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Dieu, même quand l'Église ne l’a pas encore proposé à sa croyance en condamnant le contraire comme une hérésie. Il le croit fide divina, et non comme le prétend Dôllinger, /We humana. « Civiltà catlolica, VI Ie série, t. ix, p. 386 sq. Cf. Granderath, toc. cit., p. 297.

4. On admet communément que les hérétiques ou schismatiques de bonne foi peuvent faire l’acte de foi divine et salutaire. — a) Rien en cela d’impossible ou d’invraisemblable. Si Dieu leur a accordé (c’est un dogme de l'Église) de pouvoir être baptisés dans leur secte du vrai baptême de Jésus-Christ, et de recevoir ainsi la vertu infuse de foi, pourquoi ne leur donnerat-il pas de l’exercer, s’ils reçoivent une éducation chrétienne, si, persuadés de la valeur historique de l'Évangile, ils acceptent les preuves que Jésus y donne de sa mission divine, s’ils retiennent de l’enseignement du Maître au moins quelques passages dont le sens est facile, quelques vérités à croire ? Us en perdront un certain nombre, privés qu’ils sont de l’influence directe de l'Église infaillible : mais après tout, pour faire un véritable acte de foi, il sufïît, avec la grâce de Dieu qui étend son action même en dehors de l'Église, d’adhérer fermement même à une seule vérité révélée, avec la bonne volonté générale de croire toutes les autres. — b) Si nous l’admettons, le problème de leur salut s’explique bien mieux. D’une part, les vérités qu’il faut croire, de nécessité de moyen pour le salut, sont peu nombreuses, on le sait, et parmi elles on ne compte pas l’infaillibilité de l'Église, ni l’obligation de se soumettre à son autorité comme règle de foi ; il peut donc arriver facilement qu’ils croient explicitement toutes les vérités qui sont de nécessité de moyen, excusés par leur bonne foi de ce qu’ils ne croient pas toutes celles qui sont seulement de nécessité de précepte. D’autre part, la grâce de Dieu peut facilement les amener à ajouter à cette foi salutaire l’amour de Dieu et la contrition surnaturelle qui les purifiera des péchés graves et assurera leur salut. Si l’on n’admettait pas pour eux ce moyen de salut, il faudrait dire, ou que Dieu n’a pas la volonté sérieuse de sauver tous les hommes, ou qu’il a établi une providence spéciale pour faire arriver infailliblement, s’ils vivent bien, tous les hérétiques et schismatiques de bonne foi à se convertir à la véritable Église et à être enfin unis à son corps avant leur mort : mais supposer une telle loi providentielle est très arbitraire, et même en quelque façon contre l’expérience, puisque nous voyons mourir, dans les Églises séparées, des personnes qui, selon toute apparence, étaient de bonne foi et ont vécu aussi bien qu’elles le pouvaient ; faudra-t-il désespérer de leur salut parce qu’elles ne sont pas entrées dans la véritable Église axant leur mort ? Noir Honni : foi, t. ii,

COl. 1011-101 |.

5. Par une conséquence théologique du principe que Dieu veut sauver tous les hommes, saint Thomas affirme qu’un païen de bonne toi, que l'Église n’a pu atteindre par ses missionnaires, s’il observe de son mieux ce qu’il connaît de la loi naturelle, aura infailliblement, avant sa mort, une révélation Immédiate mu laquelle il pourra, avec la grâce « le Dieu, faire un acte <le toi et les autres actes nécessaires au salut. In IV Sent., I. II, dist. XXVIII, q. i, a. I, ad 1 aillel lit que dans ecl acte de foi divine Paulin H é de l'Église n’intervient en aucune façon. Voir

i, I. iv, col. 21 (if, , 2169. Voilà pourquoi les théologiens ont eu soin de ne pas exagérer le r<M. di l'Église dans la foi, si grand il. i i de l’exprimer par des formules modérées el

adoucies. Donnons deux exemples : l.'alll or il é de

.'. 1 1 1 Adam Tanner, avec sa proposition publique de la toi, m la loi ordinaire de Dieu, morale ment nécessaire soil a l'égard de toute la communauté aussi d’une certaine manière a l'égard île chacun

des croyants, pour qu’en eux la foi soit pleinement conservée sans la corruption de l’erreur et sans l'ébranlement du doute ; mais non pas en ce sens que sans cette proposition on ne puisse jamais jaire un acte de foi divine. » Theologiæ scholastic, Ingolstadt, 1627, t. iii, De fide, q. iii, n. 42, col. 131. « A considérer la seule nature de la foi, dit le cardinal Mazzella, il n’est pas nécessaire que l’objet à croire soit proposé par l'Église ; mais par le fait de l’institution du Christ, le magistère vivant de l'Église avec son autorité doctrinale est le moyen ordinaire qui fait connaître la révélation chrétienne comme croyable ; et même l’autorité de l'Église est un moyen très efficace de sa nature, et nécessaire dans l’ordre actuel de providence où nous sommes pour produire et conserver l’unité et l’universalité de la foi. » De virtutibus infusis, 6e édit., Naples, 1909, n. 931, p. 493.

On ne saurait donc approuver les quelques théologiens qui, dans leur ardeur à défendre la règle de foi catholique, ont semblé refuser à tout protestant, même de bonne foi, la possibilité de faire aucun acte de foi divine, faute de recourir à la règle vivante cl infaillible. Salmanticenses, Cursus theol., Paris, 1879, t. xi, disp. VIII, n. 41, p. 406, contrairement à ce qu’ils avaient dit, disp. 1, n. 158, p. 74 ; Perrone, l’raiectiones theol., 31e édit., Turin, 1865, t. i, De vera religione, part. II, prop. 7 ; voir cependant une restriction, n. 173, p. 179 ; De virtutibus fidei, etc., 2° édit., Turin, 1867, De fide, prop. 4, surtout, n. 81, p. 25. Sur deux théologiens américains plus récents, voir Église, t. iv, col. 2168. C’est grâce à la thèse plus large, aujourd’hui généralement reçue, que les théologiens peuvent donner une explication modérée de l’adage : « Hors de l'Église point de salut, i Voir Église, t. v, col. 2166-2170. Sur les diverses formes que prend cette explication modérée et leur valeur relative, voir J. Y. Bainvel, dans les Éludes du 5 août 1912, p. 289 sq.

2° L’autorité de l'Église, son infaillibilité, n’entre pas dans le motif essentiel et spécifique de la foi salutaire ou tliéolog<de. — Raisons de celle assertion : 1. Si la proposition de l’objet par l'Église, comme nous venons de le voir, n’est pas même une condition absolument nécessaire de l’acte de foi, a fortiori elle ne peut faire partie de son motif essentiel. 2. Le concile du Vatican, définissant la foi avec beaucoup de précision, n’y signale pas d’autre motif propre et spé< ifique que l’autorité de bieu qui révèle, propler auctoritalem l)<i r< velanlis. Voir COl. 117. Il ne fait la aucune allusion à L'Église. Quand nous nommons l'Église dans nos formules de l’acte de foi. nous la nommons comme règle et non comme motif de la foi. La règle de toi fournit la

matière à croire, ou objet matériel. Voir col. 161. « Mon Dieu, je crois tout ce que votre Église m’enseigne, toute la matière qu’elle me propose comme révélée par vous. L’objet formel, le motif, est indiqué par le propler, le pane que : Parce que c’est VOUS qui

l’avez révélé, el que ous ne pouvez ni vous tromper ni nous tromper, i La règle de foi précède, prépaie l’acte de foi, elle se lient dans le estibule : le motif

spécifique Influe directement, essentiellement sur

lui-même, lui donne son caractère propre, le

spécifie.. :  !. Le motif qui donne a la foi salutaire son essence et son unité doit être le même pour nous

que pour Abraham, autrement La foi d’Abraham serait d’essence différente, et ne pourrait être prise par saint Paul comme le prototype de notre foi. n

faut donc que l’autorité de L'Église, qui n’inlhi a t pas

du ii mps d’Abraham, n ite i n dehors du motif essentiel et. spécifique de La toi. La question est bien

traitée par Wilmeis. I h fiilr dintna. Hat islionne, L902, p. 57 84,

Les limites qu’avec La théologie catholique nous