avant d’avoir discuté la vérité, et de l’avoir dégagée de toute difficulté. » De ulililate credendi, c. i, col. C6. « A ceux qu’ils séduisent, ils promettent de rendre raison des choses les plus obscures : et ce qu’ils reprochent surtout à l'Église catholique, c’est de dire à ceux qui viennent à elle qu’il faut croire… Ce n’est pas qu’ils aient pour eux rien de solide ; mais ils cherchent à attirer les gens par le grand mot de raison. » Op. cit., c. ix, col. 79. Le Christ ne faisait pas comme eux : il demandait la foi, non toutefois sans avoir prouvé sa mission divine : « A quoi tendaient ces miracles si grands et si nombreux, sinon, comme il le disait lui-même, à faire croire en lui ? C’est par la sottise de la foi qu’il conduisait les âmes ; vous, c’est par la raison… Il louait les croyants, vous les blâmez… Par des miracles il s’est concilié l’autorité, par l’autorité il a mérité la foi, par la foi il a réuni la multitude. » Op. cit., c. xiv, col. 88. On voit qu’en face de celui qui se donne comme envoyé divin, saint Augustin veut l’enquête extérieure par les miracles qui prouvent sa mission, mais non l’enquête intérieure par la discussion des vérités qu’il prêche.
Saint Pierre Chrysologue résume l’antithèse en deux mots : Qui fidem quærit, rationem non quærit. Serin., lviii, P. L., t. lii, col. 360.
De même pour les textes ou les Pères opposent la foi à la vision ou à l’intuition, à l’expérience, à la démonstration ou science. Nos adversaires, qui font de la foi une intuition, ou une expérience, ou une science, ne peuvent s’accorder avec ces textes, dont voici quelques exemples.
a) Opposition de la foi à l’intuition. — « Si la foi est la conviction des choses que l’on ne voit pas, pourquoi voulez-vous voir son objet, et perdre ainsi la foi, et par suite l'état de justice, puisque le juste vit de la foi ? » S. Chrysostomc, In Heb., homil. xxi, P. G., t. lxiii, col. 151. Quid est fides, nisi credere quod non vides'.' dit saint Augustin, In Joa., tr. XL, n. 9, P. L., t. xxxv, col. 1690. Ailleurs, il donne toute sa pensée : « La différence entre voir et croire est-elle suffisamment exprimée par cette formule : ce qui est présent est vii, ce qui est absent est cru ? Oui, peut-être, si nous entendons ici, par présent, ce qui est à la portée de nos sens extérieurs ou de notre sens intime, quæ pra-sto sunl sensibus sive animi sive corporis… C’est ainsi que je vois cette lumière et ma volonté : l’une tombe sous le sens extérieur, l’autre sous le sens de l'âme, clic m’est intérieurement présente. Au contraire, si quelqu’un, dont la figure et la voix me sont présentes, me signifie sa volonté, cette volonté qu’il me signifie est cachée a mes sens extérieurs et à mon sens intime, aussi je ne la vois pas, j’y crois : ou bien, si je pense qu’il ment, je n’y crois pas, quand bien même clic est peut-être comme il le dit. On croit donc ce qui est absent à l'égard de nos sens, si le témoignage qui en est rendu paraît suffisant… Si pourtant la chose absente a été vue par nous autrefois, et si nous sommes c.-rtains de l’avoir vue, il ne faut pas la mettre dans la caté gerie de ce que l’on croit, mais de ce que l’on voit ; nous la connaissons, en effet, non par des témoins auxquels nous ayons ajouté foi, mais par un souvenir certain
que nous l’avons vue. « Episl., cxlvii, ad l’aiilinam, i. ii, P. L., t. xxxiii, col. 599.
b) Opposition de la foi à l’expérience. — « Dieu, dit saint Èphrem, a écril (dans la Bible) qu’il a crééle monde, el vous avez eu foi à son affirmation ; or, voilà un fait qui ne vous était pas connu par l’expérience personnelle : quel motif vous a ibnr amené a croire l’inexploré ' D’ailleurs, si vous aviez suivi l’expérience comme guide, vous n’auriez pas la foi. L’expérience
n antagonisme avec la foi. Loc. cil. L’Africain l’un que d’Adruméte vers le milieu du r
si' 'le. dit dans un remarquable commentaire sur
l'Épître aux Hébreux : « La foi, c’est croire les choses que l’on ne voit pas… Dans celles que l’on voit, on ne peut pas dire qu’il y ait ni croyance ni incrédulité, mais plutôt expérience, agnilio… La foi est l’argument des choses qui ne peuvent apparaître : celles qui apparaissent ne s’adressent plus à la foi, mais à l’expérience. Quand Thomas voyait, quand il palpait, pourquoi lui est-il dit : Quia vidisli me, credidisti ? Mais autre chose est ce qu’il a vii, autre chose ce qu’il a cru. La divinité ne pouvait être vue par un homme mortel. Comment donc a-t-il cru en voyant ?. En voyant l’homme, il a confessé par son exclamation le véritable Dieu, qu’il ne pouvait voir. » In Heb., xi, P. L., t. lxviii, col. 758. Ce passage a été verbalement reproduit par saint Grégoire le Grand, In Evang., homil. xxvi, n. 8, P. L., t. lxxvi, col. 1202. Il y ajoute ce trait : Fides non habet meritum, si humana ratio præbct expcrimentum.
c) Opposition de la foi à la démonstration et à la science. — On la trouve fréquemment dans Clément d’Alexandrie : « Celui qui croit les divines Écritures avec un jugement ferme reçoit, en guise d’incontestable démonstration, la parole même de Dieu, auteur des Écritures. Ainsi par la démonstration (proprement dite, philosophique) la foi ne pourrait acquérir plus de fermeté qu’elle en a. » Strom., II, c. il, P. G., t. viii. col. 941. La foi est donc plus excellente que la science, et doit lui servir de critérium. II, c. iv, col. 948. » Qui donc serait ennemi de Dieu jusqu'à refuser de le croire sur parole, et à réclamer de lui des démonstrations comme on en demande aux hommes ? » V, c. i, P. (>., t. ix, col. 16. « L’apôtre veut que notre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes qui se font forts de convaincre, mais sur la puissance de Dieu, qui seule et sans démonstrations peut sauver pas la simple foi, » ccl. 21.
Les Pères disent qu’on peut avoir la foi sans la science : ils ne sauraient donc confondre ces deux choses. — Exemples : « Il vaut mieux croire à Dieu en ne sachant rien du tout, et persévérer dans son amour. que tomber dans l’impiété par le raffinement de questions subtiles. » S. Irénée, Conl. hær., 1. II, c. xxvi. P. G., t. vii, col. 800. « Il est non seulement excusable, mais méritoire d’ignorer l’objet que l’on croit. » S. Hilaire, De Trinilatc, 1. VIII, n. 10. P. L., t. x, col. 242. « Il vaut beaucoup mieux posséder par une foi simple une parcelle de vérité, si petite soit-elle, que de perdre le tout en de savantes discussions ; acquérir avec ignorance la vie éternelle, que de tomber avec science dans la mort éternelle. Quand vous avez soif, il est plus important de boire, que de mesurer la fontaine. » S. Ephrem, Adv. scrulatores, serin. LXVII, Opéra, t. m. p. 129. Turbam non intelliqendi vivacitas, sed credendi simplicitas lutissimam facit. s. Augustin. Contra episl. fundam., c. iv, P. L., t. xui, col. 175 Cf. S. Zenon de Vérone, tr. I, De fuie, P. L., t. xi. col. 256.
.'i. Les Pérès rejettent de la foi la curiosité, cette
propriété de la science ou de l’intuition, la curiosité
qui cherche le comment et le pourquoi : et c’est encore
une occasion pour eux d’affirmer le motif spécifique de la foi. i I.'objet de foi, dit saint Athanase, s’adresse à la connaissance, niais non à la curiosité. Quand les
disciples entendirent ces mois : Baptisez-les au nom
du Père et du Iils et du Saint-l'.spi ii, ils ne se demandèrent »as avec curiosité pourquoi le Plia en second lieu et l’Esprit en troisième, on en général, pourquoi une Trinité : mais ils crurent scion ce qu’ils avaient entendu, i Epiit., iv, ait Sempionem, n. 5, P. G.,
i. xvi, col. 643. Saint c.iit vsosionie, expliquant Rom., t. 5, <iii Quand le Seigneur affirme, les audl
leurs ne doivent pas sauter curieusement la chose
affirmée, mais seulement la recevoir. Les apôtres ont