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GEISSER — GELASE II

USif

zélé pour la gloire de l’ordre bénédictin, Georges Geisser se lia d’une étroite amitié avec dom Mabillon et l’aida de tout son pouvoir en lui communiquant de nombreux documents relatifs à l’histoire monastique en Allemagne.

Mabillon, Annales ordinis S. Benedicti, in-fol., Lucqucs, 1739, t. i, p. xxxix ; dom Th. Ruinart, Abrégé de la vie dï dom Jean Mabillon, in-12, Paris, 1709, p. 104 ; Gallia christiana, in-fol., Paris, 1731, t. v, col. 1006 ; Ziegelbauer, Hisloria rei literariæ ordinis S. Benedicti, t. i, p. 388 ; t. iii, p. 403 ; t. IV, p. 592, 670 ; [dom François], Bibliothèque générale des écrivains deVordre de saint Benoit, t. i, p. 366 ; dom M. Gerbert, Historia Nigne Silvæ, in-4°, typis moiiastcrii, 1783-1788, t. ii, p. 453.

B. IIeurtebize.

1. GÉLASE 0 « (Saint), élu pape le 1° mars 492, mort le 19 novembre 496, s’est fait remarquer, entre tous ses prédécesseurs de la seconde moitié du ve siècle, par sa prudence et sa fermeté dans le gouvernement de l’Église comme par son activité de théologien et d’écrivain. Les temps, politiquement et religieusement, étaient difficiles ; les Oslrogoths, sous la conduite de leur roi Théodoric, venaient de s’établir en Italie, et Rome elle-même obéissait à un prince arien ; l’Hénotique de l’empereur Zenon, à Constantinople, continuait d’être en vigueur, et il s’en fallait que le schisme d’Acace fût éteint ; les sectes, ici et là en Occident, renaissaient de leurs cendres et refleurissaient. Ramener l’Église d’Orient à l’unité romaine, en proscrivant la mémoire d’Acace et en assurant au concile de Chalcédoine l’obéissance qui lui était due ; maintenir partout l’intégrité du dogme, l’indépendance de l’Église, la pureté des mœurs chrétiennes ; tenir tête ainsi à la fois aux Byzantins insoumis, aux hérétiques de tout nom et de toute provenance, notamment aux pélagiens qui se répandaient dans la Dalmatie et dans le Picenum, enfin aux demeurants du paganisme qui réclamaient contre la suppression des Lupercales : telle fut la tache qu’assuma le pape saint Gélase et qu’il poursuivit avec un zèle infatigable, mais avec un succès, il faut le dire, très relatif. En même temps que, dans les questions de la grâce, il professa, comme ses devanciers, un augustinianisme modéré, sans insister sur les problèmes de la prédestination et de la grâce plus ou moins irrésistible, Epist., vu ; il affirmera nettement la souveraineté de l’Église dans l’ordre spirituel en face de l’État souverain dans l’ordre temporel, Epist., viii, P. L., t. lix, col. 42, et ailleurs, Décret., Il, ibid., col. 157, il proclamera le droit divin de la primauté pontificale. On le verra sans relâche, pendant un règne d’un peu plus de quatre ans, écrire des livres, tenir des synodes en 495 et en 496, enseigner, reprendre, veiller attentivement sur la discipline ecclésiastique, et laisser après lui le modèle d’un pape savant et zélé autant que pieux.

Les lettres du pape saint Gélase reflètent sa physionomie avec un particulier éclat. Le nombre s’en est grossi récemment de vingt-neuf pièces nouvelles, découvertes dans un manuscrit du British Muséum à Londres et publiées par S. Lœwenfeld, Epislolw pontificum rom. ineditæ, Leipzig, 1885, p. 1-12. « La plupart sont de courts billets, d’une forme élégante et concise, qu’on dirait imités des lettres familières des anciens. » Pitra, Analecta novissima, Frascati, 1885, t. i, p. 31. La lettre à l’cvêque de Lyon Rusticus, en date du 25 janvier 494, Thiel, Epistolse romanorum pontijicum, p. 359, aurait été fabriquée selon M. J. Havet, Bibliothèque de l’École des chartes, Paris, 1885, t. xlvi, p. 205-271, par l’oratorien Vignier.

Le fameux décret De recipiendis et non recipiendis libris, qui, sous la forme traditionnelle, comprend trois parties, et qui a reçu son nom de la troisième

partie, hardi triage des livres authentiques des saints Pères et des livres apocryphes, bibliques et patristiques, première révélation d’un tribunal de l’Index, est aujourd’hui regardé tomme pseudo-gélasien, P. L., t. lix. On a reconnu dès longtemps que les deux premières parties du décret se rattachent à un synode romain, tenu sous le pontilicat de saint Damase en 382, très probablement. Mais, il y a plus : l’origine gélasienne de la dernière partie soulève de si graves difficultés qu’il vaut mieux, sans parler d’altérations et d’interpolations, en rejeter tout à fait l’authenticité. Le Decrclum, dont l’unité littéraire paraît démontrée, serait du vi c siècle, et l’œuvre d’un particulier de l’Italie ou de la Gaule. A. Dufourcq, Élude sur les Gesta marlgrum romains, Paris, 1910, t. iv (avec une reproduction photographique intégrale et partiellement inédite du Décret gélasien) ; E. von Dobschutz, Dus Decrclum gelasianum de libris recipiendis et non recipiendis, dans Texte und Unlersuchungen, Leipzig, 1912, t. xxxviii, fasc. 4 ; R. Massigli, Le décret pseudo-gélasien. A propos d’un Unie nouveau, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1913, p. 155-170 ; J. Chapman, On the « Decrclum gelasianum de libris recipiendis et non recipiendis » , dans la Revue bénédictine, 1913, p. 187297, 315-333. Cf. Revue biblique, octobre 1913, p. 602608.

Outre les lettres qui nous restent du pape saint Gélase, nous avons encore de lui six traités, tractatus, sur des questions de christologie et de pélagianisme. que Thiel, op. cit., a rangés dans un groupe distinct. En voici les titres spéciaux : Gesta de nomine Acacii vel breviculus historiée culychianislarum ; De damnalionc nominum Pétri et Acucii ; De duabus naturis in Christo adversus Eutychem et Scslorium ; Dicta adversus pelagianam hseresim ; Adversus Andromachum senalorcm ceterosque Romanos, qui Lupcrcalia secundum morcm prislinum colenda constituebant.

Le saint pape avait laissé d’autres ouvrages ; mais ils n’ont pas survécu.

Le Sacramentaire gélasien, P. L., t. lxxiv, col. 1055t’244, recueil d’offices et de prières liturgiques, est, aux yeux de M. l’abbé Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, une œuvre de saint Grégoire le Grand, au vi c siècle ; M. Prosbt, entre autres, Die altesten rômischen Scd : ramentarien, Munster, 1892, a persisté à l’attribuer au pape saint Gélase, sans méconnaître néanmoins que les plus vieux manuscrits, dès le viie ou le viii c siècle, portent des traces d’additions et d’altérations. F. Plaine, Le sacramentaire gélasien et son authenticité substantielle, Paris, 1896. Ce qu’il y a de sur, c’est que ce recueil est d’une dale plus rapprochée que le Sacramentaire léonien, P. L., t. lv, col. 21-156.

Liber pontificalis, édit. Duchesne, Paris, 1886, t. i, p. 254-257 ; Thones, De Gelasio I papa, Wiesbaden, 1873 ; Viani, Yitedci duc pontifiai, S. Gelasio Ie S. Anaslasio, Modène, 1880 ; Grisar, Geschichle Roms und der Pdpslc im Mitlelaller, t. i, p. 452-457 ; A. Roux, Le pape Gélase J" (192-490), Paris, 1880 ; J. Friedrich, Sur le caractère apocryphe du décret De recipiendis et non recipiendis libris du pape Gélase I er, dans les Comptes rendus des séances de l’Académie royale des sciences à Munich, 1888, t. i, p. 54-86 ; Fessler-Jimgmann, Instituliones patrologiæ, Inspruck, 1896, t. n b, p. 518 sq. ; Rardenhewer, Les Pères de l’Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. iii, p. 156 sq. ; Hurter, Nomenclator, 1903, 1. 1, col. 375-377.

P. Godet.

    1. GÉLASE El##


2. GÉLASE El, pape (1118-1119), qui s’appelait Jean de Gaëte et avait été moine au Mont-Cassin, puis cardinal-diacre et chancelier pendant près de quarante ans, fut élu. trois jours après la mort de Pascal II, par les cardinaux et un certain nombre d’ecclésiastiques et de laïques, dans un couvent du Mont-Palatin