Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/618

Cette page n’a pas encore été corrigée
1217
1218
GENESE


l’adoreront. Semblable au lion, le roi des animaux, Jésus-Christ est le roi des rois, qui a vaincu le diable ; comme lionceau, il est le Fils de Dieu le Père ; il est aussi le fils d’une vierge. Comme le lion, il a dormi tranquille dans la mort, et son Père l’a ressuscité. Le royaume des Juifs a eu un chef de la tribu de Juda jusqu’à sa venue, mais les Juifs n’ont plus de royaume, depuis qu’il est venu. Les deux peuples, juif et païen, sont liés à la vigne de son corps par la foi. Il a lié le peuple juif, quand il lui a prêché la pénitence : si ce peuple ne croit pas, il sera maudit par la loi ; s’il croit, il aura à expier ses fautes passées. Jésus a lavé sa chair dans son sang à la passion. Son vêtement (anaboladium ) représente les croyants, élevés de bas en haut. Ses yeux figurent la grâce spirituelle qui vient sur nous du sang de Jésus-Christ, et les dents, la prédication des apôtres, qui sont plus blancs que la loi juive et que les anciens prêtres, p. 57-75. Grégoire s’est inspiré de saint Hippolyte, mais son commentaire ne semble pas avoir été utilisé du ive au vie siècle.

Saint Ambroise dépend aussi d’Hippolyte. Son De benediclionibus patriarcharum liber unus est postérieur à 386 et probablement de 387. Le discours paraît être adressé à Juda, et annoncer que de lui sortiront des rois, David, Salomon et le Christ. Mais celui-ci est un dernier Juda, un vrai conjessor, né de sa tribu et seul loué par ses frères. C’est sur la croix qu’il a eu les mains étendues sur ses ennemis. Comme lionceau, il est le Fils du Père, puisqu’il est son égal : à l’incarnation, il a germé d’une ierge, et il s’est endormi en mourant sur la croix. Jusqu’à lui, il y aura en Juda une succession régulière de rois ; il est né sous Hérode, le premier prince étranger qui ait régné sur Juda. Il est l’espoir des nations. Il est monté sur un ânon et sur une ânesse. Sa chair a été lavée dans le vin au baptême ; ses yeux et ses dents sont les prophètes et les apôtres, c. iv, n. 16-25. P. L., t. xiv, col. 678-682 ; Corpus de Vienne, 1897, t. xxxii, p. 133139. L’explication historique est donc mise au second plan.

Saint Jérôme écrivit son Liber hebraicarum queestionum in Genesim de 387 à 392. Il attache plus d’importance à l’explication historique qu’aux interprétations allégoriques que pourtant il ne rejette pas. Le verset 8 est dit de Juda, dont le nom signifie con/essio ou laus. Sur le verset 9, Jérôme dit : Licet de Christo grande mijslcrium sit, (amen juxta lilleram prophelatur quod reges ex Juda per David slirpem generentur et quod adorent eum omnes tribus. La leçon de l’hébreu : « Il fera les peuples captifs, » ne peut convenu qu’au Christ, qui emmènera au ciel les âmes captives qu’il aura délivrées, ou mieux qui, après sa passion et sa mort, ressuscitera. L’ànon représente le peuple des gentils qui a été joint à la vigne des apôtres ou au peuple juif ; l’ânesse est la figure de l’Église, formée par la réunion des nations et comparée a Sorec, une vigne de choix. Jacob apostrophe Juda : Flli mi, pour lui apprendre que le Christ fera tout cela. Au lieu de pullum, il y a dans l’hébreu urbem suam, qui est encore l’église. P. /.., t XXIII, col. 10051006.

Pour répondre à une demande de Paulin, le futur lie de Noie, au sujet de la leçon latine rut cilicium, Rufln écrivit une explication de la bénédiction de Juda par Jacob, Après avoir expliqué comme une erreur de copiste la leçon latine, il sait que quelques uns entendent du Christ l.i prophétie entière et prétendent que rien ne concerne Juda. Mais le verset 10 in— peut convenir au Christ, puisqu’il est dit qu’il ira plus de chef en Juda a la venue du Christ. Donc qiuedam <ni Judam referuntur et l’explication

doit être tantôt historique et tantôt myiliqur. Judn est loué, parce que de lui sont sortis des rois et le

D1CT. DE l Ml mi.. CATHOL.

Christ ; c’est un lion que personne n’ose déloger. Au sens mystique, il est dit que le Christ naîtra d’une vierge et qu’il mourra sur la croix. Ea quæ reposita sunt se rapportent manifestement à Juda et signifient les récompenses qu’il recevra au jugement dernier. La première partie du verset. Il parle proprie et singulariter de Christo, qui réunit à sa vigne les Juifs et les gentils. Mais la seconde partie de ce verset se rapporte uniquement à l’histoire, et c’est au sens mystique seulement qu’il est question de l’Église, lavée dans le sang de Jésus-Christ. Le verset 12 exige une interprétation spirituelle : les yeux représentent les savants qui ont bu le vin de la doctrine, et les dents blanches, la candeur et la pureté de l’Église. De benediclionibus patriarcharum libri duo, préf., et 1. I, n. 1-15, P. L., t. xxi, col. 295-307.

Selon le P. Moretus, op. cit., p. 12-21, la xviie homélie d’Origène In Genesim, n. 4-9, P. G., t. xii, col. 256-262, est identique à l’explication de Rufin, et il est vraisemblable que celle-ci a été jointe comme xviie aux seize homélies d’Origène sur la Genèse que Rufin avait traduites en latin. De fait, les deux textes donnent la même interprétation.

Le De benediclionibus patriarcharum libcllus, attribué à Paulin de Milan, à tort selon le P. Moretus, op. cit., p. 22-29, mêle aussi l’interprétation historique et l’interprétation mystique ou typique. Les versets 8 10 sont entendus de Juda à la lettre et du Christ au sens mystique, tandis que les deux derniers, . Il et 12, sont appliqués exclusivement au Christ. Les jeux figurent les dons du Saint-Esprit, et les dents, les prédicateurs du Nouveau Testament, le lait étant la doctrine du Nouveau Testament, c. ni, n. 0-9. /’. /… t. xx, col. 720-723.

Dans son écrit Contra Fausium manicheeum, 1. XII. n. 42, P. L., t. xli, col. 275-277 ; Corpus de Vienne. 1891, t. xxv, p. 367-370, saint Augustin se demande ce que Jacob a dit de son fils Juda, dont le Christ est issu secundum carnem. Or, il déclare que la bénédiction serait fausse si elle ne s’appliquait pas clairement au Christ. C’est du Christ qu’il est dit que ses frères l’ont loué ; c’est lui qui a étendu ses mains sur le dos de ses ennemis ; ses adversaires sont tombés à ses pieds.

11 est devenu parvulus à sa naissance ; il est monté sur la croix, où il s’est endormi, el il est ressuscité. Ces princes de la famille de Juda ont existé jusqu’à ce que les anciennes promesses aient été réalisées en leur temps. Hérode a été le premier étranger qui ait régné sur Juda. Le Christ a lié son peuple à sa vigne, en lui prêchant la pénitence : l’ànon. attaché aux rameaux, est le peuple des gentils. Le Christ a lavé les pécheurs dans son sang. Les yeux brillants île vin sont les hommes spirituels, ravis en extase, et les dents représentent les enfants nourris du lait de la doctrine. Dans son De civitate Dei, 1. XVI, c. xli, /’. /.., t. xi.i, col. 519-52(1 ; Corpus de Vienne. 1900, t. ni., p. 198-199, l’évêque d’Hippone, parlant du même sujet, renvoie à son traité précédent. Le sommeil du lionceau est la mort du Christ, qui a été suivie de la résurrection. Son vêlement est l’Église lavée dans les eaux du baptême. I es antres traits de la prophétie sont expliqués comme précédemment.

Avec saint Isidore de Séville, commence la série des compilations des explications antérieures. Pour la bénédiction de Juda, il emprunte a saint Augustin, a Rufin

el a saint Ambroise. Il entend tout du Christ, sauf le

verset 10, qui manifestement concerne Juda. Qtuuth m. i. in Genesim c. xxxi, n. 14-29, /’/… 1. 1 xxxiii, col. 278-281. Les commentaires, faussement attribués à saint Eucher ri ; i Bède et qui sont postérieurs au

rie, sont des compilations du même uenre. des sortes de chaînes, qui mettent bout à bout diverses explications. I. pscudo-Bède indique même lr< nom

VI. — 39