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GANDULPHE DE BOLOGNE — GANNERON


qui se rencontrent chez Gandulphe, orientent nettement vers la même conclusion : c’est Pierre Lombard, et non Gandulphe, qui a servi de modèle. J. de Ghellinck, Lfi mouvement Ihêologique du xue siècle, p. 200213.

2. L’examen des citations de Damascène fait aboutir plus facilement et plus clairement à la même solution. Ces citations sont beaucoup plus nombreuses chez le Lombard que chez Gandulphe : celui-ci en a environ une dizaine de moins que l’autre ; la longueur de chacune d’elles est en général plus grande chez le Lombard que chez Gandulphe ; quelques variantes montrent Gandulphe fidèle au Lombard ; il va de même quand il intervertit l’ordre des citations ou quand il résume la traduction ; il a eu, non pas la traduction deBurgundio sous les yeux, mais seulement les extraits faits par le Lombard dans son livre. C’est ce que montre encore sa fidélité à utiliser d’autres citations fournies par le Lombard, mais qu’il abrège d’ordinaire. J. de Ghellinck, op. cit., p. 213, 223, 240-241.

3. Une confirmation de ces arguments peut se trouver à divers endroits de l'œuvre de Gandulphe, qui est en général beaucoup plus succinct que le Lombard et dans les développements personnels et dans les citations patristiques ; il ne laisse pas non plus l’impression d’avoir écrit, comme le Lombard, sous l’empire d’impressions provoquées par les circonstances, comme par les attaques des dialcctici, etc. ; ces diverses caractéristiques, dont on pourrait aisément allonger la liste, s’accommodent fort bien d’un travail de résumé ; elles ne s’expliquent pas s’il faut admettre la relation inverse entre les deux sentenciers. J. de Ghellinck, op. cit., p. 212, 221-222, etc.

C’est donc au Magister Sententiarum que revient la gloire d’avoir mis systématiquement en œuvre les idées qu’il codifie et de leur avoir donné une expression définitive dont s’inspireront les définitions conciliaires du xvi c siècle. Gandulphe n’a pas été ici victime d’un plagiat trop longtemps insoupçonné, qui l’aurait dépossédé pendant des siècles de sa place légitime dans l’histoire des maîtres en théologie.

Quelques caractéristiques.

Ce qui vient d'être dit ne doit pourtant pas faire croire que l'œuvre théologique de Gandulphe ne soit qu’un résumé du Lombard. En plus d’un endroit, Gandulphe résume ou utilise directement le Décret de Gratien, comme dans le traité de la confirmation sans nullement s’occuper du Lombard : il puise non moins directement dans la Glossa de Walafrid Strabon, dont il s’inspire fréquemment ; une autre source utilisée est le commentaire de Pierre Lombard sur les Psaumes, /'. L., t. cxci, col. 1274, au début du IVe livre sur les sacrements en général. I)ivers points de contact entre Gerlioch de Reichersberg, et Pierre de Poitiers d’une part, et Gandulphe de l’autre, seront plus aisément étudiés quand on aura l'édition complète de < iandulphe. Voir J. de Ghellinck, op. cit., p. 191-201, 212-211.

Gandulphe est sous l’influence du mouvemenl théologique de son époque en faisant par endroits une plaie.. sez large à la dialectique, en christologie, par

exemple ; mais sous ce rapport il est moins abondant <|iie son modelé ; il ne le suit pas non plus pas a pas, quand il s’agit de résumer les avis divers des 61 dans les questions doctrinales traitées dialectiquement, par exemple, dans celle de l’adoration du Chu l.

En outre, Gandulphe se montre autonome en plus d’un endroit vis-à-vis dis Idées mêmes de Pierre Lombard ; par exemple, pour l’essence du sacrement dan. le baptême, pour ! < baptême de Jean, pour l’adoration du Christ, etc. ; il en va de même dans l’ordre suivi puni un certain nombre de chapitres.

1e chacun peut le » oii aisément,

connrnn i aussi l’authenticité de l'œu> re : Gandulphe

n’a pu se résoudre à suivre servilement un maître ; il a laissé percer par endroits son originalité et en divers avis est resté fidèle à la lignée des canonistes, comme dans l’essence du baptême et les sacramenta principalia. En même temps ces divergences entre son enseignement et celui du Lombard attachent un réel intérêt à l'étude de son œuvre et à la place qui lui revient dans le courant de la pensée théologique.

5° Diffusion de l'œuvre. — La diffusion des Sententix de Gandulphe doit avoir été assez grande à la fin du xire siècle. La bibliothèque de Turin en possédait au moins trois exemplaires de cette époque. Le résumé de Bamberg, transcrit vraisemblablement en Allemagne, et le manuscrit de Heiligenkreuz (entré, semble-t-il, assez tardivement dans la possession de cette abbaye) laissent l’impression d’une diffusion plutôt rapide au début ; elle est confirmée encore par les annotations, de main anglaise, faites, vers 1250, dans le manuscrit déjà cité d’Erfurt (Amplon. 168), et par l’usage que faisait de Gandulphe le commentateur du ms. anonyme de Clairvaux (Troyes, 1206). Ce résumé du Lombard a eu certes au début plus de vogue que beaucoup d’autres œuvres similaires. Plus tard, il n’en fut plus ainsi ; à en juger au moins par les multiples mentions de Gandulphe qui courent le long de la marge des manuscrits de Pierre Lombard, en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterrre, l’on peut dire qu’aucun de ces annotateurs ne cite Gandulphe d’une façon indépendante du manuscrit mentionné plus haut de Clairvaux. La même chose peut se dire de quelques textes imprimés avec notes marginales. J. de Ghellinck, op. cit., p. 227-240 ; Les notes marginales du Liber Sententiarum, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, 1913, t. xiv, p. 521-523.

J. de Ghellinck.

    1. GANNERON François##


GANNERON François, écrivain chartreux, né à Dammartin en Goèlle au diocèse de Meaux, vers 1590, fit ses études au collège de Provins et aux universités de Reims et de Paris. Le 8 septembre 1616, il lit sa profession religieuse à la chartreuse du Mont-Dieu, où il mourut le 21 août 1668. Le chapitre général de 1669, en donnant à l’ordre l’annonce de sa mort, déclara qu’il avait louablement vécu et lui accorda des suffrages particuliers. Doin Ganneron est un des chartreux du xvii c siècle qui ont le plus écrit. Ses ouvrages sont nombreux et intéressants. Ils traitent de théologie, d’ascétisme, d’hagiographie, d’histoire ecclésiastique particulière et surtout de l’histoire de saint Bruno, de son ordre et de ses hommes illustres. Il a écrit l’histoire de sa chartreuse du Mont-Dieu, en plusieurs volumes, dont un en vers latins ; il a laissé des monographies de plusieurs chartreuses de la province de Picardie, ainsi que les biographies de plusieurs chartreux remarqua Mes par leur sainteté. Il termina sa carrière littéraire par un opuscule latin intitulé : Fasciculus preeconiorum bealte Mari » ir</iuis ex mullis elicitus et compactât, achevé en 1668, l’année même de sa mort. Ses œuvres historiques concernant l’ordre des char treux lurent utilisées, au XVIIe siècle, par (loin Charles

Le Couteulx pour la composition de ses Annale » et

par dom Léon Le Vasseur pour la rédaction de ses Éphimtrides cartusiennes M. le chanoine Gillet, supé rieur du petit séminaire de Reims, qui a tiré bon pat 1 1 des manuscrits de dom Ganneron pour son Histoire (lr li chartreuse du Mont-Dieu, Reims, 1889, dit qu’il était un patient Investigateur des traditions lorales.

un i riiilit laborieux et un observateur attentif des faits contemporains. Historien, Ganneron est sincère

et absolument digne de créance dans les faits arrivés .i SOI) époque, dont il connaît parfois les menus détail. qu’il raOODU avec une DalVe Simplicité et apprécie

avec une complète frani bise, assaisonnée pai fois d’une pointe d’ironie et de causticité. Auteur de Vies < < I i