara, n. 12, col. 260. On trouvera indiqué à l’article Trinité comment la théologie catholique applique le terme personne au Père, au Fils et au Saint-Esprit et comment les diflerents systèmes justifient leur conception de la personnalité par rapport à ce dogme. Nous étudierons maintenant d’une façon exclusive l’emploi des mots liypostase et personne dans les problèmes christologiques, en vue de préparer les thèses concernant l’union hypostatiquc.

II. DANS LES FORMULES CHRISTOLOGIQUES.

L(S discussions trinitaires n’avaient pas épuisé la question de l’hypostase. Les Pères, parlant des personnes divines, n’avaient éprouvé aucune difficulté à distinguer l’hypostase de l’usie. comme le particulier du commun. Saint Grégoire de Nazianze n’avait même pas hésité à tirer de cette distinction, fort juste en soi, des conclusions, fausses))liilosophiquenient, par rapbort aux essences créées. Voir Essence, t. v, col. 841. Mais, dès l’origine, la croyance en l’unité personnelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, s’est manifestée dans l’I^glise catholique. Or, cette croyance pose la question des rapports de la nature humaine, existant réellement, concrète et individuéc en Jésus-Christ, vis-à-vis de la personne ou hyjiostase du Fils de Dieu. Pour résoudre le problème, les Pères vont soumettre le concept (l’hypostase à une nouvelle analyse, afin d’arriver à distinguer la nature concrète et individuée de l’hypostase ou jjersonne et ii démontrer ainsi la possibilité pour le Fils de Dieu d' « assumer » la nature, mais non la iiersonne humaine. Toutefois des flottements se produiront encore dans la terminologie, occasionnés, d une part, par les équivoques voulues des hérétiques et, d’autre part, par l’imprécision des formules catholiques.

Quelques observations préalables sont nécessaires touchant l’emploi d’un terme, synonyme d’ojs’a, et que l’on rencontre fréquemment dans les discussions christologiques. C’est le terme « pûï'.ç, nature. Dans le sens philosophique du mot, voir Aristote, Phi/sic, I. ii, c IX, X, la nature est le principe de l’opération. Mais, dans les ((ueslions trinitaires, ce mot n’avait pas encore trouvé de sens précis. Pris souvent comme synonyme d’oJii’x, voir Didynie l’AveuRlc, De Trinilalr, î. 1, c. XVI, P. G., t. XXXIX, col. 348 ; S. Jean Damascène,

DICT. DE THÉ.OI.. CATHOL.

Dialectica, c. xxx, P. G., t. xcv, col. 589 ; Sacra parallelu, P. G., t. xcvi, col. 348 ; t. xcv, col. 1097 ; S. Anartase le Sinaite, Hodegos, c. ii, P. G., t. lxxxix, col. 56-57 ; Justinicn, Confessiorectæ fidei adversus tria capitula, P. G., t. lxxxvi, col. 1010 ; Theorianos, Diat. udv. Armenos, P. G., t.cxxxiii, col. 145 sq. ; le De sectis, act. 1, n. 1, P. G., t. lxxxvi, col. 1194, il signifie plutôt, cliez les Pères grecs, les propriétés et les qualités de roJ7ta. Saint Atlianase, De decrelis Nica-nae synodi, n. 11, P. G., t. XXV, col. 441, l’emploie, par exemple, pour marquer que toute la fécondité (çj^ ;  ;) du Père ayant été épuisée, il nepeut y avoir qu’un Fils ; le Saint-Esprit est Dieu par 7 ! a/ « rc. puisqu’il nous divinise luimême. Lettres à Sérapion, I, n. 24, P. G., t. xxvi, col. 585-588. KaTà -r, v ojjtav zai y.aTà ~t, '/ « j^'.v signi tient et selon la substance et selon les propriétés qui en découlent. De synodis, n. 45, col. 801. Cf. Contra arianos, orat. i, n. 28, 29, col. 69, 72-73 ; Tomus ad Antiochenos, n. 6, col. 773. Didyme l’Aveugle donne à çja'. ; et à oj3Îa à peu près la même signification, mais avec la nuance particulière qu’on retrouvera plus tard, à Alexandrie, chez saint Cyrille. Il parle de la oûa'. ; du Père, De Trinitute, I. I, c. xxvi, xxvii, P. G., t. xxxix, col. 389, 404 ; de la çûai ; du Fils, 1. I. c. xxvii, col. 397 ; de la çjai ; du Saint-Esprit, t. ii, c. II, vu ; I. III, c. XXXI, col. 404, 560, 949. CL Bardy, op. cit., p. 76, note. Pour saint Basile, la nature (tpûa'. :) constitue les attributs divins, tandis que V’jtm’z-zhq'.x, indique les modes personnels. Epist., xxxviii, n. 2, P. G., t. xxxii, col. 325 ; Adv. Eunomium, t. I, n. 10, P. G., t. XXIX, col. 533. Bien qu’utilisant le terme ojafa en parlant de la substance divine, cf. S. Grégoire de Nazianze, Oral., xxxi, n. 11, 28 ; xlii, n. 16, P. G., t. XXXVI, col. 145, 164, 477 : S. Basile, Adv. Eunom., t. I, n. 5, 7, 12, 18, 25 ; t. II, n.5, 9, 10, P. G., t. xxix, col. 520, 529, 540, 552, 568, 580, 588, 589, etc. ; S. Grégoire de Nysse, Contra Eunom., t. III, P. G., t. xi.v, col. 604, les Cappadociens préfèrent employer le mot œûîj'.ç, sans confondre toutefois les deux expressions, parce que oùniix indiquerait plutôt ce qu’il y a d’inaccessible et d’incompréhensible dans la substance divine. Cf. S. Basile, Adv. Eunomium, t. I, n. 13, 14, P. G., t. XXIX, col. 541, 544-545. Plus rarement le terme tpûijK ; est employé avec le sens d'ÛT^daTaa'.c ; voir le texte de Pieriis, rapporté par Photius, col. 372 sq. : la lettre d’Alexandre d’Alexandrie à Alexandre iv Constantinople, où il nomme le Père et le Fils Ta ; -f ; Lr.oaiâcEi 5Ù0 cpjasi ;, et désigne le F’ils comme jj.saixcjojaa çji'.ç ij.ov&Y£vr|ç, P. G., t. XVIII, col. 561, 565. C’est surtout saint Cyrille d’Alexandrie et son école qui ont consacré ce sens. Voir plus loin. Les hérésies, aflirnie saint Jean Damascène, De ftde orthod., I. III, c. III, viennent de la confusion faite entre « pûi'.v cl j ;  : o’aTaa ! v, P. G., t. xciv, col. 992. Plus simi>lemen( encore, le mot çij5'. ; est employé pour signifier la réalité objective d’une chose, par o]ipposition à la simble apparence, abstraction faite de son mode de subsistance. C’est le sens primitif d’C7 : ôa- : aa'.ç, voir plus haut, col. 371. Saint Cyrille d’Alexandrie a, plus d’une fois, donné ce sens à « Js'.ç. Cf. Petau, De tncarnationc, I. VI, c. viii, n. 3.

1° Dans les discussions christologiques jusqu’au concile de Chctlcédoine. — 1. Apollinaire de J.aodicéc. — Saint Basile avait marqué d’un trait la caractéristique de l’hypostase, le to xaO' sy.aîTov, trait que les deux Grégoire avaient accentué, en insistant sur les idées de totalité, d’indépendance, d’intelligence, de liberté. Apollinaire, évîqne de Laodicéc, s’emparera de ces notions pour opposer, aux thèses dyophysites de l'école d’Alexandrie, une théorie philosophique de 1 li> postase qui, entendue en un sens trop absolu, devait le mènera l’hérésie. La substance concrète n’est pasdifTércn te de l’hyiiostase. car elle comporte la perfection, l’in VII. — 13