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GALATES (ÉPITRE AUX)


immédiatement de Dieu et de Jésus-Christ, sans intermédiaire humain (oùBs 81’àvOpw-ou, otà indique le mode de transmission, le canal de la vocation). Paul est un apôtre au sens strict, l’égal des Douze, il n’est pas un disciple d’apôtre, i, 1.

Jésus-Christ s’est livré lui-même pour nos péchés afin de nous arracher au siècle présent mauvais, i, 4. Paul veut déjà montrer par là que la mort du Christ est la source unique de notre salut. Le siècle présent, ÈvsffTOK aîoSv, est opposé au siècle futur et prend fin à la parousie. Il est appelé mauvais non seulement à cause des tristesses, des misères, des angoisses dont il est rempli, IV Esd., iv, 2, 27 ; vii, 12, 47, tandis que le siècle futur est plein d’allégresse et de sécurité, ibid, vi, 20 ; vii, 13, mais aussi à cause du péché qui y règne et de la domination de Satan qui s’y exerce. Tous les hommes, par suite de leurs péchés, étaient soumis à ce siècle mauvais, et destinés à périr avec lui. Le Christ en mourant expia leurs fautes pour les soustraire à la ruine et leur faire goûter les joies du siècle futur. Mais saint Paul considère-t-il cette délivrance, but de la mort du Christ, uniquement dans sa phase finale, inaugurée par la parousie ? N’envisage-t-il pas aussi les temps messianiques dans leur préparation présente, et le salut dans sa phase actuelle, très réelle, bien qu’encore imparfaite ? Ce sont là des conceptions familières à saint Paul et il est possible qu’il les ait en vue ici. Quoi qu’il en soit, que la libération soit présente ou future, la mort du Christ ne l’opère pour chacun de nous que par l’intermédiaire de la foi.

2°^Corps de l’Épître. — On distingue souvent trois parties dans l’Épître aux Galates, une section apologétique, une section dogmatique et une partie morale. Cornely, Inlruductio, t. iii, p. 424 sq. Il nous paraît plus conforme à la structure de l’écrit de le considérer tout entier comme une apologie de l’Évangile de Paul. A rencontre des accusations des judaïsants, l’apôtre établit successivement la vérité de cet Évangile, dans ses antécédents historiques, dans sa nature intime, dans ses conséquences pratiques.

1. Vérité historique de l’Évangile de Paul, i, 6-n, 21.

— a) Son origine, i, 6-24. — L’apôtre s’étonne d’abord du rapide changement qui s’opère parmi les Galates ( : i/ : m : [AetaTiÔEdOï) : ils sont sur le point de se rallier à un Evangile différent de celui qui leur a été prêché (- :  !  ; Êtepov EÙayyÉXiov). En lançant l’anathèmc contre quiconque voudrait changer l’Évangile du Guïst, Paul montre suffisamment qu’il ne cherche pas à plaire aux hommes, ni à accommoder sa prédication aux désirs des hommes. C’est qu’en effet son Évangile n’est humain, ni dans son origine première, ni dans sa source immédiate, mais il est divin de toutes manières, puisqu’il le tient par révélation de Jésus-Christ, r, 6-12.

Paul entend sans doute ici, par son Évangile la forme spéciale que prenait le message du salut en passant du judaïsme à la gentilité, le tour qui caractérise sa prédication dans les milieux païens. II rapporte donc à la révélation immédiate de Jésus-Christ avant tout les points particuliers de sa prédication mil l’ont fait accuser par les judaïsants de prêcher un Evangile différent de celui des Douze. La révélation dont il est fait mention ici ne comprend pas unique-I l’apparition sur la route de Damas : clic est plus générale que cet appel à la conversion el à l’apostolat Commémoré au verset 16 ; on pourrait y rattacher i l’apparition de Jésus pendant une extase, trois ans plus tard, dans le temple de Jérusalem. Acl.. xxii, 18, el la célèbre vision à laquelle Paul fait allusion dans II Cor., XII, 1 sq., et qui paraît devoir se placer avant la première grande mission apostolique (quatorze ans - - ; 1 1 1 1 la il aux Corinthiens, donc vei 44). Mats même si la pensée de Paul se reporte exclu sivement à l’événement du chemin de Damas, on n’est pas autorisé à opposer à son affirmation le rôle qu’Ananias aurait joué dans sa conversion, d’après le récit de Luc, Act., ix, 10-19, et le discours de Paul au peuple. Act., xxii, 12-16. Quel fut en réalité le rôle d’Ananias ? Plusieurs exégètes, se basant surtout sur la parole du Christ à Paul : « Lève-toi, entre dans la ville ; là on t’indiquera ce que tu dois faire, » Act., ix, fi, et sur la communication d’Ananias : « Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté et à voir le Juste, et à entendre les paroles de sa bouche, parce que tu lui seras un témoin, auprès de tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues, » Act., xxii, 14, 15, estiment qu’Ananias fut réellement pour cette fois le canal des communications célestes. Prat, op. cit., t. i, p. 50. Mais si l’on tient compte qu’Ananias est informé divinement de la conversion miraculeuse, qu’il a reçu du Christ l’ordre à transmettre, qu’il n’est qu’un organe, une voix répétant le message sans l’altérer ni l’interpréter, la révélation subsiste, c’est vraiment le Christ qui a parlé à Paul, qui l’a instruit, puisque c’est lui qui est apparu en vision au saint personnage de Damas. Cependant, d’autres critiques se refusent à voir dans Ananias le révélateur du dessein de Dieu vis-à-vis de saint Paul : a. Paul affirme au début de la lettre aux Galates qu’il a reçu son Évangile par révélation de Jésus-Christ : les relations furent donc directes, le contact immédiat et la conscience d’Ananias ne peut venir se poser entre celle de Paul et le Christ ; b. il est d’ailleurs invraisemblable que le dialogue sur la route de Damas se soit réduit à deux questions croisées de deux réponses ; c. en réalité, Ananias, miraculeusement averti de la transformation de Paul et de sa mission grandiose, est venu vers lui avec l’ordre de le guérir, de le baptiser et de le présenter à la communauté chrétienne. Ce fut là tout son rôle. Cf. Rose, Actes des apôtres, p. 78-89.

Saint Paul a allumé que son Évangile vient de Dieu, il va prouver, par le récit de sa vie, qu’il n’a pu le tenir d’un homme, qu’il n’a pu être instruit par les apôtres. En effet, Paul, persécuteur farouche, pharisien fanatique, fut un jour éclairé subitement par le Fils de Dieu et reçut mission de le prêcher aux gentils. Au lieu d’aller à Jérusalem s’instruire auprès de ses devanciers, il se retira en Arabie. Ce n’est qu’après trois ans qu’il visita Pierre, auprès de qui il ne resta que quinze jours, et qu’il vit Jacques. Il vécut ensuite sans rapport avec les chrétiens de Judée qui n’apprirent que par oui-dire sa conversion et son apostolat, i. 13-2 1

La conversion de saint Paul, en dehors de Gal., i, 15, 16, est encore racontée trois fois dans les Actes, ix ; xxii, $1-$2 <î ; xxvi, 9-18 ; il y est fait allusion, I Cor., xv, 8 ; Phil., iii, 4-10. Dans l’Épître aux Calâtes, elle est exprimée de la façon suivante : il a plu à Dieu de révéler son Fils en moi, c’est-à-dire de me faire connaître Jésus comme 1 " i 1 s de Dieu. Cette révélation aura en même temps déterminé l’orientation de son apostolat. Il est remarquable de voir comment saint Paul exclut toute causalité humaine de l’cruvre de sa conversion : elle s’est faite au moment marqué par le bon plaisir de Dieu (5ti ! Ù6dxT]Uïv), qui l’a mis à pari dès le sein de sa mère et l’a appelé par un effet de sa yràcc.

Apres sa conversion, saint Paul se rendit en Arabie, c’est-à-dire probablement au sud-est de Damas, dans le 1 lauran. Sous le nom d’Arabie, les anciens désignalent non seulement la péninsule arabique proprement dite, mais aussi des régions septentrionales entre la Palestine

et l’Euphrate, jusqu’au sud est de Damas. Saint Paul distingue Damas de l’Arabie ; a l’époque de la conversion de saint Paul, cette ville ne dcvail pas encore

appartenir à Vrétas, roi des Nabatéens, qui ne put iuiie i ut 37. Lors du soulèvement des