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sition, sous prétexte de la rapprocher de la vérité telle qu’il l’entend lui-même ? En histoire, le témoignage d’un chroniqueur ou d’un savant d’autrefois doit rester ce qu’il est ; nul n’a le droit de faire dire au témoin autre chose que ce qu’il a dit ; pas même au nom du développement des idées et du progrès des sciences, on n’a le droit de remanier son témoignage, de toucher à son texte authentique et certain. Il se peut parfois qu’une mauvaise copie ou une mauvaise version en ait été adoptée, et que la critique ramène au texte authentique ; il se peut que la pensée soit exprimée d’une manière obscure, et que beaucoup l’aient prise à contre sens ; alors il peut y avoir progrès dans l’intelligence du texte, mais la pensée était dès le commencement telle qu’on la découvre enfin, elle n’a pas changé en elle-même. Si le modernisme avait compris que la révélation est un témoignage, comme le Christ l’a dit lui-même, l'Église n’aurait pas eu besoin de condamner cette proposition : « Le Christ n’a pas enseigné un corps déterminé de doctrine, applicable à tous les temps et à tous les hommes, niais il a plutôt inauguré un certain mouvement religieux adapté ou qui doit être adapté à la diversité des temps et des lieux. » Décret Lamentabili, prop. 59, édit. des Questions actuelles, p. xiii ; Denzinger-Bannwart, n. 2059. Un témoignage n’est pas un mouvement qu’on lance, c’est un monument qu’on pose ; aussi l’on dit : les « monuments » de l’histoire. Lorsque certaines paroles de Dieu sont obscures, l'Église peut en définir le sens ; et quand elle l’a fait, il n’y a pas à lui demander d’adopter ensuite le sens contraire : étant infaillible, elle n’a pu se tromper sur le vrai sens. De là l’immutabilité du « dogme » , c’est-à-dire de l'énoncé fait par l'Église d’une vérité révélée. Le concile du Vatican, à l’occasion des erreurs de Gùnther, avait déjà expliqué tout cela : « La doctrine de foi, que I Heu a révélée, n’a pas été livrée aux hommes comme un système philosophique à perfectionner, mais elle a été confiée à l'épouse du Christ comme un dépôt divin qu’elle devait garder fidèlement et déclarer infailliblement. C’est pourquoi on doit conserver perpétuellement aux dogmes sacrés le sens une fois déclaré pal l'Église, » etc. Sess. III, c. iv, Denzinger-Bannwart, n. 1800. Cf. can. 3, n. 1818. Enfin le serment I' l’ic X contre le modernisme nous fait dire : l’rorsus rcjicio liœrclicum commentum evolutionis dogmatum, ab uno in alitim sensum Iranseunlium, diversum ab eo quem prius habu.it Ecclesia. Voir Aria apos !, , li<{e sedis, Rome, 1910, p. 670 ; Denzingcr, 11e édit., 1911, n. 2115. L’immutabilité, nous l’avons vii, est une propriété absolument nécessaire du témoignage de Dieu, et conséquemment du dogme. On étend parfois cette expression immutabilité du dogme » à une propriété contingente de la révélation chrétienne, et qui n’appartient pas à l’Ancien Testament, mais seulement au Nouveau ; elle consiste en ce que la révélation ne s’augmente plus de nouveaux apports divins, depuis la mort des apôtres ; c’est en ce sens qu’il est parlé de 1' « immutabilité des dogmes » à l’art. DOOME, col. 1599 sq. La mutabilité des formules dogmatiques qu’on y admet, col. 1603 sq., le l’emploi de nouveaux mots, mais ne dit point que N'élise ait jamais contredit réellement ce qu’elle avait énoncé d’abord ; au contraire, on y maintient qu’elle n’a jamais porté aile, nie a l’identité substantielle du dogme, col. 1604.

conséquence : la méthode a suivre, quand on

traite de la révélation dans ses rapports avec la foi. Les nouvelles erreurs onl rendu nécessaire une plus sévère méthode, qui ne se perde pas dans les détails I lain i t insiste sur les points importants. Nous ! Qterons de l’esquisser a grands traits :

a) Avant tout, parmi les nombreux phénoni'

même surnaturels, qui pourraient à la rigueur recevoir le nom de révélation, il faut distinguer et séparer du reste la révélation corrélative à ta foi, celle qui peut suffire d’objet à un acte de foi chrétienne et salutaire ; c’est la Seule que le concile du Vatican entende sous le nom de révélation ; il prend toujours « la révélation > en fonction de la foi. Ne nous noyons donc pas, avec certains modernistes, dans des phénomènes mystiques qui ne peuvent servir de base à la foi, parce qu’ils sont ou apurement émotionnels, ou d’un caractère intellectuel trop vague, sans aucun énoncé, sans aucune certitude, ou enfin d’une origine problématique, et douteusement divine, quoiqu’ils puissent provenir de l’opération surnaturelle de Dieu, qui par eux se propose d’atteindre diverses fins, mais non pas celle de baser un acte de foi.

b) Cette révélation corrélative à la foi, il faut établir qu’elle n’est pas autre chose qu’un témoignage de Dieu et tirer de cette vérité les conséquences principales. Voir plus haut, col. 123 sq.

c) Puisqu’un témoignage est communicable et transmissible, puisque Dieu a voulu que le sien fût communiqué à toutes les générations, '"puisqu’il a a exigé de tous les chrétiens l’acte de foi basé sur ce témoignage même, et ayant pour motif l’autorité du témoin qui ne peut ni se tromper ni nous tromper nous-mêmes nous recevons aujourd’hui une vraie révélation, c’est-à-dire cette révélation -témoignage faite aussi pour nous, et qui nous parvient soit par la voie historique ordinaire, soit surtout par l'Église qui en a la garde. Il paraît donc raisonnable, quand on étudie la révélation corrélative à la foi, de commencer par ce qui nous touche de plus prés, c’est-àdire par la réception en nous de cette ancienne révélation, d’autant plus que c’est le cas "ordinaire pour tous les siècles, le cas vraiment pratique pour la foi. Cette réception, c’est-à-dire l’acceptation de certains énoncés comme autrefois révélés, se fait avec le secours de Dieu, mais ordinairement sans aucun phénomène anormal ou miraculeux, ce qui en simplifie l'étude, et accentue la distinction entre la révélation au sens strict et les voies extraordinaires de la mystique, qui n’ont rien à faire ici. Il faut seulement que l’origine divine de ces énoncés ait été constatée, avant le premier acte de foi : ce qui se fait au moyen des motifs de crédibilité dont nous parlerons plus loin et dont s’occupe l’apologétique.

d) Il faut distinguer soigneusement doux choses : a. le fait de cette origine divine des énoncés chrétiens, suffisamment constaté au moyen des motifs de crédibilité : />. la modalité de ce fait. Cette modalité est chose accidentelle et diverse, et en variant elle ne change rien à l’essentiel de la révélation, ni de l’acte de foi. Dieu nous a parlé par les prophètes et les h

graphes de l’Ancien Testament, par le Christ, par les

apôtres ; quel que soit l’instrument Immain dont il se soit servi, cpie cet instrument soit hypostatiquement uni à la divinité, comme dans le Christ, ou qu’il ne le soit pas. c’est toujours le même témoignage divin, motif unique de la même foi. On peut d’ailleurs être assuré de l’existence d’un fait, sans connaître le mode de sa genèse. Aussi l'étude de la révélation intérieure et immédiate, et de tout ce qui peut se (lasser dans lame du prophète ou île l’hagiographo inspiré, est-elle ici chose secondaire et même négligeable.

Quand nous Ignorerions comment se liassent ces phénomènes internes que nous n’avons jamais expérimentés, ni' nous Suffirait il pas de lavoir que le tout puissant, le créateur de l’intelligence humaine, n’est pas a court de movens pour éclairer intérieurement

un prophète, quand il Le veut ? i t notre ignorance du mode nous empêcherait elle de reconnaître, par les molli, de crédibilité, le fuit hn même, c’est à-dln