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GARDINER — GARET


au roi pour sa conduite par rapport à la visite des monastères ; ce fut sans doute pour rentrer en grâce qu’en février de l’année suivante il signa sa renonciation à la juridiction du pape, et qu’il publia son célèbre discours De vera obedientia. Il y soutenait les propositions suivantes : 1° la tradition humaine doit être regardée comme inférieure aux préceptes divins ; 2° le pontife romain n’a aucune juridiction sur les autres Églises ; 3° les rois, princes et magistrats chrétiens ont droit à la suprématie dans leurs églises respectives, et sont obligés de faire de la religion leur premier souci. Cromwell s’empressa d’en faire circuler des exemplaires sur le continent, et en 1537 il était traduit en allemand. Cependant Gardiner et ses amis, craignant d’indisposer le pape, faisaient courir le bruit que le discours avait été composé sous le coup de menaces qui le mettaient en danger de mort. Il continua d’ailleurs à jouer son double jeu, et il parvenait à inspirer conliance à Rome pendant qu’il travaillait à procurer au roi le moyen de se passer du pape. Il lui conseillait, en effet, de faire publier de nouveau au nom de l’autorité royale les bulles que l’on désirait conserver, sans faire aucune mention du pape.

.Malgré cela, il était toujours contraire aux doctrines protestantes. Il avait déjà dissuadé le roi de se joindre à la ligue de Smalkalde, et en 1549, après une nouvelle ambassade en Allemagne, il resta du même avis ; on lui attribue la principale pari dans la rédaction des six articles (voir t. i, col. 1284) qui établissaient définitivement la rupture d’Henri VIII avec les protestants allemands. Cromwell ne lui pardonna pas cette défaite, et bientôt après il parvenait à le faire exclure du conseil privé. Mais le tout-puissant ministre n’était pas assez habile pour conserver longtemps la faveur du royal despote, et sa chute laissa son adversaire en possession d’une influence plus grande que jamais. Gardiner, élu chancelier de l’université de Cambridge à la place de Cromwell, s’appliqua à y combattre les idées protestantes.

11 reste à parler de la part qu’il prit aux deux essais de traduction de la Bible qui eurent lieu sous Henri VIII, à l’instigation de Cranmer. Le premier projet fut lancé en 1533 et n’aboutit pas ; Gardiner avait traduit les Évangiles de saint Luc et de saint Jean. En 1542, nouveau projet, qui n’aboutit pas plus que le premier. On a voulu attribuer [’échec à Gardiner ; il voulait, a-t-on dit, que la traduction proposée fût parsemée de mois latins en nombre sullisanl pour

empêcher le peuple de la comprendre, il Ht, il est vrai, uneliste de mois latins qu’il vaudrai ! mieux, à son avis. laisser tels quels, mais la raison qui le poussait i agir ainsi riait la difficulté de traduire en anglais des termes sur le véritable sens desquels les théologiens disputaient depuis longtemps sans parvenir a s’en tendre.

Sous le règne d’Edouard VI. Gardiner se montra beaucoup plus digne que sous le précédent ; on peut dire qu’il passa tout le temps de ce règne en prison. Il fui, en ellel. l’enfermé dans la prison de l-’lccl le 25 septembre 1547, pour sa résistance aux innovations Introduites par le conseil d’État, il refusait eu particulier de se soumettre aux Injonctions d’Edouard VI, qui bouleversaient la discipline, cl de recevoir les Homélies, publiées par Cranmer pour suppléer a la disette de prédicateurs, el surtout pour

répandre les « loi trilles protestantes. Il sortit de prison

i Noël suivant, bénéficiant de l’amnistie générale qui

fut proclamée alors, mais il ne jouil pas longtemps

liberté. Comme il « ’tait toujours suspect, on ., i ; i prêcher un sermon publie (29 juin 1548) dans lequel il ne craignit pas de soutenir la présenci réelle ; il fut envoyé a la’lourde Londres, où U i

jusqu’à l’avènement de Marie ; la reine le fit sortir de prison le 3 août 1553, lorsqu’elle fit son entrée solennelle à Londres.

Le 23 du même mois, il fut nommé chancelier du royaume ; il couronna la reine le 1 er octobre, et ouvrit le parlement quatre jours après. Il servit sa nouvelle maîtresse avec autant de fidélité qu’il avait servi Henri VIII, et déploya un grand zèle pour faire rentrer l’Angleterre sous l’obéissance de Rome qu’il avait lui-même répudiée dix-huit ans auparavant ; il conseilla aussi de faire déclarer par acte du parlement la validité du premier mariage d’Henri VIII et l’illégitimité d’Elisabeth. On lui a donné la plus grande part de responsabilité dans les sévérités de Marie à l’égard des protestants ; il faut dire cependant qu’il se montra clément envers plusieurs et qu’il chercha même à sauver la vie de Cranmer. Il mourut de la goutte le 12 novembre 1555. Comme on lui lisait la passion de Notre-Seigneur à ses derniers moments, il s’écria en entendant la lecture du reniement de saint Pierre : Negaoi cum Pctro, exivi cum Petro, sed nondum flevi cum Pctro. Il fut enterré dans sa cathédrale de Winchester.

Il a laissé plusieurs opuscules imprimés, dans lesquels il soutient surtout la présence réelle et le célibat ecclésiastique : la bibliothèque du collège de Corpus Christi à Cambridge contient aussi plusieurs manuscrits inédits de Gardiner.

Voir les ouvrages cités aux art. Anglicanisme et Cranmer, et en’outre : P. Friedmann, Lady Anne Bolei/n, trad. franc., 2 vol., Paris, 1903 ; Arthur lunes, England under tlw Tudors, Londres, 1905 ;.1. Gairdner, The English Church in tlw sixteenth century, Londres, 1 !)04 ; J. Trésal, Les origines du schisme anglican, Paris, 1908 : ees trois derniers ouvrages eontiennent une bibliographie très complète.

A. Gatard.

    1. GARET Jean##


1. GARET Jean, bénédictin, né au Havre en 1627 mort à Jumièges le 24 septembre 1694.. Il fit profession le 27 mars 1647 au monastère de la Trinité de Vendôme, dans la congrégation de Saint-Maur. Envoyé à l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen, il mil tous scs soins à revoir les œuvres de Cassiodore qu’il publia sous le litre : Magni Aurelii Cassiodori senaloris, viri patricii, consuluris et Vivariensis nbbalis, opéra omnin in duos tomos distribuiez, ad fldem mss. codd. emendala et aucla, notis et observaiionibus illustrata, cum indicibus locupleiissimis, quibus preemillitur illius vita, quse mine primum in lucem prodit, cum disserlalione île ejus monachatu, 2 in-fol., Rouen et Paris, 1679 ; 2 in-fol., Venise, 172 ! » , édition reproduite dans P. /.., t. i.xix et i.xx.

Ziegelbauer, Historia rei liierarim ordinis s. Benedicli, t. tv, p. 334, iil.") ; dom Pli. Le Cerf, Bibliothèque historique il critique </ex auteurs de In congrégation de Satnt-Maur,

ln-12, l.a l lave, 172H, p. 1 12 ; dom Tassin, ilisinire littéraire île in congrégation de Satnt-Maur, in-.X". Bruxelles, 1 770, p. 158 ; [dom François], Bibliothèque générale îles écrivains île l’ordre de saint Hennit, t. i, p. 359 ; Hurler, Nomenclator, t. i, col. 196.

B. 1 II ri : i i BIZE.

    1. GARET Jean##


2. GARET Jean, appelé aussi Garrel ou (.arretius, théologien belge du xvi'e siècle, ne doit pas être cou

tondu avec son frère Henri Garet, qui fut professeur de médecine à l’université de l’adoue et conseiller aulique de l’archevêque-électeur de Mayence. Jean

Garet était né à Couvain, d’une famille de modestes Commerçants. Ses éludes de philosophie terminées,

désireux d’embrasser la vie religieuse, il Jeta son dévolu sur l’ordre des chanoines réguliers de Saini AugUstln et lui admis au monastère de Saint Martin.

dans sa ville natale, il ne larda pas u s faire remarquer par une ardeur et des aptitudes peu communes

.i approfondir les disciplines théologiques. Ordouué