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GARNIER


P. Labbe, nul mieux que lui n’était qualifié pour continuer ses savants travaux. On lui confia l’édition des œuvres de Marius Mercator, retrouvées en partie par le P. Labbe dans une liasse de manuscrits appartenant au ebapitre de Beauvais et complétées par les découvertes d’Holstein dans les archives du Vatican. Le Commonilorium super nomine Cxlestii avait été mis au point par le P. Labbe pour sa collection des conciles, Paris, 1671, t. ii, p. 1512 sq. ; le P. Garnier publia en 1673 l’édition complète d’après tous les manuscrits : Marii Mercaloris S. Auguslino œqualis opéra quwcunque exslanl, Paris, 1673, avec le plus riche ensemble de notes et de commentaires et le recueil de tous les fragments grecs qui nous restent des ouvrages dont Mercator a donné la traduction. De cet écrivain ecclésiastique dont les ouvrages sont d’une si haute importance pour l’histoire du pélagianisme et du nestorianisme, on ne connaissait jusqu’alors que le nom avec quelques brefs renseignements jetés en passant dans une lettre de saint Augustin. C’est un des principaux mérites du P. Garnier, tout en restituant le texte de Marius Mercator, d’avoir remis cet auteur dans son cadre historique, malgré les obscurités du sujet, grâce à sa science profonde des origines chrétiennes et spécialement du mouvement pélagien, grâce aussi aune rare sagacité critique à laquelle rien n’échappe de la valeur des détails et de la portée des inductions que font naître les ingénieux rapprochements. La partie conjecturale s’est réduite depuis lors ; bien des hypothèses sont rejetées par la critique moderne. Le texte publié par le P. Garnier et ses lumineuses dissertations n’en ont pas moins servi de base à tous les travaux ultérieurs, notamment ses recherches historiques sur les origines et le développement du pélagianisme de l’an 318 à l’an 430, et la préface de la seconde partie contenant l’histoire du nestorianisme depuis 428 à 433 et de très justes observations sur l’ordre qu’il convient de mettre dans les pièces qui ont trait au concile d’Éphèse. Le Marius Mercator du P. Garnier valut au savant éditeur les hommages des érudits. Cf. Journal des savants, 1674, p. 1 sq. Les dissertations sur le pélagianisme furent insérées par J. le Clerc dans son Appendix Augusliana, Amsterdam, 1703, t. xii, comme documents de première valeur, et les remarques désobligeantes de Noris, quelque peu irrité d’avoir été devancé par le P. Garnier dans l’édition des manuscrits de Mercator, ne représentent guère que le témoignage d’une critique tendancieuse. Cf. Nicéron, Mémoires, t. xl, p. 171. Noris ne reconnaissait pas moins l’exceptionnel mérite du 1’. Garnier, qu’il comparaît aux Pères I’ctau et Sirmond, ajoutant qu’il n’aurait jamais rien publié lui-même a ce sujet s’il avait connu le dessein du I’. Garnier de donner une édition critique des (ruvres de Mcrcal or.

Comme complément à ses travaux sur le nestorianisme, le P. Garnier publia l’année suivante, avec le même luxe de noies érudites et de commentaires étendus, une édition critique du Bréviaire nestorien et eutychien de Libérât, archidiacre de Carthage : Liberati, arehidlæoni Ecclestm Carthaginemls, Breviarium cause nestoriannrum et euiychlaiwrvim emendatum a plurimis quibus tmle scalebal mendis repurgaliun et nolis et dlûaiationibu » île quinia sgnodo illuslralum, Paris, 1675. Cette édition a été reproduite dans la Jiibtiotheca veterum Patrum deGalland, t. xii, p. 1191KS. faite sur trois excellents manuscrits, abondamment pourvue de scholies qui relèvent les faules de l’auteur et qui mettent en lumière, les endroits obscurs, l’ouvrage est enrichi d’une érudite dissertation sur le Ve concile général.

D’après un manuscrit inédit des archives du Vatican, l’infatigable travailleur préparait en même temps son édition commentée du Liber dtumiU

des pontifes romains avec un savant traité sur les formules usitées par la chancellerie pontificale du ve au xie siècle : Liber diurnus romannrum pontificum ex anliquissimo codicc M. S. nunc primum in lucem edilus, Paris, 1680. Les notes de l’éditeur sont historiques, dogmatiques et critiques ; les principales concernent l’ordination des papes et leurs professions de foi. Le P. Garnier discute à ce propos la question d’Honorius et conclut que ce pape, sans être monothélite, a bien été condamné par le VIe concile œcuménique. Le Liber diurnus n’était connu jusqu’alors que par quelques citations d’Yves de Chartres et de Gralién. Sa publication fut accueillie avec la plus grande faveur par le monde savant. Cf. Mabillon. Musœum italicum, t. i, p. 32 ; Chr. Hoffmann, Nova scriptorum ac monumenlorum colleetio, Leipzig, 1733, p. 22.

Chargé de continuer l’édition de Théodoret que le P. Sirmond avait publiée en 1642 en 4 in-fol., le P. Garnier avait recueilli quelques lettres nouvelles qui furent ajoutées au recueil déjà connu, ainsi que les sept dialogues contre les ariens, les macédoniens et les apollinaristes dont l’authenticité était établie par le savant critique. L’ouvrage fut publié en 1684 par les soins du P. Hardouin : B. Theodoreti, episcopi Cyri, operum lomus quintus, Paris, 1684, avec les cinq dissertations du P. Garnier sur la vie de Théodoret, la critique de ses ouvrages, sa doctrine et de nouveaux documents et aperçus sur le Ve concile général. La Ve dissertation contient près de deux cents lettres de Théodoret et des évêques orientaux impliqués comme lui dans les démêlés du nestorianisme, avec un ensemble de notes qui rectifient sur bien des points les assertions du P. Lupus. A la suite de cet ouvrage, fut réédité le recueil des dix-huit sermons attribués jusqu’alors à Théodoret, mais qui sont l’œuvre d’Eutherius, évoque deThyaneenCappadoce, comme le P. Garnier en fournit la preuve dans le texte même île Marius Mercator. Ils sont réunis sous ce titre : Eulherii Thganorum episcopi sermoncs. On trouve en outre dans ce livre : Futvii Ursini emendationes in libros Theodoreti : De curandis Grœcorum morbis, P. G., t. i.xxxv, col. 85-864.

Outre un volume fort apprécié des bibliographes et qui a trait à la classification des ouvrages dans les bibliothèques : Systema bibliotheem collegii parisiensis S. J., Paris, 1678, cf. Maillet, Critiques historiques, Paris, n. 220, le P. Gantier a laissé divers ouvrages de philosophie scolastique et de théologie dogmatique et morale : Thèses peripatelicæ. de logica philosophie organo, Paris, 1650 ; Thèses de philosophia moral i morum magislra, Paris, 1651 ; Organi philosophia rudimenla seu compendium logiav aristotelicse, Paris, 1651, 1657 ; Regulw fulei calholicæ de gratia Dei per Jesutn Christum, Bourges, 1655 ; Tractatus de offlciis confessaril erga Singula pirnilenlium gênera, Paris, 1688, 1680 ; Lyon, 1707 ; Strasbourg, 1718, 1726, etc. I.e P. Garnier était loin d’avoir mené à bonne fin ses nombreux travaux d’histoire dogmatique quand la mort le surprit. Les Acta eruditor. Lips., 1685, Suppléai., II, p. 122. nous apprennent qu’en partant pour Rome il avait confié au P. Hardouin un manuscrit intitulé : Procopll Gazai rommentarii in XII prophetas minores latine rcddili. Ce manuscrit n’a pas été Imprimé. Il en est de même d’une analyse de tous les ouvrages de saint Augustin contre les pélaglens, accompagnée de notes et commentaires. Il serait à souhaiter vivement quc cet ouvrage f lit un jour retrouvé. Mention en est laite au c. m de la VI" dissertation de Marins Mercator,

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SomniorvoKel, Bibliothèque de In’.'’< JitUM, t. III. rot. 1228-12.il ; Nicéron, Mrmnirrs, I. M., p. 168 s<|. ;./minuit ilr Minants.’.1 février 1663 ; 16 mai I884| lr/.i rriidiltir.

Ltp*., 1685, p. 17."i.i ; Zaccaria, Blbllotheca anllcae moderna