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GALATINUS — GALENUS


verse très vive avec Pfefïerkorn, juif converti de Nuremberg. Celui-ci demandait la suppression des livres de ses anciens coreligionnaires contraires au catholicisme. Reuchlin était moins absolu et soutenait que les livres théologiques des israélites, le Talmud en particulier, devaient être conservés et pouvaient fournir des armes pour combattre les juifs et les amener à la vraie foi. Galatinus soutient la même thèse dans son Opus loti christianæ Reipublicæ maxime utile, de arcanis catholicæ veritatis, contra obstinatissimam Judœorum noslræ tempestatis perfidiam : ex Talmud aliisque licbraicis libris nuper excerplum : et qucdruplici linguarum génère eleganter congestum. Il est composé sous forme de dialogue entre Reuchlin, désigné par le nom de Capnio, l’inquisiteur dominicain Hochstrat et Galatinus : les pages sont remplies de texles grecs et hébreux, empruntés à divers ouvrages. On accusa même l’auteur d’en avoir inventé un, le Gale Razayya » ; ce dont il se défendit plus tard dans une longue lettre à Paul III, conservée à la bibliothèque Vaticane (ms. Ottoboni lat. 2366, fol. 300-308). Un autre reproche, dont on n’arrive pas à le justifier, est celui d’avoir plagié l’ouvrage du dominicain Raymond Martini, Pugio fldei, et de lui avoir emprunté sans le dire ses meilleurs arguments. Fit-il de même avec la Victoria adversus impios hebneos du chartreux Porchetto de Salvatici, qui s’était lui aussi, mais en le déclarant, servi du Pugio flcteil Il a pu en avoir une copie manuscrite, car ce livre ne fut imprimé qu’en 1520, deux ans après le sien. Il l’avait achevé à Bari, le 4 septembre 1516, et l’impression en fut terminée à Ortona al mare, petite ville des Abruzzes, le 15 février 1518. Le volume De arcanis fut souvent réédité, in-fol., Bàle, 1550, 1561 ; Paris, 1602 ; Francfort, 1603, 1612, 1672 ; dans ces éditions il est suivi des livres De arle cabalislica de Reuchlin. Quand son ouvrage parut, l’auteur était à la tête de sa province monastique de Saint-Nicolas. Vers cette époque, ses concitoyens se mirent en tête de faire ériger leur ville en évèché, et pour cela ils comptaient sur son influence en cour de Rome. Colonna aurait accepté, dit le P. Arcudi, à la condition toutefois que son nom serait présenté au pape pour devenir celui du premier éveque de Galatina. Le projet n’eut pas de suite et le savant religieux continua paisiblement ses travaux dans sa cellule du couvent de l’Aræeli ou il avait fixé sa résidence et choisi sa sépulture. La dernière trace que l’on trouve de lui est un bref de Paul III, en date du. Il mai 1539. Le pape, qui l’avait autorisé a faire son testament, défendait, sous peine d’excommunication, d’enlever de la bibliothèque du couvent les manuscrits, au nombre de trente, que le P. Pierre, alors senio con/eclus, entendait lui léguer. Wadding nous en conserve les titres, plus détaillés que dans le bief, d’après une copie que le petit-neveu de Galatinus, Laurent Mongio, archevêque de Landano, avait fait prendre sur les originaux passés a la bibliothèque du Vatican. Mongio avait l’intention de les publier, mais il se déchargea de ce soin sur l’Annaliste des mineurs, dont la promesse demeura sans eflet. Quelques volumes de cette copie existent encore aujourd’hui a la bibliothèque du couvent de Saint Isidore, fonde |, .n Wadding, en particulier trois tomes de la Vera theologia, qui était le principal de ces oui e I". Plassmann, qui donne ce

dernier détail, n’indique pas ou se trouvent aujourd’hul l<s autres manuscrits de Pierre Colonna : Montfaucon, signalai) a l’Ambrosicnne de Milan le traité I (ilula et inslitula ; Sbaraglia mentionnait

ii Vatican d’un autre opuscule /*

et celle du livre dédié au roi

Ferdinand De optimn principe, à la bibliothèque de lolid.

Wadding, Annales minorum, ad ann. 1539, n. 17 ; Wadding et Sbaraglia, Scriptores ord. minorum, Rome, 1806 ; Joseph de Voisin, Pugio fidei, Paris, *1651 ; Jean Morin, Exercitationes biblicæ, Paris, 1669, l.JI, exerc. I, c. n. p. 9, 10 ; Alexandre Arcudi, O. P., Galatina letteraia, Gênes, 1709, p. 56 ; Tiraboschi, Storia délia letteratura italiana, Rome, 1784, t. vii, p. i, 344 ; Richard et Glraud, Dizionario délie scienze ecclesiastiche, Naples, 1846, art. Calatino : A. Esser, dans le KirchenlexiUon, Fribourg-en-Brisgau, 1895, art. Petrus Galatinus ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1899, t. iv, col. 1039 ; Thomas Plassmann, dans The catlwlic encijrlopedia, New York, 1900, art. Galatino.

P. Edouard d’Alençon.

    1. GALENUS Mathieu##


GALENUS Mathieu, professeur de théologie à l’université de Douai. — I. Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

Mathieu Galen, Van Galen, ou Van der Galen, vit le jour en 1528 à West Cappel, ancien bourg de Zélande, dans l’île de Walcheren. Ses parents étaient pauvres, et c’est grâce à de généreux bienfaiteurs qu’il put faire ses humanités à Gand. Il se rendit ensuite à Louvain et se fit inscrire à la faculté des arts, dans la Pédagogie du Château (1546 ou 1547). Il fût promu maître es arts le 21 mars 1549 ; il commença aussitôt après sa théologie sous le célèbre Ruard Tapper et eut aussi pour maîtres Josse Ravesteyn et François Sonnius. C’est sous leur direction qu’il étudia le Maître des Sentences jusqu’à la licence.

A cette époque (1559) le grand cardinal d’Augsbourg, Othon Truchsess, fondait à Dillingen une grande université catholique. Pour avoir des professeurs, il s’adressa à Ruard Tapper, qui lui envoya sucessivement Martin Rythovius, Guillaume Lindanus et enfin Mathieu Galenus. C’est le 21 septembre 1559 que ce dernier arriva à Dillingen où il demeura pendant quatre ans. Il y lit un grand nombre de leçons sur l’Écriture sainte et la scolastique, traduisit saint Jean Damascène et se livra avec beaucoup de persévérance à l’œuvre de la prédication, tout en composant un certain nombre d’ouvrages. C’est là qu’il connut Adrien Bessemer d’Amsterdam, bachelier en théologie et professeur de philosophie, qui devait plus tard le suivre à Douai. Dès le commencement de son séjour à Dillingen, il se lia d’amitié avec son quasi compatriote, le B. Pierre Canisius, qui était alors l’apôtre Incomparable de toute l’Allemagne du Sud.

Pendant ce temps, Paul IV et Philippe II avaient voulu doter les Pays-Bas d’une université française pour empêcher les jeunes Wallons d’aller étudier dans les facultés de France et d’Allemagne. Jean Vendcville, alors professeur de droit à Couvain et plus tard évoque de Tournai, axait surtout pousse le roi d’Espagne, aidé en cela par l’évêque d’Arras, François RIchardot, Après bien des tergiversations, qui durèrent plus de trenie ans, cinq facultés purent enfin s’établir à Douai et l’inauguration s’en lit solennellement le 5 octobre 1562. On éprouva beaucoup de difficultés pour recruter le corps professoral, surtout pour la

théologie. Richardot lui-même fut obligé de se charger (les cours d’Écriture sainte ; le docteur Richard Smith, d’Oxford, occupa la cathedra primarla de théologie dans laquelle il ne lit que passer. Il mourut le 7 juillet 1563, après moins d’un an de professorat a Douai.

Pans ces circonstances, l’abbé d’Anchln, Jean

I.enlaillcur. s’adressa au jeune et brillant professeur de Dillingen. qui consentit a venir occuper une chaire dans la jeune Université, bien qu’il ne fût encore que licencié, Cannée suivante, Bichardot le proclama

docteur ; Mathieu Galenus fut donc le premier de

l’Université de Douai qui Conquit les palmes du doctorat en théologie. Ici comme à Dillingen, (.aleiius

se chargea d’une besogne énorme pendant plus de

dix ans. Stapleton. son successeur, a pu dire de lui

dans von oiaison funèbre : ta feltclêsima facultatts theologlem fundatnenta potuit, m (ta nunc /lorrat magt »