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mini sicut parvuli, non inlrabitis in regnum cœlorum. » Loc. cit., p. 500. Pour prouver sa thèse malgré JésusChrist, Sabatier cite saint Paul, I Cor., xv, 43, qu’il traduit ainsi, entre guillemets : « Il faut que la vie psychique vienne la première, ensuite apparaît la vie spirituelle et libre. » Esquisse, p. 252. Malheureusement saint Paul n’a pas ces mots, et parle ici d’une tout autre question : de deux espèces de corps humain qui doivent apparaître successivement dans la série des temps, le corps animal comme le nôtre, puis le corps glorieux et spiritualisé, que nous aurons à la résurrection, et dont celui du Christ ressuscité est le type. Sabatier cite aussi l'Épître aux Galates, iv, 1-5. Mais saint Paul n’y parle pas dos futures destinées de l'Église, il parle du passé, de l'état servile des Juifs sous la loi mosaïque, et du Christ qui est venu affranchir les hommes de cette loi de crainte. Décidément ce professeur de théologie protestante n’est pas heureux dans ses citations de l'Écriture. Il y a pourtant un endroit où saint Paul parle non plus du passé, mais de l’avenir, et non plus des corps, mais de la vie intellectuelle et morale, et annonce une transformation de cette vie, en se servant précisément de la comparaison de l’enfant qui devient homme et abandonne les choses de l’enfance. Mais cette transformation, c’est seulement dans la vie future qu’il l’attend, quand nous ne verrons plus Dieu obscurément et par la foi, mais face à face. I Cor., xii, 9-12. H faut donc nous résigner à rester, au point de vue de la connaissance religieuse, plus ou moins enfants ici-bas ; et notre robuste fierté n’a pas à s’offusquer de la tutelle de l'Église enseignante qui d’ailleurs, par son infaillibilité, nous domine davantage qu’une mère son enfant. Enfin le Christ n’a pas dit aux apôtres ou à leurs successeurs, quand il les envoyait enseigner les nations" : « Je suis avec vous jusqu’au xvi 8 siècle, » mais : « Jusqu'à la fin du monde. » Alors, mais alors seulement, l'Église finira d’exister sous sa forme militante, avec sa hiérarchie, son enseignement et ses lois ; alors chacun des élus, rendu par la vision béatifique personnellement infaillible et même impeccable à jamais, parviendra au plein développement de son être et à l'âge de sa majorité ; alors le Christ, comme homme et chef de l'Église, « remettra le royaume ù Dieu et au Père… afin qu’en tous Dieu soit tout. I Cor., xv, 24, 28.

2e corollaire. — Puisque la foi divine, en s’appuyant sur sa règle vivante, l’autorité de l'Église, acquiert un état de perfection supérieure, et un caractère social, et sert à réunir tous les croyants en une société universelle ou « catholique » , nos théologiens ont eu raison de la considérer parfois précisément dans cet état, et de l’appeler alors, non seulement « foi divine » à cause de son motif spécifique qui est l’autorité du témoignage divin, mais « foi divine et catholique. » Ainsi la considère le concile du Vatican en cet endroit : « On doit croire de foi divine et catholique toutes les vérités qui sont contenues dans la parole de. Dieu écrite ou transmise en dehors de l'Écriture, et qui sont proposées à notre foi par l’Eglise comme divinement révélées. Scss. III, c. iii, Dcnzingcr, n. 1792. Naturellement, quand il est question de foi « divine et catholique » , la proposition par l'Église devient un élément essentiel de la définition et ne peut être omise. Et même on peut 'lire cpi 'mie perfi « Hou accidi nielle très notable, comme ei Ile qu’ajoute à la foi divine la proposition ecclésiastique, une perfection accidentelle qui d’ailleurs n’est pas un fait individuel ou exceptionnel, mais le (ait normal depuis l’institution de l'Église destinée au monde entier, pourra dans notre esprit constituer comme une nouvelle essence composée et une nouvelle Fol. L’acte de fol, non plus que la vertu infuse qui le produit, ne sera pas changé physi quement dans sa substance ; mais, acquérant dans un nouveau cadre providentiel une nouvelle valeur morale, il sera changé moralement, et mis dans un état meilleur. On ne pourra donc considérer dans la foi qu’une seule espèce physique, unam speciem naturæ, comme dirait saint Thomas ; et c’est en ce sens que Scheeben a dit : « La foi catholique se distingue en quelque sorte formellement de la simple foi divine, non pas sans doute que ce soit une nouvelle espèce de foi : ce n’est qu’une forme particulière de la réalisation concrète de la fol divine, … une condition de son parfait développement. » Loc. cit., p. 497. Si haute que soit sa conception de la foi divine et catholique, Scheeben ne veut admettre qu’une seule espèce de foi. Mais on pourra considérer deux espèces morales, ce que saint Thomas appelle duas species secundum condiciones morales supervenienles ou secundum speciem moris. Sum. theol., PII 16, q. xviii, a. 7, adl um ; q. i, a. 3, ad 3um. Et cette remarque suffit à concilier les manières si différentes dont saint Thomas présente la définition de la foi, son « objet formel » , sa nature. Traitant ex professo de l’objet formel de la foi, il ne parle pas de l'Église, ni même de l'Écriture, mais seulement de la révélation, parce qu’il ne considère alors que ce qui est physiquement essentiel à la foi salutaire, et par suite omet toute condition physiquement accidentelle. Sum. theol., II a II æ, q. i, a. 1. Mais ailleurs, amené par son sujet (il est question de l’hérétique) à considérer la foi comme proposée par l'Église, comme catholique, il donne une autre définition : « L’objet formel de la foi est la Vérité première, en tant qu’elle se manifeste dans les saintes Écritures et la doctrine de l'Église, qui procède de la première Vérité, » q. v, a. 3. Schiffini aurait pu se contenter de cette remarque pour expliquer cette dernière définition de saint Thomas, d’autant plus que lui-même, pressé par une objection, finit par distinguer deux différentes spécifications de la foi. De virtutibus infusts, 1904, p. 151. Mais il a préféré expliquer saint Thomas par une opinion singulière de I.ugo, qui, pour résoudre une difficulté gênante dans l’analyse de la foi, s’oublie jusqu'à faire entrer la proposition par l'Église, et jusqu'à la parole du catéchiste, dans la révélation ellemême. C’est une exagération du rôle de l'Église dans la foi.

La foi divine et catholique » dont parle le concile est appelée par abréviation « foi catholique » . Et l’autre espèce morale, c’est-à-dire la foi divine non appuyée sur la proposition de l'Église infaillible (par exemple, celle d’un protestant de bonne foi, ou d’un païen à qui Dieu révèle immédiatement les vérités nécessaires au salut), est dite simplement « foi divine quand on la distingue de la première. I.e péché formel d’hérésie, le plus grave crue l’on puisse commettre contre la foi, suppose que l’on nie une vérité de i foi catholique » , une vérité non seulement révélée de Dieu, mais encore proposée par l'Église comme telle : la qualification odieuse d' hérétique » et les peinescanoniquescontrece péché autorisent cette restriction, cette stricte Interprétation, qui est présentée par une multitude d’auteurs. Si donc il arrive à un catholique de nier, et même par sa faute, Une Vérité révélée, mais que l'Église ne propose pas distinctement et certainement à notre foi comme révélée, il ne doit pas être traité d’hérétique. Si, au contraire, il nie en pleine connaissance de cause une éiité de foi Catholique, averti par sa conscience qu’il fait mal c t s’obst inant à

le taire, perttnætter, il est hérétique au sens propre 1 1

formel, et alors, quoiqu’il ne nie qu’un seul do

directement, il perd la vertu infuse de f<>i par cel acte ;

si d’ailleurs il rejette un dogme qu’il sait garanti par l’autorité de l'Église, base de la foi catholique, comment ne perdrait-Il pas, avec œttl ban qu’il méprise,